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parfaite, et que les matières y sont disposées dans l'ordre le plus logique. Il s'ouvre naturellement par un chapitre de théorie générale sur les organes de la parole; vient ensuite l'étude des consonnes, celle des voyelles, puis l'auteur envisage la syllabe, la quantité, les accents d'intensité et de hauteur, enfin les faits d'assimilation et de liaison. Nous sommes ainsi conduits, par des étapes bien ménagées, à nous figurer dans son ensemble ce que doit être la prononciation normale d'une phrase française. Sur chacun des points traités, M. N. a dit tout l'essentiel, rien de trop cependant, et ne s'est jamais perdu dans le détail. J'ajouterai qu'il n'a pas abusé des termes techniques, ce qui est un vrai mérite. Pour quiconque se sera bien mis dans la tête une douzaine de signes conventionnels, ce volume sera d'un bout à l'autre d'une lecture facile, attrayante même, car l'exposé toujours alerte est semé çà et là d'historiettes, de jeux de mots, de calembours, qui s'expliquent par notre façon de prononcer, et qui l'expliquent du même coup aux étrangers.

Quelles observations faire sur ce Manuel qu'on ne saurait trop recommander? A propos de l'r parisienne dite « grasseyée », M. N. écrit une page amusante et ironique (p. 46-48) : il triomphe facilement des définitions si diverses qu'ont données du « grasseyement »> nos lexicographes et nos grammairiens. N'y a-t-il pas là cependant quelque exagération, et somme toute le terme d'r grasseyée est-il si mauvais, s'opposant à celui d'r roulée? Je ne le pense pas pour ma part, car il a une simplicité qui me plaît: le tout est de s'entendre, et de savoir qu'on désigne couramment par là l'r dite « uvulaire ». En revanche, M. N. a fort justement remarqué (p. 77) que nous avions d'ordinaire le tort, en France, d'appeler a ouvert et a fermé les sons qui s'entendent respectivement dans patte et pâte : une analyse physiologique, même sommaire, fait vite voir que le prétendu a fermé est en réalité plus ouvert encore que l'autre. Il nous faudra renoncer à ces dénominations que nous avions voulu faire cadrer avec celles de l'e et de l'o, car c'est une fausse fenêtre pour la symétrie : le plus simple serait d'appeler a palatal celui de patte, et a vélaire celui de pâte. Ceci posé, je ne suis pas tout à fait d'accord avec M. N. sur la façon dont il a distribué ces différents a : je ne crois pas surtout qu'on puisse noter de la même façon le groupe wa dans deux mots comme moi et mois. Il y a aussi, semble-t-il, une distinction à faire entre l'a de la terminaison -ail et celui de -aille; bref tous les exemples donnés dans ce passage ont besoin d'être un peu revisés. J'en dirai autant des pages (p. 64-71) consacrées à l'e muet: elles m'ont paru quelque peu diffuses, et je n'ignore pas combien la matière est fuyante, particulièrement difficile à maîtriser. Le Mémoire de M. Poirot (dont j'ai rendu compte ici même) a peut-être ouvert une voie nouvelle à l'observation phonétique, en insistant sur les différences de tonalité qu'éprouvent les voyelles contiguës à un e muet; mais tout cela n'est encore qu'à moi

tié établi. Tel qu'il est, le Manuel de M. Nyrop est excellent, je le répète, sous tous les rapports, il résume parfaitement les connaissances actuelles, et ne craint la comparaison avec aucun des ouvrages de ce genre. Ai-je dit qu'il était pourvu d'un appendice copieux (p. 145-166), où est expliqué Comment se prononcent les lettres françaises? Là encore on trouvera tout l'essentiel, mais aucun. de ces termes vieillis ou techniques dont on n'a jamais l'occasion de se servir, et qui encombrent le gros ouvrage de Lesaint. En somme, ce livre sera un guide précieux pour les étudiants étrangers, surtout ceux de langue scandinave ou germanique, car il les mettra en garde contre de nombreux vices de prononciation. Mais en France aussi il pourra rendre des services d'un autre genre, puisqu'il est d'un maniement commode et d'une lecture facile je le souhaiterais entre les mains de tous ceux qui, sans être spécialistes, veulent se rendre compte un peu scientifiquement des choses, et des progrès qu'a faits depuis. vingt ans l'analyse des sons.

