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matiques entièrement relatives à la France. Mais force nous est de nous contenter du volume que nous avons sous la main. M. Erdmannsdorfer dont nous avons déjà parlé dans la Revue', nous apprend dans sa préface que les deux premiers volumes de la série des Négociations politiques se rapportaient à la fin de la guerre de Trente-Ans, et aux négociations si embrouillées qui précédèrent, accompagnèrent et suivirent la signature des traités de Westphalie. Le troisième - celui qui fait l'objet de ce compte-rendu -- embrasse les années 1651 à 1655 et se divise en quatre chapitres bien distincts.

Dans le premier nous trouvons les pièces relatives à une guerre dirigée par l'électeur de Brandebourg contre le comte palatin Wolfgang-Guillaume de Neubourg, co-propriétaire de l'héritage de Clèves et de Juliers et toujours en querelle avec son puissant rival, soit au sujet de leurs droits respectifs, soit sur les questions religieuses que soulevait le jus reformandi des princes d'alors dans les territoires disputés. La portée politique générale de cette guerre, entreprise en 1651, et terminée la même année sans grands résultats, n'est pas encore très-nettement déterminée; M. E. penche à y voir une diversion tentée par Frédéric-Guillaume, pour venir en aide à la maison d'Orange, alors gravement menacée par le parti aristocratique dans les Provinces-Unies des Pays-Bas.

Dans le second chapitre nous trouvons réunis les documents relatifs à l'importante diète de Ratisbonne en 1652, qui devait fixer définitivement une foule de points qui n'avaient été que sommairement traités lors des négociations d'Osnabrück et de Münster, régler les dettes publiques, fixer la parité confessionnelle dans la députation permanente de la diète, arrêter une fois pour toutes les capitulations impériales, jurées à chaque nouvelle élection, etc., etc. L'électeur de Brandebourg essaya d'y combattre la suprématie impériale au profit des princes protestants, sans trouver l'appui nécessaire; les dépêches de son envoyé Blumenthal sont souvent intéressantes; il recommande à plusieurs reprises une alliance française.

Négociations dans l'empire et au dehors, de 1652 à 1655: c'est là le titre du troisième chapitre. M. E. a déjà fait usage de ces pièces dans sa biographie du comte George Frédéric de Waldeck, ministre de l'électeur de Brandebourg, publiée, il y a quelques années. Elles se rapportent à des négociations soit avec les princes protestants d'Allemagne, soit avec l'Espagne et la France; ces derniers documents datent de 1654 et sont du sieur de Wicquefort, résident de l'électeur à Paris.

Le quatrième chapitre enfin s'occupe des relations de l'électeur avec les puissances du Nord, de 1649 à 1655. Ce sont comme les préliminaires de la grande guerre qui ne tardera point à éclater entre la Suède, le Brandebourg et la Pologne et dont s'occupera M. E. dans les deux prochains volumes.

Chacune des quatre parties du présent volume est précédée d'une introduction qui résume en quelques mots l'histoire de l'époque à laquelle se rapportent ces pièces; peut-être pourraient-elles être un peu moins abrégées. En tête de

1. Voy. sur son livre sur le comte G. F. de Waldeck, Revue crit. 1870, vol. I, p. 107.

chaque pièce se trouve un court sommaire; celles de moindre importance sont simplement résumées. Presque toutes sont tirées des archives secrètes de l'Etat, à Berlin.

La collection entière promet de devenir très-volumineuse, puisque nous ne sommes qu'à l'année 1655 et que Frédéric-Guillaume a régné jusqu'en 1688. On aura sans doute alors de splendides matériaux pour écrire sa biographie, mais il faudra quelque courage pour en aborder le dépouillement. Nous souhaitons que les volumes postérieurs ne se fassent point attendre, parce que ce sont surtout les années postérieures, à partir des guerres de Louis XIV en Flandres et principalement en Hollande, que la politique brandebourgeoise devient intéressante pour notre histoire nationale. Rod. REUSS.

153. Literatur und Gesellschaft in Frankreich zur Zeit der Revolution 1789-1794. Zur Culturgeschichte des achtzehnten Jahrhunderts, von Ferdinand LOTHEISEN. Wien, Carl Gerold's Sohn. 1872. 1 vol. in-8°, 268 p.

