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servent à étayer. La deuxième édition, parue en 1900, a presque doublé l'étendue de l'ouvrage original, sans en modifier d'ailleurs ni la composition parfois confuse, ni l'ordonnnance peu rigoureuse. On saura gré à M. J. Toutain et à son élève R. Stiébel de la peine qu'ils ont prise pour nous donner de cette œuvre considérable une adaptation française aussi soignée et aussi complète. L. Marillier, dans un compte rendu du livre anglais, avait indiqué l'ordre dans lequel, à son avis, il conviendrait de grouper les faits innombrables recueillis. et exposés par M. Frazer. C'est ce plan, tracé par le maître regretté, qu'ont suivi les traducteurs, avec l'approbation de l'auteur. Le vol. Ier nous donne les Tabous; le IIe contiendra les Meurtres rituels, les Périls et les Transmigrations de l'âme; le III, les Cultes agraires et sylvestres. Si quelques exemples ont été résumés ou présentés plus brièvement, on a toujours reproduit, avec une scrupuleuse et méritoire exactitude, les indications et les références bibliographiques de l'ouvrage original. Mais pourquoi ne pas citer l'édition française des livres de Lyall, de Tylor, de Marquardt et autres qui ont été traduits? C'est un témoignage de reconnaissance qu'il faut accorder aux traducteurs et que ceux du Golden Bough seraient sans doute bien aises qu'on leur rendît. On annonce qu'au Ier volume traduit par R. Stiebel et que celui-ci n'a pas eu la satisfaction de voir imprimé, M. J. Toutain fera succéder le IIe terminé par lui-même et le IIIe qu'il a traduit en entier. Un index général, dressé par M. Fr. Alluard, élève de l'École des Hautes-Études, sera placé à la fin du tome III.

Ch. M.

R. DARESTE, Nouvelles Études d'Histoire du droit. Paris, L. Larose, 1902, VIII376 pp. in-8. Prix : 9 fr.

Tous ceux que préoccupe l'histoire du droit et en particulier celle du droit grec, seront heureux de trouver réunis dans ces Nouvelles Etudes les articles, éparpillés jusqu'ici dans le Journal des Savants, les Séances et travaux de l'Académie des sciences morales et politiques, la Nouvelle Revue historique de droit, la Revue des Études grecques,

où M. R. Dareste a su mettre tant de science et de lumière. Le droit grec a une place prépondérante dans la collection nouvelle à côté d'études anciennes, consciencieusement remaniées et complétées, on y trouve quelques-uns de ces travaux inédits que l'infatigable savant accumule sans cesse autour des premières et qui portent tous la marque de son érudition précise et étendue, et de cette vue claire des choses qui donne tant de prix à tout ce qu'il publie. Si la première moitié du volume, avec les Questions de droit grec, qui en forment comme le centre, s'adresse tout d'abord aux hellénistes, la seconde,

avec ses substantielles monographies sur le droit des Mongols, de la Chine, du Japon, de l'Indo-Chine, fournit un complément très appréciable au premier volume. Elle ajoute l'Extrême-Orient aux chapitres de droit comparé consacrés naguère à l'Égypte, aux peuples sémitiques, à l'Inde, à la Perse, au Caucase, aux Hongrois, aux Slaves, aux Germains et aux Celtes, et complète notablement plusieurs de ces chapitres. Ici, plus encore que dans le premier volume, il est facile d'apercevoir combien les documents variés, mis en œuvre par un jurisconsulte comme M. R. Dareste, jettent de lumière sur les origines reculées de notre droit moderne. Ce n'est pas encore, tant s'en faut, l'histoire générale du droit, qui se fera sans doute attendre encore longtemps, mais, comme l'a dit l'auteur, « dès à présent on peut marquer le but, réunir des matériaux, faire connaître par des analyses fidèles les principaux monuments de législation publiés par les savants des divers pays de l'Europe, en un mot dresser une sorte d'inventaire sommaire des richesses acquises, en indiquant par aperçu quelques idées qui se dégagent de l'ensemble des travaux accomplis ». On conviendra qu'il y a réussi excellemment et que ses analyses et ses aperçus auront contribué plus que bien des gros volumes à faire avancer la science du droit.

Ch. M.

Dr Heinrich SINGER, Die Summa decretorum des Magister Rufinus, Paderborn, Schöningh. 1902, CLXXXIII-570 pp.

