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sont favorables à la dignité et au sérieux du métier, mais dont la plupart tendent à détruire l'émulation et à fermer au compagnon pauvre l'accès d'une profession indépendante. M. F. a su analyser fidèlement ces divers caractères de la vie populaire, sans parti pris d'apologie ou de réquisitoire, c'est-à-dire avec l'impartialité qui est la vraie garantie de la vérité historique.

Il termine son ouvrage par le tableau de la vie familiale de la société limousine. La simplicité de l'alimentation est la règle, toutefois restreinte par les prétextes fréquents et l'abondance des festins de corps ou par les occasions de réjouissances populaires. Le pain de froment et de seigle, ou même d'avoine, les châtaignes, les raves, les légumes, les fruits et le fromage, en forment la base. Pour les classes aisées, le gibier, le poisson, la boucherie, la basse-cour fournissent des suppléments abondants et peu coûteux. L'usage du vin est répandu; celui des liqueurs et du café encore rare. Avec M. F. on peut se rendre compte aussi du confort inégal de l'habitation du noble, du bourgeois, de l'artisan. On pénètre dans l'existence journalière d'une ville de province, d'où l'activité intellectuelle n'était pas absente, comme le témoignent les goûts de la bourgeoisie pour les fêtes de collèges et de théâtre, le nombre des écoles, la présence d'ateliers d'artistes peintres et sculpteurs. On voit se dérouler l'existence de ces familles où l'autorité paternelle est presque souveraine, où les habitudes de respect et de travail commun mettent une sorte de dignité grave, où les grands événements de la vie, naissances, mariages, maladie et mort, viennent jeter leur note de gaieté ou de douleur, où enfin la charité est pratiquée d'ordinaire comme une tradition inviolable. De la vie privée, on passe au tableau de la vie publique, aux élections qui ont pour objet le recrutement des 34 délégués et des 3 notables dont l'ensemble constitue le consulat. On aperçoit clairement ce que cette vie politique avait d'étroit avec ses luttes pour des franchises restreintes et toujours contestées, avec ses conflits de préséances et ses querelles de cérémonial, avec la mesquinerie de cette administration communale tenue en tutelle, limitée à la garde de la ville, au tirage au sort des miliciens, au logement des troupes, à la police de la voirie, des marchés, des mœurs et des cultes. On s'explique ainsi que sous la double domination de l'Église et de la monarchie, les transformations amenées par le développement des communications, par l'afflux d'une population nouvelle d'artisans et par l'influence de l'esprit du XVIIIe siècle aient été si lentes, si superficielles et si peu actives. L'ouvrage de M. Fage, écrit en général avec impartialité, sans parti-pris, avec une grande abondance de textes, puisés aux meilleures sources, est donc dans sa simplicité, sa précision et sa clarté, l'un de ceux qui instruisent et qui font penser. Il nous apporte sur la vie matérielle et morale de l'ancien régime une masse de renseignements. Il explique enfin les résistances que le milieu provincial a dû opposer et oppose

encore aux systèmes des théoriciens et aux évolutions trop brusques des hommes d'État, promoteurs du progrès nécessaire des institutions politiques, économiques et sociales.

P. BOISSONNADE.

ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES

Séance du 20 février 1903.

M. S. Reinach communique, de la part de Hamdi bey, directeur du Musée de Constantinople, un rapport de d'Edhem bey, chargé de la continuation des fouilles à Tralles. On a découvert dans ces fouilles un magnifique portique en marbre, transformé plus tard en église byzantine. On y a recueilli, outre des inscriptions et deux bas-reliefs byzantins, trois têtes en marbre, d'un très beau travail, de Déméter, d'Athéna et de Zeus Sérapis.

M. Clermont-Ganneau a reçu de M. Weber, ingénieur des Ponts et chaussées de l'empire Ottoman à Tripoli de Barbarie, les croquis de deux sépulcres antiques récemment découverts aux environs de cette ville et ornés de très curieuses peintures à fresque représentant divers sujets symboliques et religieux. Les inscriptions latines qui les accompagnent montrent que ce sont les tombeaux du mari et de la femme, l'un et l'autre d'origine africaine, comme l'indiquent suffisamment les noms puniques et néo-puniques portés par eux et fidèlement transcrits. Un détail, entre autres, présente un intérêt exceptionnel. Sur le couvercle recouvrant la cuve funéraire du mari est peint un lion bondissant, avec cette épigraphe : qui leo jacet; sur celui recouvrant la cuve de la femme, c'est une lionne, avec l'épigraphe: quæ lea jacet. M. Clermont-Ganneau démontre que les défunts ainsi qualifiés de «lion » et de « lionne » devaient être des adeptes du fameux culte de Mithra, dont les initiés du quatrième degré portaient le titre de lions. On a donc là un témoignage très important de l'extension des croyances mithriaques en Afrique et, en outre, la preuve décisive d'un fait jusqu'ici contesté, à savoir que les femmes pouvaient être affiliées aux mystères de Mithra et passaient par les mêmes degrés d'initiation que les hommes.