E. BOURCIEZ.

Le troisième volume des Éléments d'archéologie chrétienne de M. Horace MARUCCHI a été publié par la librairie Desclée (Paris, 1902; in-8o, p. xxxiv-532, avec de nombreuses gravures, 8 fr.). Il est consacré à l'étude des Basiliques et églises (anciennes) de Rome. L'introduction donne des notions sur la topographie générale de Rome au ive siècle. Le premier livre parle des « régions » ecclésiastiques de la ville, de l'origine de la basilique chrétienne en général, et comporte un chapitre spécial rédigé par M. Dufresne sur la liturgie des basiliques. Les livres suivants sont consacrés à l'examen individuel des églises celles de Latran, de Saint-Pierre, de Saint-Paul-hors-les-Murs, de Sainte-Marie-Majeure occupent chacune un chapitre. Soixante-neuf autres églises, réparties selon les régions, sont étudiées dans le reste de l'ouvrage, qui se termine par une liste alphabétique de toutes les églises de Rome, au nombre de plus de trois cents. — J.-B. CH.

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— M. D. DUFRESNE qui a été le collaborateur assidu de M. Marucchi dans la rédaction de ses Éléments d'Archéologie, vient de publier à la même librairie un volume intitulé : Les Cryptes Vaticanes, souterrain de la basilique de Saint-Pierre (in-8°, pp. 128, avec 22 grav. et 2 plans. 2 fr.). C'est un guide du visiteur, concis et méthodique, à travers le vaste hypogée situé sous la basilique vaticane où se trouvent les tombeaux d'une vingtaine de papes et de nombrenx personnages - J.-B. CH.

célèbres.

- M. Victor CHAUVIN poursuit méthodiquement la publication de sa bibliographie arabe [VI. Mille et une nuits (troisième partie). Liège et Leipzig, in-8°, 1902, 204 pp.]. La Revue (1901, 1, 406 et 1902, 1, 32) a déjà dit qu'il faut considérer ce patient ouvrage, qui exige à la fois chez son auteur une érudition très étendue et un sens très fin du folklore, comme l'instrument de travail nécessaire de tous ceux qui toucheront de près ou de loin aux conteurs orientaux. L'information de ce nouveau fascicule est peut-être plus précise encore et plus étendue; il contient, sur certains points de folklore général (not. p. 58, 72, 73 (Eau de Jouvence), 126, 168 s., 199), des notices qui sont fort précieuses. Sans doute on trouverait à

ajouter encore, mais ce n'en serait pas ici le lieu, et M. Chauvin promet un fascicule de supplément. La bibliographie arabe se rendra d'ailleurs incomplète ellemême en suscitant et en rendant possibles des études que sans elle on n'aurait même pas pu tenter. Elle facilitera grandement les recherches dans les littératures extrême-orientales influencées de bouddhisme, ainsi que le montrait la récente communication présentée par M. Chavannes à la Société Asiatique sur les contes chinois. L'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres a donné la sanction d'une de ses récompenses (prix Delalande-Guérineau) à l'opinion unanime du monde savant. - M. G. D.

-L'étude de M. Paul AzAN, Recherche d'une solution de la question indigène en Algérie (Paris, 1903, 83 pp. in-8°) est bien écrite, avec une connaissance sérieuse des hommes et des choses d'Algérie. La première partie, exposé des fautes passées et de l'état actuel, est fort bonne. M. A. est moins heureux avec les << solutions », qui sont parfois un peu vagues et contradictoires. Il faut approuver du moins sans réserve le projet d'organisation d'une administration spéciale des indigènes, et l'indication d'une politique qui saurait créer une élite intellectuelle musulmane. M. Azan ne semble pas être bien renseigné sur les services déjà rendus en ce sens par les médersas. M. G. D.

-Sous le titre d'Études sur l'Ancienne Poésie latine, M. de la Ville de Mirmont publie chez Fontemoing un recueil formé de trois articles de la « Revue » de Bordeaux (Livius Andronicus, le Carmen Nelei, le poète Laevius) que j'ai signalés quand ils ont paru, plus deux articles de la « Revue Universitaire »> et de la « Revue de Philologie » sur la Satura et sur la Nenia. Aux critiques qui lui ont été adressées de plusieurs côtés, l'auteur n'a fait que d'infimes concessions; il me paraît inutile d'entamer aucune discussion; il est par trop évident que je ne pourrais m'entendre avec M. de la V. de M. ni sur la méthode, ni sur la forme qu'il a adoptée; ce qu'il fait me paraît justement être la manière dont il ne faut pas écrire l'histoire de la Littérature latine. - É. T.

- Dans une étude publiée à Palerme chez R. Sandron (De Juvenci poetæ amplificationibus, 13 p. in-8°), et en s'appuyant sur l'édition Huemer du Corpus de Vienne, M. Fr. VIVONA étudie Juvencus, le premier des poètes chrétiens », puisque Commodien est moins un poète qu'un polémiste en vers. Ébert a jugé certainement avec trop de sévérité les quatre chants sur les Évangiles; M. Vivona cherche à caractériser la manière du poète en s'attachant à ses digressions, ses descriptions, ses imitations, ses indications psychologiques et aussi sa manière de faire intervenir les démons. - É. T.

