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ont pour théâtre l'Inde, Bagdad ou Samarcande et dénotent une provenance orientale, celui-ci est né en Syrie; Damas et ses environs lui sont familiers. Musulmans et chrétiens y vivent sur le pied d'une tolérance réciproque et, n'était l'empreinte fortement islamique de l'ensemble du récit, on serait tenté de l'attribuer à un conteur chrétien.

La traduction de M. S. est aussi littérale que possible et, malgré les facilités que la langue allemande offre aux imitations versifiées, les nombreuses poésies qui agrémentent les aventures galantes de Sul et de Chumul sont rendues en simple prose avec une précision dont il faut remercier le traducteur. D'ailleurs, l'illustre Ruckert a fait peu d'élèves. La couleur générale du conte fait penser en même temps aux amours romanesques deOuns el-Woudjoud et aux romans de chevalerie dont Antar et 'Amr en-Na'man sont les héros. Mais, je le répète, le principal mérite de la trouvaille dont nous sommes redevables à M. S. est non seulement de provenir d'une source ignorée jusqu'ici, mais aussi de fournir à la bibliographie des contes arabes et, par suite, aux recherches de la littérature populaire des données qu'on ne saurait négliger. - M. Seybold se propose de reprendre prochainement l'étude de son précieux Codex et d'en signaler l'importance au point de vue de ces questions générales. Mais dès à présent on pressent que l'ingénieuse classification en trois groupes proposée par M. Zotenberg est devenue insuffisante et qu'il faut y ajouter une ou plusieurs sections nouvelles, si l'on veut y renfermer les éléments si divers qui ont contribué à la naissance et au développement de ces merveilleux récits qui, pendant des siècles encore, charmeront le monde de leurs mensongères fantaisies et lui feront oublier les misères de la réalité.

B. M.

Beiträge zur Kentniss der religiösen Dichtung Balai's, nach den syr. Handschr. des British Museum, der Bibl. Nat., und der Koen. Bibl. zu Berlin, herausgegeben und übersetzt von K. V. ZETTERSTEEN, Leipzig, Hinrichs; 1902, grand in-8°, pp. 1V-52-56*. 12 marks.

Vers la fin du ve siècle, un chorévêque syrien du diocèse d'Alep, nommé Balai, se fit une certaine réputation littéraire par ses poésies religieuses, en majeure partie composées de vers pentasyllabiques, formés de deux mesures de deux et trois syllabes. Une partie de ces poésies étaient déjà publiées. M. Zetterstéen s'est imposé la tâche de réunir, parmi celles qui sont encore inédites, de courtes compositions intitulées Ba'outa, « precationes », qui comprennent généralement deux strophes de six vers chacune. Quelques-unes de ces sortes d'hymnes ont trouvé place dans les livres liturgiques des Syriens.

M. S. en publie 134, partagées en deux séries: les 65 premières sont expressément attribuées à Balai dans les mss.; les autres sont notées par la rubrique hâ'en l'hattâyê; comme elles sont de même facture que celles qui portent le nom de Balai et comme un ms. (du XIIIe siècle toutefois) paraît indiquer assez clairement que cette rubrique désigne les hymnes de Balai, M. Z. a cru pouvoir, non sans apparence de raison, les éditer sous le nom de cet écrivain. Tout le mérite de ces poésies consiste comme chez la plupart des poètes syriens - dans le choix des expressions et l'agencement des mots. L'édition est correcte; M. Z. y a apporté un soin digne d'une œuvre plus importante'. La traduction, d'ailleurs extrêmement facile, est fidèle.

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J.-B. CH.

Untersuchungen zu den Handschriften Lucans; Inaugural-dissertation zur Erlangung der Doktorwürde der hohen philosophischen Fakultät der kgl. bayer. Ludwig-Maximilians-Universität zu München vorgelegt von Fr. BECK, aus Schweinfurt. München, Kastner et Lossen, 1900; 75 pp. gd. in-8.

La question abordée par M. Beck est une des plus difficiles qui existent en critique verbale. M. Hosius, en publiant les collations de Steinhardt dans son édition, avait fait connaître un nombre très restreint et, à vrai dire, tout à fait insuffisant de manuscrits de Lucain. Cette édition a d'autres mérites. Cette pénurie de renseignements m'avait invité à quelques recherches. M. Francken, qui paraît n'avoir pu les poursuivre, a donné au moins une collation complète du manuscrit Ashburnham (aujourd'hui B. N. nouv. acq. lat. 1626).

C'est à ce point que M. Beck a repris le problème. Aux manuscrits que j'avais consultés, il a ajouté un ms. d'Erlangen 304 (xe s.) et un ms. de Montpellier H 362, du IXe siècle. Il a soumis les variantes de tous ces manuscrits et les opinions des derniers éditeurs à une discussion très approfondie dont voici les conclusions.

