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un magnifique ouvrage sur la topographie et l'histoire de Théra ou Santorin, la plus méridionale des Cyclades; les fouilles faites par l'auteur sur le Messavouno ont fourni une riche moisson de nouvelles inscriptions, de ruines, de fragments de sculptures, qui permettent de déterminer d'une façon définitive tous les points essentiels de l'histoire de l'île. Dans quatre directions différentes, Hiller et ses collaborateurs ont pu se rattacher à des recherches antérieures. En ce qui concerne le travail épigraphique et archéologique, Prokesch-Osten et L. Ross avaient posé des bases solides; plus tard s'y étaient ajoutés les résultats des fouilles faites par la France sur des établissements de l'époque préhistorique. Pour la géographie et la topographie de l'ile, le travail d'arpentage commencé en 1848, et sur lequel est basée la carte maritime anglaise, offrait un point de départ; quant aux recherches minéralogiques et géologiques, l'ouvrage de Fouqué, écrit en 1866, lors de l'éruption du volcan, n'avait plus laissé que peu de chose à faire. C'est pour la période préhistorique seulement que le magnifique volume ne nous apporte rien de nouveau, parce que l'École française d'Athènes se propose de continuer et de terminer les fouilles commencées. C'est le Corpus des inscriptions insulaires que l'auteur, comme je l'ai fait remarquer plus haut, p. 126, a fait bénéficier des découvertes fournies par ses propres fouilles. Dans l'ouvrage qui nous occupe, il met en lumière ces inscriptions à l'aide de la tradition littéraire, et il dresse un tableau d'ensemble très complet et très réussi de l'histoire de Théra. C'est l'époque la plus ancienne surtout (le vie et le viIe siècle av. J.-C.) qu'il nous fait revivre d'une façon surprenante. Théra ne peut plus, ainsi que le prétendait Hérodote, passer pour une colonie lacédémonienne, mais sa civilisation archaïque, telle que ces textes nous la font connaître, doit provisoirement être considérée comme le type le mieux connu de la vie des anciens Doriens. Après cette première floraison, c'est sous les Ptolémées seulement que Théra a joué un rôle important; ils en firent le point d'appui de leur domination dans les iles grecques et y mirent une garnison. A l'époque romaine, le nid rocheux presque inaccessible eut encore une courte période de splendeur.

L'important chapitre sur la topographie de la vieille ville et sur l'histoire de sa construction a été rédigé par W. DOERPFELD et WILBERG; les découvertes des différents explorateurs sont commentées par l'archéologue P. WOLTERS; P. WILSKI a dressé les excellentes cartes et levé le plan de l'Acropole et de la ville, et P. PHILIPPSON a tracé une brève esquisse de la géologie du groupe d'îles auquel appartient Santorin. Un chapitre est consacré au climat et à la température; un autre, rédigé par Th. HELDREICH, à la flore actuelle de l'île. En

manière d'introduction, l'éditeur nous donne un très instructif chapitre sur l'histoire des fouilles pratiquées dans l'île et sur les anciennes représentations cartographiques; cette introduction commence avec Hérodote et va jusqu'à l'automne de 1898.

Les résultats des fouilles complémentaires pratiquées après l'achèvement de ce volume ont été publiés par Hiller dans l'Archæologischer Anzeiger, 1899, p. 184 et suiv. Un second volume contiendra les découvertes faites dans la nécropole de l'ancienne Théra. 31 magnifiques héliogravures et 240 reproductions dans le texte complètent le premier volume, ainsi qu'un carton contenant 12 cartes et plans. Je ne dois pas omettre de rappeler ici que Hiller a entrepris les fouilles à ses frais et a installé toutes ses trouvailles dans le musée que la ville de Théra doit à sa générosité, de même que la science est redevable de ce magnifique volume à son énergie et à sa profonde érudition.

Sur les recherches entreprises par le musée de Berlin sur l'emplacement de l'ancienne Hierapolis, en Phrygie, nous avons également un travail définitif auquel ont collaboré HUMANN, CICHORIUS, JUDEICH et WINTER'. Judeich s'est occupé des inscriptions, Cichorius a traité l'histoire de la ville, qui, fondée peu après 190 av. J.-C. comme colonie militaire de Pergame, n'a pris une importance plus grande qu'à l'époque romaine, comme station balnéaire et climatérique. Ces savants n'ont pu pratiquer de fouilles; il aurait fallu avoir recours à des explosifs, une grande partie de la vieille ville étant recouverte par les concrétions stalactiques d'une source thermale. On ne releva donc et on ne dessina que ce qui s'est maintenu sur le sol; les inscriptions sont fécondes surtout en renseignements sur la vie industrielle et commerciale à l'époque impériale. De Judeich 2 nous avons encore un rapport sur un voyage dans le nord-ouest de l'Asie Mineure, dans la Troade, dans la région de Pergame et dans le bassin du Rhodios et du Granique. HEBERDEY3 a rendu compte des fouilles continuées par l'Autriche à Ephèse et WILAMOWITZ (Hermes, t. XXXIV, p. 209) a publié un supplément au document topographique édité par O. Benndorf (cf. Rev. hist., LXXI, p. 144). KÉKULÉ, dans l'article dont il est fait mention plus haut (p. 130), nous donne quelques détails sur les résultats obtenus jusqu'à présent dans les fouilles de Milet. Le déblaiement des anciennes constructions d'Ephèse et de