-M. L. BAYARD a choisi pour thèse latine De gerundiui et gerundii ui antiquissima et usu recentiore (Insulis, typis Lefebvre-Ducrocq, MDMII; 61 pp. in-8°). Il a surtout étudié la question de sémantique. Il a bien mis en lumière le sens primitif, moyen réfléchi, de l'adjectif en -ndus. Cette démonstration n'est pas absolument nouvelle, voy. Riemann, Syntaxe lat., 4° éd., p. 454, note 1. Mais elle est soigneusement présentée. Ainsi, elle vient, sur ce point, confirmer l'étymologie proposée par M. Louis Havet, qui considère l'adjectif gérondif comme un participe présent moyen. M. B. voit dans cet adjectif non précisément un présent, mais un participe de l'action imparfaite. Cette idée mérite d'être prise en considération; mais les preuves sont encore insuffisantes. Sur le gérondif (nom verbal), M. B. s'étend davantage; peut-être à tort. Car le gérondif est une création postérieure, l'adjectif verbal pris substantivement. Venu plus tard, il reçoit tous les sens qu'a pu acquérir déjà l'adjectif et il le suit dans son évolution. Il ne peut pas

nous renseigner directement.Je ne suis pas aussi sûr que M.B., que le sens d'obligation, de nécessité est, sinon le principal, du moins très ancien. Des trois types cités, p. 45, où il trouve cette nuance, deux au moins ne prouvent rien. Miranda facta dicis (Plaute, Rud., 345) se traduit naturellement par : « Tu dis des choses étonnantes ». Il n'y a pas idée de nécessité dans étonnantes; elle résulte donc du contexte. Dans les phrases comme scyphos utendos dedi (Asin., 444), le verbe dare insinue l'idée d'une chose qui est à faire, l'idée de but. Reste la périphrase liber legendus est: je persiste à tenir le sens d'obligation pour un résultat de l'usage du verbe esse et de l'ensemble de l'expression : « Il y a lieu (à l'action) de lire le livre ». La critique que fait ici M. B. des explications de Dosson ne m'a pas convaincu et il me paraît facile de les fortifier. Ce que M. Bayard dit du sens futur acquis tardivement par les formes gérondives est intéressant. En somme, dissertation utile. P. L. ·

- M. Otto HUPP croyait avoir retrouvé un des plus anciens monuments de la typographie dans un missel de la collection Rosenthal (Ein Missale speciale, Vorläufer des Psalteriums von 1457; Beitrag zur Geschichte der ältesten Druckwerke; München, 1898, 30 pp. in-8°). Ce missel a des lignes entières refaites à la main; les initiales sont toutes manuscrites; enfin les deux types de caractères employés se retrouvent parmi les sept du Psautier de 1457, l'imprimé daté le plus ancien. A ses critiques, M. Hupp répond par une nouvelle publication: Gutenbergs erste Drucke, Ein weiterer Beitrag zur Geschichte der älteren Druckwerke (München, Manz, 1902; 98 pp. in-8°). Il a trouvé en effet en 1900 à l'exposition Gutenberg à Mayence un autre missel, provenant de Saint-Paul de Carinthie et présentant les mêmes caractères. Or, ce missel contient une gravure sur bois certainement antérieure à 1450. Les erreurs liturgiques commises ne permettent pas d'attribuer ce missel à Fust. Les deux livres sont donc des essais de Gutenberg, et peuvent se placer entre 1444 et 1448, avant la Bible de 42 lignes. Les deux mémoires de M. Hupp sont accompagnés d'excellents fac-similés. - S.

Quand une divinité porte un surnom, si celui-ci n'est pas immédiatement compréhensible, c'est, le plus souvent, qu'il cache une divinité locale dont une divinité étrangère et d'ordre supérieur a pris la place. Appliquant ce principe à l'Arthémis Orthia de Sparte devant l'autel de qui, chaque année, on fouettait au sang les éphèbes, M. Anton THOMSEN (Orthia, en religionshistorisk Undersögelse. Copenhague, Klein, 1902. In-8° de 42 p.) par un raisonnement très serré et bien documenté, écartant successivement les différentes explications données jusqu'à ce jour, arrive à cette conclusion, juste, à mon avis, que, primitivement, Orthia était une déesse de la végétation et de la fertilité: partant, l'acte du culte accompli devant son image tous les ans, au printemps, n'avait d'autre but que d'assurer vigueur et force aux jeunes gens des deux sexes, ainsi que c'est le cas dans toutes les cérémonies et coutumes où la « Lebensruthe» a joué et joue encore un rôle, chez les anciens comme chez nos paysans. Léon PINEAU.

