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SCERBO, L'Ancien Testament et la critique actuelle. A. Loisy, Études évangéliques : L'Évangile et l'Église. LABANCA, Jésus-Christ dans la littérature contemporaine. RAMSTEDT, Le mongol. — EINSTEIN, La Renaissance italienne en Angleterre. WITKOWSKI, La sœur de Goethe. HERRMANN, La foire de Plundersweilern. LORENZ. L'empereur Guillaume et la fondation de l'Empire. — OMONT, L'Anthologie de Saumaise. WEIL, Études de litérature et de rythmique grecques. Isocrate, Panégyrique, p. MESK. - Lysias, p. SEWERA et FRACCAEuripide, Hippolyte, p. ALTENBURG. Sophocle, Ajax, par HÜTER. Démosthène, Philippiques, p. Bassi. Iliade, V, p. ZURETTI. - Guhl et Koner, La vie antique, trad. TRAWINSKI, 2o éd. GYOMLAY, La Tactique de Léon, source de l'histoire magyare. - NÉMÉTHY, L'élégie romaine. — KAZINCZY, Épines et fleurs, p. BALASSA, et Correspondance, p. VACZY. Drames scolaires protestants, p. BERNATH. Revues hongroises. Académie des Inscriptions.

ROLI.

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FRANCESCO SCERBO. Il Vecchio Testamento e la critica odierna, Firenze, tipografia di E. Ariani, 1902; iv et 115 p. in-8°.

ALFRED LOISY. Etudes évangéliques. Paris, Alphonse Picard., 1902; XIV et 333 p. in-8°.

ALFRED LOISY. L'Evangile et l'Eglise. Paris, Alphonse Picard, 1902; XXXIV et 234 p. in-12.

BALDASSARE LABANCA. Gesu Cristo nella litteratura contemporanea stzaniera e italiana, studio storico-scientifico. Torino, Fratelli Bocca, 1903; xv et 435 p. in-12, con 16 incisioni.

I. M. Scerbo, professeur à l'Institut des Etudes supérieures de Florence, signale à ses collègues en critique biblique des façons d'agir qui lui semblent regrettables. C'est un rôle un peu ingrat que celui de «< critique de la critique »; nous en savons par nous-même quelque chose. Dans une communication particulière jointe à l'envoi de son livre, M. S. veut bien nous faire souvenir des réflexions que nous avons publiées sur le même point dans la Revue critique; nous ne pouvons, en réponse, que l'assurer de l'importance que nous continuons d'attacher à une réforme ou modification sérieuse dans les procédés en cours.

<< Dans les observations qui suivent, dit M. S., et où nous chercherons à combattre certaines tendances de la nouvelle critique biblique, par dessus tout en ce qui regarde la façon capricieuse de modifier les leçons du texte sacré de manière à l'amender, nous avons fait usage de

Nouvelle série LV.

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la même arme dont se servent les autres, à savoir uniquement de la critique fondée sur le pur raisonnement et sur des faits d'ordre exclusivement philologique, en nous abstenant résolument des arguments d'un caractère dogmatique. » Cette indication préliminaire nous fixe immédiatement sur l'esprit de cette publication et doit la faire accueillir avec une juste déférence par ceux-mêmes qui ne partagent point les scrupules de M. Scerbo et les nôtres propres sur les exagérations du principe de correction des textes pratiqué en mainte place.

S'imaginer que la critique scientifique des livres canoniques du judaïsme puisse éprouver quelque menace du fait de ceux qui dénoncent, fût-ce avec vivacité, les abus du morcellement des textes ou de leur correction proposée en dehors de toute indication externe, ce serait, en vérité, montrer bien peu de confiance dans le progrès énorme accompli au cours de la seconde moitié du xix siècle. Ce sont les théologiens catholiques eux-mêmes qui se chargeraient volontiers aujourd'hui de signaler les divers documents primitifs ou originaux, dont la réunion et les rédactions successives ont abouti à la constitution du Pentateuque traditionnel ou de la série historique JugesSamuel-Rois, parce que la nécessité de certains sacrifices s'est imposée à eux. Et si tels représentants des vues d'extrême droite tentent encore d'opposer la simplicité et l'unité des opinions traditionnelles touchant la composition et l'origine des livres saints d'Israël à l'inquiétante variété des vues dites « rationalistes », les gens avisés dans le parti conservateur leur savent peu de gré de cette imprudente confiance.

Les franchises de l'exégèse biblique sont un fait acquis; rassurés à cet égard, pourquoi les critiques se refuseraient-ils à examiner dans quelle mesure sont fondées les remarques présentées par M. Scerbo, dont le mémoire atteste une solide connaissance de la matière, une information à la fois étendue et précise?

