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Geyza (Gyejcsa) pour introduire le christianisme forment les chapitres principaux de ce volume. Il n'est pas divisé selon le règne des quatre ducs Arpad, Zoltan, Taksony et Geyza, car les sources authentiques ne permettent pas de fixer la date du règne de Zoltan ni de celui de Taksony. Il n'y a qu'Arpad et Geyza dont la physionomie se détache distinctement de l'obscurité de ce siècle. Les sources mentionnent encore, vers 944, comme successeur de Zoltan, un nommé Faïsz. M. Pauler établit que l'organisation des tribus sous le commandement d'un seul duc n'existait guère au courant du x° siècle. Lorsque le prince était énergique, comme Arpad et Geyza, les autres chefs lui obéissaient; sinon, ils agissaient à leur guise. Ainsi il arriva qu'après la mort d'Arpad les empereurs byzantins ne s'adressaient plus à un seul duc, mais envoyaient leurs missives : « Aux princes des Turcs. » Les invasions en pays étrangers ne furent pas toujours décidées par le duc régnant, mais chaque clan opérait à part et souvent une troupe poussait des pointes dans des contrées très éloignées sans que le gros des combattants participât à ces hardies excursions.

Dans ses 158 notes, souvent fort longues, M. Pauler appuie son récit du témoignage des sources et discute leur valeur. Dans l'Appendice, nous trouvons: 1° « Les Données des sources nationales sur l'histoire du peuple hongrois jusqu'à Geyza, » discussion serrée sur l'Anonyme, que M. Pauler défend contre Dümmler qui le nomme Fälscher » et « Verdreher. » Si le récit du notaire du roi Béla III, sur la conquête du pays, ne peut plus être considéré comme vrai, il demeure une source précieuse pour la géographie de la Hongrie au XIIe siècle. D'ailleurs, dit M. Pauler, certains historiens allemands feraient bien de ne pas parler du « Nationalstolz de l'Anonyme. -2° L'Ethnographie de certaines peuplades ougriennes. -3° La Parenté bachkire-hongroise, étude déjà publiée à part dans la Budapesti Szemle.

Les longues années d'études que l'éminent historien a consacrées aux premiers siècles de l'histoire des Magyars, son sens critique et ses grandes connaissances de tout ce qui touche de près ou de loin aux questions qu'il traite assignent à ce volume une place importante parmi les travaux historiques magyars.

3o Le Notaire anonyme du roi Béla III nous amènera au volume magnifique, vrai chef-d'œuvre de la typographie hongroise, qu'un groupe de savants, sous la direction de M. FORSTER, vient de consacrer à ce roi de la maison d'Arpad. Le livre fut écrit à l'occasion de la translation des cendres de Béla III (1173-96) et de sa femme Anne de Châtillon à l'église du couronnement de Bude, translation ordonnée par un rescrit royal. Le reliquat de la somme offerte par Sa Majesté François-Joseph, pour l'érection du monument funéraire, fut employé à l'impression de ce volume qui, d'ailleurs, n'est pas mis en vente. Il contient, en grande partie, des études archéologiques dues à la plume de M. Forster, président de la Commission des monuments historiques (l'Église du couronnement d'Albe-Royale, où les cendres du roi et de la

