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Das Schriftmongolische und die Urgamundart phonetisch verglichen von G. F. RAMSTEDT. Helsingfors 1902. 55 pp. in-8°.

Ueber die Konjugation des Khalkha Mongolischen von G. F. RAMSTEDT. Helsingfors 1902, xv-119 p. in-8°.

Jusqu'ici les mongolistes ont tous été, avec plus ou moins de succès, des émules ou successeurs de l'excellent J. F. Schmidt qui dans Grammatik der Mongolischen Sprache (pp. x-x1) déclarait faire de la langue écrite et de la littérature le but unique de ses études et traitait le parler quotidien de Volksjargon. Non que ce dernier terme, ni aucun autre de même violence, soit encore en usage aujourd'hui ; les mongolistes, presque tous russes, parlent avec plus de modération du razgovornyj jazyk, de « la langue de la conversation », et même. s'occupent d'elle. Mais ils n'y voient qu'un accessoire, en traitent avec mollesse et surtout sans la précision ni la méthode indispensables dans les études linguistiques et dialectales. Pourtant la langue écrite mongole est bien décevante, et sa connaissance ne peut suffire en aucune façon à aucun grammairien. D'origine mal connue, soumise à l'influence permanente et active du tibétain, incertaine dans ses graphies, lue de diverse façon selon l'instruction et l'origine du lecteur, artificiellement vieillie par une affectation d'archaïsme qui déforme non seulement les mots récents, mais même les plus anciens, elle constitue certainement l'un des témoignages les plus défectueux qui soient d'un état linguistique d'ailleurs fort ancien.

Aussi M. Ramstedt s'est-il donné pour tâche, durant les trois années qu'il a passées en Mongolie d'étudier le mongol au point de vue linguistique; il s'est attaché à explorer à fond, à étudier avec précision un dialecte mongol, qui pût servir de départ à une étude critique des traditions conservées part la langue littéraire, et à une esquisse du système grammatical du mongol en général. Une pareille méthode offre immédiatement un très grand avantage : c'est de fournir en tout état de cause la description d'un dialecte vivant, aussi rigoureuse que possible tant au point de vue phonétique qu'au morphologique. Dans les deux ouvrages de M. R. cette partie est excellente : la phonétique d'une part, et d'autre part la conjugaison du dialecte khalkha, et en particulier de l'une de ses variétés orientales, le parler d'Ourga, que M. R. a étudiée spécialement, sont exposées avec une précision et une intelligence de la langue étrangère qui sont des plus remarquables. Rien de plus net que les notations phonétiques de M. R. auquel n'échappe aucune des fines nuances qu'enregistrent si habilement les phonétistes scandinaves; mais aussi rien de plus prudent M. R. se garde avec un soin extrême de donner dans le dogmatisme ou l'esprit de système. Quant à sa description du système verbal en mongol khalkha, elle est exemplaire: verba finita (verbes proprements dits), nomina verbalia (noms verbaux) et con

verba (gérondifs, etc.), sont distingués avec grande finesse selon leurs emplois syntaxiques '.

A côté de cette partie descriptive, des plus intéressantes et neuves, les livres de M. R. en offrent une seconde spécialement comparative; c'est dans le premier de ses livres, l'exposé de la phonétique du mongol littéraire, et c'est dans le second ouvrage, le recueil aussi complet que possible des formes verbales phonétiquement comparables à celles du khalkha, en mongol littéraire, dans les dialectes voisins (bouriate, kalmuk) ou en d'autres langues (mandchou, turco-tatare). Entreprises. hasardées l'une et l'autre de l'aveu même de M. R. Si le phonétisme du mongol écrit peut être restitué sans trop d'incertitudes graves, la morphologie comparée du mongol repose uniquement sur des hypothèses quelquefois très hardies. Car on ne sait en cette matière ni quelles langues sont comparables, ni à quel point, et on ignore quelques-unes de celles qui semblent devoir être des plus importantes à ce point de vue. Il importe de lire avec prudence les rapprochements turco-mongols, mandchou-mongols, mais il convient de reconnaître en même temps l'ingéniosité et la vraisemblance des hypothèses que propose M. R.

Il faut donc louer à la fois et la Société Ougro-finnoise d'avoir conçu et entrepris l'exploration linguistique de l'Asie centrale et M. Ramstedt de s'y être consacré le succès est hors conteste. Le zèle très réel et la science des orientalistes russes ne peuvent suppléer à leur préparation linguistique insuffisante: ils ne savent ni percevoir, ni noter la parole vivante. C'est à des hommes comme M. R. qu'il appartient de joindre à l'étude philologique l'observation scientifique et la méthode linguistique. C'est d'eux qu'il faut attendre les monographies dialectales sans lesquelles il n'est pas dans ces domaines mal explorés de grammaire comparée possible. Ils connaissent la discipline à suivre, l'ayant pratiquée, on sait avec quel succès, dans la constitution des grammaires finnoise et ougro-finnoise.

