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menait d'abord seulement à Labici, fut ultérieurement poussée jusqu'à la voie Latine. Le caractère ancien et effacé de ces routes a été cause qu'elles ont été peu étudiées jusqu'ici; Nibby, Gall, d'autres encore y ont touché en passant; mais, M. Tomassetti, dans ses études sur la topographie médiévale de la campagne romaine, n'ayant pas encore atteint cette région, il n'y avait sur ce point aucune étude méthodique. C'est précisément le mérite du travail de M.T. Ashby. Il a suivi personnellement soit dans les livres, soit sur le terrain chacune de ces routes pas à pas et nous indique tous les restes antiques qu'on y a découverts ou qui existent encore; pour les inscriptions, lorsqu'elles figurent au Corpus, il y renvoie; lorsqu'elles sont inédites, il les publie. Des vues photographiques et des plans complètent la description. Œuvre de consciencieuse exploration, tout à fait honorable pour un jeune professeur. Nous ne pouvons que souhaiter à l'École anglaise de Rome de continuer comme elle a débuté.

R. CAGNAT.

Alex. GRAHAM. Roman Africa; an outline of the history of the roman occupation of North Africa. Londres, New-York et Bombay, 1902, xv-325 pages in-8°, chez Longmans, Green et Cie. Prix: 16 fr.

Ce livre n'a pas la prétention d'être un travail original; il est fait au moyen de publications de toutes sortes, parues récemment ou même autrefois et ne semble destiné qu'à donner au public instruit de langue anglaise une idée du développement de l'Afrique du Nord à l'époque romaine, de sa prospérité et des monuments qui l'attestent à nos yeux. Il y réussira certainement; les lecteurs y trouveront des choses instructives sur l'œuvre des empereurs dans les provinces africaines, sur les institutions du pays à l'époque impériale, sur les villes qui le couvraient alors. Mais encore y a-t-il des réserves assez sérieuses à formuler.

Une des difficultés du sujet était de trouver un plan capable de suffire à une aussi vaste entreprise. M. G. a suivi simplement l'ordre chronologique; il prend chaque prince successivement, ou tout au moins, chaque groupe de princes et montre ce qu'il a fait pour l'Afrique. Une telle solution offrait un grave inconvénient: une ville a été, bien souvent, fondée par un empereur, embellie par un autre, agrandie par un troisième; logiquement, il aurait donc fallu revenir trois et quatre fois sur le même sujet ; d'où des répétitions fastidieuses et languissantes. L'auteur, afin d'éviter le mal, est tombé dans un autre. Appelé à propos d'un empereur à parler de telle ou telle ville, il a épuisé d'un coup l'histoire et la description de la ville, empiétant ainsi sur un domaine qui, chronologiquement, appartenait à un autre chapitre. Ainsi, à l'occasion de Trajan, il rencontre le nom de Chem

ou

tou d'où historique de l'exploitation du marbre en Afrique : celui de Maktar: bonne occasion pour parler de l'inscription du moissonneur bien qu'elle soit d'une autre date le même empereur a établi en Italie des fondations alimentaires: M. G. en profite pour citer une inscription du Kef se rapportant à cet ordre d'idées, mais du temps de Marc-Aurèle. Il lit le nom d'Antonin le Pieux sur un arc de triomphe de Sbéitla histoire de Sufes et de Sufetula; et comme, à ce moment, les écoles de Carthage étaient florissantes, longue allusion à Apulée et à Fronton, à leur vie, à leurs ouvrages. En outre, le nom de Fronton figurant sur une inscription de Guelma, voici venir quelques mots sur Calama et aussi, comme cette ville offre peu de matière, sur Thibilis, sa voisine, et sur les eaux thermales d'Aquae Thibilitanae. On voit tout ce que ce mode de composition offre d'artificiel cela s'appelle proprement sortir à chaque instant du sujet.

Généralement, les faits rapportés par l'auteur sont exacts; on pourrait pourtant lui signaler plus d'une inadvertance de détail : P. 22, à propos d'Utique, il répète les affirmations de Daux; comme lui, il parle du mode de construction carthaginoise, que nous ignorons, ou du palais-amiral, qui est sans doute un établissement thermal. P. 24, il prend au sérieux la perspective d'une maison romaine, figurée sur une mosaïque et y reconnaît les murailles de Carthage et la représentation d'une maison carthaginoise à 7 étages. P. 42, dans une inscription d'Henchir-Guergour il remplace l'ethnique Masculula, par Mascula et avance que le texte a été trouvé à Khenchela; P. 45. Toute la discussion sur la basilique de Tébessa est fondée sur l'étude très ancienne de Moll (voir le plan annexé), alors qu'on lui a consacré récemment des travaux développés et qu'on a fait des fouilles qui ont complété ce que Moll avait pu voir de son temps. P. 108 et suiv. Une longue description de l'aqueduc de Zaghouan (avec vues et cartes) montre que l'auteur raisonne sur la partie qui en reste encore près de la Manouba et sur l'appareil employé, comme si cette partie était d'époque romaine et non de reconstruction ultérieure; etc. Ajouterai-je, ce qui est moins grave, que la Commission des monuments historiques est appelée une fois, je ne sais pourquoi, Société des monuments historiques et que notre Académie des Inscriptions est aussi dénommée quelque part Société des Inscriptions et BellesLettres.

