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dans cette partie de son récit, le narrateur s'est laissé quelque peu impressionner par le souvenir des rapports pénibles qu'il eut avec le général en chef de l'armée suédoise durant la campagne de 1813, alors qu'il refusa de quitter le sol de la Poméranie pour aller combattre ses compatriotes, querelles qui finirent par l'amener à donner sa démission d'officier-général au service de Suède; mais peut-être aussi ces froissements mêmes nous ont-ils valu le portrait très vivant et très piquant de l'aventureux et habile Gascon qui, sorti d'un cabinet d'avocat, sut s'élever jusqu'au double trône de la Scandinavie 2.

I

R.

Correspondance inédite du roi Frédéric-Guillaume III et de la reine Louise avec l'empereur Alexandre Ier, publiée par Paul BAILLEU. Leipzig, Hirzel et Paris, Klincksieck, 1900, pp. xx11, 564. Mk. 16.

L'importante publication des archives prussiennes s'est enrichie, par les soins de M. P. Bailleu, d'un nouveau volume qui nous donne la correspondance de Frédéric-Guillaume III avec Alexandre Ier et aussi, tantôt intégralement, tantôt en un choix, les lettres échangées entre les membres de leurs familles. Le premier recueil, embrassant tout le règne d'Alexandre, 1801-1825, est de beaucoup le plus important (p. 1-344). Il nous fournit sur la personne et le caractère si différents des deux souverains de précieux renseignements et surtout il nous fait suivre dans le détail les curieuses oscillations de l'alliance entre la Prusse et la Russie pendant les guerres de l'Empire : Frédéric-Guillaume, plein de déférence, mais confit en réserves, avançant et retirant tour à tour la main, suivant que sa chère neutralité lui paraît compromise ou assurée; Alexandre, pressant, conjurant, invoquant l'honneur et la gloire, jouant le champion de l'humanité, puis de la religion, mais non moins soucieux des intérêts plus tangibles de la Russie. Ce sont les lettres avant et après Austerlitz, Tilsitt, Aspern, la campagne de Russie, qui, mettant à nu ces conflits d'intérêts ou ces velléités contradictoires, offriront à l'historien les informations les plus utiles. La période de crises terminée, la correspondance n'a plus qu'un intérêt secondaire; les questions politiques en sont absentes, si l'on excepte quelques rares allusions aux mesures de la Restauration et des démêlés sur des tarifs commerciaux. Les questions de famille, mariages et visites, en constituent maintenant le fond, avec l'éternelle répétition des protestations d'amitié.

Les recueils suivants ont en grande partie ce même caractère la politique y est aussi à peu près étrangère. On ne lira pas cependant

1. Voy. surtout, p. 253.

2. P. 8o. Schill n'était pas colonel, mais major.

sans intérêt la correspondance échangée entre Frédéric-Guillaume et les impératrices (II). Les lettres de l'impératrice-mère Maria-Feodorowna, dans leur français parfois incorrect et mêlé d'allemand, offrent un vivant crayon de la veuve de Paul Ier. Dans celles (III) que le roi écrivit à la soeur d'Alexandre, la grande-duchesse Hélène Paulowna, mariée au prince héréditaire de Mecklenbourg-Schwerin, on découvrira, non sans surprise, un Frédéric-Guillaume galant, se mettant en grands frais d'esprit et de coquetterie avec sa belle cousine. La correspondance du grand-duc Nicolas, plus tard Nicolas Ier, avec le roi (IV) et celle des princes Frédéric-Guillaume et Guillaume avec Alexandre (VII) n'offrent pas grand intérêt. Au contraire les lettres de la reine Louise à l'empereur (V) et aux impératrices (VI) sont parmi les plus attachantes du volume. La souveraine mélancolique et frêle, mais avec une flamme d'énergie mâle dans sa faiblesse, si touchante par ses malheurs, charme par la simplicité et le naturel de son esprit. Le français de cour, toujours solennel et un peu guindé sous la plume de son mari, devient sous la sienne aimable et aisé, et s'efface d'ailleurs devant l'allemand, quand il a besoin d'un mot jailli du cœur. A sa correspondance M. B. a joint le journal (VIII) que la reine Louise avait tenu pendant l'entrevue des souverains à Memel en 1802 et celui qu'elle avait écrit à l'occasion de la visite qu'elle fit avec le roi à Saint-Pétersbourg en 1808-1809.

Les historiens sauront grand gré à M. B. d'avoir mis à leur disposition des documents épars dans les archives de Berlin, de Charlottenbourg et de Saint-Pétersbourg. Il n'est pas besoin de leur rappeler avec quel soin l'éditeur de la Correspondance diplomatique entre la France et la Prusse a établi ce nouveau volume. Il s'ouvre par une esquisse des relations entre la Prusse et la Russie sous Frédéric-Guillaume et Alexandre. Dans le corps de l'ouvrage chaque lettre est précédée d'une indication sur son origine avec un sommaire en quelques mots et accompagnée de courtes notes là où elles sont indispensables. En outre, les brouillons pour un grand nombre se sont conservés et l'éditeur nous communique les passages qui offrent avec l'original le cas est des plus fréquents d'utiles variantes. Deux autographes des deux souverains reproduits en fac-simile sont joints au volume que termine un index.

