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Le nom de Wilcken est bien souvent revenu dans ces lignes. Les articles qu'il a signés ne suffisent pas à rendre compte de l'activité vraiment étonnante de l'éditeur de l'Archiv. Il n'en est presque pas un seul qui n'ait profité de ses remarques, et nous savons par expérience personnelle, quel est le prix de cette collaboration aussi amicale que savante.

Pierre JOUGuet.

Die Rhythmen der attischen Kunstprosa: Isokrates, Desmosthenes, PLATO von Friedrich BLASS. Leipzig, Teubner, 1901. Un vol. in-8° de x11-199 pages.

Ce livre, ainsi que le dit l'auteur dans la préface, doit être regardé comme le complément de son grand ouvrage sur l'éloquence attique : le sujet y est étudié d'une façon plus approfondie, plus étendue et aussi plus exacte. On connaît le système de M. Blass. Ce savant a le premier démontré scientifiquement l'existence du rythme dans la prose grecque; il a montré que certains orateurs attiques, dans leurs discours les plus soignés, par exemple Démosthène dans les harangues, s'appliquaient à donner à leurs périodes non pas seulement du nombre, mais une véritable cadence par l'emploi des mètres de la poésie ; pour nous servir de l'expression employée par l'auteur, la prose de ces orateurs a de l'eurythmie. Comme un des exemples de cette eurythmie, il faut citer le soin que prend Démosthène dans ses harangues, à éviter la rencontre de plus de deux brèves. La première exposition de cette théorie remonte déjà à près de trente ans, à la publication du premier volume de l'Attische Beredsamkeit en 1874: depuis cette époque, M. B. n'a cessé de s'occuper de la question, et une série d'études, publiées en 1877, 1880, 1891, 1893, ont été comme une suite d'ébauches pour arriver enfin à la constitution de l'œuvre définitive. Avons-nous aujourd'hui cette œuvre définitive? Indiquons les changements, les corrections, les additions que M. B. apporte à la théorie. Il croit aujourd'hui que la phrase rythmique peut ne pas coincider exactement avec la phrase oratoire, qu'elle peut commencer ou finir au milieu d'un mot; il admet aussi qu'il y a, dans la prose des orateurs, cet entrecroisement de séries de pieds semblables ou de rythmes, tel que nous le trouvons dans les choeurs des tragiques; on peut avoir par exemple les systèmes abab, abba, abccba, etc; M.B. suppose enfin que certains pieds peuvent être considérés comme équivalents le dactyle, le tribraque, etc. Voilà les idées nouvelles importantes exposées dans le présent ouvrage. Il faut ajouter à cela que M. B. insiste aujourd'hui davantage sur l'importance des crases, et de la syllabe anceps à la fin des périodes. C'est cette théorie ainsi modifiée que M. B. applique à la prose d'Isocrate, de Démosthène et de Platon. Nous croyons qu'il y a un fond de vérité certaine dans le

système de M. B.; ce savant n'a qu'un tort, c'est de vouloir trop prouver. Il est incontestable que bon nombre de prosateurs anciens, pour donner du rythme à leur phrase, y ont introduit des suites plus ou moins longues de mètres poètiques; on peut signaler facilement dans les trois auteurs, sur lesquels porte la recherche de M. B., d'assez nombreuses suites dactyliques, iambiques, trochaïques, péoniques, etc. Ces auteurs ont noyé, en quelque sorte, dans leur prose des séries métriques; ils ont fait ce que font aujourd'hui nos ingénieurs quand ils noient des tiges de fer dans la masse du ciment; ces tiges de fer, toutes minces cependant, communiquent au ciment une force de résistance singulière : ces séries métriques, ainsi mêlées dans la prose grecque, lui ont donné ce nombre, cette amplitude, cette eurythmie qui a été admirée de tout temps; mais elles ne sont, dans le réseau de cette prose, que des lignes d'appui éparses et distinctes: M. Blass a trop la tendance d'en faire la trame même de tout le tissu. Une dernière observation. Nous avons toujours été étonné de ne pas trouver dans cette prose poétique, ou si l'on préfère rythmique, cette faiblesse, ce péché de toute poésie, la cheville; tous les poètes l'ont commis, le commettent et le commettront ce péché ; il n'en est pas un seul chez qui l'on ne puisse noter un certain nombre de ces mots qui sont indispensables pour le mètre et inutiles pour le sens. Chez les tragiques grecs, on sait que des mots tels que μολών, μαθών, πότε, τότε, ód, etc., reviennent parfois trop souvent à la fin de leurs trimètres. Mais si la cheville est une des faiblesses du langage poétique, elle en est aussi la marque et le signe certain; pourquoi M. Blas n'en signale-t-il pas la présence dans la belle prose attique ?

Albert MARTIN.

Ein Original - Dokument aus der Diocletianischen Christenverfolgung; Papyrus 713 des British-Museum; herausgegeben u. erklært von Adolf DEISSMANN. Mit einer Tafel in Lichtdruck. Tübingen u. Leipzig, Mohr, 1902; VII-36 pp. in-8. Prix: 1 Mk. 50.

