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Hippocratis opera quæ feruntur omnia. Vol. II ex codicibus italicis edidit H. KUEHLEWEIN. Leipzig, Teubner 1902; XVI-279 p. (Bibl. script græc. et romTeubneriana).

L'édition des œuvres d'Hippocrate entreprise par M. Kühlewein vient de s'enrichir, après sept ans, d'un second volume, qui comprend : des Plaies de tête, de l'Officine du médecin, des Fractures, c'est-à-dire la fin du tome III de Littré, avec deux traités du tome IV, des Articulations et le Mochlique. Pour ce dernier, la base du texte est le Marcianus 269 (M); pour les autres, ce sont M, le Vaticanus 276 (V), et principalement le Laurentianus 74, 7 (B), qu'il ne faut pas confondre avec un Mediceus également noté B par Littré; M ne contient pas le περὶ τῶν ἐν κεφαλῇ τρωμάτων, et B fait défaut pour les six derniers chapitres du même traité; il est suppléé par les deux Parisini M et N. Ce second volume n'est pas plus à l'abri de la critique que le premier. L'éditeur le plus sévère et le plus méthodique ne peut certes se flatter de retrouver le dialecte même d'Hippocrate (ou de ses continuateurs) dans toute son authenticité, et, dans nombre de cas, accepter la leçon des meilleurs manuscrits est encore la plus sûre ligne de conduite; mais du moment qu'on entre dans la voie des corrections, il ne faut pas laisser subsister des atticismes à côté des vraies formes ioniennes. Les manuscrits sont loin d'être exempts d'erreurs; or, dans un texte dialectal, il convient de considérer comme erreur ce qui n'est pas conforme à l'usage général. M. K. admet si bien ce principe qu'il n'hésite pas à expulser radicalement toutes les formes d'adjectifs en E et en pour y substituer ; et ez, parce que le nombre des formes non contractées l'emporte considérablement. Il peut sans doute y avoir parfois incertitude, pour des cas où la tradition est réellement flottante, et lorsqu'on manque d'autorités suffisantes pour trancher la question; par exemple pour l'orthographe stoves ou méoves; c'est alors que les meilleures sources décident; on lit donc justement 5, 3 πλέονες BV, 9, 1 πλείονες Β 125, 20 πλέονι Β, et 182, 10 πλείονες Β (cependant 184, 16λéoves contre B). Mais souvent l'habitude de l'ionien est connue; les formes attiques ne se sont pas, en général, substituées partout aux ioniennes, et alors il faut ou ne rien corriger, ou corriger toutes les formes vicieuses. Rétablir un ionisme dans un passage (à plus forte raison dans plusieurs) oblige à la même correction dans les autres. On verra que M. K. n'agit pas toujours ainsi, soit par oubli, soit pour toute autre raison qu'il ne nous fait pas connaître. Je m'appuie, pour l'examen qui va suivre, non seulement sur ce que nous savons de certain sur l'ionien, mais aussi sur l'étude du dialecte qui termine les prolégomènes du tome I. Je laisse de côté le Moyzóv, qui fourmille d'atticismes '.

1. M. K. en corrige quelques-uns, p. ex. 258, 22 πtéρva, 259, 6 airía, 261, 16 poton, pass. pãov; il en laisse d'autres comme 249, 13 motos, 256, 18 xpwvtxi, 257,

Le gén. fém. plur. des pronoms outo; et to:outos a la forme du masculin, et doit donc etre τούτων, τοιούτων : les pseudoionismes τουτέων, TOLOUTέw sont en effet régulièrement corrigés, par exemple 48, 17; 170, 6 etc., malgré l'accord des manuscrits (cf. t. I, p. xcı); cependant 166, 2 toutέwv est dans le texte. Les adverbes en éws ne sont jamais contractés (p. LXXXVIII) on lit encore 90, 13 Euуspus, 162, 16 caps; 100, 20 GUvex est corrigé. Le datif pluriel des féminins en a, toujours corrigé dans le t. I en, forme régulière (p. LXXx), subsiste à tort sous la forme attique 221, 14 layupais. Le subj. aor. passif ne contracte pas ew (p. cv note), et M. K. corrige quelquefois, par ex. 199, 23; 200, 2 et 4; 209, 22; mais il s'abstient, je ne sais pour quelle raison, 71, 7 et 13; 130, 10; 132, 6 et 7; 207, 4. Les neutres à thème en ɛ n'admettent pas la contraction: je ne vois pas pourquoi M. K. donne dans ce volume 36, 20 πάχη, πλάτη, 44, 18 σίνη, 99, 8 έλκη, 123, 2 π, 203, 2 μέpŋ à côté de tant de formes régulières, quand je vois dans le t. I, 55, 9 öpn, 57, 12 μeyé07, corrigés en öpɛα, μɛyé0ɛα, et je rappelle les termes mêmes de l'éditeur p. LXXXVIII: « quas (formæ vulgares) partim licentia scribarum, partim ex memoria Galeniana irrepsisse jure concluseris ». Si M. K. a changé d'avis, nous aurions dû en être informés. Est-ce parce que nous sommes ici dans des écrits pseudohippocratiques? Alors pourquoi corriger d'autres atticismes?'. Je ne comprends pas davantage 39, 17 midéσews, ni 152, 5 åtpeμéŋ, ni 186, 11 τέμνεσθαι, ni 239, 9 χώρα. Dans le περὶ ἀγμῶν, 94, 12 οκόσοι pour o, est une erreur typographique. Enfin 184, 8 et 201, 4 totouta, si cette forme est dans les manuscrits (?), n'est pas suffisamment appuyé. Au contraire M. K. qui dans le t. I lisait 104, 9 περ avec de bons manuscrits, revient ici à la forme correcte 11, 18 εрãσ0α malgré eux.

