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fautive par M. Jacques Matter, alors inspecteur d'Académie à Strasbourg et plus tard inspecteur général des bibliothèques, dans le Journal de la Société des sciences, agriculture et arts du Bas-Rhin, puis tiré à part (Strasbourg, Levrault, 1826, 103 p. 8°). Depuis M. l'abbé Marchal en a donné une traduction nouvelle dans les Mémoires de la Société d'archéologie lorraine (1862). Aussi bien l'intérêt de l'opuscule de M. Ingold réside moins dans les parties du récit, rectifiées et commentées, empruntées à Ruinart que dans la publication d'une cinquantaine de lettres inédites de Mabillon, tirées surtout du fonds français de la Bibliothèque Nationale, et dont quelques-unes sont fort intéressantes pour l'histoire des idées du temps, celles par exemple, très affectueuses, qu'il échange avec le célèbre jurisconsulte Jean Schilter, de Strasbourg, dans l'espoir secret de le convertir. M. Ingold y a joint des extraits des notes de Mabillon, conservées au fonds latin (n° 11. 902) de la Nationale, Anecdota alsatica, une liste des abbés de Marmoutier et quelques pièces relatives à l'abbaye de Münster.

Malgré le dédain avec lequel l'érudit éditeur parle « d'un certain M. Gravier », il n'est pas du tout certain que cet estimable archéologue lorrain, assez apprécié d'ailleurs de son temps, se soit absolument trompé en écrivant à M. Matter (Voyage, p. 101) les détails qui excitent le courroux de M. Ingold; auteur d'une Histoire de SaintDié, il était parfaitement à même de trouver dans les archives conventuelles locales à sa disposition, des traces des sentiments peu fraternels des moines lorrains pour ceux de la capitale; ces documents ont pu disparaître depuis sans qu'on soit en droit pour cela de nier qu'ils ont existé '.

R.

Le régime de la presse pendant la Révolution française, par Alma SOEDERHJELM, t. II. Paris, H. Welter, 1901, ш, 216 p. 8°. Prix : 5 fr.

Le second volume de cet excellent travail a rapidement suivi le premier, dont nous rendions compte ici naguère 2. L'auteur a exploité pour son livre les cartons des Archives nationales (Série F. 7. n°s 34483452), les publications de M. Aulard, le Club des Jacobins et Paris

1. Très sévère pour les coquilles nombreuses de la traduction Matter, le nouveau commentateur de Dom Ruinart n'a pas absolument échappé à l'infidélité des typographes. P. 30, il faut lire Dulssecker pour Dussecker, et Warnkoenig pour Warn Koenig. - P. 42, Corvey pour Corbey. - P. 63 Vizthum pour Wizedum. On ne voit pas non plus pour quelle raison l'éditeur conserve l'orthographe, si fautive, des noms de localités, p. 78, sans mettre au moins en note la forme véritable si drôlement estropiée par Ruinart.

2. Voy. Revue critique, 9 décembre 1901.

pendant la réaction thermidorienne et sous le Directoire; il a parcouru à la Bibliothèque Nationale une foule de pamphlets célèbres à leur heure et depuis longtemps oubliés, qui lui ont permis de nous retracer un tableau très complet de l'opinion parisienne, pour la période qui l'occupe. Nous avons déjà dit — et cela s'explique par la difficulté de réunir des documents sur la matière que Mlle Soederhjelm a négligé ou laissé de côté la presse départementale qui, sans être bien importante, a pourtant eu son influence locale et, dans certaines régions au moins, des représentants assez nombreux '.

L'auteur nous montre ensuite la situation lamentable de la presse mise sous la surveillance de la politique par la loi du 19 fructidor (5 septembre 1797) et le rôle effacé qu'elle dut jouer jusqu'au moment où elle fut délivrée partiellement du joug par celle du 14 thermidor. de l'an VII; mais l'élan révolutionnaire était bien et dûment arrêté, et d'ailleurs le Directoire continuait à mâter les journaux en conservant le droit de déporter les journalistes, et en mettant ce droit ou cette licence à profit (comme par exemple, par son arrêté du 16 fructidor an VII). La liberté de la presse n'était plus guère qu'une fiction quand l'arrêté des Consuls du 27 nivôse an VIII mit fin à cette fiction elle-même, d'une façon qui ne permettait point au plus myope de s'y tromper.

Simplement et correctement écrit, sans phrases à effet, mais rempli de faits nettement exposés, l'ouvrage de Mlle Soederhjelm tiendra un rang distingué, dans la littérature, de plus en plus abondante, mais de valeur bien inégale, que nous voyons éclore sur la période de la Révolution.

R.

