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mun tel ou tel caractère, telle ou telle disposition curieuse, et il s'est attaché à ne rien laisser, en dehors de ces listes, de ce qui est connu à l'heure actuelle; etc. (Ajoutons que tous les monuments sont désignés maintenant d'après le numérotage du musée, qui, paraît-il, ne sera plus changé). Pour l'étude de plusieurs questions, le nouveau livre marque donc un progrès par rapport aux articles qui en forment le fond. Sur d'autres questions en revanche, qui ont donné lieu à d'assez vifs débats, M. L. maintient énergiquement son opinion primitive. L'interprétation qu'il proposait en 1890 des dames de l'Acropole, en qui il ne voyait que des « desservantes anonymes » d'Athèna, des «< orantes de pierre », tend à prévaloir de plus en plus. Sur la date du sculpteur Endoios, M. Lechat n'a pas varié non plus. Les raisons invoquées dans deux articles de la Revue des Études grecques (1892, 1893) pour placer la carrière de cet artiste entre 520 et 475 (chiffres ronds) sont combinées ensemble dans une argumentation très serrée à laquelle (quoi qu'il doive en coûter aux défenseurs zélés de Pausanias) il me semble, en conscience, difficile de résister.

L.

J. JÜTHNER. Der Gymnastikos des Philostratos. Eine textgeschichtliche und textkritische Untersuchung. Mit drei Tafeln (Sitzungsber. der Kais. Akad. d. Wiss. in Wien, philos.-hist. Classe CXLV, I). Vienne, C. Gerold's Sohn, 1902; 79 p.

La dissertation de M. Jüthner sur le Gymnastikos de Philostrate est pleine de qualités : elle est claire, méthodique, solide; et, ce que l'on pourra louer particulièrement, elle n'a rien de trop : l'auteur dit ce qu'il faut, sans s'égarer, comme on le fait trop souvent, dans des développements qui ne touchent que de loin au sujet. Ce texte du Gymnastikos a eu une singulière destinée. On en connaît l'existence par Suidas; le scoliaste de Platon en cite un passage, et les premiers fragments en sont publiés par Kayser en 1840, d'après le Laurentianus LVIII 32 (F) et le Monacensis 242 (M), sans qu'on en connaisse davantage jusqu'au moment où Mynas en découvre un manuscrit complet à Constantinople, probablement en 1843, et le rapporte à Paris. Mais ce manuscrit reste invisible à tous les yeux; Daremberg le cherche en vain, et n'en trouve qu'une copie, de la main de Mynas (Paris, suppl. gr. 727), sur laquelle il publie le texte en novembre 1858; peu de temps auparavant, Mynas s'était hâté d'en donner lui-même une édition, après en avoir fait une seconde copie. Viennent ensuite les éditions de Volckmar (1862) et de Kayser (Teubner, 1871). Le manuscrit n'en demeurait pas moins introuvable, et quelques savants pensaient qu'il avait passé en Angleterre, quand il fut reconnu par hasard à la Bibliothèque nationale dans le manuscrit suppl.

gr. 1256 (P), avec la seconde copie de Mynas. C'est de ce manuscrit, dont on comprend l'intérêt et l'importance, que nous entretient M. J., après en avoir succinctement retracé l'histoire, et déterminé les rapports qui existent entre lui et les deux manuscrits Fet M. Mais F, le meilleur, ne donne que les trois derniers chapitres; M, qui n'est d'ailleurs qu'un texte abrégé, contient seulement le dernier tiers de l'ouvrage; de telle sorte que P est l'unique source pour la presque totalité. M. J. donne une collation de P, non pas complète ceci est réservé pour la future édition mais seulement pour les passages où le manuscrit s'écarte du texte de Mynas: elle est suivie, attendu que P contient encore un fragment assez important de l'Hérôïkos et de la Dialexis I, des leçons qui s'écartent du texte de Kayser dans ces deux morceaux. Dans un chapitre final, M. J. examine le texte de Kayser, et défend souvent contre lui la tradition, c'est-à-dire Mynas, qui en réalité, malgré sa méthode imparfaite et son esprit superficiel, n'a pas tant commis d'erreurs qu'on pouvait le penser jusqu'ici. Ces deux dernières parties abondent en utiles observations, et sont d'excellente critique. Le texte du Gymnastikos y gagnera sûrement; et maintenant qu'on a une base certaine pour l'établir, on ne saurait plus se contenter des anciennes éditions. Elles furent ce qu'elles pouvaient être, en l'absence du manuscrit original; mais l'édition que prépare M. Jüthner leur sera supérieure; c'est du moins ce que fait pressentir le travail que nous signalons aujourd'hui.

Mr.

Norges Indskrifter med de yngre Runer, udgivne for det norske Kildeskriftfond. Hænen Runerne fra Ringerike, udgivne of Sophus BUGGE. Kristiania, A. W. Broggers Bogtrykkeri. 1902, in-4, 24 P.