L. ROUSTAN.

Kuno FISCHER. Goethes Faust. Dritter Band: die Erklärung des goethes hen Faust nach der Reihenfolge seiner Scenen. Erster Theil. - Heidelberg, Winter, 1903. in-8°, p. 405. Mk. 7.

Le nouveau volume de la série des Goethe-Schriften forme la troisième des études que M. Kuno Fischer a publiées sur le Faust. Ce leci est à proprement parler un commentaire, qui suit la première par

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tie du drame scène par scène, pour nous en faire saisir les liens et aussi les contradictions. Sans entrer dans le détail de la genèse de l'œuvre les volumes précédents nous renseignent à cet égard — et en la considérant dans sa forme actuelle, M. K. F. a nettement marqué les différences de conception que présentent le Faust primitif (Urfaust), le Fragment de 1790 et l'édition de 1808 et qui reflètent toutes l'évolution même accomplie par le poète. Dans chacun de ces chapitres très méthodiques, soigneusement divisés et subdivisés, l'auteur ramasse ensemble les éléments épars, dégage entre eux le trait essentiel et le grave en une formule qui frappe, grâce non seulement au procédé typographique, mais aussi parce qu'elle est souvent heureuse. Toutefois je me demande si partout cette paraphrase, très limpide, il faut le dire, du texte de Goethe reproduit en copieuses citations était bien indispensable. Ainsi les chapitres Ostersonntag, Mephistopheles und der Schüler, Auerbachs Keller et en grande partie tout le drame de Gretchen ne sont guère que d'agréables et faciles développements, inutiles pour le lecteur attentif qui sait s'arrê ter à temps et relire. Il saura plus de gré au critique des renseignements qu'il lui fournit sur des parties plus obscures et où il ne saurait marcher sans guide: Hexenküche, Walpurgisnacht (celui que M. K. F. suit ici lui-même est souvent M. Witkowski). Dans certaines enfin, celles qui touchent aux passages plus particulièrement philosophiques du poème, beaucoup des démonstrations de l'auteur sont acceptables, mais toutes ses solutions ne convaincront pas les critiques. Je me permets de signaler quelques points où son interprétation m'a paru contestable. P. 55 et suiv., les deux âmes que Faust sent en lui sont-elles bien le Weltdurst et le Wissensdurst et la traduction de Gefilde hoher Ahnen = Urgründe, Urwesen est-elle entièrement satisfaisante? Dans le passage cité p. 88, Faust ne parle pas de sa croyance au panthéisme, mais seulement de deux forces inégales dans son être, sa faculté d'émotion qui est illimitée et son pouvoir de jouir qui est borné ; le rapprochement avec la poésie du Proemion porte à faux. P. 183 et suiv., la Gretchen de Francfort serait l'original de la Gretchen du Faust: ces sortes d'identifications sont toujours délicates et le critique me paraît aller bien loin sur l'unique foi de l'autobiographie. P. 288, il n'y a pas de dialogue religieux entre Faust et. Gretchen, il n'y a qu'un dialogue d'amour pour M. K. F. qui ne voit dans cet essai de catéchiser Faust qu'un préambule timide pour aborder une question plus grave, l'angoisse où la société de Méphisto jette la jeune fille la démonstration n'est pas probante. P. 299, l'interprétation de Spottgeburt me paraît plus invraisemblable que celle donnée par M. Minor et que M. K. F. dénature en l'expliquant. P. 395, dans sa prison Gretchen n'est pas devenue folle, il n'y a qu'un «< obscurcissement de sa conscience »>, soutient M. K. F.; mais toute la scène marque l'égarement le plus complet.

M. K. F. est surtout éloigné des explications trop subtiles - et on sait si elles se sont souvent risquées sous la plume des interprètes du Faust; il n'a pas ménagé à Düntzer et à d'autres ses railleries qui ne sont pas toutes du meilleur goût. A lui du moins on ne reprochera pas, comme il le fait aux collaborateurs du Goethe-Jahrbuch, les raffinements de l'hypercritique. Son commentaire reste sage partout, simpliste, aisé à suivre, très affirmatif, mais par sa simplicité même et son assurance il semblera à quelques-uns n'avoir pas levé toutes les difficultés.

L. ROUSTAN.

Oskar WEISE, Aesthetik der deutschen Sprache. Leipzig, Teubner 1903, in-8, p. 309. .