1. Ainsi, dans le Bas-Rhin, il ne se fonda pas moins de trois journaux jacobins, de 1795 à 1796 (Der republikanische Waechter, Der Aufseher am Rhein, Der fraenkische Merkur), en dehors des feuilles modérées qui existaient déjà. Encore en 1798, il paraissait, à Strasbourg seul, cinq journaux politiques, la majorité en allemand, la minorité dans les deux langues. Mais en novembre 1798 un arrêté du Directoire supprima la Rheinische Chronik, trois autres cessèrent de paraître volontairement et en 1799 il ne restait plus qu'une seule feuille politique, le Weltbote, plus tard Courrier du Bas-Rhin, aujourd'hui Journal d'Alsace.

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2. P. 51, lire, dans la note 8, 1795 au lieu de 1895. - P. 54, 1. Peuchet pour Péchet. - P. 61, lire Ad. Schmidt pour Smidt. — P. 62, 1. Gallais pour Gallois. P. 98, 1, Tronson-Ducoudray pour Tronçon, Ducoudray. - P. 109, lire Garnier (de Saintes) pour Garnier des Saintes. · P. 128, il n'est pas certain que l'augmentation du prix des journaux fut causée par la loi de 1797; nous voyons dès le 19 août 1796, le Strassburgische Weltbote de Saltzmann prévenir ses abonnés que la cherté de toutes choses » l'oblige d'élever notablement son prix à partir de ce moment. - P. 163, indéfinitiment est un néologisme inadmissible. P. 167, lire Français de Nantes pour François.

-

Ernest DAUDET. Conspirateurs et comédiennes. Épisodes d'histoire d'après des 1796-1825. Un vol. in-18, 3 fr. 50. Juven Edit. 1903.

documents inédits.

Selon la réclame insérée dans les journaux, «< ce livre, en dépit du caractère romanesque des aventures qu'il raconte, ne doit rien qu'à la vérité et, comme les précédents ouvrages de l'historien des émigrés et des chouans, il se recommande par la sûreté de sa documentation. >> Franchement, l'éditeur est dans son rôle de vanter sa marchandise. On sait aussi, que parfois, ce sont les auteurs eux-mêmes qui rédigent ces réclames dans lesquelles ils n'oublient pas de faire valoir leurs talents et leur autorité en la matière.

<< L'historien des émigrés et des chouans » n'a écrit cette fois, qu'un livre d'histoires et le mot épisodes est hors de proportions pour des anecdotes. Seul, La mort de Paul Ier a eu une importance considérable; mais les sujets des autres récits de M. E. Daudet ne marqueront nullement dans l'Histoire.

Le livre débute par L'Odyssée d'une aventurière sous le Directoire et le Consulat. M. E. D. a étudié avec soin les aventures de cette fille d'écorcheur qui, sous le nom de comtesse de Bonneuil, tenta de jouer un rôle politique et ne fut, en somme, qu'une intrigante d'une certaine envergure. L'odyssée est contée avec verve, humour et d'après des documents fort curieux. C'est le meilleur, pour ne pas dire l'unique, morceau du livre.

La mort de Paul Ier, empereur de Russie, est écrite d'après les récits du comte de Langeron et du vicomte de Caraman. Or, il nous semble qu'au lieu d'un récit sans autorité et qui n'éclaircit pas le mystère, il eut été préférable de publier les deux versions inédites; elles n'auraient peut-être pas fait la lumière, mais elles auraient pu contribuer à la produire.

Quant aux Conspirations de M. de Maubreuil qu'il a découvertes dans les publications de l'époque, publications très connues, M. E. D. s'en tient pour la première partie de la légende, il semble ignorer la comédie qui s'est jouée après le drame, et même diverses particularités de ce drame qu'il décrit cependant assez bien. Ainsi, Marie-Louise n'emportait pas le trésor de la couronne; il était déjà en sûreté dans Paris. La reine de Westphalie n'était pas restée à Paris; mais elle y était revenue, d'ordre du roi, pour solliciter de l'empereur Alexandre une principauté, comme celle que l'on devait donner au prince Eugène, et c'est, après l'échec, en rejoignant Jérôme qu'elle fut volée. L'auteur ignore absolument la comédie des bijoux, le jeu des voleurs et celui de la police. Enfin il ne nous explique pas, pas plus qu'il nous le dit, du reste, pourquoi la reine de Westphalie paya quatre cent mille francs pour rentrer en possession des bijoux qui lui avaient été volés par Maubreuil. Peu importait en effet à M. E. d. le principal pour lui était d'écouler les notes inédites et intéressantes

qu'il a prises dans les papiers du duc de Cazes. Ces notes composent la dernière partie de l'article, et leur mise en œuvre n'a pas coûté grande étude à l'auteur. Par exemple, ne lui demandez pas de vous éclairer sur la personne et sur le rôle de ce singulier Hubert de Beaumont-Brivazac, qui de commissaire général de police de l'empire est devenu un subtil agent plus ou moins secret de la police du royaume. C'est encore avec des notes prises à la même source qu'ont été composés les deux derniers chapitres : Conspirateurs au théâtre et Equipées de comédiennes, histoires amusantes mais sans grand intérêt.