Le sujet traité par M. Lotheisen est fait pour tenter l'historien. En France les frères de Goncourt, MM. Hatin, Toubin, Géruzez en ont déjà étudié certaines parties et M. Lotheisen les a consultées avec fruit. Les articles de M. SainteBeuve qui se rapportent à cette époque ne lui ont pas échappé non plus. Mallet du Pan, Duval et surtout Mercier semblent avoir été ses sources principales: on peut regretter qu'il n'ait pas fait usage de Malouet, de Beugnot et de quelques autres qui auraient pu lui fournir de précieux renseignements.

L'ouvrage se divise très-naturellement en deux parties, fort inégales d'étendue et de mérite, la première sur la Société française pendant la Révolution, la seconde sur la littérature de cette époque. La première nous a paru tout à fait insuffisante et si nous voulions en signaler les lacunes, nous aurions un volume à écrire ces cinquante ou soixante pages n'offrent absolument rien de nouveau et les faits connus de tous ne sont nullement présentés sous un jour nouveau. Cela est trop pauvre et trop mince pour pouvoir passer pour de la science historique; c'est trop pâle et trop abstrait pour qu'on l'accepte comme récit ou tableau; c'est trop rempli enfin de lieux-communs pour qu'on puisse y voir une philosophie de l'histoire. Nous passons sur les appréciations qui nous semblent tout à fait erronées qu'il suffise de dire que M. Lotheisen est d'une sévérité exagérée pour l'aristocratie française et le clergé français du siècle passé et que sa manière de juger la Révolution est à peu près celle d'un libéral de 1830: tout est beau dans les aspirations et les créations de 1789; ce n'est que la Terreur et l'Empire qui ont fait déroger ce mouvement admirable, etc. On connaît cet air. Qu'il nous soit permis plutôt de relever quelques erreurs de détail. P. 10. M. Lotheisen parlant du petit Trianon et de l'idylle champêtre qu'on y jouait, ajoute : « et cela au moment où Rousseau montrait une nature tout autre, etc. » C'est Rousseau au contraire qui, plus que tout autre, mit à la mode cet amour de la nature et c'est pour se conformer aux prédications de Rousseau qu'on jouait ces idylles. P. 24. M. Lotheisen se fait une idée tout à fait fausse des salons

d'avant la Révolution, s'il croit que c'étaient des cercles purement aristocratiques: les salons d'avant 1789 n'étaient pas plus exclusifs de l'élément plébéien que ceux de 1789 à 1790: les Diderot, les Rousseau, les Grimm et mille autres y étaient aussi recherchés par les ducs et les marquis. P. 25. Ce n'est pas la tendance républicaine de la Révolution qui a donné à la peinture de David son caractère classique; comme M. Lotheisen le dit lui-même, le « Bélisaire, » les << Horaces, » le « Brutus,» sont bien antérieurs à la Révolution : c'est Winckelmann qui a exercé cette influence (néfaste selon nous) sur l'art, en Italie et en Allemagne tout comme en France. Les p. 14 et 34 offrent des défauts de perspective tels qu'on en rencontre nécessairement sous la plume des étrangers qui n'ont pas vécu dans la civilisation qu'ils étudient: M. Lotheisen prend Linguet beaucoup trop au sérieux, parle trop légèrement de Chamfort et ne mentionne pas même Mably. Ce chapitre sur les femmes de la Révolution est un des plus incomplets du livre: ce que M. Lotheisen dit des grandes dames du xviiie siècle est tout à fait faux: il parle du « vide intellectuel, » de la « coquetterie avec la » science » qui se trouvaient généralement parmi ces femmes; il dit que les femmes de la bourgeoisie exercèrent une influence bien plus grande pendant la Révolution que les grandes dames dans le monde de la noblesse avant 1789, etc. Il suffit de citer de pareils paradoxes et de nommer Mme Du Châtelet, Mme de Choiseul, Mme d'Epinay, Mlle d'Espinasse, Mme Du Deffant. P. 54. M. Lotheisen parle bien d'un «< amour idéal» (?) de Mme Roland, lequel se serait concilié avec la fidélité conjugale, mais il ne semble pas connaître le nom, pourtant assez célèbre, de l'amant. P. 58. « La femme descendit de la hauteur qu'elle avait » occupée pendant la Révolution, » dit M. Lotheisen en parlant de l'époque du Directoire et de l'Empire. Cela est encore une appréciation: mais il y a des gens qui ne trouvent pas Théroigne de Méricourt (M. Lotheisen ne la nomme pas même) plus haute » que Mme Récamier et même que Mme Tallien, qui d'ailleurs joua déjà un petit rôle pendant la Terreur, si nous ne nous trompons.