L'Académie procède à l'élection d'un membre ordinaire en remplacement de M. Alexandre Bertrand. Les votants sont au nombre de 34; la majorité absolue est de 18. Au premier tour, M. Elie Berger obtient 9 voix; M. Chavannes, 7; M. Maurice Croiset, 11; M. Antoine Thomas, 7. Au second tour, M. Berger obtient 3 voix; M. Chavannes, 18; M. Croiset, ; M. Thomas, 7; M. Edouard Chavannes, professeur de chinois au Collège de France, ayant obtenu la majorité absolue des suffrages, est élu membre ordinaire de l'Académie. Son élection sera soumise à l'approbation de M. le Président de la République.

M. Maxime Collignon donne lecture d'un rapport sur les fouilles exécutées par M. Degrand, consul de France à Philippopoli, dans la vallée de la Toundja (Bulgarie). A la suite de recherches commencées par M. Seure, membre de l'Ecole française d'Athènes, M. Degrand s'est proposé d'explorer méthodiquement deux tumuli, le Tell Racheff et le Tell Metchkur, situés non loin de la ville d'Yamboli. Ces fouilles ont amené la découverte de nécropoles où l'on trouve les vestiges d'une civilisation primitive, offrant des analogies avec celle qu'ont révélée les fouilles d'Issarlik, celles de Yortan (Mysie) et les recherches faites dans les plus anciennes nécropoles de Chypre. On peut donc constater que le domaine de cette civilisation préhistorique s'étendait à la région qui correspond à l'ancienne Thrace, et ainsi, grâce aux travaux de M. Degrand, le champ des études comparatives s'est agrandi. La question de date parait d'ailleurs devoir être réservée. Il est possible qu'en Thrace l'état de civilisation révélé par les fouilles ait duré beaucoup plus longtemps qu'en Asie mineure. Les produits céramiques, en particulier, montrent des perfectionnements de technique assez significatifs. MM. Reinach et Pottier présentent quelques observations.

M. Salomon Reinach termine la lecture de sa communication sur un manuscrit de Philippe de Bourgogne conservé à la Bibliothèque impériale de Saint-Pétersbourg.MM. Valois, Delisle et Picot présentent quelques observations.

M. Gustave Schlumberger lit une note sur un petit monument qu'il vient d'acquérir et qui présente le plus grand intérêt à cause des noms illustres qui y

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REVUE CRITIQUE D'HISTOIRE ET DE LITTÉRATURE

sont gravés. C'est une petite tessère de bronze, du genre tesseræ ædificiorum destinées à être noyées dans la maçonnerie des monuments en construction, comme on le fait encore de nos jours lorsqu'on mure des pièces de monnaie dans les fondations. L'important de ces petits monuments tient à ce qu'ils sont inscrits aux noms des plus grands personnages de Rome et de l'Empire aux Ive et ve siècles. Sur la tessère acquise par M. Schlumberger figurent, níellés sur des rubans d'argent incrustés dans le bronze, les noms de l'empereur d'Orient Zénon, du célèbre Odoacre, devenu à partir de 477 patrice d'Occident, enfin du préfet de la ville Symmaque, l'ami et le beau-père de Boèce. Cette tessère doit ètre datée des environs de l'an 485 p. C.

Séance du 27 février 1903.

M Clermont-Ganneau présente la photographie d'une statuette de bronze provenant de Kefr Djezzin, près de Berd a, sur la cote au sud de Djebaïl, l'antique Byblos. Elle représente un personnage debout, aux longs cheveux coiffes à l'égyptienne, la face imberbe et efféminée, le bras droit relevé, le gauche ramené contre la poitrine; il est revêtu d'une longue tunique collante, recouverte d'une sorte de tablier en forme de gaine cloisonnée. On a voulu y voir la grande déesse de Byblos, dans l'attitude et avec des attributs de la Diane d'Ephèse. M. ClermontGanneau mentre qu'il faut y reconnaître le femeux Jupiter du temple de Baalbek, dit Jupiter Heliopolitanus. Il propose de reconnaître le même dieu dans une statue de pierre mutilée conservée au Louvre et rapportée par Renan de Djouni, près de Kefr Djezzin.

M. Clermont-Ganneau communique ensuite des estampages et photographies d'un autre monument recueilli à Djebaïl même. C'est un fragment de stèle ou de table d'offrandes de granit gris, portant les cartouches hieroglyphiques du Pharaon Chechonk Ir, ou Sesonchis, le Sésac de la Bible, qui envahit la Palestine et pilla Jérusalem sous le roi Jeroboam. Dans les parties laissées libres par le texte hieroglyphique ont été gravées, probablement après coup, trois lignes de caractères phéniciens, très mutilées. M. Clermont-Ganneau qui y a déchiffré les noms d'Abibaal, de la ville de Gebal, de Misraïm (l'Egypte), etc., incline à croire qu'il s'agit d'une dédicace funéraire.