Ce livre, somme toute, n'ajoutera rien à la renommée de l'historien des émigrés et des chouans et aussi du général Pichegru; mais, il ne nuira pas non plus à celle de l'estimable romancier qu'est M. E. Daudet, qui se montre fréquemment moins soucieux de faire œuvre d'historien, que préoccupé de placer le plus possible de copie dans de multiples recueils.

Léonce GRASILIER.

Altfriesisches Lesebuch mit Grammatik und Glossar, von Dr Wilhelm HEUSER. (Sammlung Germanischer Elementarbücher herausgegeben von Dr. W. STREITBERG. III Reihe: Lesebücher, I.) Heidelberg, Winter, 1903. In-8, xij-162 pp. Prix 3 mk. 60.

En rendant compte successivement de chacun des volumes qui composent l'excellente collection de M. Streitberg, je n'ai guère trouvé de critique à formuler, sinon qu'à mon avis certains auteurs s'étaient montrés un peu chiches d'exemples et de textes pour des livres à l'usage des débutants. Voici que ce reproche lui-même n'aura plus de raison d'être : M. Streitberg annexe à sa série de grammaires élémentaires une série parallèle de chrestomathies, et débute par celle du vieux-frison, qui, n'ayant pas trouvé place dans la première, devait en effet fort légitimement inaugurer la seconde. Par le même motif, M. Heuser a joint à sa collection de textes (p. 36-118) une esquisse de grammaire (p. 1–35), qu'il a su réduire au minimum, en ramenant le frison à l'anglo-saxon, et en éliminant presque entièrement le frison occidental, attesté, comme on sait, à une époque sensiblement plus récente que celui de l'Est. La collation des manuscrits et la rédaction du petit glossaire témoignent d'un soin et d'une compétence qui font bien augurer de la future chrestomathie moyenneanglaise confiée à la même plume.

Il est à souhaiter que les études de ce genre attirent en France l'attention de quelques jeunes anglicisants. Dans certains domaines, ce ne sont pas les bonnes volontés qui manquent, mais les sujets de travail sont plus ou moins déflorés. Ici, ils sont presque intacts. Le frison

est une de ces langues que la fortune n'a point favorisées et dont les rares survivances sont d'autant plus précieuses : il n'émerge pas avant la fin du XIIIe siècle, puis sombre de bonne heure, réduit par la concurrence du néerlandais et du bas-allemand à un éparpillement de patois locaux, toutefois encore vivants. Et pourtant la Frise a eu et garde encore en partie sa physionomie très distincte; et, durant sa courte existence, bornée presque à des recueils de textes juridiques, le frison constitue un anneau si intégrant de la grande chaîne germanique, que sans lui nombre de phénomènes anglo-saxons demeureraient isolés, et que lui seul permet au linguiste d'entrevoir ce que put bien être le langage des primitifs Ingvéons: entreprise périlleuse, mais dont les périls même sont tentants.

V. H.

D'ANCONA (Alessandro). Ricordi ed affetti. Milan, Treves, 1902. In-8, de 442 p. 4 francs.

M. D'Ancona réimprime ici, complétées et corrigées, des études critiques ou biographiques qui méritaient d'être réunies. On y trouve des notices sur quelques étudiants morts pour ainsi dire, au pied de la chaire de leur maître, sur des collègues disparus, sur des hommes ou des problèmes qui ont joué un grand rôle dans l'histoire du XIXe siècle. Le lecteur qui s'en tiendrait à la table des matières s'exagérerait l'inégalité d'intérêt qu'offrent ces divers articles. Certes, à qui voudrait de l'érudition à tout prix, il serait permis de s'en tenir aux deux savants morceaux sur les hésitations de l'Italie moderne entre l'unité et la fédération, sur la musique et la poésie populaires de l'Italie durant les cent dernières années, et j'y insisterais si ces deux articles qui, ensemble, forment plus de cent pages, n'avaient paru dans ces Varietà Storiche e Letterarie aussi connues des lettrés que des érudits et qui ont fait appeler l'auteur le premier essayiste de l'Italie. Mais il n'y a guère moins de portée dans les pages improvisées où il juge quelques-uns des grands personnages de son temps; par exemple, à ceux qui estiment, non sans raison, que Leopardi n'a pas mis tout son cœur dans ses canzoni patriotiques, il fait observer que le poète avait tenté de l'y mettre, et il en donne pour preuve l'action qu'elles eurent sur la jeunesse de l'époque (p. 26); il prouve que le pessimisme de Leopardi n'est pas corrupteur (p. 30-31); les aberrations des physiologues qui font du stoïcien de Recanati un maniaque égoïste lui inspirent une protestation qui s'élève (p. 47-48) à la véritable éloquence; mais il démêle très bien que Leopardi, suffisamment en fonds d'idées pour la poésie, ne l'était pas assez pour la prose (p. 28). D'autre part, c'est parmi les articles consacrés aux modestes victimes d'une mort prématurée, qu'on lira quelques-unes des pages

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