Ce titre est mal choisi, car le livre qu'il désigne n'a rien de systématique; c'est plutôt un recueil d'observations réunies par un fil assez ténu sur « les richesses de la langue allemande », sur les ressources variées dont elle dispose pour peindre par le son, pour donner à l'expression de la force ou de la douceur, de la dignité ou de la grâce, pour créer des images à l'infini, jaillies spontanément de la verve populaire ou façonnées par le génie des poètes. Je viens d'énumérer les rubriques des principaux chapitres qui forment la première partie du livre de M. Weise; mais il est difficile de donner une idée de la richesse d'information dont l'auteur a fourni déjà d'autres preuves. Ce nouveau volume fourmille de curieux détails sur la valeur des mots que M. W. sait illustrer par l'évolution historique et le rapprochement avec les formes dialectales. Certaines de ces observations sont sans doute déjà anciennes et maint chapitre aurait gagné à être rajeuni ou écrit à un point de vue moins étroit, comme ceux de l'euphémisme et du néologisme, où M. W. se montre un peu de la lignée du Turnvater Jahn; mais la moisson qu'il nous offre est si riche qu'on peut passer condamnation.

est moins

La seconde partie — les beautés de la langue poétique neuve et manque trop d'ordre. Mélange d'histoire littéraire et de traité didactique, à la façon de nos vieux manuels de rhétorique, elle vaut encore par certaines constatations précises sur la langue de tel ou tel poète et par des détails de statistique; mais elle touche à des questions dont l'ampleur dépasse le cadre des petits chapitres que l'auteur pouvait leur consacrer. En outre, il n'a pas fait une place assez grande à l'allemand moderne. L'auteur futur de l'Esthétique de la langue allemande trouvera dans ce volume de précieux matériaux. Malgré ces réserves, l'ouvrage de M. W. forme un livre utile et même attrayant que nos étudiants et nos professeurs auront profit à consulter. Ils y trouveront aussi une bibliographie au moins abondante la matière

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ici était inépuisable qui a le mérite de signaler les travaux les plus récents, mais le tort d'ignorer ce qui s'est fait en France.

Il est trop évident qu'un pareil ouvrage doit soulever de nombreuses observations de détail. En voici quelques-unes. P. 32, Gutlein n'est pas une forme souabe, on dit Gutle ou Gutsel; p. 43, on dit er passt auf wie ein Hechtelmacher, et non Heftelmacher; ibid., dans nihil, ne hilum ne signifie pas nicht ein Haar; p. 44 Judenangst n'est n'est pas Angst wie vor Juden, mais ängstlich wie ein Jude; p. 53, le positif de ungeschlacht, geschlacht, existe en souabe; p. 100, satira n'est pas die volle Schüssel, mais désigne une macédoine; p. 72, les pruderies des précieuses sont faussement attribuées au XVIIIe siècle ; p. 107, une table à desservir s'appelle un Johann (nous disons aussi une servante); ibid., Patrone tire son origine de l'ancien nom de la giberne, la patronne; p. 138, la reine au jeu d'échecs ne s'appelle pas la vierge; p. 208, das Mus ne correspond pas du tout au blanc

manger.

A côté de ces rectifications,il faudrait aussi relever beaucoup d'explications contestables, souvent tirées de trop loin; la place manque pour les énumérer. Certaines expressions données comme propres à l'allemand sont des emprunts directs d'une autre langue (comme p. 115, dans Wieland blaue Märchen) qu'il eût fallu signaler. D'ailleurs, ces origines ne sont pas toujours aisées à démêler là où l'auteur voit une influence du grec, des poètes suisses, etc., on peut aussi justement trouver des infiltrations du français.

Enfin, il y a çà et là quelques lapsus. P. 58, un vers bien connu de Goethe dans le Tasse est rangé dans les poésies de Schiller; ibid., Kurz ist der Wahn pour der Wahn ist kurz; p. 162, dans le vers de Lenau, lire von flinken Rossen et non blanken; p. 180, citation de Schiller, mit Zähnklappern et non Zähneklappen; p. 220, il fallait ajouter que dans la conclusion de la poésie der Handschuh Schiller était revenu à la leçon primitive.

L. ROUSTAN

Graf Kaspar von STERNBERG. Ausgewählte Werke. 1. Bd. Briefwechsel zwischen Goethe und Sternberg. (1820-1832), hgg. von A. Sauer (Bibliothek deutscher Schriftsteller aus Böhmen. Bd. x1). Prag, Calve, 1902, in-8°, pp. LI, 434.

Le comte Gaspard de Sternberg, qui a tenu un nom très honorable dans la science, est connu en littérature par son amitié avec Goethe. Bratranek publia en 1866 les lettres qu'ils avaient échangées de 1820 à 1832. C'est par cette correspondance, sur le fond de laquelle il n'y a pas à revenir, que M. Sauer inaugure la publication d'un choix des œuvres non exclusivement scientifiques de Sternberg. Le volume du nouvel éditeur est plus complet et plus précis que celui de Bratranek,

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