20 Sotépais, 266, 13 exéλn, etc. A propos du Mochlique, je crains bien que M. K. n'ait encore maille à partir avec M. van Herwerden. Celui-ci lui ayant reproché, au sujet du premier volume, de ne pas avoir accordé assez d'attention aux lectures d'Ermerins, M. K. se justifie dès les premières pages du tome second. Mais il commet l'imprudence d'ajouter ce qui suit (p. VI-VII): « Videbit (van Herwerden) in libro, qui inscribitur Moyλxóv, melius me consuluisse Ermerinsio quam... Petrequinium, qui per eum librum ita illum neglexit, ut... eius editionem inspicere plane supersedisse videatnr. » Je ne vois pas ce que vient faire ici Pétrequin; qu'il ait ou non cité Ermerins, cela ne change rien à la question; et cela n'empêche pas de voir que M. K. a examiné le Mochlique dans Ermerins de la façon la plus superficielle. Je ne note pas moins, en effet, sur 30 pages de l'édition, de 10 passages où M. K. donne comme siennes (delevi, addidi, scripsi, etc.) les lectures d'Ermerins (une est dans les notes); trois autres sont attribuées à M. H. Weber, qui sont déjà (une dans les notes) dans l'édition hollandaise. Pour ne pas être accusé d'affirmer « sine ullo documento » (p. V), je donne la référence aux 13 passages: 249, 18; 252, 8; 253, 5; 253, 7 (Weber); 255, 1-2; 258, 23; 260, 14-15 (Weber); 261, 10; 269, 6; 272, 2; 272, 12 (Erm. note); 273, 3 (Weber; Erm. note), 273, 17 (à titre d'exemple : « scripsi xai ö;; xal ; codd. et edd. » Erm. texte s, note « s vulgo, &; de meo »).

1. V. d'ailleurs la préface, p. xiv.

La forme 61, 3 xaτexy codd. est corrigée avec raison en xxτay; mais 186, 5 xatεayn subsiste encore; de même on lit par correction xzterysiav κατεηγεῖαν 46, 11 et 51, 1, xatenyuins 71, 3; mais 155, 4 xxτnyoins est resté intact. Si 219, 11 κατηγνυμένοισι Β (κατεαγ. MV) est changé à bon droit en καταγν., et si 107, 20 la leçon correcte xataуvóμeva est fournie par V (xxv. BM), il ne fallait pas hésiter à restituer 85, 16 xaτayvúμeva (xaτnyv. codd. et texte). En ce qui concerne le v dit paragogique, M. K. aurait bien dû exposer ses principes. Quand les manuscrits sont d'accord, il n'y a pas de difficulté, le v est omis ou ajouté d'après eux. Il n'en est plus de même quand ils varient. La leçon suivie semble être, devant une consonne, celle de B; devant une voyelle, celle qui a le ; devant un esprit rude, celle qui ne l'a pas; mais je ne saurais rien affirmer, tant l'orthographe admise est imprécise, tant on rencontre de discordances, aussi bien dans la suite du discours que devant une forte ponctuation. On lit par exemple 123, 11 toist daάpxоtat BM contre V, et deux lignes plus bas τοῖσιν άσαρκ. V contre BM, 125,1 πολλοῖσι· ἐπιδέοντα B et 94, 15 ὀθονίοισιν ἐπιδεῖν V; 154, 13 ἴσχουσι οἱ avec M contre BMW et 165, 14 κοινωνήσωσιν οἱ avec BMW contre M; 108, 3 χωρίοισι. ἐγγυτέρω Β et 185, 19 αὐτοῖσιν. ἀτάρ MV ; 87, 18 μαλθακοῖσι ὥσπερ Β et 206, 16 ᾖσιν ἕκαστα MV ; 182, 10 φέρουσιν· ὥσπερ MV et 149, 14 ἐμέουσι. οὗτοι B. Pourquoi 106, 6 πρόσθε γεγραμμένη contre les manuscrits, et 106, 10 πρόσθεν γέγραπται avec les manuscrits ; 99, 4 πρόσθε γέγραπται avec M contre BV, et 82, 11 πрóσ0εν yeyраμμέvorov avec BV contre M? Ou encore 72, 19 τοῖσιν ἄλλοισι V contre BM et 82, 4 τοῖσι ἄλλοισι BM contre V ; 56, 18 Toto váρon MV contre B et 202, 10 točσt vũy B contre MV? Je ne puis allonger ces citations; Hippocrate lui-même m'avertit: andès jy xx? μακρολογεῖν περὶ τούτων (Π. ἄρθρων 43 fin) ; mais elles suffisent pour éclairer le lecteur et lui montrer combien la méthode de M. K. est vacillante et indécise.