Les chapitres sur l'éloquence parlementaire et sur la presse qui servent de transition entre l'histoire de la société et celle de la littérature, sont encore trèsinsuffisants. Quelques rares extraits de discours de Mirabeau, du vieux Cordelier, et de l'Ami du Peuple, ne suffisent pas pour donner une idée de l'éloquence et de la presse du temps. Ici encore quelques erreurs de détail : p. 70. M. Lotheisen fait figurer Robespierre parmi les membres de la Législative; p. 71. Il ignore que Vergniaud, comme presque tous les Girondins, lisait ses discours.

Les sept chapitres sur la littérature française pendant la Révolution sont aussi excellents et aussi complets que les cinq premiers sont pauvres et insuffisants. On voit aussitôt que l'auteur s'y meut sur un terrain qui lui est familier: ses allures ont quelque chose de plus assuré et il est aisé de s'apercevoir qu'il y taille en plein drap. Ces sept chapitres sont intitulés : le théâtre avant la Révolution; le théâtre pendant la Révolution; les deux Chénier; Shakespeare en France; Bernardin de Saint-Pierre; la Poésie lyrique; l'idéal dans la Révolution. L'auteur y a ajouté un appendice: la littérature allemande en France. - Toute cette seconde partie qui embrasse deux tiers du livre est nouvelle et très-instructive

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pour l'Allemagne. M. Lotheisen a étudié son sujet avec amour et rien d'important ne lui a échappé. Cette partie est d'ailleurs d'une lecture animée et attachante. Pourtant même ici on trouve parfois de ces jugements hardis, propres aux écrivains qui ont des partis pris en politique et en littérature, on appelle cela «< convic» tions >>> que l'on voudrait réviser. Affirmer, par exemple, que sans la faveur du grand Roi << l'essor du théâtre français eût été plus grandiose et plus puis»sant » qu'il ne le fût du temps de Corneille et de Racine; dire que le « jeu » de l'acteur allemand a plus de vivacité et de naturel » (sic) que celui de l'acteur français; se demander «< si nos splendides décors du théâtre ne consti» tuaient pas une aussi grande aberration » que les perruques, la poudre et les paniers dans la tragédie classique, — ce sont là des propositions que rien ne justifie. Notons aussi en passant quelques négligences; p. 162, M. Lotheisen parlant de la mère de Charles IX l'appelle «< Marie » de Médicis. Dans les citations on s'aperçoit que l'auteur comme la plupart des Allemands ne sait pas scander le vers français, ce qui provient de la persuasion où ils sont, qu'on ne doit pas compter les e muets comme des syllabes, p. e. p. 178:

ou p. 238:

Rajeunit les destinées de l'antique Assyrie.

ou encore p. 239:

Le crime seul fait la honte

Et ce n'est pas l'échafaud.

Lorsqu'un savant crayon dessinait cet image.