L'ouvrage ne comporte pas une analyse; il se compose de détails. qui ne sauraient être discutés dans un compte-rendu. Peut-être l'auteur voit-il même le mal plus général et plus profond qu'il n'est en réalité. La thèse de la Bible « polychrome » ou Bible en couleurs, distinguant les sources par l'emploi d'encres différentes, attribuant le noir au premier élohiste, le rouge au jéhoviste, le bleu au deutéronomiste etc., triomphe-t-elle autant qu'il se l'imagine? Ce procédé, qui aurait été un ingénieux et légitime moyen de démonstration, une <<< illustration » de la théorie des documents primitifs à dégager de l'amalgame traditionnel dans son application à quelques morceaux choisis, devient excessif et insoutenable quand on prétend l'étendre à des livres entiers. Nous croyons qu'un prochain avenir le fera voir. La protestation qui nous vient d'Italie est de nature à hâter ce moment.

II. Les œuvres d'exégèse se succèdent sous la plume de notre collaborateur M. Loisy, visiblement soucieux de mettre à la disposi

tion du clergé de langue française les principaux résultats du travail accompli à l'étranger. Ce qu'avait fait pour le protestantisme le petit groupe de théologiens groupés entre 1850 et 1865 autour de la Revue de théologie de Strasbourg, il le tente au profit du catholicisme, où son enseignement et ses livres paraissent être l'objet d'un accueil empressé. Si la mauvaise volonté de certains à l'égard de ces innovations se traduit sous une forme empruntée aux façons de faire du passé, il est incontestable que les méthodes dont l'Allemagne a été la glorieuse initiatrice et que le protestantisme de langue anglaise vient à son tour de se décider à accepter, obtiennent de plus en plus droit de cité dans les cercles, jusqu'ici réfractaires, de la plus ancienne et de la plus conservatrice des branches du christianisme.

<< Des cinq études réunies dans ce volume, dit M. L., les quatre dernières se rapportent à l'Evangile de Jean. La seconde, la troisième et la quatrième ont paru dans la Revue d'histoire et de littérature religieuses en 1897, 1899 et 1900. La première, qui a pour objet les paraboles évangéliques, représente un cours donné à l'Ecole pratique des Hautes-Etudes (section des sciences religieuses) pendant l'année scolaire 1901-1902. Toutes les cinq sont d'ordres purement historique et critique. » Le morceau le plus considérable du présent volume est celui qui traite la question des paraboles et où l'écrivain discute successivement leur authenticité, leur nature, leur but et leur objet. Ce travail, d'après ses propres indications, reproduit, en une grande mesure, l'œuvre consacrée récemment par un exégète allemand, A. Jülicher, au même sujet. << Certaines personnes, écrit-il à ce propos, pourront trouver que la présente publication n'ajoute rien aux recherches ni aux conclusions du savant allemand. » Néanmoins << peut-être les observateurs impartiaux reconnaîtront-ils que, sur un assez grand nombre de points, tant généraux que particuliers, notre travail contient des éclaircissements ou des compléments qui ne sont point inutiles et des conjectures qui ne sont pas trop à dédaigner. »

Les quatre dissertations qui complètent le volume sont consacrées, on l'a dit, à l'explication de passages du quatrième Evangile, à savoir le prologue (1, 1-18) que M. Loisy étudie avec une prédilection visible, l'eau et l'esprit (11, 1-21), le pain de vie (vi) et le grand exemple (x1, 1-20).

Cette importante contribution aux études concernant le Nouveau Testament mériterait une ample exposition et une discussion approfondie. Elle vient très à propos prendre place à côté des rares publications exégétiques de langue française qui possèdent une valeur personnelle. A certains égards les mémoires concernant l'Evangile selon S. Jean complèteront utilement l'ouvrage récent de M. Jean Réville, dont une seconde édition vient de paraître.

III. Dans le volume intitulé l'Evangile et l'Eglise, M. Loisy a abordé avec une haute et louable décision les plus délicats problèmes

que posent l'histoire et la doctrine chrétiennes. Sous une forme aisée et précise il prétend donner son sentiment sur la relation entre le christianisme primitif et le catholicisme. Pour tout dire d'un mot, c'est la contre-partie de l'ouvrage récent de Harnack, l'Essence du christianisme, qui faisait du protestantisme l'héritier légitime de l'Evangile, rôle que M. L. revendique en faveur du catholicisme en s'appuyant sur des considérations d'un caractère historique.

Si les études de philosophie religieuse n'étaient pas chez nous l'objet d'une indifférence presque générale, cette œuvre où une exposition alerte et élégante est mise au service d'une pensée vigoureuse et d'une érudition solide, donnerait lieu à des discussions passionnées. Ici encore, ne pouvant entrer dans un examen méthodique et détaillé, nous nous bornerons à attirer l'attention de nos lecteurs en indiquant les principales divisions du volume et en précisant le but que s'est proposé l'écrivain. En cinq chapitres, M. L. a traité du royaume des cieux, du Fils de Dieu, de l'Eglise, du dogme chrétien, enfin du dogme catholique.

