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tion de l'éditeur), mais on n'y trouve ni notices biographiques, ni listes bibliographiques, ni extraits des auteurs cités. Passe encore pour cette dernière omission : les extraits eussent probablement été traduits, et dès lors la valeur en eut été bien réduite. Mais il est vraiment fâcheux qu'un lecteur qui s'est procuré ce volume ne puisse y trouver ni le lieu ni la date de naissance ou de mort des auteurs polonais qui y sont commentés. On pouvait accepter cela à la rigueur dans les brefs volumes de la collection anglaise car là du moins, l'intention de faire une large vulgarisation était évidente. Mais, lorsqu'on se trouve en présence d'un ouvrage de poids aussi sérieux que celui de M. B., on ne saurait admettre qu'il soit uniquement destiné à un public indifférent aux détails précis, et l'on s'inquiète de le voir fournir si peu d'aide aux travailleurs un peu curieux.

Ces remarques faites, il est évident que ce qui est le meilleur dans le volume, ce sont les chapitres d'un caractère général. Tels sont ceux dans lesquels M. B. esquisse à grands traits les débuts de la littérature polonaise jusqu'au xvIIe siècle. Pour la période moderne, on se perd trop souvent à sa suite on voit se succéder sous sa plume les écrivains les plus divers sans autre raison que son bon plaisir, et comme on n'a ni dates ni divisions qui permettent de respirer, comme aussi de contrôler, on s'épuise et l'on s'irrite.

Parmi les études qui nous ont paru plus spécialement fouillées, nous citerons celles de Mickiewicz, de Kraszewski, et de Sienkiewicz, cette dernière pourtant, exagérée dans ses conclusions. M. B. prend acte de l'énorme succès de librairie de l'auteur de Quo Vadis, pour en conclure la supériorité de sa maîtrise. C'est là un procédé quelque peu enfantin qui, appliqué à la littérature allemande, par exemple, nous ferait regarder O. de Redwitz comme un des plus éminents poètes allemands...

M. B. n'a pas jugé à propos de conserver en totalité l'orthographe polonaise, et il a fait à ce sujet un compromis peu scientifique, en s'autorisant de son désir de « faciliter » la lecture des noms polonais. Il écrit par exemple Rzewuski, mais Kraschewski (pour Kraszewski) et Sieroschewski (pour Sieroszewski), etc., etc.

Ajoutons enfin que le style est extrêmement pénible et lourd : M. B. a un faible pour les immenses phrases énumératives et il fait des participes présents, si parfaitement intolérables en allemand, une consommation vraiment exagérée. Le vocabulaire et surtout certains superlatifs sont également parfois très fatigants, et on le regrette d'autant plus qu'une œuvre de cette importance mérite d'attentifs lecteurs.

Jules LEGRAS.

M. Albert REGGIO, L'ŒŒuvre de M. Paul Bourget et la manière de M. Anatole France, Paris, petit in-18o, 59 pp., Perrin, 1902.

Une notule suffirait pour rendre ici compte de la dissertation de M. Reggio, si son sujet ne dépassait de beaucoup le cadre dans lequel il paraît avoir eu le tort de vouloir l'enfermer. MM. Bourget et France, deux écrivains sinon grands, du moins «< tenant de la place », comme disait cet Auvergnat, laminés en cinquante-neuf pages, un par vingtneuf pages et une fraction! Toutefois, si elles sont pleines de moëlle, << la longueur ne fait rien à l'affaire,» sauf de donner un bon soufflet sur la joue de tous ceux qui ont usé des in-folios, ou même des in-8°. Donc brisons l'os! M. R. aime M. Bourget, qui « a en quelque sorte achevé l'évolution du roman d'analyses en faisant franchement de celuici un prétexte à chirurgie psychique ». Et cette phrase est représentative de la première partie de la plaquette de M. R., en ce qu'elle renferme des vues audacieuses et discutables et un style obscur et tarabiscoté. Mais il faut savoir gré à l'auteur d'avoir affirmé ses admirations pour le penseur subtil et profond, le logicien persuasif, le poète émouvant, l'artiste et par surcroît le charmeur. Peste! c'est à peine si nous trouvons une réserve dans ce fait que M. Bourget a été victime du souci de la recherche analytique, et aussi des contradictions entre ses dispositions raisonnées et les exigences de sa sensibilité.