La Somme de maître Rufin, un des décrétistes les plus en vue de l'école du XIIe siècle, avait été publiée par Schulte, en 1892 : mais cette édition n'avait pas été faite sur le texte original : elle ne contenait qu'une série d'extraits et de plagiats. L'oeuvre du maître y était complètement défigurée. M. H. Singer, professeur à l'Université de Prague, aidé des ressources d'une Société savante de Prague (la Gesellschaft zur Förderung deutscher Wissenschaft, Kunst und Litteratur in Böhmen) a pu en donner une nouvelle édition d'après les manuscrits qui contiennent le texte original, et surtout d'après le latin 15993 de notre Bibliothèque Nationale, le plus complet de tous et le plus ancien (fin du XIe siècle). M. S. s'était préparé à sa tâche d'éditeur par des travaux de critique approfondie sur le même sujet, notamment par ceux qu'il a insérés, sous le titre de Beiträge zur Würdigung der Dekretistenlitteratur, dans l'Archiv für katholisches Kirchenrecht. Il a établi que maître Rufin était le professeur de Bologne du même nom, qui assista comme évêque d'Assise au troisième concile de Latran de 1179, et qui mourut, à une époque qu'on ne peut fixer avec

1. Schulte, Summa Magistri Rufini zum Decretum Gratiani, Giessen, 1892.

certitude, mais qui est antérieure certainement à l'année 1192. Selon toute probabilité, il aurait composé sa Somme entre 1157 et 1159, en tous cas avant l'avènement d'Alexandre III. Cette Somme n'est d'ailleurs qu'un «< apparat » au décret de Gratien, un grand commentaire exégétique. M. Singer nous paraît avoir donné à cette édition tout le soin et toute l'exactitude scientifique dont témoignent ses précédents travaux.

Achille LUCHAIRE.

Geschichte des neueren Dramas, von Wilhelm CREIZENACH, Professor der deutschen Sprache und Litteratur an der Universität Krakau. Zweiter Band. Renaissance und Reformation. Halle, Niemeyer, 1901. In-8°, vii et 532 p. 14 mark.

M. Creizenach continue avec un labeur assidu et la plus louable persévérance son Histoire du drame moderne. Le deuxième volume, paru depuis près de deux ans, est digne du premier. Il traite, comme l'indique le sous-titre, de la Renaissance et de la Réforme. L'auteur l'a divisé en trois livres.

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Dans le premier livre, (p. 1-181) il étudie le drame latin, le « réveil de la scène antique » à Rome (Pomponius et les Pomponiens, Verardi), les drames de Domizio à Florence, la Stephanium d'Harmonius Marsus, les pièces de Gallus. Puis il nous transporte en Allemagne, nous analyse les « dialogues » (le Stilpho de Wimpheling, le Codrus de Kerkmeister, les drames de Locher '), les pièces de circonstance de Grünpeck, de Celtis, de Sibutus, les allégories, les comédies de Reuchlin à propos de l'Henno, dont il remarque justement que nulle œuvre scénique n'avait encore rendu avec autant de perfection le style du drame antique, il aurait pu citer le travail de Parmentier, les imitations de la comédie romaine et les représentations de comédies latines. Il passe ensuite à la Hollande, à la France qu'il nomme le pays classique de la science, de la poésie et de l'art du moyen âge (p. 59), et il insiste notamment, et non sans raison, sur Tissier de Ravisy ou Ravisius Textor, le wackerer Schulmann dont les pièces sont plus intéressantes, plus naturelles, plus aimables que celles de Celtis et de Locher, et qui, par une certaine gaieté populaire rappelle son grand compatriote Rabelais (p. 61 et 66). Le livre se termine par une foule de remarques et de considérations instructives sur la « nouvelle direction du drame scolaire» influence de Térence (on sait le mot d'Erasme « sine Terentio nemo unquam evasit latinus »); forme classique; mètre; langue <«< on reconnaît à chaque pas, dit M. C., que ces hommes avaient été exercés, dressés à la langue et au style de Térence » -- mise

1. P. 31, était-il utile de relever dans le texte la faute tenuis pour tenuibus ?; p. 99, ligne 5, lire humani.

en scène, épisodes comiques et anachronismes ', prétentions de ces humanistes qui parlent avec une modestie affectée de leur tenuis Thaliola, de leurs viriculae, de leur ingeniolum, personnalités, tendance morale, sujets traités et tirés de la Bible (le Joseph de Crocus, l'Aman de Naogeorgus et son Judas Iscariote « œuvre de colère et de haine », l'Acolastus de Gnaphaeus, etc.), drames contre Luther, drames allégoriques, drames antiques, comme l'Apelle de Micyllus et le Cyrus de Ziegler, drames universitaires comme les Studentes de Stymmelius, les farces populaires.