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- L'Église, en Islande, n'a pas, comme dans la plupart des autres pays, rompu avec le passé païen: M. R. MEISSNER (Die Strengleikar. Ein Beitrag zur Geschichte der altnordischen Prosalitteratur. Halle a. S. Niemeyer, 1902. In-8° de 319 p. Pr. 8 m.), montre, au contraire, tout l'intérêt que le clergé a, dès le début, porté à la littérature nationale et l'influence qu'il a bientôt exercée, surtout en Norvège, par la traduction non de livres d'édification seulement, mais aussi d'œuvres courtoises, comme les « Lais » de Marie de France. La traduction de ces derniers (Ljódabók, Strengleikar), entreprise, comme l'on sait, à la demande du roi Ha

kon, est, pour la première fois, soumise à une minutieuse comparaison avec le texte original, comparaison pleine d'intéressants aperçus et au cours de laquelle M. R. M. fait fort bien ressortir comment le traducteur inconnu a su accommoder des éléments étrangers aux conditions de son pays. Malheureusement, cela finit un peu court. Ce n'est cependant pas là ma principale critique. J'estime qu'il eût fallu prendre comme titre ce qui est le sous-titre et réciproquement. Le titre actuel, «< Die Strengleikar », déroute le lecteur. Sur 300 pages il faut en lire plus du tiers avant d'arriver au sujet annoncé : tandis que l'ouvrage tout entier constitue une excellente contribution à l'histoire de la littérature en prose dans le Nord scandinave. Léon PINEAU.

Le petit travail de M. Philip Schuyler ALLEN, Studies in popular Poetry (Tirage à part de « The Decennial Publications » de l'Université de Chicago, 1902) se divise en deux parties. Dans la première, l'auteur traite de l'atavisme dans la poésie populaire et, en particulier, dans le Volkslied. Je l'ai lue avec d'autant plus de curiosité que cette question touche de très près à une hypothèse qui m'est particulièrement chère. De fait, j'y ai trouvé des observations intéressantes. Malheureusement, je dois constater qu'au milieu des nombreuses références germaniques, je n'ai pas découvert la moindre allusion à certains ouvrages français, au livre de M. A. Jeanroy, par exemple, sur les « Origines de la poésię lyrique en France », oû, cependant, que l'auteur le veuille ou non, l'idée qu'il développe se trouve tout au long (voir seulement l'Introduction). Le beau livre de M. Richard Steffens, Enstrofig nordisk Folklyrik, eût également mérité d'être mentionné. Ailleurs, M. Ph. Sch. Allen explique que la ballade de Lord Randal semble n'être que le développement d'une devinette. C'est, en effet, possible. Mais il n'eût été que juste aussi d'indiquer au moins la théorie de M. Victor Henry sur ce point. Si c'est par oubli que l'auteur n'a pas cité ces noms: soit; si c'est par parti pris, comme cela semble être de mode en certains pays: tant pis... pour lui! La deuxième partie est consacrée à l'influence du Schnederhüpfel sur H. Heine: influence certaine, mais qu'il ne faut tout de même pas exagérer. Léon PINEAU. C'est une idée excellente qu'a eue E. Th. Fr. CRANE en publiant les Héros de roman de Boileau (Boston, Ginn and Co, 1902, in- 16 de vi-282 p.) et en accompagnant le texte de ce dialogue d'une introduction et d'une série d'extraits consacrés à l'histoire du roman français au xvIIe siècle. Les attaques adressées aux extravagances de la littérature romanesque forment un chapitre particulièrement intéressant de l'introduction. Regrettons que l'auteur se soit interdit d'annoncer même Me de La Fayette : il n'eût été que juste de voir dans son œuvre un assagissement réaliste des singularités persiflées par Boileau. La Diane de Montemayor est de 1542 (p. 50); quel lapsus égare Ronsard parmi les habitués de l'hôtel de Rambouillet (p. 59) ? — F. Baldensperger.

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M. Robert LAUNAY fait bien de l'honneur à une poignée d'intellectuels en intitulant Les Pères de la Démocratie (Paris, Perrin, 1903, in-16 de x11-254 p.) un certain nombre d'essais sur Béranger, Courier, Carrel, Heine, Crémieux. Sauf A. Carrel, pour qui l'auteur conserve quelque sympathie, ils sont malmenés de la façon la plus dure et souvent la plus injuste ; et l'on s'étonne que ce disciple de M. Barrès, si sévère pour la médiocrité d'âme et de forme de Béranger, ne garde aucune indulgence pour le joli français de Courier ou le charme émouvant de Heine. - F. B.

Le Heine und Napoleon I de P. HOLZHAUSEN (Frankfurt, Diesterweg, 1903, in-8° de vi-292 p.) ne se contente pas d'établir et d'expliquer les variations d'at

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