Même enthousiasme pour M. France, écrivain de race, qui « mentalise » et cherche la volupté de l'expression, mais qui, par contre, est le moins sentimental de nos contemporains. Et M. R. de vanter le contraire en ce sujet différent, de brûler ce qu'il a adoré et d'adorer ce qu'il a brûlé, ce qui témoigne d'un esprit critique plus large que conséquent, et qui, après avoir loué la croyance, se réjouit à l'ironie de Pyrrhon et de Voltaire. La restriction arrive pourtant aussi : M. France veut enseigner, mais son dilettantisme et « sa blague » l'en empêchent, et par là il obtient de nous plus d'estime que d'admiration émue et ne peut guère prétendre qu'à la vague gloire de faire œuvre de subtil

amuseur.

La brochure de M. Reggio remue donc beaucoup d'idées en peu de lignes. Ce n'est pas un léger mérite. Pourquoi ne les rend-il pas plus aimables par moins de laconisme et plus de clarté ?

Pierre BRUN.

- La livraison 19 du tome V du Recueil d'archéologie Orientale de M. CLERMONT-GANNEAU vient de paraître à la librairie Leroux. - Sommaire : § 46: Fiches et Notules : L'ère de Tyr. — La date de la mosaïque de Nebi Younés. Inscription de Deir Sem'ân. Sahouet (El-Khidhr). Θεὸς ̓Αρεμθηνός et Aramta. 47 Inscriptions grecques du Pont. 8 48: Fiches et Notules: La « Terre de

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Reseph ».

- Chamim Roumim et Chamim Addirim. 49 Inscription gréco-palmyrénienne d'Égypte.

Sofsaf et Ménagadem.

· C'est, à l'heure actuelle, une question fort délicate que celle du rapport de la science religieuse avec l'intérêt spirituel de l'Église. M. Arnold MEYER explique fort bien comment la question se pose dans le protestantisme allemand (Theologische Wissenschaft und kirchliche Bedürfnisse; Tübingen, Mohr, 1903; in-8°, 92 pages). Le droit de la critique sur la Bible est nettement établi. Le véritable intérêt de l'Église n'est pas qu'on évite la discussion des problèmes. « O gardiens prévoyants, qui nous invitez toujours à ne pas porter ces questions devant la communauté et à lui laisser la paix, ne savez-vous pas que bien d'autres idées que celles que nous lui présenterions, de bien autres doutes que ceux que nous pour rions lui suggérer, circulent partout et gagnent de proche en proche individus et maisons? » Et M. M. d'insister sur les services que la science historique rend à l'Église. Il développe des pensées fort justes dans des pages fort éloquentes. Lui aussi met l'essence du christianisme dans la foi au Dieu-Père, et il regarde cette essence comme immuable. Conception de théologie systématique, qui veut sauvegarder la liberté de l'histoire, et que l'histoire ne peut admettre sans rectification. - A. L.

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Le fait religieux et la manière de l'observer, par l'abbé F. KLEIN (Paris, Lethielleux, 1903; in-12, 212 pages) atteste un sérieux effort pour donner à la théologie et à l'apologétique catholiques une base positive dans la psychologie et l'histoire. Le présent volume concerne surtout la méthode à suivre dans l'observation du « phénomène religieux »; les considérations sur le sens religieux et ses caractères sont rédigées en fort bon style, comme le livre entier, mais sont peutêtre un peu trop générales et, si l'on peut dire, extérieures. L'ouvrage ne laisse pas d'être un témoin discret du mouvement d'idées qui se dessine depuis quelques années dans le clergé français. A. L.

-M. P. OLTBAMARE s'est étonné à bon droit du caractère effacé de la fonction que remplit le sacrifiant laïque dans le sacrifice bràhmanique : il semble n'y figurer que pour faire les frais de la cérémonie et pour se prêter à quelques manœuvres de pure forme. Dans un article fortement documenté (le Rôle du Yajamana, Louvain, 1903, 34 pp.), l'auteur a colligé toutes les faibles traces qu'a pu garder de l'importance des fonctions du laïque la littérature essentiellement sacerdotale qui nous est parvenue, et il en vient à penser qu'au temps jadis le yajamâna père de famille fut le chef de la prière, le vrai organisateur du petit drame religieux dont plus tard le prêtre est devenu le protagoniste. La conclusion, il va de soi, ne se laisse point démontrer de façon irréfragable; mais elle transparaît à travers la brume des textes rédigés dans un tout autre esprit, et elle est conforme à ce que nous savons des progrès de la division du travail social. En fait, il est infiniment probable qu'à un moment donné chaque maître de maison fut à lui-même, non seulement son propre prêtre, mais son propre sorcier. conjurateur, et les charmes de labourage du Kançika-Sûtra XX, où le brahmane n'est qu'un accessoire, obligé, mais visiblement adventice, reflètent encore quelque chose de cette simplicité primitive. — V. H.

