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A quelque point que l'Australie diffère de l'Europe, l'étude de sa législation ouvrière offre un intérêt des plus sérieux. C'est dire que les hommes politiques, aussi bien que les historiens, trouveront leur profit dans l'excellent ouvrage de M. Métin.

André LICHTENBERGER.

P.-S. M. G. RADET a écrit, à l'occasion du jubilé cinquantenaire de l'École française d'Athènes, un volume intitulé: l'Histoire et l'œuvre de l'École française d'Athènes (Fontemoing), qui est un chef-d'œuvre. Raconter les années de début où, sous le patronage de M. Piscatory, l'École, créée par enthousiasme et sans but arrêté, chercha sa voie et fit une œuvre plus politique et pédagogique que scientifique; juger avec équité des directeurs d'un mérite aussi inégal et aussi différent que MM. Daveluy, Burnouf, Dumont, Foucart et Homolle, faire connaitre sous une forme attrayante les travaux austères des épigraphistes et des archéologues; dire sur tout et sur tous la vérité avec bonne humeur et bonne grâce, en évitant à la fois l'apologie et le dénigrement, était une tâche des plus difficiles. M. Radet a su y réussir à force d'équité, de compétence, de fine psychologie et de talent. Son livre est d'un érudit, car il a fallu de longues et difficiles recherches pour reconstituer cette histoire, dont les documents étaient plus encore dans les souvenirs des hommes et dans les correspondances privées que dans les archives officielles. Son livre est d'un historien, car M. Radet a su dégager le rôle joué par notre École, non seulement dans l'histoire de la science archéologique, mais dans l'histoire de la Grèce contemporaine; son livre enfin est d'un artiste, car tout y est vivant et coloré, et M. Radet a montré, dans une matière où cela était malaisé, un brillant talent d'écrivain.

Un des élèves de cette glorieuse École d'Athènes, M. Ch. DIEHL, pour qui vient d'être créé un cours d'histoire byzantine à la Faculté des lettres de Paris, vient d'inaugurer d'une manière éclatante son nouvel enseignement en publiant un admirable volume sur Justinien et la civilisation byzantine au VIe siècle (Leroux). Il est étrange que jusqu'ici ce sujet si important n'ait jamais été l'objet d'aucun ouvrage sérieux. Notre collaborateur, M. Bréhier, dira prochainement le service rendu par M. Diehl à l'histoire byzantine par cette publication.

M. J. GRAND-CARTERET a profité du renouveau d'intérêt qui s'attache à la mélancolique figure du duc de Reichstadt depuis l'apparition des œuvres de MM. Rostand, Pouvillon, Welschinger pour nous

donner un curieux et précieux volume sur l'Aiglon en image (Fasquelle), où il a recueilli une riche bibliographie iconographique accompagnée de nombreuses gravures habilement et spirituellement commentées.

Tandis que M. Georges DURUY a réuni dans son livre Pour la justice et pour l'armée (Ollendorf) les éloquents articles que l'affaire Dreyfus a arrachés à son indignation et à sa douleur de patriote, M. G. CLÉMENCEAU nous donne dans Justice militaire l'avant-dernière partie de l'héroïque campagne qu'il a menée de 1897 à 1899 pour la justice. Le volume va du 13 mai 1899 au 22 août, à la première semaine de l'inique procès de Rennes. Jamais la raison n'a parlé un langage plus convaincant, plus émouvant, plus terrible.

La justice des tribunaux maritimes vaut celle des conseils de guerre, et les tortionnaires des pénitenciers maritimes n'ont rien à envier à ceux de l'île du Diable. On s'en convaincra en lisant la lamentable histoire du procès et de la captivité des frères Degrave (Rorique) écrite par Eugène DEGRAVE sous le titre le Bagne (Stock). L'un des frères Degrave est mort au bagne; l'autre a été gracié, parce qu'il est présumé innocent comme son frère. La justice, boiteuse au XXe siècle comme au temps d'Homère, n'a pas encore trouvé l'occasion et le temps de réhabiliter cet innocent.

