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de Gergy. On lira encore avec intérêt dans ce document des détails inédits sur la publication des diverses œuvres de l'évêque de Meaux.

On ne pourrait guère adresser à M. J. qu'un petit reproche, c'est d'avoir noyé sous une érudition parfois un peu touffue les faits si curieux qu'il apporte. N'eut-il pas suffi aussi de publier seulement les parties vraiment caractéristiques de la relation, en résumant les points secondaires? Mais M. Jovy a voulu appuyer de preuves solides tout ce qu'il avançait et ses scrupules d'érudit lui font trop d'honneur pour qu'on lui en fasse un grief bien sérieux.

Georges GAZIER.

Vicomte DE SPOELBERCH DE LOVENJOUL, Une page perdue de H. de Balzac, Paris, in-12, 327 pp., Ollendorff, 1903.

Par Mercure, dieu des larcins, et par saint Antoine le Padouan, retrouveur des objets égarés, la page de Balzac qui fut perdue et que nous donne M. de Lovenjoul, encore que courte, est intéressante en ce qu'elle soulève un problème curieux, celui de la pudeur des éditeurs de Revues à cette période. Comme il s'agit là des mouvements << souples » des Javanaises et de leur habileté à « saisir l'amour », il paraît que les lecteurs eussent rougi, et les typographes par la même occasion, si on avait laissé figurer ce passage de le Voyage à Java que publiait la Revue de Paris. Mais ce poisson ne suffirait pas

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à la faim qu'à nos yeux on expose, »

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et l'assaisonnement a été nécessaire. M. de Lovenjoul l'a bien compris et il nous en a donné à sa mode, en fouillant dans son dossier Balzacien. Vous savez que rien de ce qui touche au xix siècle n'est étranger à cet écrivain que tous consultent et qui fait autorité, parce qu'il ne se trompe que rarement..... ou même jamais, parce qu'il est la conscience même et l'érudition. Et donc profita-t-il de sa trouvaille pour publier << deux traités de librairie » de l'auteur de la Comédie Humaine, et tels autres << documents Balzaciens >> », <<< lectures de Mercadet à la Comédie française,»« le personnage de Canalis », et d'intéressantes lettres de Balzac, d'Amédée Pichot, de Lepoitevin, de d'Egreville, de Brohan, de Tussa, au sujet de « l'énigme sans mot à propos d'un chapitre de la Physiologie du Mariage, » — et les appréciations de contemporains tels que Francis Girault, Georges Guenot, Louis Lurine, toutes choses peu connues ou inconnues que l'on lit avec profit et qui illustrent << la page retrouvée » pour le plaisir des amoureux de notre littérature nationale et la gloire de celui qui a

Dessiné sans broncher le multiple profil

De ce siècle inouï,. . . .

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comme on le disait dans la langue grandiloquente de son époque.

Pierre BRUN.

La lettre T du Complément du dictionnaire de Godefroy. Fascicules 100 et 101, librairie Émile Bouillon.

Le Complément du Dictionnaire de Godefroy, aujourd'hui terminé, est une très riche contribution à l'inventaire historique du français, mais il y a encore des lacunes que finiront sans doute par combler les lexicographes de l'avenir. Voici, par exemple, une liste de mots, plus ou moins antérieurs à la fin du xvIe siècle, qui manquent à la lettre T. -Tallevane, tallevande, dont Littré cite un exemple de Mme de Genlis, apparaît en 1476; tergiversateur, en 1552, terminateur suivi d'un ex. de Diderot dans Littré, est déjà usité au xvi s., ainsi que terminatif. A la même époque on trouve tétrastique, thaumaturgique, théologiquement, thesmophories, thurifère, textuaire : « Les Sadducéens sont tant textuaires, répudiant toutes traditions, n'adjoustant foy sinon à ce qui est escrit. » J'ai rencontré traversée, tournoir, tympanon, au xi s., trigame, type au xive: « Le prestre qui porte le type de l'église. Au XVIe s., il est fréquemment employé. Au xve tilleur et teilleur, en 1415 trotterie, dont s'est servie plus tard Mme de Sévigné, trémillon en 1408, travaison, en 1471. Ajoutons encore : tapement, tireplomb, tomme, toparque et toparchie, tourtière, torpeur, traficant, transpositif, trimestre, trochile, troqueur, triaille, qui ne sont pas rares au xvie siècle.