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Le tome III des Studi glottologici italiani publiés par M. G. de GREGORIO (Turin, Loescher, 1903, pet. in-4o, 314 pp., 12 lire) contient les articles suivants : 1o T. Zanardelli, les toponymiques en -aticus de l'Émilie et de la Romagne; 2o D. OLIVIERI, études sur la toponymie vénète; 3° F. TAMBRONI, menus problèmes falisques; 4o G. de GREGORIO et F. SEYBOLD, les mots siciliens d'origine arabe;

50 G. de GREGORIO, étymologie et lexicographie romanes au point de vue spécial des dialectes siciliens; 6o G. de GREGORIO, sur la simplicité de deux articulations prépalatales (en français, il s'agit du c et du g italiens, et autres consonnes similaires dans d'autres langues que ces articulations soient simples, mi-occlusives, et non doubles ni continues, c'est une thèse absolument incontestable, mais moins neuve qu'il ne semble à l'auteur; encore faut-il distinguer entre la consonne de l'italien oggi et celle du français adjurer, entre celle de l'anglais church et celle de l'allemand petschaft). — V. H.

MM. Niederle, Pastrnek, PolivKA et ZUBATY viennent de faire paraître la seconde année de leur Vestnik slovanské filologie (Prague, 1902), comprenant la bibliographie de tous les travaux publiés en 1901 sur la philologie et l'archéologie slaves. Cette excellente publication comble une lacune très grave; les auteurs qui ont eu le courage de l'entreprendre et la force de le réaliser ont droit à la reconnaissance de tous les slavistes. A. MEILLET.

-

- M. N. SÖDERBLOM, le distingué professeur de l'Université d'Upsal qui s'est fait connaître par d'importantes publications en français, a publié (à Breslau, 1903; pet. in-8°, x11-426 p.) une troisième édition allemande du Kompendium der Religionsgeschichte du regretté Tiele, fortement revue et corrigée. Dans une prochaine édition, il conviendra d'effacer le rapprochement du grec eos et du latin deus qui est indéfendable; et, sans vouloir critiquer l'expression de indo-germanique, usuelle en Allemagne, et qui ne présente aucun inconvénient, il sera permis de noter qu'on ne saurait la défendre par l'observation que les Hindous et les Germains seraient les deux populations extrêmes de langue indo-européenne; ce sont les Celtes qui occupent l'extrémité ouest du domaine. A. MEILLET.

-M. N. P. KONDAKOV dont on connaît les beaux travaux sur l'histoire de l'art byzantin, vient de publier pour l'académie des sciences de Saint-Pétersbourg un volume Pamiatniki christianskago iskousstva na Afouié (Monuments de l'art chrétien au mont Athos). Ce volume est accompagné de 49 phototypies et de 103 dessins dans le texte. L. L.

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M. Vsevolode MILLER vient de publier des Digorskia skazania ou Contes digoriens (Bibliot. de l'Institut Lazarev, fasc. xi, Moscou, 1902, in-8° de v-145 pp., I rouble). Ce sont quatorze récits en dialecte digorien, dont deux en vers, qu'il a recueillis auprès de représentants de cette tribu du rameau ossète. Il les a reproduits d'après la transcription qui lui est propre, et traduits en russe. — J. L.

- On attendait depuis longtemps déjà la suite de l'intéressant Album géographique de MM. Marcel DUBOIS et Camille Guy, dont nous avons signalé ici les trois premiers volumes (Aspects généraux de la nature, Régions tropicales, Régions tempérées), auxquels il ne restait plus à joindre que la France et ses colonies pour achever le tableau de la terre entière. C'est ce dernier sujet qui est traité dans le volume qui vient de paraitre : Les colonies françaises (Libr. Armand Colin, pet. in-4°, texte et 550 reproductions; 244 pages; prix: 15 fr.). On sait la disposition de cette publication. Chaque chapitre comprend, à peu près uniformément, un texte général de 4 pages, et 12 pages de vues pittoresques ou ethnographiques, élucidées, chacune, par une légende précise et documentée. Ces vues sont petites, mais nettes, et le plus souvent inédites, prises sur place, envoyées par des correspondants, des voyageurs, devenus ainsi comme des collaborateurs de l'œuvre. Aussi bien l'Album géographique, si bien commencé, semble-t-il encore en progrès, tant les auteurs ont su donner sur chaque chose le plus de renseignements sûrs et récents en le moins de phrases possible. C'est l'idéal de l'enseignement par les yeux, qui est si important dans l'étude de la géographie.