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Les manuscrits se divisent en deux familles, et y. La famille u est représentée essentiellement par M (Montpellier H 113), par Z (Paris B. N. lat. 10314), et par P (B. N. lat. 7502). La famille n'a de représentant parfaitement pur que V(Vossianus I, Leyde Q 51); U (Voss. II, Leyde F. 63) se rattache à 9, mais a subi les atteintes de u. De même sont plus ou moins mélangés de leçons venues de p, les mss R (B. N. lat. 7900 A), G (Bruxelles 5330) et S (B. N. lat. 13045). Enfin, tous les autres manuscrits connus sont des copies, directes ou indirectes de

1. L'éditeur a noté les passages bibliques auxquels les poésies font allusion. Ces références sont loin d'être complètes. Ainsi, pour le n° xxx (p. 24), cf., Ps. 88, 5; pour le n° xxxvin (p. 44), cf.Matth., xxv, 34; n° LI (p. 47), cf. Matth., xxv ; etc. L'expression Meshiha Allaha « Christ-Dieu », n'est pas exprimée d'une manière suffisamment précise par « Herrgott» (p. 51).

Z. Parmi ces copies, se trouve le manuscrit d'Ashburnham. Cette dernière conclusion est assez inattendue. Je crois qu'il vaudrait la peine de l'examiner de près, à la fois, d'après la paléographie de A et Z (p. 13) et d'après leurs variantes.

Je n'ai point parlé de Paul de Constantinople. Le roman ingénieux bâti par M. Usener sur la suscription du ms. de Paris, B. N. lat. 7530 est définitivement abandonné. M. B. place Paul dans la période des suscriptions et des revisions de manuscrits classiques à la fin de l'antiquité. Cette période s'étend de 375 à 550 environ. Nous n'avons aucune donnée qui permette de fixer Paul à l'intérieur de cette période. La critique de Paul était purement conjecturale: mea manu solus. Les leçons qui en dérivent ont donc la valeur de conjectures faites par un grammairien de la décadence. Il a peut-être travaillé peu avant la copie des fragments p et n du (ve s.), où se rencontrent déjà quelques leçons << pauliniennes ». Tous les autres manuscrits sont plus ou moins infestés de ces corrections, sauf le ms. V. Mais le représentant le plus complet de l'émendation tentée par Paul est P, et après lui le ms. U. On a ordinairement les corrections de Paul en comparant P et V. Ces corrections sont presque toutes mauvaises. La plus notable, peut-être, est la grande transposition de vers dans le récit de la Pharsale, conservée par U VII, 488, 510-520, 489, 509, 521 suiv. M. Hosius y a reconnu, avec vraisemblance, la main de Paul. Dans son erreur qui lui fait attribuer à Paul une loyauté qu'il n'a pas, il a admis cette transposition dans le texte; M. Postgate l'a imité, en adoptant l'ordre des scolies de Berne (488, 514-520, 489-513, 521 suiv.). M. B. se range aux objections présentées contre ces transpositions par M. Francken et par moi. Mais il fortifie notre démonstration de tout ce qu'il nous apprend sur la faiblesse du travail exécuté par Paul. Il suit de cet ensemble de faits que le ms. P n'avait pas la valeur que je croyais.

L'étude de M. Beck est ainsi une sorte d'examen de conscience à l'usage de tous ceux qui ont traité de Lucain en ces dernières années. Nous y trouvons tous matière à mea culpa. Mais je ne pense pas qu'aucun de nous n'en éprouve le moindre dépit. Nous devons avoir une profonde reconnaissance au jeune savant qui a eu le courage << d'y aller voir », et qui a trouvé dans la forêt carolingienne de nos manuscrits les sentiers sûrs. On pourra corriger quelques détails de la carte dressée par M. Beck; l'ensemble restera. Il y a entre son travail et celui de ses devanciers à peu près la même différence qu'entre deux cartes de l'Afrique, l'une d'aujourd'hui, l'autre d'il y a cinquante ans '. Paul LEJAY.

1. Dans les dernières pages, M. Beck discute avec beaucoup de finesse un certain nombre de passages du premier livre et montre l'application des principes qu'il a posés.

E. DOGNÉE. Un officier de l'armée de Varus, Bruxelles, s. d. chez Lebègue.

On me permettra de ne pas m'étendre sur ce livre de 225 pages où il est question de trois choses différentes 1° les Germains depuis leurs origines «< nébuleuses » jusqu'à Auguste; 2o une inscription très connue du musée de Bonn que l'auteur croit devoir expliquer d'une façon que les épigraphistes ne peuvent guère approuver; 3° une dissertation sur les récompenses militaires à Rome qu'accompagnent quelques reproductions de jolies phalères du musée de Berlin.

R. C.

L'Histoire de Guillaume le Maréchal, comte de Striguil et de Pembroke, régent d'Angleterre de 1216 à 1219, poème français publié pour la Société de l'histoire de France, par Paul MEYER, tome III. — Paris, H. Laurens, 1901, in-8° de CLX304 pages.