1. Alterthümer von Hierapolis. Jahrbuch d. kaiserl. deutschen arch. Instituts, Ergänzungsheft IV. Berlin, 1898.

2. Bericht über eine Reise im nordwestlichen Kleinasien. Sitzungsber. der Berliner Akad. der W., 1898, p. 501.

3. Jahreshefte d. k. k. archäol. Institutes. Beiblatt I, p. 53; Beiblatt II, p. 37.

Milet offre de sérieuses difficultés, à cause des dépôts d'alluvions formés par le Caistre et le Méandre. Les restes de l'ancienne Alexandrie d'Égypte, par contre, ont souffert surtout par le fait que, sur les anciennes constructions, on en a élevé toujours et toujours de nouvelles, de sorte qu'on n'a conservé presque rien des parties surbâties et seulement quelques restes des fondations. Mais une dissertation de F. NOACK' sur les fouilles pratiquées pendant l'hiver de 1898-99 prouve que le coup d'œil de l'érudit, aiguisé par l'expérience et par une observation consciencieuse, peut lirer même de ces tristes débris des renseignements importants sur la topographie de l'ancienne ville; l'auteur arrive encore à cette conclusion importante que, si le réseau de routes mis à découvert par Mahmoud-Bey date seulement de l'époque impériale, elles ont conservé néanmoins la direction des routes grecques. Avant cette publication même était paru un article de AUSFELD2 sur la topographie d'Alexandrie; il y donne une analyse exacte du récit fourni par le pseudo-Callisthène de la fondation de la ville et prouve que, abstraction faite de quelques additions postérieures et de quelques ornementations fantaisistes, les indications topographiques reproduites dans ce roman sont puisées dans une réelle connaissance de la ville telle qu'elle existait alors; ces indications remontent en partie à l'époque des Ptolémées, en partie à l'époque romaine, car le roman, composé au Ie siècle av. J.-C. à Alexandrie, y a été remanié et amplifié à l'époque romaine. Un excellent aperçu de l'état actuel des fouilles en Asie Mineure nous est fourni par un article de KALINKA 3; l'auteur, qui a pris part lui-même aux voyages organisés par l'Autriche, trace d'une main sûre les résultats obtenus jusqu'à présent et caractérise la tâche que les fouilles et les découvertes nouvelles imposent à la science. Cet article nous apporte un précieux appoint de notes bibliographiques. Du même auteur, j'ai encore à mentionner une étude publiée d'abord dans le volume des Mélanges dédiés à H. Kiepert, puis remaniée el réimprimée; elle traite spécialement de la topographie historique de la Lycie; elle contient entre autres une nomenclature complète des villes existant à l'époque de la ligue lycienne, avec indication des textes où elles sont mentionnées, et de leur situation topographique.

1. Neue Untersuchungen in Alexandrien. Athenische Mittheil, des deutschen arch. Institutes, vol. XXV, p. 215.

2. Zur Topographie von Alexandrien. Rhein. Museum N. F., t. LV, p. 348. 3. Die neueren Forschungen in Kleinasien. Neue Jahrbücher für das klass. Alterthum, Geschichte und deutsche Literatur, II, 1899, t. III, p. 665.

4. Zur historischen Topographie Lykiens. Jahreshefte des k. k. archäol. Institutes, Beiblatt III, p. 37 et suiv.

La relation du voyage accompli par OBERHUMMER et ZIMMERER à travers la Syrie et l'Asie Mineure (1899) contient aussi beaucoup de renseignements utiles.

A côté de l'ouvrage de Hiller de Gaertringen sur Théra ont paru dans les deux dernières années quelques autres monographies sur des îles grecques, qui sont ainsi peu à peu arrachées à l'oubli immérité où elles étaient tombées après l'ouvrage fondamental de Ross.