Je voudrais, pour terminer, attirer l'attention sur un mot intéressant dont le sens n'est pas douteux, mais dont la forme véritable est encore à trouver. On le rencontre en quatre passages: xat' intpetov 22, πepì àɣμãν 5 (2 fois), 27, 48. Les manuscrits le donnent sous les formes suivantes: 1) apelata BM et 8 mss. de Littré, ápy ate V, ἐξεργᾶται vulg. ; 2) les deux fois ἐξαρίαντε Β, ἐξαρείαται M vulg., ἐξαρειᾶται V; 3) ἐξαρείαται Β, ἐξαείραται MV vulg. et Galien, ἐξαείρεται les mss. de Littré; 4) aplata: BMV et 7 mss. de Littré, apústa vulg. D'autres

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1. Ajouter aux corrigenda : 11, 1 σίνος; 15, 13 διαχαλήν; 28, 8 πρῖσιν ; 74, 1 ἀτεχνότερον ; 132, 15 ὀδυνώμενοι; 146, 9 et 148, 1 κορωνόν; 196, 9 συναυξανόμενα; 239, 19 ἀνθρώπους, ; 252, το όθονίοισι ; 265, 3 τρώματος. - Je ne puis m'expliquer 2, 11 dínhoov, en note 8:λóov B, ni 19, 19 tots, en note si cet.; M. K. a sans doute voulu dire le contraire. Je souhaite que l'éditeur, dans son troisième volume, expose nettement ses principes sur la manière dont il entend publier le texte d'Hippocrate; la préface du tome I, ne s'appliquant qu'au tome I, est insuffisante pour la suite.

manuscrits portent encore apúata, sauf dans le troisième passage, et, pour le second, D de Littré donne púata. Les éditeurs corrigent ces formes singulières de diverses façons : ils ont usé des verbes ἐξαρύω, ἐξερύω, ἐξαιρέω, ἐξαείρω. C'est ce dernier verbe qu'ils lisent encore, et M. K. également, dans trois autres passages du epi ayμov, ch. 16, 21 et 25; il convient au sens et est d'ailleurs donné par les manuscrits, dont les variantes ne s'opposent pas à cette lecture (soit dit en passant, la correction aspóμeva ch. 21 (codd.-súμɛva) est due à van der Linden, et non à M. K. comme il est dit dans les notes critiques). On peut négliger, malgré la leçon de B, le ch. 27 (3): « Si l'on applique le doigt, la rougeur disparait, pour reparaître aussitôt: » zelpeta: Pétrequin, ἐξαιρέεται Littré, ἐξαρύεται Ermerins, ἐξείργεται Kühlewein. Le contexte n'impose pas le verbe à employer; remarquons seulement que les meilleurs manuscrits et Galien donnent une terminaison ata. De toute façon xpw, élever, et non enlever avec le sens de repousser, faire disparaître, est à rejeter, et Expów, épuiser, ne con. vient pas davantage. Je reviendrai sur eípyw, que M. K. écrit également au ch. 48 (êžεípynta:), et qu'il propose en note (elpyeta) dans le xat' intpetov. Voici maintenant les trois passages qui restent: 1) Dans le cas d'ecchymoses, de contusions... apelataι ałμa έx toυ tpúμztos és tò ἄνω τοῦ σώματος... καὶ ἐς τὸ κάτω. 2) Si l'on commence la déligation par ce point, ἐξαρείαται ἐκ τούτου οἱ ἐχῶρες ἐς τὰς ἐσχατίας ἔνθα καὶ ἔνθα· si lon commence ailleurs la compression, ἐς τοῦτο ἐξαρείαται ἐκ τοῦ πιεχθέντος. 4) Il faut disposer le bandage... ὅπως ἐξαρίαται ὡς μάλιστα ἀπὸ τοῦ σίνεος τὸ oïônμa Evőev xxì vev. Il faut noter qu'à une exception près (V. les variantes plus haut) les manuscrits sont d'accord, les orthographes ε, ,, étant dues à l'iotacisme; la faute, si faute il y a, remonte donc tout au moins à leur source commune, et alors il est assez étrange que la même faute exactement se soit produite en des passages si éloignés l'un de l'autre, sur un verbe aussi connu que ἐξαείρω, ἐξαρύω οι ἐξερύω. Si, enfin, le verbe en question est ipyw, dont le sens d'ailleurs, avec els, me paraît peu convenir ici, comment supposer qu'une forme comme εξείργεται ου ἐξείργηται ait pu être méconnue au poin d'être métamorphosée en celle que nous avons, et cela à plusieurs reprises? Cela eût été, pour renverser le mot de Gomperz (Apol. d. Heilk., p. 80), <<< das Gewohnte durch das Ungewöhnliche ersetzen». Il ne reste donc plus qu'une hypothèse, c'est que apelata soit la bonne leçon, ou plutôt étapetatat, comme le donne V au ch. 5 du meр? ¿yuov. M. Kühlewein écrit ici elpyata:, c'est-à-dire une 3me pers. plur. de parfait, parce que le sujet est pluriel. Mais qui pourra admettre une telle forme? Les parfaits ioniens en atz: aspirent la gutturale devant cette terminaison (anizata Herodt. est isolé); en outre nous devons avoir un présent. Or on lit dans un fragment d'Hipponax, un ionien (66 c Hiller-Crusius), apetas, avec le sens de menacer. Quelle que soit l'origine du mot, sa signification est la même que celle de netλéw, dont le sens primitif