Document très intéressant, publié par MM. Grenfell et Hunt, dans leurs Greek Papyri, series II, 1897, p. 115, n° 73. Au reste, en voici la traduction d'après M. Deissmann:

<< Psenosiris le prêtre (« au prêtre » littéralement), à Apollon le prêtre, son cher frère dans le Seigneur, salut. Avant tout, je te salue beaucoup ainsi que tous les frères en Dieu qui sont auprès de toi. Je veux te faire savoir, frère, que les fossoyeurs (vexpotápo:) ont amené ici, dans l'intérieur, Politikè qui est envoyée dans l'Oasis par l'administration du gouverneur (ò is hypovízs). Et aussitôt, je l'ai confiée en sauvegarde à ceux des fossoyeurs qui sont excellents et fidèles (toïç xadoïç xal mistic), jusqu'à l'arrivée de son fils Nil (Neo). Quand

il viendra avec l'aide de Dieu, il l'informera de ce qu'ils ont fait pour elle (ὅταν ἔλθη σὺν Θεῷ, μαρτυρήσι σοι περὶ ὧν αὐτὴν πεποιήκασιν). Donne-moi des nouvelles toi aussi sur ce que tu désires ici; j'en serai content. Je te souhaite d'être fort dans le Seigneur. >>

Adresse: «A Apollon, le prêtre, de Psenosiris le prêtre, dans le Seigneur ».

Jusqu'ici, on avait luty Toλxy, et on entendait : « l'hétaïre ». Mais le document, quoique rédigé de manière à ne pas éveiller de soupçons, est chrétien. M. D. n'a pas de peine à montrer l'invraisemblance de la première interprétation. Hlohitz est un nom propre connu. Dès lors, il s'agit d'une chrétienne exilée dans la grande Oasis par le gouverneur d'Égypte. Elle a été conduite par les agents. jusqu'à l'oasis. A Kysis, aujourd'hui Dûsch-el-Kala, où l'on a trouvé de nombreux papyrus provenant des archives des vexpotápot, elle a été recueillie par le prêtre Apollon. Celui-ci l'a remise à des membres du collège qui allaient dans l'intérieur de l'oasis, où habitait le prêtre Psenosiris. Psenosiris l'a confiée à ceux des vexpotáço: qui sont chrétiens. Il écrit pour rassurer Apollon sur sa protégée. L'emploi de l'article se justifie, parce qu'Apollon la connaît bien. Notre papyrus est la lettre originale.

M. D. suppose que Nil, séparé de sa mère, va la rejoindre en passant par Kysis; là, il donnera des renseignements oraux à Apollon. M. D. pense que la lettre est confiée aux vexpotápoi retournant à Kysis. Mais comment Nil pourrait-il donner de longs renseignements sur la manière dont sa mère a été traitée? M. D. imagine que Nil a recu une lettre plus circonstanciée de Psenosiris ou de sa mère. Mais pourquoi n'annonce-t-on pas son voyage plus explicitement? J'hésite donc un peu à accepter l'interprétation de M. D. Apollon savait bien des choses, et n'avait pas le même besoin que nous d'en être informé. En tout cas, cette lettre est, avec la lettre de Rome trouvée au Faijum, la plus ancienne lettre originale écrite par un chrétien. Elle est, de plus, la relique d'une persécution. Les papyrus des vexpotápol portent des datés entre 242 et 307. L'état du christianisme, révélé par la lettre, suppose qu'il est établi depuis un certain temps. Il est donc prudent de ne pas placer le document plus haut que la persécution de Dioclétien..

M. D. a mis, à commenter le texte, la science de la philologie chrétienne qu'on lui connaît. Voir sa distinction de la souscription et de l'adresse (p. 10 et n. 13); ses observations sur les abréviations K(up)w et (e), déjà courantes au point d'être employées dans la correspondance, et connues probablement par les manuscrits bibliques; ses remarques sur les formulaires épistolaires, etc. '.

1. Noter que la disposition de l'adresse : les noms propres sur la première ligne, sur la seconde, au-dessous de chacun d'eux, les qualités, est semblable à celle des noms et rôles de personnages dans les en-tête de scènes des manuscrits.

Dissertation excellente dont il faut louer la précision '.

Paul LEJAY.

Der Gelegenheitsdichter Venantius Fortunatus. Von Wilhelm MEYER aus Speyer (Abhandlungen der kön. Gesellschaft der Wissenschaften zu Göttingen, Phil. hist. Klasse, Neue Folge, IV, 5). Berlin, Weidmann, 1901, 140 pp. in-8.