En ce qui touche le but poursuivi, voici les indications essentielles, telles que nous les extrayons de l'introduction : « Les conférences de M. Harnack ont eu un grand retentissement. » Parmi les théologiens qui les ont appréciées, quelques-uns « ont critiqué une façon d'entendre le christianisme qui élimine de son essence à peu près tout ce qu'on est accoutumé à regarder comme croyance chrétienne. L'ouvrage aurait fait sans doute plus de bruit en France et même parmi les catholiques, s'il n'était venu aprês l'Esquisse d'une philosophie de la religion de M. A. Sabatier, dont l'esprit et les conclusions étaient à peu près semblables. » L'écrivain déclare ici catégoriquement qu'il a voulu se mettre exclusivement au point de vue de l'histoire, qu'il n'entend pas démontrer ici ni la vérité de l'Evangile, ni celle du christianisme catholique », mais qu'il « essaie seulement d'analyser et de définir le rapport qui les unit dans l'histoire. »

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Nous plaçant et nous maintenant, pour notre part, scrupuleusement en dehors du terrain du dogme religieux, nous ne ferons point difficulté pour déclarer que nous nous rallions à la thèse défendue par M. Loisy et que les réserves dont nous l'accompagnerions, sont d'importance secondaire. Pour nous, comme pour l'auteur de l'Evangile et l'Eglise, les éléments essentiels de la doctrine et de l'organisation du christianisme catholique apparaissent dans le Nouveau Testament avec une indéniable clarté. Les compléments qu'ils attendaient ou qui les attendaient sont le légitime apport de l'évolution historique aboutissant à l'autonomie et à l'indépendance du judaïsme dit messianique ou chrétien, que nous désignons plus simplement par le mot de christianisme. Ce christianisme, c'est bel et bien le catholicisme, qui continue, en dépit des révolutions accomplies dans les sociétés de l'Ancien et du Nouveau Monde, à représenter la religion de Jésus

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de Nazareth et de ses disciples, notamment de cet apôtre hors rang, de ce Paul de Tarse, dit saint Paul, qui a su opposer de façon géniale la doctrine et les pratiques de la nouvelle secte à la croyance et aux rites du judaïsme aux temps du second Temple.

IV. Le très actif et très informé professeur d'histoire du christianisme à l'Université de Rome, B. Labanca, a réuni d'abondantes notes bibliographiques sur les « Vies de Jésus » de Strauss et de Renan, dont le retentissement a été si considérable, qui ont su, à la fois, passionner et transformer l'opinion, la première en mettant en lumière l'élément considérable de convention dogmatique, autrement dit «< de mythe», entré aux Evangiles, la seconde en faisant de Jésus un réformateur religieux agissant dans un milieu donné en vue d'un objet défini par des moyens appropriés. Il en est résulté un remarquable ouvrage, dont la table des matières à elle seule fait ressortir l'exceptionnel intérêt. En voici les sommaires; Chapitre 1er, la Vie de Jésus de David Strauss en Italie; chap. 11, la Vie de Jésus de Ernest Renan en Italie; chap. II, Jésus-Christ dans les livres étrangers traduits des catholiques; chap. iv, Jésus-Christ d'après les ouvrages originaux des catholiques; chap. v, Jésus-Christ dans les livres étrangers traduits des protestants; chap. vi, Jésus-Christ d'après les ouvrages originaux des protestants; chap. vii, Jésus-Christ d'après les livres étrangers traduits des libres croyants ou des libres penseurs italiens; chap. vIII, Jésus-Christ d'après les livres originaux des libres croyants ou des libres penseurs italiens; chap. IX, Jésus-Christ dans les catacombes romaines d'après les archéologues chrétiens; chap. x, la Mère de Jésus d'après les écrivains soit catholiques, soit protestants, soit libres croyants; chap. xi, considérations finales touchant Jésus de Nazareth.

Nous avons déjà eu mainte occasion de dire en quelle estime nous tenions l'œuvre scientifique de M. Labanca. L'effort qu'il a fait ici pour prendre connaissance et rendre compte de l'énorme littérature que l'Italie, l'Allemagne et la France ont consacrée à la disucussion de l'œuvre et de la personne de Jésus dans les deux derniers tiers du XIX siècle, lui a fourni la matière d'une publication fort instructive, qui mérite d'être accueillie très favorablement à l'Etranger comme dans le pays natal de l'auteur. En dépit de la lenteur de certains. progrès, il faudrait être atteint d'un pessimisme opiniâtre pour nier quel intérêt grandissant les études d'histoire religieuse conçues en dehors de l'apologie familière à la chaire chrétienne ou de la polémique simplement contradictoire, rencontrent dans l'Europe occiden tale et en Amérique. Si les pays d'origines catholiques ont été plus, lents que les autres à se mettre en marche, tout porte à croire que, avec leurs excellentes habitudes classiques, ils regagneront vite le temps perdu et pourront prendre désormais leur part du travail qui aboutira à une intelligence plus complète des commencements et de l'évolution de la société européenne.

Maurice VERNES.

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