G. MONOD.

ALLEMAGNE ET AUTRICHE.

TRAVAUX RELATIFS A L'HISTOIRE GRECQUE.

ANNÉES 1898-1900.

La revue des publications relatives à l'histoire et aux antiquités grecques, que j'ai commencée dans les tomes LXX, p. 144; LXXI, p. 408; LXXII, p. 137; LXXIII, p. 452, doit être amenée dans le présent article jusqu'à la clôture du siècle. Je diviserai mon sujet d'après les mêmes principes que dans les Bulletins précédents, la direction des études n'ayant pas sensiblement changé dans ces deux dernières années. Il est particulièrement réjouissant de remarquer que la tendance à éparpiller, à disséminer dans d'innombrables périodiques ou à part les inscriptions et les papyrus récemment découverts, semble être de plus en plus enrayée; ceci est dû en partie aux progrès rapides qu'a faits le recueil de l'Académie de Berlin, en partie à la création de collections nouvelles qui font connaître, d'une façon aussi complète que possible, les matériaux relatifs à des territoires déterminés topographiquement.

INSCRIPTIONS. Je commencerai, comme d'habitude, par les inscriptions; mais je placerai cette fois en tête l'ouvrage qui me semble réaliser le progrès le plus sensible au point de vue de la technique et de l'organisation, si on le compare avec les anciens recueils de ce genre. Je veux parler de l'édition des Inscriptions de Magnésie sur le Méandre par O. KERN'. Grâce aux fouilles effectuées par les soins des musées royaux de Prusse de 1891 à 1894 sur le sol de la vieille cité, le nombre des inscriptions de Magnésie connues jusqu'à ce jour s'est élevé de 138 à 400. En les publiant, l'auteur s'est proposé, non seulement de réunir les documents relatifs à cette ville, mais encore de nous montrer, de magistrale façon, comment il faut organiser les différentes parties d'un recueil d'inscriptions pour le rendre réellement commode à consulter. Deux cartes représentent la situation de la ville dans son ensemble et le détail des ruines déjà découvertes. La manière dont les inscriptions étaient placées sur l'agora est représentée par plusieurs tableaux, et l'auteur y annexe une brève relation

1. Königliche Museen zu Berlin, Die Inschriften von Magnesia am Maeander. Berlin, Speemann, 1900.

sur la découverte des pierres. Particulièrement importantes et dignes d'éloges sont les innovations introduites dans les chapitres suivants. Le premier contient tous les témoignages que la tradition littéraire nous fournit sur Magnésie et tous les passages où il est fait mention de la ville et de ses sanctuaires dans les inscriptions autres que celles de Magnésie; le second nous donne une liste de tous les habitants de Magnésie connus par la littérature, les inscriptions et les monnaies. Jusqu'ici, tout érudit qui entreprenait une publication d'inscriptions devait naturellement commencer par réunir ces matériaux et s'en rendre maître; mais la méthode suivie dans ces publications était telle que ce travail de l'éditeur était à peu près complètement perdu pour tout autre que pour lui-même; car, dans l'édition définitive des textes, l'on supprimait ces matériaux et l'on ne donnait qu'une interprétation insuffisante pour se former une complète vue d'ensemble du sujet. D'une utilité tout aussi évidente est la troisième partie de l'introduction, où l'on trouve un relevé de tous les renseignements de l'époque byzantine relatifs à Magnésie. Enfin, une innovation fondamentale et excellente se rattache à la dernière partie de l'introduction; elle contient une histoire de l'écriture des pierres trouvées à Magnésie, avec des reproductions photographiques données en partie dans le texte, en partie sur les planches hors texte. Cette dissertation et ces fac-similés remplacent les transcriptions usitées jusqu'à présent; elles nous offrent même plus et mieux au lieu de transcrire les textes en lettres majuscules et d'employer les signes conventionnels en usage jusqu'alors, l'auteur ne se sert que de minuscules, en suivant la disposition des lignes telle qu'elle se trouve dans l'original. La transcription en majuscules, coûteuse et exigeant beaucoup de place, était un pis-aller et ne pouvait pas donner le résultat auquel elle prétendait celui de rendre la physionomie réelle de l'original; c'était une manière de faire surannée, inconciliable avec les moyens de reproduction que possède la science actuelle. Reproduire tous les textes par la photographie serait aussi coûteux qu'inutile, et l'auteur, suivant les conseils de Wilamowitz', a trouvé une heureuse issue à ce dilemme en nous donnant une dissertation sur l'histoire de l'écriture illustrée de facsimilés. De même pour ce qui regarde le classement des inscriptions, cette édition innove, en les divisant en quatre classes principales, les documents proprement dits, les souscriptions, les suscriptions et les épitaphes. La délimitation entre les nos 4 et 4 saute ainsi immédiatement aux yeux; les souscriptions et les suscriptions se distinguent