En première ligne, je nommerai le livre de R. HERZOG'; durant plusieurs séjours faits à l'île de Kos et consacrés en partie à des fouilles, cet érudit a trouvé une assez grande quantité de nouvelles inscriptions. Il consacre à les expliquer et à nous communiquer ses observations personnelles un ouvrage. muni de sept planches. Outre ces inscriptions nouvelles et leur commentaire détaillé, cet ouvrage nous apporte des compléments à l'ouvrage fondamental de Paton et Hicks et aux collections réunies dans celui-ci sur les matériaux relatifs à l'histoire de Kos. Par parenthèse, je ferai remarquer ici que Robert (voir p. 136) a démontré que la pierre n° 155, trouvée à Olympie, porte la plus ancienne inscription comme ayant trait à cette ile. Un autre chapitre de l'ouvrage de Herzog traite de l'ancienne topographie de l'île, et enfin le dernier est consacré à son histoire; il y parle avec une vaste érudition de l'école de médecine établie à Kos, de la rivalité entre les Asclepiades d'Épidaure et de Kos, mais rejette l'hypothèse d'après laquelle une école de poète y aurait aussi existé. On relève à peine quelques traces d'une école de rhéteurs, et, pour prouver l'existence d'une université à Kos, il faudrait au moins prouver que rien aurait pu y attirer des étudiants.

E. OBERHUMMER publie, dans le volume de Mélanges dédiés à H. Kiepert que j'aurai à mentionner plus loin, une monographie sur Imbros. On y trouve la bibliographie des ouvrages relatifs à cette ile, une carte dressée d'après les relevés de Kiepert, une description géographique et géologique et un classement des données que nous possédons sur l'histoire et la topographie de l'ile.

Sur l'île de Leros, où Hécatée de Milet avait, au ve siècle, conseillé à ses compatriotes de fonder une colonie, BUERCHNER2 publie un excellent article inséré dans un programme scolaire et muni d'une bonne carte. Il donne une liste complète des anciens récits de voyage, très disséminés et peu connus, ainsi que des travaux sur les antiquités locales. A cela, il a joint une description de l'île et une courte esquisse de son histoire jusqu'à l'époque actuelle. L'auteur avait déjà

1. Koische Forschungen und Funde. Leipzig, Dietrich, 1899.
2. Die Insel Leros. Programme du Theresiengymnasium. Munich, 1898.

publié autrefois (Athen. Mittheilungen, XXI, 34) les inscriptions trouvées lors d'un bref séjour qu'il a fait dans l'île.

Dans son joli ouvrage sur Zante, B. SCHMIDT' se place plus encore que Bürchner au point de vue du voyageur moderne; l'éminent érudit, qui connaît si bien la vie des Grecs modernes, a eu l'occasion d'apprendre à connaitre cette ile à fond pendant un séjour de plusieurs années effectué au moment de l'abandon des îles au royaume de Grèce. L'histoire de l'ile dans l'antiquité n'occupe naturellement qu'une place secondaire dans cet ouvrage, qui contient cependant le résultat d'observations personnelles. Le même auteur2 reprend encore la parole, dans un article de revue, sur la question controversée de la topographie de Corcyre dans l'antiquité; une inscription. de Venise, considérée jusqu'alors comme relative à Corfou, se rapporte en réalité à la Crète; dès lors se trouve réduite à néant la preuve que Schmidt en avait tirée pour déterminer l'emplacement du sanctuaire d'Héra et pour identifier l'île mentionnée dans Thucydide avec la saillie qui porte aujourd'hui la vieille citadelle.

Sur l'île de Cythère, nous avons le travail d'un géographe, LÉONHARD 3. Suivant l'exemple de son maitre, Partsch, l'auteur a rassemblé et commenté le peu de renseignements que nous possédons sur l'histoire ancienne de l'île et y a démontré l'existence d'un ancien chemin carrossable.

Une étude de E. VON STERN' nous conduit à l'extrémité nord-est du monde hellénique. Se basant sur les résultats des fouilles, il démontre que Strabon fait erreur lorsqu'il parle d'une migration des habitants de la Chersonèse taurique après l'invasion des Scythes; bien au contraire, comme il est prouvé depuis la découverte des anciennes murailles de la ville, la cité taurique de Chersonèse a occupé le même emplacement depuis le Ive siècle av. J.-C. jusqu'à l'époque byzantine.

En ce qui concerne la topographie de la Hellade continentale, je mentionnerai en première ligne deux travaux relatifs à la Macédoine et à la Grèce septentrionale. ILITSCHEFF" s'occupe de la géographie moderne du vilayet de Salonique, d'Uskub et de Monastir, sans uti

1. Die Insel Zakynthos, Erlebtes und Erforschtes. Freiburg, Fehsenfeld, 1899. 2. Noch ein Wort zur Topographie Korkyras. Rhein. Museum N. F., t. LIII, P. 477.

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3. Die Insel Kythera, eine geographische Monographic mit einer Karte. Gotha, Perthes, 1899. Erzänzungsheft 128 zu Petermann's Mittheilungen. 4. Bemerkungen zur Topographie und Geschichte der taurischen Chersonesos. Zeitschrift f. alte Geschichte, herausgegeben von Hettler, t. I, p. 63. 5. Ein Beitrag zur Geographie von Makedonien. Dissertation, Leipzig, 1899. REV. HISTOR. LXXVII. 1er FASC. 10

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