Je passe à une autre série de mots dont la plupart ont un historique tout à fait insuffisant. On trouve au xe s., tyran; au XII, trident, au XIIIe tabellion, targelle, tavelle, tonsure, tournesol, transport, tribune, tribut. Au XIV", tangible, c'est-à-dire deux cents ans avant Cotgrave, tardivité, tartre, terne, témérité, tenon, ternir, testicule, tétin, tétrarque, tiédir, timidité, tintamarre : « Il y eut si grant tintamarre et si grant escroiz qu'il sembloit que celle eglise fust renversee ce dessoulz dessus. » Titan, tituber, torride, totalité, trac, tranquille, transgresser, transplanter, transversal, trépidation, triomphant, tripette, triplement, tripler, tronquer. truellée, sont en usage à la même époque.

Au xves., on trouve témérairement, texture, tournebroche, transposition. Cotgrave, ce que j'ai démontré largement dans mes articles précédents, est un porte malheur pour l'historique du français : ainsi sous timbale on cite de lui comme l'exemple le plus ancien la forme barbare attabale qu'il a sans doute empruntée à Vigenère (Tableaux de Philostrate, 117, édit. 1611). J'ai deux ex. de la forme actuelle de ce. mot, l'un de 1471, l'autre de 1526; temporiseur, trompeteur, tudieu, existent depuis plus d'un demi-siècle avant ce même Cotgrave. Reste un grand nombre d'autres vocables antérieurs la plupart de cinquante ou soixante ans aux exemples donnés dans le Complément. Pour être court, je n'en citerai que quelques-uns: taillis, (1215), taillanderie (1409), taquin (1411), tavaiolle (1561), tenacité (1327), théatral (1340),

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théologien (1314), tiburon (1529), torréfier (1520), tourbillonner (1555), translateur (1212), triolet (1510), tripe (1317), trompette (1329), truffe (1344), tuf (1471), typhon (1540).

Il est quelques articles dont les uns sont à corriger, les autres à compléter. Sous Tapoter l'ex. du Roman de Renart : « Lors dist Ysengrins: Ça tapote», est à supprimer, et il faut lire : « Ça, ta pote», ta main. ta patte. C'est une erreur que j'ai commise jadis, et dont je fais mon mea culpâ; j'en dois la correction au très regretté G. Paris. Cf. dans Baudoin de Condé : « A tes cours bras et à tes potes qui sont grosses con deus machues. » Tardigrade est suivi d'un ex. de Jean de Montlyard, extrait des Hiéroglyphes de Vivian: lire de JeanPierre Valérian. Sous Thomiste est cité un passage de Marnix dont les œuvres n'ont pas été éditées par Stecher, mais par Quinet. Taie vous renvoie à teie qu'on chercherait inutilement. Dans cet ex : << Nes Deu tonant n'i poissies oir », tonnant n'est pas un adjectif, non plus que touchant dans l'ex. extrait du Roland. Touchant n'est pas davantage une préposition dans cette citation de Froissart: << Et usoit de toutes coses touchans as armes comme rois. » Talonner a aussi le sens de regimber : « Il est dur de tallonner contre l'aiguillon », verbe qui traduit ici le latin calcitrare. Talonner un estal = = le fixer solidement. La tarte bourbonnoise ne désigne pas seulement un bourbier, mais encore une sorte de mets dont on trouve la recette dans le Viandier de Taillevent (xve s.). Tiare est fréquemment masculin : « Un Thiaire garni de menues perles », ex. de 1404, ce qui est aussi à noter. Tonnelle, toile d'araignée « Elle (l'araignée) fit nouvelle filée... Si l'a de sa tonnelle enclose. Ronsard emploie tortue au sens de lyre, cithare, comme les Latins testudo. Torve, adjectif cher aux décadents, a été recueilli; pourquoi pas aussi Torvité? Manque Tumeur au sens d'orgueil : « Qu'il inclinast en son parler plus sur la douceur et gracieuseté que sur l'arrogance et tumeur. »

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A. DELBOULle.