reine reposaient jusqu'en 1848; les Vicissitudes des cendres royales; l'Église du couronnement de Bude; la Cathédrale de Nagy-Várad; les Monuments funéraires des Arpad), et de M. Czobor (les Fouilles d'AlbeRoyale; la Sainte-Couronne et le manteau du couronnement; la Basilique d'Esztergom; les Insignes royaux trouvés dans les tombeaux); une étude anthropologique sur les squelettes; puis quelques articles très importants sur l'histoire de la civilisation sous le règne de Béla III, articles qui démontrent la grande influence que la France a exercée dès le XIIe siècle sur le jeune royaume, et les rapports de la Hongrie avec l'empire français d'Orient. Béla III, en effet, fut élevé à Byzance; les deux seigneurs qui l'y avaient accompagné, Grégoire et Betse, étaient les descendants de familles françaises établies en Hongrie. Le jeune prince épousa Anne de Châtillon, la fille de ce Renaud de Châtillon, dont M. Schlumberger a récemment narré la vie aventureuse. Monté sur le trône de Hongrie, Béla s'efforça de greffer les institutions françaises sur l'arbre encore jeune de la civilisation magyare. Il fonde, à Veszprém, une haute école d'enseignement « prout Parisiis in Francia, » crée la chancellerie royale, s'adresse directement à l'abbé mitré de Citeaux qui lui fait visite en 1183, pour établir des Cisterciens français dans le royaume. L'influence de cet ordre fut très grande; Béla fonda le monastère d'Egres, sur les bords de la Maros et y appela des moines de Pontigny en Champagne (1179), puis l'abbaye de Pilis (1184), qui existe encore et dont les premiers membres vinrent d'Açay dans le diocèse de Besançon. Après la mort d'Anne de Châtillon, dont les enfants régnaient sur une bonne partie de l'Europe, on a même démontré que les Habsbourg descendaient d'elle, Béla III épousa, en secondes noces, Marguerite, sœur de Philippe-Auguste. Le roi de France fit prendre des renseignements sur la fortune de son futur beau-frère et c'est probablement à cette enquête que nous devons le relevé des revenus du roi magyar, relevé conservé dans un manuscrit de la Bibliothèque nationale de Paris. Quelques années après la mort de Béla III, nous trouvons à la cour de son fils Emeric le troubadour Peire Vidal, de Toulouse, qui nous a laissé quelques strophes sur l'hospitalité du roi. Tout cela montre que l'influence française en Hongrie remonte bien haut, et nous ne serons pas étonnés de voir, dans ce volume, la collaboration discrète de plusieurs savants français (Delisle, Paul Meyer, Schlumberger, Élie Berger, Lucien Paté, Servois) qui ont aidé à élever ce vrai monument des anciennes relations de la Hongrie avec la France. Rien de ce qui peut élucider le règne de Béla III n'a été négligé. Les chartes et les monnaies ont été utilisées et ont livré leurs secrets. Les planches en couleur et les nombreuses illustrations sont une véritable iconographie du XIIe siècle en Hongrie.

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M. Forster mérite tous les éloges pour la façon dont il a conçu le plan de cette publication, une des plus belles que les presses hongroises aient produites.

4° L'ouvrage de KARÁCSONYI se rapporte également à l'époque des

Arpad. Le grand nombre de chartes publiées jusqu'aujourd'hui permet de dresser la liste des familles nobles depuis le commencement du xiie siècle jusque vers le milieu du xive. Mais l'auteur de cet ouvrage n'a pas seulement consulté les documents imprimés; il a eu recours également aux archives, et sa publication s'annonce comme le meilleur guide généalogique et héraldique pour l'époque des Arpad. Le premier volume embrasse l'histoire des familles de A jusqu'à E. Partout où les documents le permettaient, M. Karácsonyi donne, outre les tableaux généalogiques, le rôle politique joué par la famille, puis l'histoire du domaine et les procès dans lesquels elle fut impliquée. L'ouvrage sera complété par une partie, traitant de l'art héraldique, élaborée par Geyza Csergheö.