Les pages sur Voltaire et Shakespeare sont excellentes et justes de tout point: mais pourquoi en parlant des apôtres de Shakespeare en France, M. Lotheisen ne parle-t-il pas de Sédaine ou du moins en parle-t-il en passant seulement ? Le chapitre sur les deux Chénier est sans contredit le plus remarquable du livre: j'aurais cependant voulu qu'on citât au moins l'Oarystis et qu'en général on appuyât davantage sur les poèmes d'André traduits, imités ou inspirés des anciens. Dans le chapitre consacré à Bernardin de Saint-Pierre, il eût fallu parler de l'écrit sur la Paix perpétuelle. M. Lotheisen ne cite pas même ce travail si caractéristique pour le temps. On peut faire à l'appendice (sur la littérature allemande en France) le reproche qu'on doit faire à l'ouvrage tout entier, même dans ses parties les plus réussies: ce sont des notes plus ou moins soigneusement rédigées, ce n'est pas un ensemble. Le livre de M. Lotheisen n'est pas un livre, c'est un recueil d'articles : il fallait le dire bravement. Pour conclure je cite une phrase de notre auteur qui renferme une grande vérité : « Il est remarquable, » dit-il p. 258, que c'est précisément le côté inférieur de la littérature française » qui trouve des amis particuliers à l'étranger: les romans sans valeur, les » farces françaises sont connus dans le monde entier et contribuent le plus à » faire aux Français leur réputation de légèreté, tandis qu'on ne connaît même » pas les travaux solides de beaucoup d'esprits sérieux. » C'est là une observation pleine de sens et qu'on rencontre très-souvent depuis quelque temps sous la plume des écrivains allemands: mieux vaut tard que jamais.

Nogent-le-Rotrou, imprimerie de A. Gouverneur.

K. H.

D'HISTOIRE

ET DE LITTÉRATURE

N' 33

17 Août

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1872

Sommaire: 154. KACCAYANA, Grammaire pâlie p. p. SÉNART. ISS. RUMPELT, La physiologie des sons; BEHMER, De sonis grammaticis. 156. Kudrun p. p. MARTIN. 157. CHASLES, Histoire nationale de la littérature française. 158. EICHELKRAUT, Folquet de Lunel.

154

Kaccâyana et la littérature grammaticale du Pâli. partie. Grammaire pâlie de Kaccâyana, sûtras et commentaire, publiés avec une traduction et des notes par M. E. SÉNART. Paris, Imprimerie nationale. 1871. In-8°. (Extrait du Journal asiatique.) Prix: 12 fr.

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La grammaire de Kaccâyana, base et modèle de tous les travaux indigènes sur le Pâli, comprend huit parties: 1° le Sandhi-kappa, subdivisé ens sections (Kando), traite des effets résultant de la rencontre des lettres entre elles dans des mots différents unis ensemble ou juxtaposés, en un mot du phénomène bien connu sous le nom de Sandhi; - 2o le Nâma-kappa, subdivisé également en 5 sections, traite des mots déclinables et des désinences diverses que la flexion leur impose; 3° le Kâraka-kappa traite de l'emploi de ces désinences et des rapports qu'elles expriment; 4° le Samâsa-kappa traite de la composition des mots, du phénomène grammatical si fréquent dans les langues aryennes, surtout celles de l'Inde, qui consiste à réunir et à fondre en un seul plusieurs mots différents; le Taddhita-kappa fait connaître les modifications que subit un mot pour exprimer une idée subordonnée à l'idée principale, soit par l'adjonction d'un suffixe, soit par un léger changement dans l'intérieur du mot; c'est proprement un traité sur les suffixes et la dérivation des mots. — (Les Kâraka, Samâsa, Taddhita-kappa sont en réalité des suppléments du Nâma-kappa «< chapitre des >> noms » et sont considérés comme en formant les sections (kand.) 6, 7 et 8). - La 6o partie, Akhyâta-kappa, subdivisée en 6 sections, traite du verbe et de toutes les modifications dont il est susceptible pour exprimer la personne, le nombre, le temps, le mode, et la nature de l'action; -7° le Kibbiddhâna (ou Kita-) kappa, partagé en s sections, revient sur quelques particularités de la composition et de la dérivation des mots; la désignation de Kita-kappa est fondée sur la distinction des suffixes en Kita (sens actif) et en Kicca (sens passif ou neutre); - 8° l'Unadi-kappa traite aussi de certains suffixes « à commencer par una »> dont cependant il n'est nullement question au commencement. Ces deux derniers chapitres semblent n'être que des appendices du Taddhita-kappa. L'ouvrage entier comprend donc trois grandes divisions fondamentales, le Sandhi ou science des lettres et de leurs relations mutuelles; le Nâma ou science des noms déclinables; - le Akhyâta ou science des verbes et des conjugaisons; le nom de

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1. Akhyâta de â (intensitif) et de khyâ « dire, énoncer correspond très-bien à notre terme grammatical « verbe. »

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