Robert GAUTHIOT.

The Italian Renaissance in England. Studies by Lewis EINSTEIN. New-York. The Columbia University press. London. Macmillan and Co. 1902. 1 vol. in-8°, XVI et 420 p.

L'étude de M. L. Einstein témoigne d'une érudition étendue et consciencieuse, encore qu'un peu confuse par endroits. Le sujet

1. Seule la nomenclature latine de tant de formes ignorées de nos grammairiens est un peu gauche. Surtout il est regrettable que M. R. ne se soit pas aperçu de l'erreur commise par MM. Vitale et Sercey, qui ont nommé « gérondif d'intervalle temporaire au lieu de « gérondif d'intervalle temporel » ce que M. R. appelle «< conuerbum abtemporale. »

qu'il s'est proposé, sans être absolument nouveau, mérite cependant de retenir l'intérêt. L'Angleterre a été fortement, au xvi et au XVIIe siècles, pénétrée d'idées italiennes le mouvement qui commença dans les Universités où les formes modernes et classiques d'érudition importées d'Italie arrivèrent après de longues et mémorables luttes à supplanter la scolastique héritée du moyen âge, s'étendit bientôt à la société anglaise tout entière. Les impressions. que rapportaient de leurs voyages en Italie tant d'Anglais distingués soit par leur culture soit par leur situation sociale, modifiaient peu à peu les idées traditionnelles et aidaient à cette transformation. M. L. E. suit, avec beaucoup de précision, ce mouvement d'assimilation des idées de la Renaissance italienne dans les Universités d'abord, puis à la Cour où elle influença fortement la politique en même temps qu'elle transformait les mœurs; enfin il en retrouve la trace jusque dans l'extension du commerce anglais qui imita à son grand profit les méthodes et les procédés des grands marchands italiens de la Renaissance qui furent à un certain moment les seuls banquiers de l'Europe. La Renaissance italienne eut d'ailleurs une grande influence sur la littérature anglaise de l'époque élizabethaine, et c'est par une étude de cette influence que se termine le livre de M. L. Einstein.

Il n'y aurait guère que des éloges à en faire si dans certaines parties et en particulier dans le chapitre consacré à la littérature, M. L. E. avait un peu plus nettement séparé les différentes périodes soit de l'histoire, soit de la littérature anglaise. Ayant résolu — et de ceci je ne saurais le blâmer de suivre les traces de l'influence italienne dans chacune des sphères de la societé anglaise, il a peutêtre craint de morceler par trop son étude en divisant encore chacun de ses chapitres en différentes périodes. Et cependant il ne pouvait en être autrement, sous peine de manquer de clarté et de précision.

Il y a par moments risque pour le lecteur peu averti de faire des confusions regrettables. De même l'étude de l'italianisme dans le drame anglais et en particulier dans Shakespeare est bien brève. Les raisons qui, au dire de M. L. E., semblent, en l'absence de tout document, pouvoir faire supposer que Shakspeare a dû, en sa jeunesse, aller en Italie, probablement à Padoue et à Venise, semblent bien. peu probantes. Le style est d'ailleurs bien terne, bien lourd et ne semble pas de mise pour la peinture d'une époque aussi brillante, aussi chatoyante. Elle ne revit que bien faiblement sous la plume de M. L. E. Je ne veux pourtant pas finir sur une critique : ce livre est sérieux; l'érudition de M. L. Einstein est étendue et bien informée; son travail est une contribution de valeur à l'étude d'une époque particulièrement intéressante de la vie anglaise.

J. LECOQ.

Georg WITKOWSKI. Cornelia, die Schwester Goethes. Frankfurt am Main, Rütten und Loening, 1903. In-8°, 290 pp. 5 mark. 50.

La sœur de Goethe, tout comme le père et la mère de Goethe, mérite une étude, un essai, un article, et non un livre. Il y a donc quelques longueurs dans le travail de M. Witkowski, qui ne comprend, à proprement parler, que 135 pages, et pour grossir le volume, il a reproduit intégralement le Journal dont Jahn n'avait publié en 1849 que des extraits (encore peut-on dire que Jahn avait très bien fait son choix et donné le caractéristique et l'essentiel) et toutes les lettres de Cornélie que nous connaissons. On lui reprochera aussi d'avoir gardé scrupuleusement dans la reproduction du Journal l'orthographe fautive de la jeune fille que nous importe que Cornélie écrive tres et non très? On lui reprochera enfin de n'avoir pas connu ou cité les Charakteristiken d'Erich Schmidt (I, pp. 254-259) et notre étude parue dans la Minerva des 1 et 15 mai 1902 d'autant que nous sommes arrivé aux mêmes conclusions que M. Witkowski. Mais l'œuvre est consciencieuse; elle cite des documents jusqu'ici inconnus, des lettres de Lavater, les comptes du conseiller Goethe, et elle offre un vif intérêt, car elle est bien composée, écrite avec soin, semée d'appréciations justes et de fins aperçus.