Étude intéressante et neuve. Après avoir fixé la chronologie de Fortunat, M. W. Meyer, de Spire, distingue trois recueils et trois éditions des poésies 1o livres I-VIII, poésies antérieures à 576, réparties par Fortunat d'après leur sujet; 2° IX, poésies composées entre 577 et 584; 3o X, depuis 585 ou 587, jusqu'au moins en 591; à cela s'ajoutent les poésies à Agnès et à Radegonde, le livre XI et l'appendice 10-31. Ce dernier groupe a été recueilli par les amis après la mort de Fortunat. Il va sans dire que dans le second recueil, Fortunat a pu insérer des pièces composées avant 577, qu'il avait omises dans le premier.

M. M. caractérise ensuite la plupart de ces poésies. Ce sont des œuvres de circonstance. Mais le grand nombre est d'un genre spécial elles sont destinées à être débitées. Ce sont des allocutions poétiques, Redegedichte. Le temps ordinaire de ces discours poétiques était le repas: M. M. signale de véritables toasts. Il étudie plus ou moins longuement un certain nombre de pièces, en indique les circonstances et en détermine le caractère. M. M. ne paraît pas penser, comme l'avait cru Le Blant, qu'il y ait parmi ces textes de véritables inscriptions.

L'étude de M. Wilhelm Meyer est une très bonne introduction à la lecture de Fortunat.

Paul LEJAY.

Camille ENLART, Manuel d'archéologie française, Première partie, architecture religieuse, 1 vol. in-8°, xx-816 p. 405 fig. dans le texte ou hors texte. Alphonse Picard et fils, éditeur, 1902.

L'excellent manuel dont M. Enlart vient de publier le premier volume ne sera pas seulement indispensable à ceux qui veulent apprendre, il sera très utile à ceux qui savent déjà. On trouvera dans ce livre tout ce qu'il est possible de savoir aujourd'hui sur l'architecture française du moyen âge. Toute la science des archéologues de la première génération, Viollet-le-Duc, Quicherat, de Verneilh, toutes

1. Je dois à la vérité de dire que M. Harnack a défendu l'ancienne interprétation du document, Theol. Literaturzeitung, 1902, n° 7: sa discussion ne m'a pas convaincu.

des découvertes des archéologues contemporains se trouvent résumées ici. Un tel livre ne tardera pas à faire oublier, je l'espère, le fameux Abécédaire archéologique de M. de Caumont où plusieurs générations ont appris ou cru apprendre l'histoire de l'art du moyen âge. Les gens instruits qui continueront à croire que l'arc brisé est le caractère essentiel du style gothique n'auront désormais plus d'excuse.

Je signalerai tout particulièrement le premier chapitre intitulé : Définitions et principes. On trouvera là, groupés pour la première fois, les renseignements les plus précis sur la technique de l'architecture du moyen âge appareil, enduit, joints, voûtes, charpentes, transport des matériaux. Des pages intéressantes sont consacrées à la condition des artistes, à leurs habitudes de travail, à leurs voyages. Le chapitre se termine par d'excellents conseils de méthode où tous les archéologues trouveront quelque chose à apprendre.

Le livre est divisé en six parties: Période latine et mérovingienne, - Période carolingienne et baptistères, - Période romane, - Période gothique, La Renaissance,-Accessoires de l'architecture religieuse. Il serait assurément impossible, par une analyse, de donner une idée de la quantité de faits qui se trouvent rassemblés ici. Qu'il me suffise de dire que M. E. a dressé, département par département, une liste de toutes les églises romanes, gothiques ou de la Renaissance. qui lui ont paru offrir de l'intérêt. La liste n'est évidemment pas complète, mais elle pourra le devenir. Elle témoigne en tout cas de l'étendue du savoir de M. Enlart. Une science si bien informée inspire confiance. Il est certaines régions de l'Europe que M. E. connaît presque aussi bien que la France. Rien de plus intéressant que les quelques pages qu'il a consacrées à l'Expansion du style gothique français à l'étranger. On sait d'ailleurs que cette partie de notre histoire artistique est le domaine de M. E. On trouvera là, brièvement résumées, ses belles recherches sur l'Italie, les pays scandinaves, l'Espagne, Chypre.

Dans l'exposition, certaines habitudes d'esprit de l'auteur méritent d'être particulièrement louées. M. E. a un sens très vif de l'évolution des formes et il aime à nous les montrer s'engendrant les unes les autres. Par exemple, il ne perd jamais l'occasion de nous faire remarquer l'origine antique de la plupart des formes romanes. Dès le XIV siècle, il nous montre l'architecture flamboyante s'annonçant, se préparant. C'est là une méthode excellente et, à vrai dire, il n'y en a pas d'autre. Il faut que nos traités d'archéologie arrivent à égaler la majesté des beaux livres d'histoire naturelle.

La profonde admiration que M. E. a vouée à l'art français l'a rendu sévère pour l'art italien. Tel fut aussi le sentiment de Viollet-le-Duc. « Plus j'étudie l'art italien, dit-il en substance, plus j'admire l'art français du moyen âge ». Et il est très certain qu'il y a dans nos églises une science et une logique dont jamais les Italiens n'ont approché.

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