Le quatrième volume des publications de l'École française d'Extrême-Orient contient un inventaire descriptif des monuments du Cambodge, par M. E. LUNET DE LAJONQUIÈRE, chef de bataillon d'infanterie coloniale (Paris, Leroux. In-8°, 1902, cv et 430 p.). L'auteur avait déjà publié l'Atlas archéologique de l'Indo-Chine. Malgré les obstacles de tout genre, il a dressé un inventaire qui comporte, en tant que monuments proprement dits, 290 numéros, et relevé 111 inscriptions ou groupes d'inscriptions (dont 75 signalées antérieurement par M. Aymonier et 36 nouvelles). Sa très intéressante introduction est consacrée à l'art architectural cambodgien dont il examine les diverses manifestations et analyse les caractères généraux en dix chapitres : I, les temples; II, palais ou habitations; III, voies de communications; IV, ponts; V, lacs-réservoirs, mares, bassins; VI, procédés de construction; VII, ornementation; VIII, sculpture; IX, inscriptions; X, língâs.

Vient ensuite la description des monuments, classés par provinces et par résidences. Un index termine le volume; il renferme les noms des monuments ou lieux-dits catalogués dans l'inventaire, les noms géographiques employés au cours de l'ouvrage et quelques noms ou expressions en sanscrit et cambodgien. Un vocabulaire qui comprend une page (p. 409) donne la traduction des mots le plus communément employés dans la désignation des monuments. L'ouvrage, accompagné de 259 figures, fait grand honneur à M. Lunet de Lajonquière. Il a, pour nous servir de ses propres expressions, déblayé la route et éclairé le terrain. Son inventaire témoigne non seulement d'une grande expérience des choses d'Indo-Chine qu'il a acquise par un séjour de longues années, mais d'un remarquable coup d'œil, d'un zèle ardent, d'un consciencieux labeur, et il rendra les plus importants services. C.

-M. Jules LAIR a fait paraître la troisième édition de son remarquable ouvrage sur Louise de la Vallière et la jeunesse de Louis XIV (Plon, 1903. In-8°), ш et 453 p., 10 francs). Le récit n'a pas été modifié dans son ensemble, bien qu'il offre quelques additions notables. Mais ce qu'il faut surtout noter, c'est l'appendice avec ses éclaircissements, notes et documents. Il y a là plusieurs chapitres curieux, particulièrement sur les maisons successivement habitées par Louise de la Vallière (Tours, Reugny, Amboise et Blois; le Luxembourg; Fontainebleau; le palais Brion; Versailles; hôtel proche des Tuileries; Saint-Germain). Un grand attrait du volume, c'est la reproduction de plusieurs tableaux et portraits, jusqu'à présent inconnus, de « cette femme gracieuse et tendre dont le désintéressement et la modestie voilèrent l'unique faute, que le monde pardonnait, mais qu'elle voulut cependant expier par une pénitence de plus de quarante années ». - A. C.

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On trouvera dans les Souvenirs normands de M. G. DU BOSCQ DE BEAUMONT (Paris, Lechevalier, 1903. In-8°, 1 et 200 p., préface d'Adolphe Chennevière) une intéressante étude sur les Gardes d'honneur de la Manche (l'auteur donne les contrôles nominatifs); quelques lettres d'un oncle et de ses deux neveux au XVIII siècle (M. du Landey, lieutenant-colonel; M. de La Jumellière, lieutenantgénéral du bailliage de Bayeux qui émigre en Pologne; M. de Toulouse Lautrec, capitaine de Condé-Dragons); une notice sur le lieutenant-général des armées du roi Michel Le Courtois de Surlaville qui mourut à Paris en 1796 (ses lettres à son cousin M. des Bourbes nous donnent son opinion sur quelques événements et personnages de la Révolution; il traite Dumouriez de casse-cou, p. 138); une autre notice sur un peintre bayeusain du xvIII° siècle, Joachim Rupalley; un travail sur les conséquences de la Saint-Barthélemy dans le diocèse de Bayeux, c'est-à-dire sur les abjurations en « nombre prodigieux qui suivirent le massacre; la reproduction des comptes du bourreau de Caen en 1545. — A. C.