1. Comparez, du même, un article dans les Göttingische gelehrte Anzeigen, 1900, p. 558, qui contient une excellente esquisse de l'histoire de Magnésie.

des deux autres classes en ce qu'elles font partie du monument sur lequel elles se trouvent, et entre elles, en ce qu'aux souscriptions se rattachent des actes de dédicace, ce qui n'est pas le cas pour les suscriptions. Les tables des matières, extrêmement riches, occupent presque autant de place que les textes mêmes. Ce n'est pas ici le lieu d'étudier de près les nombreux textes intéressants ou historiquement importants que contient cette publication; mais il faut au moins mentionner un ensemble d'actes trouvé sur les pierres de l'agora et publié complètement ici pour la première fois; ce sont des lettres royales et des décrets du peuple provenant de toutes les parties du monde grec et envoyés à Magnésie lorsque fut fondée la fête commémorative d'« Artémis aux blancs sourcils, » déesse protectrice de la ville, dont l'épiphanie avait eu lieu en 221-220.

Les heureuses innovations réalisées dans cette publication se retrouvent, en partie du moins, dans les fascicules du Corpus des Inscriptions insulaires; en effet, ceux de ces fascicules qu'a publiés Hiller de Gaertringen sont pourvus de cartes, et les pièces les plus importantes sont reproduites par la photographie, addition bénévole que le comité doit à la générosité de l'éditeur. Il est vrai que le second fascicule ne contient que deux cartes, celles de Mitylène et de l'ile de Lesbos, dues encore à H. Kiepert, et n'apporte pour le reste aucune innovation. Les inscriptions de Mitylène, de Méthymne et d'Éresos, ainsi que de leurs territoires, y sont reproduites séparément et remplissent naturellement presque tout le volume. Pour l'histoire d'Alexandre et de ses successeurs, comme aussi pour les relations de l'ile de Lesbos avec Pompée et avec les membres de la maison impériale Julia-Claudia, c'est dans les textes réunis ici que nous trouvons le plus de renseignements; le mauvais état dans lequel la plupart nous sont parvenus prouve avec quelle négligence on a traité autrefois les inscriptions trouvées, et l'on se réjouit d'apprendre que la présence réitérée de savants a, dans les dernières années, modifié cet état de choses.

Parmi les inscriptions contenues dans le troisième fascicule, pourvu de cartes et de nombreuses reproductions, celles de Théra sont particulièrement intéressantes. Le nombre de celles que l'on connaissait a considérablement augmenté par suite des fouilles que Hiller de Gaertringen a organisées à ses frais sur l'emplacement de l'ancienne Théra; deux époques de l'histoire de l'ile ont été mises particulière

1. Inscriptiones Graecae insularum maris Aegei; fasc. II: J. G. ins. Lesbi, Nesi, Tenedi, éd. G.-R. Paton. Berlin, Reimer, 1899; fasc. III: J. G. ins. Symes, Teullussae, Teli, Nisyri, Astypalaeae, Anaphes, Therae et Therasiae, Pholegandri, Meli, Cimoli, éd. F. Hiller de Gaertringen. Berlin, Reimer, 1898,

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