M. Henri Onont fait une communication sur un plagiat-littéraire du moyen âge. Une vie de saint Willibrord, évêque d'Utrecht, dédiée au x11 siècle par un prêtre du nom d'Egbert à l'abbé Gérard d'Epternach, et dont un texte jusqu'ici unique est conservé dans un manuscrit contemporain, récemment acquis par la Bibliothèque nationale, est la reproduclion servile des chapitres à xxv de la vie bien connue de saint Willibrord, rédigée par Alcuin. L'auteur de ce plagiat s'est contenté, pour le dissimuler, de remanier les deux premiers chapitres et d'écourter la

fin de son modèle.

M. Philippe Berger communique une nouvelle inscription funéraire qui lui a été adressée par le R. P. Delattre. C'est l'épitaphe d'une femme qui s'intitule négociante de la ville ». - M. Berger donne ensuite lecture d'un travail sur six nouvelles inscriptions samaritaines découvertes à Damas par le R. P. Ronzevalle. Ces inscriptions se composent d'une série de lettres isolées séparées par des points. M. Berger est arrivé à y reconnaître des passages de la Bible, dans lesquels on n'a écrit que la première lettre de chaque mot, par un systême d'abréviation fréquent chez les Juifs. Les motifs d'ornementation qui encadrent ces inscriptions semblent indiquer qu'il faut les faire remonter à l'époque arabe.

M. Aymonier, directeur de l'Ecole coloniale, établit que la seconde partie des Annales du royaume de Siam, connue sous le nom d'Annales d'Ayouthia (1350-1767) et admise comme authentique, est apocryphe, tout au moins à ses débuts (de 1350 à 1500 et au-delà), M. Aymonier, à la suite de cette constatation, a dû reconstituer l'histoire du Siam sur des bases entièrement nouvelles. M. Senart présente quelques observations.

M. Perrot, président, annonce que M. le duc de Loubat lui a remis une nouvelle somme de 10,000 francs pour être employée à des recherches archéologiques et particulièrement au complet déblaiement de l'île de Délos.

Léon DOREZ.

Propriétaire-Gérant: ERNEST LEROUX.

Le Puy, imprimerie Régis Marchessou, 23, boulevard Carnot

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und die Somalländer. NAWIASKY, Die Frauen im östereichischen Staatsdienst. -AFTALION, Les ports francs en Allemagne et les projets de création de ports francs en France. - WEIGEL, Die Zuständigkeitsgrenzen zwischen Militär und Zivilgerichtsbarkeit im Deutschen Reiche. WOLF, Histoire de l'Observatoire de Paris, de sa fondation à 1793. NEUWIRTH, Prag.

Literarisches Centralblatt, n° 8: E. SCHRADER, Die Keilinschriften und das Alte Testament, 3 ed. GRIMME, Psalmenprobleme. Wernde, Die Reichgotteshoffnung in den ältesten christlichen Documenten und bei Jesus. - PetersdorfF, Germanen und Griechen (soigné et recommandable) - GELZER, Der patriarchat von Achrida (excellent). — Voss, Chronik des Gasthauses zum Ritter St Jürgen zu Husum. - Von Bernhardi, Zwischen zwei Kriegen, Tagebuchblätter aus den Jahren 1867-1869. HAMPE, Das germanische Nationalmuseum 1852-1902. SAPPER, Mittelamerikanische Reisen und Studien 18881900. HIRT, Handbuch der griech. Laut und Formenlehre (bien disposé et exposé). HARRISSE, Les premiers incunables bâlois et leurs dérivés (très détaillé et clair). BEER and E. J. IRVING, The literary reader. - GOEDEL, Etým. Wörterbuch der deutschen Seemannssprache (populaire).-H. PAUL, Die Umschreibung des Perfektums im Deutschen mit haben und sein (important). — SCHOOF, Die deutsche Dichtung in Hessen. Togail Bruidne da Derga, ed. W. STOKES. - Athena, XIV, 1-3.-MAAS, Griechen und Semiten auf dem Isthmus von Korinth (très érudit et nouveau).-PASSOW, Studien zum Parthenon. - WEIMER, Geschichte der Pädagogik.

ERNEST LEROUX, ÉDITEUR

28, RUE BONAPARTE, VIe

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CONFÉRENCE DU 21 MARS 1903

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Cette conférence, sur Paul III et Antonio da San Gallo le Jeune, sera exceptionnellement donnée à l'Amphithéâtre de la Société de Géographie, 184, boulevard Saint-Germain, le 21 mars à 8 heures 3/4 du soir, par M. Gustave CLAUSSE, architecte, lauréat de l'Institut.

ERNEST LEROUX, ÉDITEUR

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RECUEIL DES TRAITÉS

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