Le texte proprement dit de l'Histoire de Guillaume le Maréchal a occupé les deux premiers volumes de cette publication. Ce tome III en est le complément indispensable. Il contient en effet, tout d'abord une étude critique très détaillée sur le poème, son auteur et son héros; puis la traduction abrégée de tout l'ouvrage, enfin la table générale.

Du rapprochement de certaines phrases du poème, il ressort qu'il a été composé peu de temps après la mort de Guillaume le Maréchal et achevé à peu près vers 1226. Entrepris à la demande du fils aîné du défunt et avec les encouragements de son fidèle compagnon d'armes Jean d'Erlée, il est l'œuvre d'un trouvère de profession, nommé Jean, qui a utilisé surtout les mémoires écrits à son intention par Jean d'Erlée, sans rien emprunter aux chroniques. Jean d'Erlée avait été d'ailleurs, par les relations étroites qu'il entretint avec le Maréchal dont il fut l'écuyer dès 1188, il avait été, dis-je, à même de fournir des renseignements de première main. Aussi la valeur de l'Histoire, en tant que document historique, est considérable pour la période qui s'étend depuis cette date de 1188 jusqu'en 1219. Pour la partie antérieure, le poème a besoin d'être contrôlé.

M. Paul Meyer établit ces différents points en retraçant la biographie complète de Guillaume le Maréchal; en mettant les témoignages du poème en regard des documents contemporains, non seulement il a opéré la critique rigoureusede l'ouvrage et montré quel énorme appoint il apporte à l'étude de l'histoire de la France et de l'Angleterre, mais encore il a fait revivre la physionomie du comte de Pembroke et éclairé les différents côtés de son caractère. Tout en notant une foule de traits de mœurs, il l'a replacé dans les différents milieux où il a vécu; il a raconté les expéditions militaires et les négociations auxquelles il prit part, et enfin il a exposé, avec un luxe suffisant de

détails, les affaires publiques auxquelles il fut mêlé. Aussi peut-il conclure avec raison que « entre les hommes qui au moyen âge, ont joué les premiers rôles, il en est certainement plusieurs dont l'histoire nous est aussi bien connue... que celle de Guillaume le Maréchal...; mais on n'en pourrait citer aucun, sinon peut-être saint Louis, grâce à Joinville, dont la physionomie morale nous apparaisse aussi nettement. » Quant au poème lui-même, il faut placer << tout au premier rang dans l'historiographie française, un ouvrage si abondant en faits nouveaux, si évidemment sincère dans l'exposé des événements et dans l'appréciation des personnes... Il n'est aucune chronique française, aucun livre de mémoires du XIIIe siècle ni du xiv qui lui soit supérieur ». Sa valeur littéraire n'est pas tout à fait aussi grande, son auteur n'est pas très habile dans l'art de la composition; mais il faut reconnaître qu'il a d'autres qualités, une habileté de présentation, une certaine érudition, une sobriété de style que n'encombrent pas les lieux communs, etc.

Les 19,000 vers de son œuvre ne nous ont été conservés que par un seul manuscrit aujourd'hui conservé à Cheltenham, et qui présente un texte très incorrect. D'où la nécessité de nombreuses rectifications: M. P. M. les a faites, en respectant cependant le plus possible les leçons du manuscrit.

Je n'ai pas à insister sur la traduction abrégée de l'Histoire de Guillaume le Maréchal, formant la seconde partie de ce volume. Elle est complétée par une foule de notes qui expliquent les obscurités du texte, qui le corrigent, quand il y a lieu, qui le complètent surtout ou qui le corroborent au moyen de documents diplomatiques ou de sources narratives contemporaines. La valeur historique intrinsèque du poème est donc augmentée de toute l'érudition d'un éditeur dont il serait vraiment superflu de faire l'éloge.

L.-H. LABANDE.

JANSSEN (Jean). L'Allemagne et la Réforme VI La civilisation en Allemagne, depuis la fin du moyen âge jusqu'au commencement de la guerre de Trente ans. Traduit de l'allemand sur la 13° édit. par E. Paris. Paris, Plon, Nourrit et Cie. Gr. in-8 de xv-525 p. 15 fr.

On sait qu'il ne faut demander au savant ouvrage de feu Janssen ni l'impartialité ni l'originalité des aperçus. C'est avant tout un répertoire vaste, immense et méthodique de faits curieux. On doit d'ailleurs reconnaître que dans le présent volume les défauts de l'œuvre choquent moins. Il demeure entendu que la Réforme est responsable de tout, que c'est elle qui a introduit dans le monde la corruption des mœurs, perverti le goût, ôté à l'homme le respect de lui-même et qu'on se demande comment l'Allemagne, quatre cents ans après

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