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revue critique D'HISTOIRE ET DE LITTÉRATURE

Le dernier et cinquième volume à paraître, la France, est annoncé comme sous presse. H. DE C.

La librairie Ludwig ROSENTHAL publie son Catalogue CV, Incunables et Bibliographie des livres imprimés avant 1501 (Munich, 16, Hildegardstr.), avec 48 fac-similés. Il comprend 2,002 numéros et 272 pages. Parmi les livres décrits, deux cents environ ne figurent pas dans Hain. Les livres sont classés par lieux d'impression. En tête figure le Missale speciale de Constance qui a été depuis quatre ans l'objet de tant d'études.

L.

ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES

Séance du 29 mai 1903.

La municipalité de Chartres invite l'Académie à la cérémonie de l'inauguration du monument qui vient d'être élevé dans cette ville en l'honneur de Pasteur. M. Cagnat fait connaître, de la part de M. le Dr Carton, que les fouilles de Sousse, subventionnées par l'Académie, ont été commencées et ont déjà amené la découverte de lampes, de petits autels et de stèles puniques, ainsi que de l'orchestre d'un théâtre.

M. Leger entretient l'Académie des travaux entrepris pour la conservation de la croix dite de Bohême, située sur le champ de bataille de Crécy (commune d'Estrées), M. Héron de Villefosse communique, au nom de MM. de Gérin-Ricard et l'abbé Arnaud d'Agnel, une note sur la découverte d'un trésor monétaire très considérable, faite à Tournes en 1866. Les détails relatifs à cette découverte sont consignés dans un acte qui figure aux registres de la Chambre des comptes de Provence. Toutes ces monnaies, au troisième type d'Apollon avec revers à la roue accompagnée des lettres MA entre les rayons, avaient été frappées à Marseille. On recueillit une telle quantité de numéraire que, selon le rédacteur de l'acte, on l'évalua à la charge de vingt mules.

M. Charles Bayet entretient l'Académie des récentes découvertes faites par la mission J. de Morgan, puis de la cérémonie de la remise officielle du Musée de Delphes par l'École française d'Athènes au gouvernement grec.

M. Philippe Berger communique, de la part de M. Perdrizet, un petit monument acheté par lui à Saïda. C'est une petite plaque en bronze qui porte, en grec, les mots suivants : « De la synagogue d'Ornithocomé », qui constituent la première mention de cette synagogue de Juifs parlant grec ou de syriens hellénisés. M. Perdrizet propose d'identifier Ornithocomé « le bourg des Oiseaux » avec Ornithopolis, ville située entre Tyr et Sidon et mentionnée dans plusieurs textes littéraires de l'antiquité.

M. Edmond Pottier montre un fragment de vase grec qui représentait un cheval modelé en ronde bosse et récemment acquis par le Musée du Louvre. C'est un vase identique à celui dont les fragments ont été retrouvés par M. de Morgan à Suse. Grâce au nouveau fragment qui porte une signature d'artiste, on peut maintenant nommer l'auteur de ces œuvres céramiques, dont la technique est remar quable. Il s'appelait Sotadès, et il est connu par une série importante, en particulier par de très jolies coupes à fond blanc. Il travaillait donc déjà entre les deux guerres médiqués, entre 490 et 480, et fabriquait non seulement des coupes, mais aussi de beaux vases plastiques.

MM. Capitan, Breuil et Peyrony signalent de nouvelles gravures préhistoriques découvertes par eux sur les parois d'une grotte d'un accès fort difficile, la grotte de Bernifal située aux environs des Eyzies (Dordogne). C'est la huitième grotte connue à parois gravées, et la quatrième signalée aux environs des Eyzies. Elle est formée de trois grandes salles, d'une longueur totale de 72 mètres, à parois couvertes de stalagmite épaisse. Les figures, qui ne sont visibles que dans la salle du milieu, sont au nombre de 26, réparties en 12 groupes. Ce qui est spécial à cette grotte, c'est le nombre élevé (12) des signes triangulaires où l'on peut voir la figuration de la maison ou de la hutte. L'un d'eux, jusqu'ici unique, semble représenter une hutte couverte de terre ou de peaux jetées sur la charpente. Plusieurs de ces figures sont gravées sur le corps des mammouths et ont peut-être une valeur magique.

Léon DOREZ.

Propriétaire-Gérant: ERNEST LEROUX.

Le Puy. Imprimerie Régis MARCHESSOU, boulevard Carnot, 23.

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