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A. C.

Max HERRMANN. Jahrmarktsfest zu Plundersweilern. Entstehungsund Bühnengeschichte. Berlin, Weidmann, 1900, in-8° p. 293, Mk. 8.

M. Max Herrmann a écrit sur une bluette de Goethe un intéressant volume, mais dont le sujet ne justifie pas l'ampleur. Jusqu'à présent on avait vu dans cette comédie une satire, une petite collection de portraits souvent difficiles à identifier. M. H. n'a pas en haute estime cette critique biographique; il veut étudier l'œuvre en elle-même et lui chercher ses origines dans la psychologie du jeune Goethe. La première partie de son étude est consacrée à la genèse de la piècette. Il en trouve l'idée génératrice dans les Raritätenlieder, le boniment avec lequel l'homme au Guckkasten, cet ancêtre de la lanterne magique, attirait la foule autour de sa boîte. Goethe, dès son séjour à Strasbourg, et avant même d'avoir subi l'influence de Herder, s'est tourné avec sympathie vers cette forme fruste du théâtre populaire, dont l'auteur suit patiemment les traces et les échos en Saxe. Mais Goethe a objectivé et dramatisé le défilé mécanique des figures du Guckkasten dans le symbolique pêle-mêle de la foire. M. H. établit que c'est au séjour de Darmstadt auprès de Merck, à la fin de 1772, qu'il faut rapporter le commencement de la composition de la comédie. Un long chapitre traite de l'influence de Hans Sachs, mais M. H. montre habilement qu'on doit y distinguer un intermédiaire, Gryphius et son Peter

Squenz. Tout ce qui dans le théâtre contemporain allemand ou étranger se rattache de près ou de loin au motif de la foire a été étudié avec le plus grand soin. Peut-être l'auteur s'est-il exagéré les relations qui peuvent exister entre ce motif et ce que nous appelons théâtre de la foire: il y a d'ailleurs sur ce genre dramatique une littérature abondante qu'il ne semble pas soupçonner et qui l'eût mieux renseigné. La peinture ou la gravure enfin ont pu aussi fournir à Goethe quelques inspirations; là-dessus encore l'auteur nous informe et même directement à l'aide d'illustrations très soignées. M. H. est un critique ingénieux; il abuse des suppositions et des combinaisons. Ses démonstrations, qui reposent sur des vraisemblances le plus souvent admissibles, sont séduisantes, mais on aimerait mieux les voir s'appuyer sur des faits précis.

La seconde partie du livre traite de l'histoire des représentations, d'abord de la première, de 1778, à laquelle nous devons le remaniement qui a donné à la pièce la forme définitive qu'elle a gardée dans les œuvres du poète. La revue en raccourci qu'était le Schönbartspiel de 1773 est devenue un Singspiel avec, pour intermède, une parodie littéraire. La duchesse Amélie écrivit elle-même la musique de cette opérette et dans sa partition M. H. a fait une véritable trouvaille; il y a découvert sept strophes de Goethe encore inédites. Quant aux nombreuses adaptations modernes depuis 1866, il y aurait eu profit à nous épargner, ou du moins à abréger l'histoire ou l'analyse de ces plates inventions.

L'appendice enfin publie une édition critique du Jahrmarktsfest d'après la rédaction de 1774 et simultanément en note le remaniement de 1778. Un supplément musical nous donne le Bänkelsängerlied dans la composition de la duchesse Amélie, de Conradi, de Reinthaler et d'Ad. Gunkel, et aussi le Marmottenlied de Beethoven.

L. ROUSTAN.

Ottokar LORENZ. Kaiser Wilhelm und die Begründung des Reichs. 1866-1871. lena, Fischer, 1902. In-8° pp. vIII, 634. Mk. 10.

La question n'est pas nouvelle et cependant elle est loin d'avoir été épuisée et ne le sera pas de longtemps, tant que les Archives nationales. ou étrangères n'auront pas livré tous leurs secrets. En attendant, des matériaux nouveaux s'ajoutent aux anciens. M. O. Lorenz en a recueilli de précieux et d'une haute autorité. Ses relations avec des souverains et des ministres, acteurs ou témoins de la période historique qu'il raconte, lui ont permis d'éclairer d'un jour nouveau, sinon très différent, certaines phases de la fondation de l'Empire. Il a surtout puisé largement dans la correspondance du grand duc de Bade et dans les

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