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Quoiqu'il ne soit pas possible de nier les relations précolombiennes des Scandinaves avec le Nouveau Monde, il serait intéressant de trouver de nouvelles preuves de leurs voyages en Vinland (Pays de la vigne), littoral des États-Unis selon les uns, Nouvelle-Écosse selon d'autres. Le présent opuscule a pour but de signaler une inscription runique où il en serait question. Quoique faiblement tracée et peu lisible, elle fut copiée en 1823 par un sérieux archéologue, le capitaine L. D. Klüwer, sur une stèle exhumée du sol à Vester-Hoenen, près de l'église de Norderhov, dans le canton de Ringerike, à 45 kilom. au N. O. de Christiania, mais aujourd'hui perdue, comme la copie elle-même, dont on ne connaît plus qu'une reproduction faite en 1838 et conservée au musée de Bergen. On fut longtemps sans pouvoir la déchiffrer et même sans la tenir pour remarquable.

C'est à ce texte de troisième main que s'est attaqué M. S. Bugge. Accoutumé à résoudre les difficultés beaucoup plus grandes que pré

sentaient les Inscriptions de la Norvège en runes anciennes (Christiania, 1891-1900, 5 fasc. in-4), il a déployé les ressources inépuisables que lui offre sa connaissance approfondie de la vieille langue et des runes norraines. Analysant chaque mot et presque chaque lettre, il conclut que l'inscription fait suite à une autre qui était gravée sur une pierre disparue; qu'elle se compose de trois distiques faisant partie d'une strophe en vers du mètre málaháttr; qu'elle peut être lue ainsi : « Ut uk, uit, uk, thurba, thiru uk as, uin, lati á, isai, ubukth ath kumu auth má ilt, uika, taui ar », et qu'il transcrit en six lignes, avec l'orthographe normalisée des sagas:

Ut ok vitt ok thurfa
Therru ok áts

Vinlandi á isa

I ubygd at komu;
Aud má illt vega
[At] dœyi ár.

Ces vers norrains sont paraphrasés en prose dano-norvégienne et latine, mais on peut les rendre en français beaucoup plus brièvement et en se tenant plus près du texte : « Au large et au loin, n'ayant rien de sec et pas de vivres, ils arrivèrent sur les glaces dans un désert vers le Vinland. Privé de biens par l'infortune, on meurt prématurément. » On pourrait croire qu'il s'agit là de naufragés voguant sur des glaces flottantes dans la direction du Vinland et morts jeunes sur une côte déserte de Terre-Neuve et à la mémoire desquels on aurait élevé un cénotaphe dans leur patrie.

Mais pour donner à cette inscription un sens suivi et assez rationnel, il faut admettre avec l'ingénieux interprète qu'elle a été gravée, entre les années 1010 et 1050, non pas comme ce serait plus naturel avec les caractères usités dans le Ringerike, mais avec ceux de contrées éloignées comme l'île de Man et l'Écosse; que plusieurs lettres doivent être rectifiées; que certaines d'entre elles, malgré leur ressemblance mutuelle, ont des significations différentes; qu'il est loisible d'en ajouter et d'en compléter arbitrairement quelques-unes, et de les lire autrement que ne le comporte la forme admise dans l'unique transcription connue, celle de 1838. Tel est le cas pour deux mots séparés par une ponctuation: uin et laii [sic], qui seraient vraiment importants si leur réunion devant former Vinlanti, Vinland au cas oblique, comme l'affirme l'éminent épigraphiste.

Or c'est prendre bien des licences avec le texte et nous ne pouvons faire moins que de regarder comme trop conjectural l'ensemble de cette savante interprétation. Il est donc difficile d'admettre que cette inscription <«< est le plus ancien document connu en Europe, où il est fait mention de l'Amérique. » Même si l'on suppose qu'elle parle du Vinland, elle n'a pas plus d'autorité que les témoignages concordants de l'Islendingabók, ou Landnámabók, du Graenlendingathátt et de plusieurs Annales islandaises. Elle en a même moins, puisque c'est la

copie, plus ou moins sujette à caution, de celle d'un runologue qui disait «< avoir eu beaucoup de peine à transcrire l'original. » On ne pourra se prononcer avec certitude que si l'on parvient à retrouver la stèle, à lire 'ses runes d'une manière satisfaisante, et à les faire interprèter directement soit par M. S. Bugge, soit par un savant aussi compétent. E. BEAUVOIS.

Wotjakische Sprachproben, gesammelt und herausgegeben von Yrjö WICHMANN, dans Journal de la Société finno-ougrienne, t. XI, Helsingfors, 1893 in-8°. xX-200 pp., et t. XIX, 1901, IV-200 pp.

Übersicht über die heidnische Gebräuche, Aberglauben und Religion der Wotjaken in den Gouvernements Wjatka und Kasan, von Johann WASILJEV, Priester, dans Mémoires de la Société finno-ougrienne, t. XVIII, Helsingfors, 1902, in-8°, Iv-144 PP.