semble bien être repousser, refouler, comme on le voit dans Hérodote (p. ex. IX, 34); et l'explication de Galien : ἐξαρύαται· ἐκκενοῦται, ἐκθλίβεται, τινὲς δὲ τὸ ἐξορμᾶται καὶ ἀπειλὴν ποιεῖται, suggere lidée que ἐξαρτᾶσθαι α bien pu être l'équivalent de åñeiλeïoda, être repoussé, être refoulé, àñó.....sis, d'un endroit dans l'autre. Dans ces conditions, on lirait: κατ' ίητρ. 22 ἐξαρειᾶται indicatif; π. ἀγμ. 48 ἐξαρειᾶται subjonctif; id. 5 Expstva, leçon corrigée de B, puisqu'il faut le pluriel; et probablement aussi, d'après B, id. 27 tò peufos Expetata; de même dans le glossaire de Galien. Mot nouveau, soit; mais il est régulièrement formé, il a pour lui les manuscrits, et c'est précisément parce qu'il était hors de l'usage commun que Galien a cru devoir l'expliquer. Je soumets la question aux hellénistes.

Mr.

H. HIRT, Handbuch der griechischen Laut- und Formenlehre. Eine Einführung in das sprachwissenschaftliche Studium des Griechischen (Sammlung indogermanischer Lehrbücher herausggb. von Dr Herman Hirt. I. Reihe: Grammatiken, 2). Heidelberg, Winter, 1902; xv1-464 p.

A. GERCKE. Abriss der griechischen Lautlehre. Berlin, Weidmann, 1902; vi-86 p. et un tableau chronologique.

I. Le premier de ces volumes fait partie d'une collection d'ouvrages d'enseignement destinés, dans la pensée de M. Hirt, le directeur, à familiariser, sous une forme aussi simple que possible, avec les résultats de la linguistique ceux qui ne sont pas professionnels. M. H. a rédigé lui-même ce manuel de la langue grecque (sons et formes), et s'est adressé pour d'autres parties à plusieurs collaborateurs dont l'œuvre d'ensemble doit combler une lacune sensible. Il s'agit bien, d'après les termes répétés de la préface, d'initier les commençants aux lois de l'évolution des formes grecques depuis les origines, et de leur faire comprendre en même temps le mécanisme des sons et le système des flexions. Si je me place à ce point de vue, j'estime que M. H. aurait pu mieux réussir. Ceux qui ignorent les principes de la science des langues ne trouveront pas dans son livre ce qu'ils y chercheront, et ceux qui n'en connaissent que les grandes lignes seront souvent désorientés. M. H. ne semble pas s'être rendu compte que l'exposé d'une science aussi difficile exigeait une extrême clarté, une précision méticuleuse, une rédaction presque géométrique. Nous sommes peut-être actuellement à un tournant de la science linguistique; les recherches sont plus sûres, leur direction est plus méthodique, les résultats se condensent, et il semble que de la multitude des faits de détail qui se découvrent journellement va naître une nouvelle orientation dans l'explication des phénomènes généraux. Mais les commençants ne doivent pas être inquiétés par des résultats trop hypothé

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