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archives du ministère badois, dans les lettres et les notes du duc Ernest II de Cobourg, du duc de Meiningen, des grands ducs Pierre d'Oldenbourg et Charles-Alexandre de Weimar ou de leurs ministres. Sans doute l'origine de ces documents a donné à son exposition une couleur officielle que l'historien définitif de la reconstitution de l'Empire devra atténuer; du moins lui ont-ils permis de détruire quelques légendes et de rectifier sur plusieurs points (comme pour ce qui concerne l'Autriche) les affirmations de ses prédécesseurs et le livre classique de Sybel.

L'auteur a eu en outre une autre préoccupation qui lui tenait plus encore à cœur. Il a voulu revendiquer pour l'empereur Guillaume la part, essentielle à son avis, qui lui revient dans la réalisation de l'unité allemande. Ce rôle passif et effacé du vieux souverain qu'une histoire timide a enseigné aux dernières générations n'est rien moins que la vérité. Son nouvel historien réclame éloquemment pour celui en qui il voit « le grand successeur du grand Frédéric », le véritable « hérosroi » de Carlyle, une haute initiative, une vue froide et claire dans les situations difficiles, une décision prompte et sûre pendant cette courte période de cinq ans si riche en conflits, une attitude conciliante et ferme vis-à-vis de tant d'allies, adversaires de la veille. On peut accorder à M. L. qu'en effet les derniers historiens ont un peu sacrifié la personnalité de Guillaume, mais il ne suffit pas de se récrier d'admiration, et sauf quelques points où il a mieux dégagé l'intervention effective du souverain, sa thèse reste à démontrer. D'ailleurs ce livre écrit à la gloire de l'empereur finit sur un éloge de Bismarck '.

Le mérite de l'ouvrage de M. L. me paraît être ailleurs que dans cette intention louable. Son livre mieux qu'un autre donnera une idée de l'esprit conservateur qui anima les fondateurs de l'Empire et surtout des obstacles que l'unité allemande rencontra devant elle. L'égoïsme des États du Sud, la répugnance de la Bavière à entrer dans la Confédération et son acharnement à disputer des avantages personnels, les mille intrigues de l'Autriche exploitant les petits particularismes vaniteux, les ménagements excessifs et inexplicables de Bismarck, égaré par une sorte de romantisme atavique, à l'égard des prétentions bavaroises, et à l'opposé le noble désintéressement du grand duc de Bade: telles sont les parties que M. L. a mises en pleine lumière et qui constituent l'originalité de son livre. Peut-être que cet éloge des fondateurs de l'unité allemande ne va pas sans quelques duretés pour ceux qui la combattirent ou ne l'acceptèrent qu'avec des réserves; mais ce n'est pas un fait nouveau que la Prusse ait trouvé dans ses fils adoptifs ses historiens les plus passionnés.

L. ROUSTAN.

1. Une toute récente publication, les Mémoires du général von Stosch, fournira de nouveaux arguments aux adversaires de la thèse de M. L.

Bibliothèque nationale, département des manuscrits; [H. OMONT], Anthologie de poètes latins dite de Saumaise. Reproduction réduite du manuscrit en onciale, Latin 10318, de la Bibliothèque nationale. Paris, imprimerie Berthaud, [1903,] 8 pp. d'impression, 290 pp. de phototypie, petit in-4° et une planche in-fol.

Voici une innovation intéressante et qui mérite d'être encouragée. Tous les philologues connaissent le Codex Salmasianus. M. Omont nous le donne aujourd'hui, reproduit au quart environ. L'onciale est très lisible, beaucoup moins menue que bien des impressions; quant aux notes marginales de Saumaise ou d'autres, elles restent encore moins fines que l'écriture de beaucoup de nos contemporains. Le volume est en planches, facile à manier. Quiconque voudra étudier le texte l'aura sur sa table, où il ne tiendra pas plus de place qu'une édition. Enfin, pour qu'on puisse se rendre compte des proportions, la page 13 y est reproduite dans les dimensions de l'original, 313 millimètres sur 234; dans la réduction, elle a 150 millimètres sur 139. On aura donc, pour une vingtaine de francs, un excellent instrument de travail, au lieu des in-folios coûteux et incommodes que l'on édite ailleurs à grands frais. Cette réduction rendra tous les services que peut rendre une phototypie; car, tels détails, comme les grattages, ne sont pas plus clairs dans la reproduction en grandeur naturelle. Il y a toujours des cas où il faut se reporter à l'original.

