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I

M. Martin parle des sénéchaux, dont la situation est inférieure, il aurait pu signaler le passage du Tristan d'Eilhart, où le sénéchal est dédaigneusement appelé schuzzeltreger (Lichtenstein X, 1949). Str. 781. une explication de schranken appuyée d'un renvoi à M. Heyne (Das Wohnungswesen, p. 340) n'aurait pas été superflue. Str. 660. 3 le vers du Grégoire de Hartmann als ich waere gemålet dar (1607) aurait pu être ajouté aux citations faites. - Str. 1214. 3 s. : l'adjuration par la formule allen meiden tuot ez ze éren a son pendant dans le vers 534. 4 du Wolfdietrich A, où la situation est analogue durch aller frouwen güete bat er si stille stân. — Str. 876. 2 la locution vrælichen gie est trop vague, dit M. M. avec raison il aurait pu rapporter la correction de M. Klee, admise par M. Symons et qui paraît heureuse. Enfin la remarque donnée à la strophe 1631. 3 aurait dû être faite à la strophe 1618. 3, où la même formule, stuont von sedele, est employée. Mais ces desiderata sont chose insignifiante. Peut-être même M. Martin a-t-il eu de bonnes raisons pour s'abstenir des additions que je prétends lui suggérer. F. PIQUET.

Paul GAULOT. Amours d'autrefois. Troisième édition. Paris, Ollendorf, 1903. In-8', vi et 428 p. 3 fr. 5o.

Ce volume renferme huit études historiques qui montrent, dit M. Gaulot, ce que furent l'amour et la passion au xvIe siècle : la duchesse de Berry, fille du régent; Un ménage royal (Louis XVI et Marie-Antoinette); Les dernières amours de la comtesse du Barry (ses amours avec le duc de Brissac); L'affaire Favras; Un amoureux de Charlotte Corday, Adam Lux; Les amours d'un girondin (Ducos, sa femme et sa belle-soeur); Madame de Kolly; Conventionnel et marquise (Osselin et Mme de Charry). Presque toutes ont été composées d'après les documents des archives nationales, principalement ceux du tribunal révolutionnaire. La meilleure nous semble être l'affaire Favras; l'auteur l'a fait rentrer dans le cadre de l'ouvrage parce que Mme de Favras aimait passionnément son mari. La plus intéressante et la plus neuve est celle qui traite de Mme de Kolly et de ses amours avec Beauvoir; elle est d'ailleurs exposée très clairement. Mais l'affaire Adam Lux n'appartient pas proprement aux «< amours d'autrefois » Adam Lux n'était pas amoureux de Charlotte Corday, il avait pour elle le plus ardent enthousiasme, et non de l'amour. Quelques fautes se sont glissées çà et là, notamment dans l'article sur Lux: la femme de Lux n'était pas sa parente; les Mayençais ne se sont pas, après la proclamation de la République en France, « spontanément réunis pour élire une Convention germanique »; ils n'ont pas

planté l'arbre de la liberté avant l'entrée de Custine, et ce n'est pas au lendemain de l'entrée de Custine, le 22 octobre 1792, que la Convention germanique a proclamé l'incorporation de Mayence à la France (p. 253-254); Lux et ses deux collègues ne trouvèrent pas Haussmann à Paris, mais Haussmann les avait accompagnés (p. 255). De même, dans l'affaire Favras, il ne faut pas placer en 1784 la révolte des Brabançons contre Joseph II, et l'avocat Vonck n'a jamais conduit les Bataves insurgés (p. 150-151). On voudrait aussi que M. Gaulot eût consulté ou du moins cité plusieurs ouvrages qui touchent au même sujet. I ignore, par exemple, l'article de Louis Bamberger dans la Revue moderne et le livre d'Alfred Börckel sur Adam Lux. Il aurait dû rappeler que MM. Wallon et Aulard ont reproduit, l'un dans les annexes du tome premier de son Histoire du tribunal révolutionnaire (p. 466-471), l'autre dans l'appendice du tome troisième de ses Orateurs (p. 579-580), plusieurs lettres de la femme et de la belle-sœur de Ducos. Le volume est toutefois intéressant, et il trouvera de nombreux lecteurs '.

A. C.

Paul GAUTIER Madame de Staël et Napoléon. Paris, Plon, 1903: in-8 de v-422 pp. orné d'une héliogravure.

Il y a dans ce livre un récit très vivant et complet du long duel de Mme de Staël et de Napoléon, et une interprétation contestable de l'attitude des deux adversaires et du rôle joué par l'auteur de l'Allemagne.