Des illustrations, faites d'après des aquarelles, accompagnent le livre. Pourquoi l'artiste, alors qu'il représentait à peu près fidèlement le monument lui-même, en a-t-il traité les abords au gré de sa fantaisie? Exemple : les maisons qui environnent le temple de Dougga; elles sont sans vérité et sans caractère. Dans le même ordre d'idées, la reconstitution de l'arc de Timgad ou des temples de Sbéitla est instructive; mais les édifices ou les édicules que l'on a figurés autour sont de pure fantaisie: pour Timgad même ils sont absolument con

traires à ce qu'exige le plan de la ville, que le dessinateur ne s'est même pas donné la peine de regarder. C'est un peu du Canina de qualité inférieure.

R. CAGNAT.

Les biens d'Église après les édits de proscription; ressources dont l'Église disposa pour reconstituer son patrimoine, par Pierre FOURNERET. Paris, Walzer, 7, rue de Mézières; 1902, 149 pp. in-8°. Prix: 3 fr.

Le titre de l'ouvrage de M. Fourneret est un peu long; mais il indique exactement le sujet.

La reconstitution du patrimoine ecclésiastique après les persécutions s'opéra de deux manières. Les édits de pacification stipulèrent des restitutions. M. F. étudie à cet égard les dispositions de l'édit de tolérance et des édits de Milan et de Tarse. Il défend par de bonnes raisons l'authenticité de ce dernier. On restitua les lieux de réunions. M. F. croit qu'il y avait aussi des fonds de terre; mais il s'appuie sur la notice de Sylvestre au Liber pontificalis : c'est un témoin quelquefois peu sûr.

L'origine principale du patrimoine ecclésiastique est dans les libéralités des fidèles. Les offrandes régulières étaient de trois espèces, l'oblation liturgique (pospopá), les prémices (primitiae, anapyal), les dimes (decimae, dexáta); les prémices et les dîmes étaient souvent confondues sous le nom de καρποφορίας.

L'oblation liturgique comprenait le pain et le vin nécessaires au sacrifice, souvent l'huile du luminaire. Les règlements ecclésiastiques défendirent de bonne heure de présenter en même temps les prémices. L'oblation liturgique, limitée à ceux qui doivent prendre part à la communion, était une ressource insignifiante, qui ne suffit même plus aux besoins liturgiques.

Les prémices et les dîmes étaient fondées sur les prescriptions de la loi mosaïque. L'offrande des prémices est la plus ancienne. Elle avait pour objet l'entretien du clergé. Saint Jérôme indique que pour son époque, cette offrande était d'environ le soixantième du revenu (In Ezech., XLV; Migne, P. L. XXV, 463). Ce renseignement est confirmé par Cassien (Coll., xx1; P. L. XLIX, 1172) qui donne le cinquantième comme règle, et indique le soixantième pour les tièdes et le quarantième pour les fervents.

Les dimes sont plus récentes. A l'origine, les fidèles offraient pour les pauvres, avec les prémices, une autre part de leur revenu. Le temps amena le relâchement et il fallut réglementer ce qui était d'abord spontané. La dîme paraît en Asie, au commencement du I siècle; elle est recommandée dans la Didascalie. Mais l'Afrique et l'Égypte ne la pratiquaient peut-être pas encore. Elle se généralise au Ive s. dans l'Église latine, puis dans l'Église grecque. Ce sont les

fidèles qui ont réduit leurs dons à cette quotité. L'Église toléra, puis accepta et finit par exiger la dîme.

Quelques revenus secondaires provenaient des ordinations et des funérailles. Les taxes perçues pour les ordinations, surtout pour les ordinations épiscopales, donnèrent lieu à des abus simoniaques. Les funérailles étaient confiées en Orient à des officiers inférieurs de l'Église; les droits établis par Constantin servirent à les rétribuer. Il ne semble pas qu'en Occident l'organisation fût identique. En somme, l'Église ne percevait rien pour elle-même à cette occasion.

Les ressources extraordinaires de l'Église provenaient des dons et legs, et des revenus des biens frugifères.