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- Deux nouvelles brochures de M. Rodolphe REUSS seront, comme tout ce qui part de sa plume, les bienvenues. Dans l'une, Les premières revues d'Alsace (Strasbourg, Treuttel et Wurtz, 1901. In-8°, 34 p.) il retrace, d'après ses propres souvenirs et les réminiscences des « anciens », un chapitre de l'histoire littéraire de l'Alsace au XIX siècle, esquisse la physionomie des recueils qui portèrent d'abord le titre de Revue d'Alsace, caractérise leurs principaux collaborateurs, Reiner, Levrault, Michel Lévy, Boersch, Sengenwald, Louis Schneegans, etc. Dans la seconde, Une médaille alsatique (id., 1902. In-8°, 41 p.), il publie des documents relatifs à la confection de la médaille que le magistrat de Strasbourg avait résolu de frapper à l'occasion de la fête séculaire de l'annexion de 1681: ces pièces, tirées

des archives municipales de la ville et munies de notes, nous initient, comme dit M. Reuss, aux discussions archéologiques qui précédèrent la frappe de la médaille et aux compétitions entre fonctionnaires, amateurs et tous ceux qui désiraient posséder un exemplaire de cette médaille; elles montrent aussi combien, à la fin du xvIIIe siècle, le magistrat de Strasbourg avait perdu l'habitude d'agir par luimême, même sur des points de minime importance, et de suivre en tout l'avis, sinon l'ordre, du préteur royal. — A. C.

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Le livre de M. Frantz FUNCK-BRENTANO sur l'affaire du Collier vient d'arriver à sa cinquième édition (Paris, Hachette). Chacune des éditions successives de ce livre contenait des modifications et corrections. La cinquième édition est, en un certain nombre de ses parties, et des plus importantes, un livre nouveau. Grâce à des documents inédits dont les principaux sont tirés des archives du ministère des affaires étrangères, M. Funck-Brentano ajoute à l'œuvre antérieure plusieurs chapitres sur la vie des complices de M. de La Motte réfugiés à l'étranger et il a pu glaner quelques menus détails dans les deux manuscrits de Joly de Fleury qui lui avaient été signalées. Il a fait précéder le volume d'une préface où il s'efforce de justifier sa méthode et où il montre de nouveau que les pièces d'archives établissent d'une manière certaine l'innocence du cardinal de Rohan dans l'escroquerie du collier, d'autant que cette innocence, jusqu'à ces derniers temps, n'avait jamais été mise en doute. - A. C.

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- M. Désiré LACROIX a réédité à la librairie Garnier (In-8°, xvi et 384 p. avec vignettes et portraits. 3 fr. 5o), les Mémoires politiques et militaires du général Doppet. Il s'est contenté de reproduire l'édition de 1824, notice, texte et éclaircissements historiques. Çà et là il a mis au bas des pages quelques notes signées de ses initiales, notamment sur les clubs, sur Dessaix, Montesquiou, Carteaux, les Du Teil, etc.; mais il a tort de croire que Bonaparte commandait l'artillerie de Carteaux devant Avignon. A. C.

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- M. P. HÉMON continue la série de ses publications sur la Révolution en Bretagne. Il nous renseigne aujourd'hui sur le comte du Trévou (Paris, Champion, 1902. In-8°, 85 p.). Commandant de la corvette le Papillon en 1787 et en 1788, le comte du Trévou se montra cruel et barbare; c'était un furieux, un dément qui feignait de croire qu'on conspirait à bord et qui pour réprimer ces complots imaginaires faisait rouer de coups par leurs camarades les malheureux que désignaient ses caprices. Aussi le ministre, après une forte réprimande, lui fit-il donner un congé. Mais le 1er octobre 1792, les volontaires du 2o bataillon du Finistère rencontrèrent du Trévou à Lamballe; il y avait parmi eux des matelots du Papillon; du Trévou fut maltraité, conspué, puis enfermé au château du Taureau. Il essaya de s'échapper le 20 janvier 1793 et se noya. M. Hémon a retracé cette histoire de la façon la plus intéressante. Il recherche aussi ce que devinrent les autres membres de la famille du Trévou et dans les pièces justificatives il donne, en rectifiant nombre d'inexactitudes et d'erreurs, une foule de détails précis sur les parents de du Trévou, sur la chouannerie dans les Côtes-du-Nord, sur Boishardy et ses deux amis Le Gris du Val et Garnier de Kerigant. - A. C.

Le seizième volume de l'édition du Lessing-Lachmann entrepris par M. F. MUNCKER vient de paraître à la librairie Göschen, de Leipzig (in-8°, xii et 539 p. 4 mark. 50). Il contient le reste des ébauches et des écrits inachevés, trouvés dans les papiers de Lessing et composés pour la plupart à Wolfenbüttel; travaux préliminaires pour un dictionnaire allemand, études sur l'histoire de la fable ésopique, journal du voyage d'Italie, remarques sur le Renner de Trimberg

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