Évidemment, le procédé ne peut réussir parfaitement que pour les manuscrits en capitale et en onciale. Mais ce serait déjà beau si l'on avait ainsi, à peu de frais, le Bembinus de Térence, le Puteanus de Tite Live, les trois anciens manuscrits de Virgile, le Puteanus de Prudence. Je crois que l'on obtiendrait encore des résultats satisfaisants pour certains beaux manuscrits en minuscule. Il y a toute une collection à créer. Avec les progrès réalisés par la phototypie et la baisse de prix qu'entraîne la fabrication des cartes-postales illustrées, on doit pouvoir arriver bientôt à doubler la plupart des éditions critiques par la reproduction intégrale des principaux manuscrits.

L'introduction résume l'histoire et indique le contenu du Salmasianus. Elle eût pu être plus développée. On eût aimé à trouver rassemblés tous les résultats que les philologues ont acquis depuis un siècle, y compris ceux des découvertes de M. Omont. Telle quelle, cette introduction donne l'indispensable.

En soi, la publication est excellente. Elle a de plus le mérite d'ouvrir une voie nouvelle.

Paul LEJAY.

1. Deux lettres de Cl. de Saumaise à J.-A. de Thou sur les anthologies grecque et latine (1615); dans la Revue de philologie, XIX (1895), 182.

2. Ajouter, pour l'édition Haupt d'Honorius Scholasticus (p. 207 du ms.), à la référence des Monatsberichte de Berlin, celle des Opuscula de Haupt, II, 150 suiv.

WEIL (Henri), Etudes de littérature et de rythmique grecques, Paris, Hachette, 1902, 1 vol. de 242 p. in-12.

L'impression de ce volume, commencée en 1901, a subi quelque retard dans le courant de l'année dernière : la santé de M. Weil, un moment atteinte, ne lui a pas permis de corriger lui-même toutes ses épreuves; son gendre, G. Dalmeyda, et son élève, Th. Reinach, l'ont suppléé dans cette tâche. Si M. W. ne rappelait lui-même dans son Avant-propos ce pénible souvenir, jamais on ne croirait, en lisant ce nouvel ouvrage, que nous célébrions il y a cinq ans bientôt le 80 anniversaire du doyen des études grecques en France. Plusieurs des articles réunis dans ce volume datent, il est vrai, d'une cinquantaine d'années déjà; mais la plupart attestent une activité hier encore infatigable, une pénétration plus vive et plus puissante que jamais, je dis même une imagination aussi jeune qu'au temps où notre maître produisait ses œuvres de plus longue haleine, ses éditions magistrales d'Eschyle, d'Euripide, de Démosthène. Presque tous les textes qu'il étudie aujourd'hui, découverts à Delphes sur des marbres mutilés, ou en Egypte sur de légères feuilles de papyrus, demandaient, avec l'œil exercé d'un paléographe, la science consommée d'un helléniste, mais aussi l'espèce de divination qui permet de restituer des lettres, des mots, des lignes entières, et de rétablir le sens général des morceaux en apparence les plus désespérés. Les péans et les hymnes de Delphes, accompagnés de notes musicales, ont trouvé dans M. W. un interprète aussi sûr qu'empressé avec une égale maîtrise, il en a éclairé le fond et la forme, rattachant cette poésie officielle à ses origines classiques, et découvrant à l'aide des notations musicales le véritable rythme de mètres depuis longtemps méconnus. Grâce à lui, les fouilles de Delphes, qui n'avaient pas encore mis au jour la statue de l'Aurige, se sont annoncées au monde savant par une trouvaille de premier ordre, que n'ont pas fait oublier les découvertes ultérieures, si précieuses pour l'archéologie et l'histoire. Pour d'autres textes, que M. W. n'avait pas eu à déchiffrer lui-même, il s'est efforcé d'en préciser, d'en compléter le sens. Un fragment élégiaque, publié par MM. Grenfell et Hunt d'après un papyrus d'Egypte, offre un remarquable exemple de ce genre de travail. Des douze vers que contient la restitution de M. Weil, il n'y en a pas un seul entier dans le papyrus: les deux premiers pieds ont partout disparu. C'est un vrai rébus, quelque chose comme le jeu des bouts rimés. Et pourtant personne ne saurait nier que M. W. n'en ait sûrement déterminé le sens, le caractère et l'origine : cette savante description d'une humanité primitive, toute voisine encore de l'état de nature, a tous les caractères d'une œuvre alexandrine (1).