:

M. F. décrit la législation qui réglait les dons et legs. A cette question se rattachent étroitement deux chapitres que M. F. a placés dans une dernière partie de son livre. L'Église, comme toute association licite, avait le droit de posséder. Mais la capacité d'hériter n'était pas comprise dans ce droit, et elle lui fut conférée par une loi de 321. Cette capacité fut restreinte d'abord indirectement par une constitution de 370 les clercs et les ascètes ne pouvaient hériter d'aucune femme ni recevoir d'elles aucune donation entre vifs. En 390, les droits de l'Église elle-même furent limités sur un point par Théodose l'Église ou les pauvres ne pouvaient hériter des diaconesses, veuves, ayant des enfants. Mais en 455, une loi de Marcien supprima ces entraves. D'autre part, des présomptions de droit avaient été créées au profit de l'Église. Déjà Constantin avait présumé chez les martyrs décédés sans héritiers, l'intention de laisser leurs biens à l'Église. Des présomptions analogues furent introduites à l'égard des clercs, des moines et des évêques. Les acquêts des évêques sont présumés par Justinien biens d'Église, et la preuve contraire n'est admise que quand il s'agit de biens provenant de parents aux trois premiers degrés. Enfin la prescription fut étendue en faveur de l'Église. Portée d'abord à cent ans par Justinien, il la ramena dans la suite à quarante. Mais les empereurs ne se bornèrent pas à favoriser le développement du patrimoine ecclésiastique par une législation favorable. Ils y contribuèrent par leurs dons, par les fondations d'églises ou de baptistères, par des exemptions d'impôts (exemption des impôts extraordinaires et sordides), par des amendes et des confiscations établies au profit de l'Église (biens d'hérétiques, amendes portées contre les violateurs de la propriété ecclésiastique et contre les diaconesses et moines scandaleux). En revanche, l'Église ne s'installa de plainpied dans les temples païens qu'à partir de 435, quand une série de mesures restrictives avait aboli le paganisme et en avait fait un crime juridique.

De toutes ces ressources, les Églises immobilisèrent une partie par l'acquisition de biens-fonds. Ce fut surtout la pratique de l'Église romaine et on connaît cette partie de l'administration par le registre

de Grégoire le Grand. M. F. donne aussi quelques indications sur la fortune des églises de Constantinople, d'Antioche, d'Alexandrie. Il 'n'avait pas à entrer dans le détail. Mais il y aurait là matière à des monographies intéressantes.

M. F. a rendu un grand service aux historiens par ce livre si clair et si consciencieux. Chacune de ses assertions est appuyée des textes, 'cités en entier dans les notes. C'est encore un mérite de les avoir copiés et de ne pas s'être contenté de références, comme on le fait encore trop souvent. M. Fourneret était bien préparé à sa tâche par ses études de droit civil et de droit canonique. Il est à désirer qu'il poursuive des travaux si nécessaires.

Le volume est accompagné de très bonnes tables.

Paul LEJAY.

Die Oracula Sibyllina; bearbeitet im Auftrage der Kirchenväter-Kommission der königl. Preuss. Akademie der Wissenschaften; von Joh. GEFFCKEN. Leipzig, J.-C. Hinrichs, 1902, LVI-240 pp. in-8° (Die gr. christlichen Schriftsteller der ersten drei Jahrhunderte, VIII). Prix : 9 mk. 50.

Komposition und Enstehungszeit der Oracula sibyllina. Von Johannes GEFFCKEN. Leipzig, Hinrichs, 1902 ; Iv-78 pp. in-8° (Texte u. Untersuchungen, neue Folge, VIII, 1). Prix : 2 mk. 50.

L'édition des oracles sibyllins avait été entreprise par L. Mendelssohn; après la mort de ce philologue, M. Geffcken en fut chargé. C'est une des tâches les plus difficiles qui peuvent se rencontrer dans l'entreprise de l'Académie de Berlin.

Parmi ses devanciers, M. G. trouve Alexandre. Il en a fait le plus grand éloge. D'autres sont venus après qui n'ont pas montré la même prudence et la même attention. Les manuscrits sont très récents : deux sont du xive siècle; les autres sont encore plus modernes. Ils se répartissent en trois classes. La première seule a conservé le noyau d'un texte un peu ancien. Il faut se résigner à lire un texte mélangé. M. G. s'est efforcé de fournir au lecteur les moyens de juger, en lui donnant les renseignements complets et en écartant le plus possible l'élément subjectif. A côté des manuscrits, les citations peuvent rendre service Lactance, Clément d'Alexandrie, Athénagore, Théophile, les Constitutions apostoliques ont conservé souvent les traces d'un texte moins altéré et peuvent du moins nous aider à contrôler la valeur respective des manuscrits.

Le texte est accompagné d'un double apparat. Au-dessus de l'apparat critique, M. G. a établi un apparat historique, contenant les passages parallèles. Il cite, outre la Bible et les écrits grecs et latins, païens et chrétiens, les textes orientaux qui présentent des points de contact. Ainsi, dès les premières pages, nous avons des références au Talmud, à la Schatzhöhle éditée par Bezold, à l'épopée d'Izdubar.

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