5o et 6o Nous signalons finalement deux publications bilingues. La première est écrite en hongrois et en français et intéressera surtout les historiens des ordres ecclésiastiques. L'ordre de saint Paul l'Ermite est peu connu en France. Il fut fondé par Eusèbe, chanoine d'Esztergom (Strigonie) et confirmé, sur les instances de saint Thomas d'Aquin, par le pape Urbain IV, en 1263. C'est le seul ordre fondé par un Magyar, la vie contemplative et la macération du corps n'étant pas innées chez le Hongrois. Cet ordre devint rapidement populaire; plusieurs de ses membres devinrent évêques et archevêques. Le cardinal Martinuzzi, connu également sous le nom de « frère Georges, » qui joua un rôle politique si important comme conseiller de Jean Zápolya et de sa veuve Isabelle, appartenait à cet ordre. Au cours des siècles, les frères s'adonnaient aux soins des malades et à l'enseignement. Joseph II les supprima, mais, chose curieuse, tandis que les autres ordres supprimés reprirent leurs maisons après la mort de l'empereur, les frères de saint Paul restèrent bannis de la Hongrie et les tentatives ultérieures pour les y ramener échouèrent. L'ordre hongrois se réfugia alors en Pologne où le couvent de Czenstochova l'abrite encore aujourd'hui. Les frères y ont transporté leurs collections artistiques qui sont de provenance hongroise. M. NYÁRI a visité ce couvent, appelé la Notre-Dame de Lorette polonaise à cause d'une image miraculeuse de la Vierge qui remonte à la plus haute antiquité. Dans le beau volume qu'il consacre à ce couvent, M. Nyári retrace brièvement l'histoire de l'ordre, décrit minutieusement l'image de la Madone, raconte ses tribulations et donne l'histoire assez détaillée du couvent, qui remonte au XIVe siècle. Le siège qu'il soutint contre les troupes suédoises en 1655 est particulièrement bien étudié et le rôle du prieur Kordecki, qui s'y distingua, est bien mis en relief. La description des fêtes et des pèlerinages est moins scientifique. Les nombreuses illustrations qui reproduisent toutes les fresques et tous les tableaux du couvent, il y en a surtout beaucoup qui représentent des scènes de la vie de Martinuzzi, donnent un grand attrait à ce volume, qui fait honneur aux ateliers de l'Athenaeum. La dernière publication est écrite en hongrois et en allemand. C'est le Catalogue raisonné des objets que le voyageur hongrois Louis BIRÓ a

recueillis à la Nouvelle-Guinée, notamment à Berlinhafen. Le premier voyageur hongrois qui ait exploré cette ile fut Samuel Fenichel, mort, en 1894, à l'âge de vingt-six ans. Après lui, Biró alla dans cette contrée peu explorée, et il y séjourne encore. Les objets qu'il a envoyés au Musée national de Budapest ont été catalogués par Jankó, qui les a décrits minutieusement en les classant en quatre groupes Vêtements et bijoux; Ustensiles et outils, objets du culte, armes. Les savants étrangers pourront, grâce à la traduction allemande, se rendre compte de l'importance de cette collection qui est venue enrichir la section ethnologique nouvellement créée au Musée national de Budapest.

J. KONT.

Nous avons reçu de M. GYALUI, bibliothécaire en chef de la bibliothèque de l'Université à Kolozsvár (Klausenburg), un article sur les bibliothèques en Hongrie et à l'étranger, qui a paru dans l'OEsterreichisch-Ungarische Revue, t. XXVII.

Grande-Bretagne. Mme Paget TOYNBEE a eu la bonne fortune de découvrir, dans les mains d'un particulier, les originaux des lettres (huit cents environ), adressées par Mme du Deffand à Horace Walpole entre 1766 et 1780. Quelques-unes sont de la main même de la marquise, mais la plupart ont été écrites par son secrétaire, Wiart. Mme Toynbee espère donner une édition complète de ces lettres, dont plus de la moitié n'ont pas encore été imprimées (The Athenaeum, juin 1901).

La librairie Methuen vient de mettre en vente deux importants volumes : l'un sur les Jésuites en Angleterre (The history of the Jesuits in England, 1580-1773), par Ethelred L. TAUNTON, l'autre sur la Mandchourie (Manchuria; its people, resources and recent history), par Alexandre HOSIE.