La Société finno-ougrienne ayant pris à tâche de remplir le vaste programme que s'était tracé l'infatigable M.-A. Castrén, mais dont l'exécution fut interrompue par une mort prématurée, ne pouvait laisser de côté les Votiaks, peuplade de 400,000 âmes, qui forment le groupe le plus compact et le plus important de la famille permienne et qui se perpétue entre la Viatka et la Kama, en maintenant plus ou moins pures sa langue, ses mœurs et sa religion au milieu des Russes, au sud des Zyriænes, au nord des Tchérémisses et des Mordouines, à l'ouest des Tatars. Après avoir publié dans le premier fascicule de son Journal (1880, pp. 32-55) des textes Votiaks transcrits par T.-G. Aminoff, elle chargea en 1891 Y. Wichmann de continuer l'œuvre de ce regretté linguiste. Il alla étudier sur place les dialectes Votiaks les moins connus, ceux de Malmych-Urchum, de Jelabuga, de Glasov, de Slobodsk et l'idiome en partie tatarisé de Bussurman. Aidé des maîtres d'école Budjin, K. Andréjev et P. Wasiliév, il transcrivit dans le cours d'une année 550 chansons, une dizaine de complaintes, 40 prières, 37 formules magiques, 70 proverbes, 440 énigmes, 55 contes et 15 mélodies. Sa collection, qui complète celles de l'inspecteur primaire Pervuchin, du missionnaire russe Boris Gawrilov et du linguiste magyar B. Munkácsi, comprend des textes en cinq dialectes, dont la traduction finnoise faite par lui a été mise en allemand par Mile V. Relander.

Dans un second voyage qu'il fit en 1894, avec une subvention de l'Université de Helsingfors, principalement en vue de lexicographie des dialectes Votiaks de Malmych et de l'Oufa, il recueillit de nouveaux spécimens en prose des dialectes précités et les joignit aux précédents dans sa seconde publication (1901). La plupart des contes ont de l'analogie avec ceux des peuples germaniques, tant pour la structure que pour le sujet; on y retrouve les scènes et les répliques trois fois

répétées; le faible ou le disgrâcié de la nature qui est favorisé par la fortune; la ruse du renard et la stupidité de l'ours; les prétendues explications des phénomènes célestes et terrestres; les Ondins (Vumurt, homme de l'eau), qui correspondent aux Elfs des Scandinaves, et qui malgré leurs facultés surnaturelles, ne dédaignent pas de s'allier aux enfants des hommes. Les Votiaks ont certainement fait des

emprunts aux contes indo-européens, mais ils ne leur ont pas pris l'art, le charme et la naïveté du récit.

L'élément mythique ne tient pas beaucoup de place dans leurs chants et leurs contes, qui ne doivent pas être bien anciens sous leur forme actuelle, puisqu'il y est question de vapeurs et de chemins de fer. Il n'en tient guère non plus dans la Notice sur la mythologie des Votiaks par T.-G. Aminoff et Y. Wichmann (Suomi, recueil de la Société de littérature finnoise. 3a série, t. VI, Helsingfors, 1898, in-8° 48 p.) et dans l'opuscule de J. Wasiliév, qui traite surtout du culte, de ses ministres, les prophètes, les sacrificateurs et leurs acolytes; des bois sacrés, des fontaines miraculeuses, des fêtes fixes ou mobiles, des innombrables cérémonies publiques et privées, et de leur minutieux rituel. Les divinités des Votiaks ne sont que des personnifications de la nature, de ses forces et de ses phénomènes, comme Inmar (le Ciel, l'Air), l'Esprit des forêts, l'Esprit des eaux, les Génies du bonheur, du foyer; le Gardien ou protecteur du bétail, les Ancêtres éminents et surtout les premières aïeules des tribus, des familles. Sous l'influence des Russes ces divinités s'en vont et elles seraient peut-être déjà oubliées, si l'on ne craignait leur courroux et si l'on n'espérait obtenir par des offrandes leur faveur et des avantages exclusivement temporels. On leur associe même dans les prières le nom du Christ et de quelques saints de l'Église orthodoxe. Les suppliants ne regardent pas audessus de l'horizon de la vie quotidienne, leur idéal n'a rien d'élevé; en certains points au contraire leur morale est des plus relâchées : les parents choisissent de préférence pour brus les filles enceintes, afin d'être plus sûrs qu'elles sont propres à avoir des enfants (p. 81). Ici, comme dans leurs pratiques superstitieuses, les Votiaks n'ont d'autre mobile que l'intérêt matériel ou ce qu'ils regardent comme tel, et c'est le principal empêchement à leur conversion au christianisme. E. BEAUVOIS.

Littérature populaire des Esthoniens.

Les Finnisch-Ugrische Forschungen, qui continuent à paraître régulièrement sous la direction de MM. E.-N. Setälä et Kaarle Krohn, professeurs à l'Université de Helsingfors, renferment, dans les deux premiers numéros de l'année 1902, deux études qu'il suffit de rapprocher l'une de l'autre pour se rendre compte des résultats obtenus dans la recherche des chants, des contes, des fables, des légendes, des traditions, des énigmes, des bons mots, des souvenirs mythologiques, etc.

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