La deuxième partie du recueil présente un intérêt d'un autre ordre.

(1) C'est la pièce que M. Fraccaroli a étudiée sous le titre de Un'elegia di Archiloco dans le Boll. di Fil. class., t. V, p. 108.

M. W. y a réuni quelques-uns des nombreux articles qu'il a consacrés, au cours de sa carrière, à l'étude de la rythmique et de la métrique grecque; et ainsi s'offre à nous pour la première fois, dans un ordre méthodique, le résultat de recherches qui ont longtemps occupé le savant professeur. Est-ce à dire que ces articles, publiés de 1855 à 1895 environ, forment aujourd'hui, sous la forme que leur a donnée M. Weil, une théorie complète de la rythmique? Sans doute l'auteur a classé et remanié ces études, de manière à effacer les contradictions qu'on aurait pu y relever; mais elles n'en ont pas moins conservé le caractère de comptes-rendus partiels, écrits à l'occasion d'ouvrages spéciaux; et M. Weil, en signalant les ouvrages de Rossbach, de Westphal, de César, de Brambach ou de Lucien Müller, s'est appliqué chaque fois non pas à exposer l'ensemble d'une doctrine, mais à indiquer les points où lui-même différait des auteurs qu'il venait de lire. Chaque article répond à une thèse, que le lecteur n'a pas toujours présente à l'esprit: de là des allusions parfois obscures, qui embarrasseront, je crains, bien des profanes. Mais qui sait si, dans la pensée de M. Weil, le sujet comporte, aujourd'hui même, cet exposé didactique qu'on souhaiterait quelquefois de lui voir entreprendre ? Pour la métrique, M. Masqueray a, dans un petit livre d'une clarté irréprochable, utilisé les vues de M. Weil, en particulier pour l'étude des mètres choriambico-iambiques et des prétendus logaèdes: M. Weil, dans son avant-propos, se réjouit du succès de ses doctrines; mais il ne saurait approuver la théorie trop absolue, trop affirmative, de son élève; il se résigne, quant à lui, à ignorer beaucoup de choses, content d'insister sur quelques points essentiels. A ses yeux, la question de méthode domine tout le reste, et le conseil auquel aboutit presque chacun de ses articles est celui-ci : « C'est seulement par l'étude des << rythmiciens grecs que l'on peut acquérir la vraie science de la <«< métrique ancienne et une idée nette de la manière dont se débitaient <«<les vers grecs et latins (p. 138) ». Mais combien est délicate cette étude des rapports des métriciens grecs avec les rythmiciens! « L'âge « d'or où la métrique usuelle populaire était encore toute pénétrée de «< rythmique, écrit M. W. (p. 172), n'a, je le crains fort, jamais existé : <«<les formules des métriciens plus récents qui ne s'attachaient qu'à la << forme extérieure des vers étaient déjà d'un usage courant à l'époque «< classique ». Aussi bien l'incertitude de cette science ne décourage-telle pas les efforts de M. Weil: toujours à l'affût de quelque vérité nouvelle, les inscriptions de Delphes lui ont fourni l'occasion de reconnaître la véritable nature du vers glyconien; le papyrus de Bacchylide l'a confirmé dans l'idée qu'il avait de la correspondance antistrophique. Ainsi se réalisent peu à peu les progrès d'une science encore inachevée personne en France n'aura plus contribué à ces progrès que le savant éminent qui, loin de trancher toutes les questions, « se plaît, dit-il, à pratiquer l'art d'ignorer ».

Am. HAUVETTE.