Roumanie. Sous le titre Une carrière philologique en Roumanie, 1885-1900 (Bucarest et Paris, 1901, 56 p.), le distingué philologue israélite Lazare SAINÉAN raconte les péripéties de la pétition qu'il adressa aux Chambres roumaines en vue d'obtenir sa naturalisation. Après avoir publié des ouvrages sur la Sémasiologie de la langue roumaine, sur l'Histoire de la philologie roumaine, un vaste recueil de Contes roumains et cet ouvrage de premier ordre: Influence orientale sur la langue et la civilisation roumaines; après avoir obtenu les plus hautes récompenses de l'Académie roumaine et professé comme suppléant à l'Université de Bucarest, M. Sainéan s'est vu refuser la naturalisation grâce aux menées de MM. Urechia et Stourdza. Sa brochure est un réquisitoire des plus véhéments contre le premier surtout, qui, en qualité de président de la Ligue roumaine, remplit l'Europe de ses doléances sur les vexations imaginaires subies par les Roumains de Transylvanie. Ces pages tragicomiques pourront servir aux futurs historiens du mouvement nationaliste et antisémitique dans l'Europe orientale. Elles justifient pleinement ces mots amers de M. Sainéan : « Ce n'est pas en vain que le

Phanar a régné pendant un siècle sur ce pays. » M. Sainéan s'est exilé; il vit actuellement en France, où les sympathies de quelques Roumains éclairés l'ont accompagné. Ainsi, le prince Alexandre Bibesco n'a pas hésité à élever sa voix contre le déni de justice dont il est la victime. « Tous ceux, écrit-il, qui s'occupent de philologie roumaine et romane apprécient à leur juste valeur les publications qui vous placent au premier rang de nos philologues nationaux, et même à un rang distingué parmi les philologues européens. Il se rallie « à cette glorieuse minorité» qui a voté pour la naturalisation. J. K.

Notre collaborateur M. A.-D. XÉNOPOL, professeur d'histoire à l'Université de Jassy et recteur de ladite Université, membre correspondant de l'Académie des sciences morales et politiques, a, dans la séance du 13 juillet de cette Académie, lu une étude sur les rapports de la psychologie avec l'histoire de France. Il y apporte de nouveaux arguments à l'appui de la théorie qu'il a développée dans son livre sur les Principes fondamentaux de l'histoire, et dont la Revue a parlé dans un numéro précédent. Il montre qu'en histoire les lois psychologiques ne jouent presque aucun rôle et que ce sont, au contraire, les complexités mentales particulières aux individus, comme aussi celles des masses (peuples, foules, partis, sectes, etc.), qui présentent seules un intérêt historique. A ses yeux, l'histoire n'est qu'un enchainement de faits singuliers, faits qui ne se produisent qu'une seule fois dans le courant des àges et qui ne se reproduisent plus jamais d'une façon identique. Loin que les lois psychologiques soient les lois de l'histoire, cette dernière ne s'en préoccupe presque pas. Et pourtant le développement ne se produirait pas sans l'action continuelle de ces lois qui pousse les faits au jour. Mais, pour le faire, les lois psychologiques passent à travers les circonstances singulières de la vie, et l'élément général, la loi, se perd lorsqu'elle s'incorpore dans le fait individuel historique, puisque ce dernier est toujours unique et particulier. Au contraire, dans les sciences des faits de répétition (telles que les sciences ainsi appelées naturelles), c'est l'élément général, la loi, qui prédomine, tandis que le fait individuel, qui reste toujours le même, sans différences caractéristiques, n'a presque pas d'importance.

Cette distinction a conduit M. Xénopol à diviser les sciences en deux groupes les sciences de répétition, qui s'occupent du général, peuvent formuler des lois de production des phénomènes et prédire ces derniers, et les sciences de succession, qui s'occupent de l'individu, ne peuvent formuler que des séries de développement et ne sont pas en état de prévoir l'avenir.

L'un des propriétaires-gérants, G. MONOD.

Nogent-le-Rotrou, imprimerie DAUpeley-Gouverneur.

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