La déconvenue et les déboires, les ambitions et les menées de Mme de Staël, d'abord admiratrice indiscrète de Bonaparte, ensuite opposante tenace et «< incorrigible intrigailleuse », enfin ralliée un instant au Napoléon de 1814: M. Gautier nous expose les péripéties de cette lutte avec une sûreté et une richesse d'information qui complète, renouvelle ou précise ce que d'autres avaient dit sur ce sujet. L'impression fâcheuse que pourrait produire tout ce qu'il y a d'un peu

1. P. 215, lire Abbéma au lieu de Abéma et Marsch au lieu de Marche; p. 257, Petion et non Péthion; p. 271 sous les ordres de Meunier, lire « sous les ordres de Doyré et de Meusnier »; p. 280 Wedekind est assez connu pour ne pas être appelé « un docteur Wedekind », et si la lettre émane de lui, il fallait dire qu'elle est signée L. (Laveaux).

2. Quelques inadvertances de détail : c'est trop peu dire que de rappeler que H. C. Robinson est de passage à Weimar (p. 149); sans doute faut-il lire de tout l'empire (p. 211, ligne 17) et septembre 1810 (p. 248, note 2); il est difficile d'admettre que M. de Staël soit « prisonnière dans Coppet » dès 1808 (p. 231), lorsqu'on lit dans les souvenirs d'Oehlenschläger (II, chap. x) le récit de l'hiver mondain et animé de 1808/9 que Mme de Staël et ses hôtes passent à Genève.

occulte et policier dans cette histoire, où le cabinet noir et les rapports secrets jouent un rôle éminent, est heureusement corrigée par des portraits alertes et un suffisant rattachement à l'histoire générale et au mouvement contemporain des idées.

Le point de vue auquel se place trop souvent M. G. pour juger le rôle de Mme de Staël correspond-il à la vérité et à l'équité? Convientil de mettre au premier plan ce qu'on pourrait appeler sa «< politique extérieure », et de lui reprocher aussi fréquemment d'avoir oublié qu'on ne pouvait pas distinguer entre l'Empereur et la France? Outre que c'est appliquer bien souvent à des événements vieux de cent ans un criterium déterminé par l'histoire même du XIXe siècle, c'est graduer inexactement l'importance des raisons qui font des adversaires implacables de ces deux êtres qui comprennent si différemment la vie politique des nations. L'attachement de Mme Staël et de son groupe au régime constitutionnel, ou, si l'on veut, la persistante anglomanie politique de la fille de Necker, voilà, bien plus que la correspondance avec un Gentz ou le « cosmopolitisme » de cette Genevoise, ce qui explique l'hostilité de Napoléon et la ténacité de son ennemie. M. G. aurait pu citer à ce propos un témoignage important, les Lettres sur l'Angleterre de Fiévée, qu'il nomme sans s'y arrêter, et qui sont, à leur date de 1802, une manifestation indirecte contre l'anglomanie politique (c'est-à-dire le libéralisme) de Camille Jordan et de Necker, absolument analogue aux attaques directes que suscitent leurs écrits. L'Angleterre est beaucoup moins en cause que le rêve d'une constitution anglaise; et ce rêve est chez Mme de Staël une vraie marotte. Metternich ne disait-il pas que, pour un peu, elle aurait attribué le mauvais temps qu'il pouvait faire en Autriche à l'absence d'une constitution anglaise dans ce pays?

De même, M. G. semble exagérer la part que la femme de lettres persécutée a pu prendre, pratiquement, au réveil des nationalités européennes, et de l'Allemagne en particulier. Sans doute, par ses relations, ses voyages, l'hospitalité qu'offrait Coppet, elle s'est trouvée agir sur les sentiments d'hostilité à la France napoléonienne d'une élite aristocratique ou intellectuelle. Mais, en dépit de la fameuse anecdote du commis de la barrière à la frontière saxonne, en dépit d'un témoignage de Goethe qu'il est possible d'ailleurs d'interpréter de plus d'une façon, on peut douter de l'efficacité réelle des écrits de Mme de Staël, et spécialement de l'Allemagne, pour le relèvement germanique. Elle a, en tout cas, été contestée: M. Holzhausen, par exemple, juge son action fort secondaire (Heine und Napoleon, p. 222); M. Walzel (Frau von Staëls Buch... und W. Schlegel) fait remarquer que les deux Schlegel avaient déjà commencé, avant toute jonction avec Mme de Staël, à mettre la littérature au service de la protestation nationale. De fait, elle a gémi de voir la France se désaffectionner de la liberté, se désintéresser de cet « enthousiasme rêveur » qui lui tenait

tant à cœur ; elle s'est préoccupée de rechercher où elle pouvait trouver encore des tendances qui lui étaient chères. Le Surge, Lazare a suivi, mais par contrecoup et par surcroît.