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La maison Teubner de Leipzig vient d'inaugurer une nouvelle collection d'auteurs classiques sous le titre de Meisterwerke der Griechen und Römer in kommentierten Ausgaben. Le premier volume publié a été consacré aux Perses d'Eschyle. Dans cette collection, chaque ouvrage, chaque édition comprend deux fascicules ayant chacun une pagination propre; l'un est consacré au texte grec ou latin, l'autre au commentaire en allemand. Pourquoi la maison Teubner, qui possède déjà deux grandes collections d'auteurs classiques, l'une avec des notes en allemand, l'autre avec des notes en latin, a-t-elle senti le besoin d'en créer une troisième? A-t-elle voulu imiter la maison Freytag, qui a édité une collection d'auteurs classiques à peu près sur le modèle que nous venons de décrire? Nous recevons aujourd'hui de la nouvelle collection Teubner, le volume II, Isokrates' Panegyrikos herausg. von Josef MESK, 1903 (un fasc. de texte de 49 p. et un fasc. de notes, de 66 p.) et le volume IV, Lysias' Reden gegen Eratosthenes und über den Oelbaum herausg. von Ernst SEWERA (fasc. de texte, 42 p., fasc. de notes, 55 p.). M. Mesk, dans son édition du Panégyrique, suit le texte donné par Bruno Keil, 1890. C'est là, en effet, l'édition récente qui a le mieux profité des progrès qu'a faits le texte d'Isocrate. Je constate qu'au 14, la leçon du duel móλet, telle que je l'ai signalée dans l'Urbinas, est définitivement acceptée; il en est de même des leçons suivantes : § 37, ἥττους αὑτῶν ἤ, et 122, μέμψασθαι Λακεδαιμονίους. Quant à l'édition de Lysias de M. Sewera, nous avons à noter quelques négligences dans le commentaire. La garnison lacédémonienne, qui occupa l'Acropole sous les Trente, était de 700 hommes (Aristote, Rép. des Ath., 37, 2), et non de 7,000; ceci n'est point une faute d'impression, car le chiffre de 7,000 est donné trois fois par S., p. 11, 12 et 39; - 20, il n'est pas exact de dire que l'eisphora était une liturgie, comme la chorégie et la triérarchie; pour les frais que coûtaient les liturgies, il faut renvoyer surtout à Lysias, XIX, 42 et XXI, 4; - § 50, il y a une confusion entre Théramène et son père Hagnon; c'est ce dernier qui a fondé Amphipolis en 437, qui a été mêlé aux négociations de la paix de Nicias en 421 et qui a été proboulos en 411; mais c'est Théramène qui a été mis à mort sous les Trente à l'instigation de Critias; c'est Théramène qui a été jugé très sévèrement par Lysias et très favorablement par Aristote. A. M.

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La maison Freytag de Leipzig, dont il vient d'être question dans l'article précédent, continue la publication de sa collection d'auteurs classiques. Elle vient de donner une édition de l'Hippolyte d'Euripide par les soins de M. Oskar ALTENBURG. Ce savant a déjà publié dans la même collection une édition de Médée. Dans le volume que nous recevons aujourd'hui, le texte est, comme d'habitude, précédé d'une introduction qui peut paraître un peu longue pour ces petits livres; l'archéologie et la critique littéraire y tiennent une bonne place. Nous remarquons que, dans la courte analyse, faite par M. A. de la tragédie de Racine, il n'est pas dit un mot de la jalousie de Phèdre; la grande scène du quatrième acte, le moment le plus tragique de la pièce, n'est pas même mentionnée. Aux pages vi et VII sont indiqués les changements que M. A. a faits au texte d'Euripide; mais il ne dit que très rarement à qui sont dues les corrections qu'il accepte. Quelquesunes de ces corrections sont de l'auteur lui-même; la plus importante est celle des v. 467-468; cela ne veut pas dire que cette correction s'impose. A. M.

– Depuis quelques années, la maison Freytag a créé, à côté de sa collection de textes d'auteurs classiques, une collection de Schüler-Kommentare qui en est complètement indépendante; les volumes de commentaire peuvent même s'acheter séparément. Cette collection comprend déjà un nombre assez considérable

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