Le deuxième livre de l'ouvrage est consacré au drame comique et pastoral en Italie (p. 182-368). L'auteur passe successivement en revue les formes médiévales du drame comique en Italie; les églogues, allégories et mythologies comme l'Orfeo de Politien et le Timone de Bojardo; les nouvelles dramatisées; les représentations de comédies latines en langue italienne, à Ferrare, à Milan, à Mantoue, à Venise; les comédies en rimes et M. C. regrette à ce sujet que Giuliano de Ricci, par peur pour ses yeux, n'ait pas voulu copier la comédie aristophanesque de Machiavel; - les comédies en prose; la Cassaria et les Suppositi d'Arioste dont le mérite consiste non pas dans la fraicheur et le naturel, mais dans le détail, dans la pointe spirituelle (p. 241); la Calandria de Bibbiena; la Mandragola où l'originalité de Machiavel se montre dans la façon dont il pousse et développe devant nous les caractères et où, s'il n'a eu d'abord d'autre but que d'écrire une bouffonnerie, se trahit néanmoins l'humeur d'un homme souvent et amèrement déçu (p. 247-249); les comédies postérieures d'Arioste; celles d'Arétin. Comme le livre précédent, celui-ci conclut par des réflexions générales sur le style, la langue, les personnages, l'intrigue, les prologues, les discours. Mais si la comédie prend, comme dit M. C., un caractère de plus en plus routinier, il y a pourtant, à cause du particularisme italien, dans plusieurs villes et contrées des variétés du type général, et ces variétés, il les examine l'une après l'autre et d'endroit en endroit (p. 302-303), à Ferrare, à Sienne, à Florence, à Rome, à Venise, cette capitale de la librairie et de la littérature de métier (à remarquer surtout les pages relatives à Ruzzante, « le premier dramatiste de profession, et un dramatiste de profession dans le grand style »). Et déja s'annonce la « Commedia dell' arte », et à Sienne, où la «< commedia erudita » est brillamment représentée par l'Académie des Intronati, se fonde la société des Rozzi.

Le troisième livre (p. 369-505) concerne la tragédie de la Renaissance. Nous voyons fleurir en Italie l'étude des tragédies de Sénèque et des Grecs, paraître la Sophonisbe de Trissin, la Rosamonde et l'Oreste de Rucellai, la Tullia de Martelli, la Didon de Pazzi, l'Anti

1. On aurait voulu quelques exemples, cités au bas de la page 104, de ces proverbes populalres allemands habilement traduits en latin.

gone d'Alamanni, et, après cette première période de la tragédie italienne qu'on peut nommer la période trissinienne, se produire au milieu du siècle une deuxième période dont le principal tenant est le savant et poète ferrarais Giraldi Cinthio. Nous voyons en France, comme en Italie, s'acclimater la tragédie classique: tragédie latine (le Christus Xylonicus de Barthélemy de Loches, le Baptiste et le Jephté de Buchanan, le César de Muret, la Philanire, le Pierre et l'Aman de Rouillet qui « a surtout réussi dans Aman à imiter la langue sacrée et imagée de Sénèque »; traductions de Baïf et de Sibilet; la Pléiade qui cherche << par de neuves créations à conquérir pour la patrie les genres les plus élevés de l'antique poésie », mais qui n'agit pas sur les masses; Jodelle qui « marque un recul vis-à-vis des traducteurs de l'époque précédente »; Jean de la Péruse qui « tombe souvent dans une triviale verbosité »; Melin de Saint-Gelais qui « quitta une fois sa spécialité, les agréables bagatelles poétiques, pour rivaliser avec les membres de la Pléiade sur le domaine nouvellement conquis de la tragédie »; Grévin, moins lourd que Jodelle, plus chaud que Muret, mais « chez qui quelques détails exprimés avec énergie et élévation disparaissent sous la masse des pauvretés et des faiblesses »; La Taille qui laissa des «< travaux de jeunesse sans nulle maturité »; Filleul <«< très ennuyeux et gauche »; Guersens qui « n'était pas un poète médiocre et trivial »; Baïf qui, dans les dialogues de l'Antigone, a l'expression forte et souple; Bonnin dont la Soltane précède le Bajazet de Racine; les tragédies bibliques (Bèze, Coignac, La Croix, Rivaudeau, Des Mazures, La Taille). Nous voyons l'Angleterre (Gorboduc, Tancrède et Gismonde, Jocaste), l'Espagne, le Portugal (l'Inès de Ferreira) subir également l'empire de la tragédie classique. Et, à la fin de ce troisième livre, M. C. trace, comme précédemment, les caractères généraux des pièces étudiées. Il montre quelle a été sur la tragédie de la Renaissance l'influence de la théorie, l'influence d'Horace et d'Aristote. Il examine quelle était l'idée de la tragédie, quels sujets elle traitait, l'importance qu'elle accordait à l'« atrocitas », la division en cinq actes, le nombre des personnages, les trois unités, les scènes de meurtre sur la scène, les effets tragiques, la « Gravität » ou la dignité du style, l'usage des sentences, les chants des choeurs.

Le quatrième livre traite du drame serbo-croate en Dalmatie d'après les pièces contenues dans les Stari pisci de l'Académie d'Agram et le travail de Pavic (p. 506-526).

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Tel est ce volume où nous trouvons, comme dans le précédent, à la fois des analyses et des appréciations précieuses. M. C. n'a pas seulement consulté les imprimés dont il donne la liste en quatre pages à la fin du tome (p. 527-530); il a cherché et trouvé de l'inédit; il a lu les drames de Domizio dans le manuscrit. Mais ce qu'il faut louer dans cette publication, c'est, outre la minutie de l'enquête et l'étendue des connaissances, outre la variété des citations tirées de divers côtés,

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