C'est le même genre d'objections que provoquent, çà et là, des remarques sur la qualité (ou la tare) genevoise, antifrançaise et cosmopolite de Mme de Staël. Tant qu'à sacrifier à l'idole de la race, il était peut-être de bonne guerre de le faire aussi pour Napoléon : un large symbolisme ethnique aurait opposé alors le représentant de la raison d'Etat latine à la porte-paroles de l'individualisme germanique! Plaisanterie à part, je ne discerne pas bien chez Mme de Staël (qu'un Schiller ou un Arndt trouvaient si désespérément française) quels traits spécifiquement prussiens elle a pu hériter des aïeux de Necker. Son « helvétisme », en revanche, me paraît plus manifeste dans maint caractère de son esprit et de son œuvre, mais à condition qu'on ne se contente pas de vagues aperçus sur Genève, carrefour de l'Europe il est certain que le goût de la littérature à applications civiques, l'absence d'ironie et de sens artiste sont communs à Mme de Staël et à nombre d'écrivains suisses. Encore convient-il d'être prudent: le lorrain Villers a poussé plus loin que son amie l'admiration de l'Allemagne et le mépris de ce qu'il l'appelait « l'immoralité et la superficialité française » et pourtant l'exégète le plus autorisé de la Lorraine ne voit-il pas dans cette province le boulevard de la culture latine contre le voisin de l'Est? D'une manière générale, il est fâcheux qu'on recourre si vite à un mystérieux substratum ethnique, sitôt qu'une différenciation un peu nette distingue une âme ou un esprit de la moyenne traditionnelle. Il est sans doute légitime de se préoccuper de ces explications par la race: on est obligé, néanmoins, d'en admettre d'autres. pour un Vigny écrivant telles dures propositions du Journal d'un Poète, pour un Hugo refusant d'applaudir aux victoires françaises en Crimée et en Chine. Et si l'on songe d'autre part que l'origine allemande d'un Mairet, anglaise d'un Gresset, italienne de Rivarol, hollandaise de Paul de Kock, n'empêche pas ces écrivains de répondre assez bien à quelques-uns des caractères consacrés de ce qu'on appelle <«< la tradition de notre race », on se prend à douter de l'efficacité des explications ethnographiques qui tendent à appliquer à Mme de Staël le mot fameux de Savary à propos de l'Allemagne. M. Gautier a d'ailleurs eu la discrétion de ne point faire un appel nouveau à cet argument dans son chapitre de conclusion, qui résume d'une façon si saisissante et si forte les péripéties et le sens profond de cette lutte entre le « souverain de l'action » et «<< l'impératrice de la pensée. »>

F. BALDENSPerger.

Gesammelte Reden und Aufsätze zur Geschichte der Literatur in Oesterreich und Deutschland, von August SAUER. Wien und Leipzig, Carl Fromme, 1903 in-8°, vin et 400 pages.

M. Sauer a réuni dans ce volume une série d'articles, de conférences et de discours, dont une partie avaient déjà paru, soit dans des revues, soit dans des recueils commémoratifs, mais qu'on lui saura gré d'avoir présentés au public dans leur ensemble. La plupart se rapportent à l'histoire de la littérature allemande en Autriche, et doivent montrer que les différentes provinces de la monarchie, tout en cultivant leurs traditions indigènes, savent participer à la vie intellectuelle de la grande Allemagne : c'est là l'unité du livre. Le recueil s'ouvre par une notice sur Holderlin, que l'on considère d'ordinaire comme un disciple de Schiller, mais «< qui a subi également l'influence de Goethe, ou qu'il faudrait rattacher plutôt à la tradition hellénique inaugurée par Winckelmann ». Vient ensuite le poète moraliste et voyageur Seume, avec sa Promenade à Syracuse, le plus populaire de ses ouvrages, dont le succès s'explique surtout par la nouveauté du genre, dans un temps où le voyage en Italie de Goethe n'était encore connu que par quelques fragments. L'article sur le comte Kaspar Sternberg nous met en présence d'une personnalité intéressante en elle-même, non moins que par ses rapports avec Goethe. Les articles qui suivent, et qui constituent le noyau du livre, se lient étroitement les uns aux autres, et forment comme une histoire générale du théâtre autrichien dans sa période qu'on peut appeler classique. Schreyvogel, qui dirigea pendant une quinzaine d'années la scène de la Hofburg, est présenté comme le précurseur de Grillparzer dans le relèvement de la vie théâtrale à Vienne. M. Sauer consacre ensuite une série d'études spéciales à Grillparzer, qu'il considère à juste titre comme le successeur de Schiller sur la scène tragique. Les pages où il est question de Katharina Frohlich, le grand amour et le grand tourment de Grillparzer, contiennent à part l'intérêt du sujet, une analyse psychologique très fine et très pénétrante. Dans Raimund, M. Sauer montre surtout le poète populaire et spécialement viennois. Les derniers articles sont consacrés à Otto Ludwig, apprécié comme poète et comme critique, à Scheffel, à Anzengruber et à Marie d'EbnerEschenbach. Le volume offre, comme on voit, une intéressante galerie de portraits, un vrai tableau d'ensemble du mouvement littéraire en Autriche, tracé par un homme de goût, toujours bien renseigné.

A. BOSSERT.

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