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Thesaurus Palaeohibernicus, a collection of Old-Irish glosses scholia prose and verse edited by Whitley Stokes and John Strachan. Vol. I. Biblical glosses and scholia. Cambridge, at the University Press, 1901, gr. in-8°, xxvIII-727 pages.

Tandis que les textes en moyen irlandais sont aujourd'hui facilement accessibles ', les textes en vieil-irlandais qui sont d'un intérêt philologique plutôt que littéraire étaient, jusqu'à l'importante et luxueuse publication que nous annonçons, dispersés dans des revues de linguistique et des publications inachevées. MM. Whitley Stokes et Strachan nous donnent dans ce volume les gloses bibliques; le second tome contiendra les gloses non bibliques, les inscriptions ainsi que les textes en prose et en vers des manuscrits antérieurs au x1° siècle. Si l'accueil fait aux deux premiers volumes par les savants d'Europe et d'Amérique le permet, l'ouvrage se terminera par un lexique alphabétique du vieil-irlandais avec la signification des mots en anglais. Souhaitons que ce volume puisse voir le jour; car nous aurions pu nous résigner encore quelque temps à nous passer d'un corpus des monuments du vieil-irlandais; mais les études de gram. maire et de lexicographie irlandaise manqueront de sûreté et de précision tant que nous n'aurons pas au moins un index alphabétique pour nous guider. Le lexique des Irische Texte de Windisch contient peu de vieil-irlandais. Le glossarium palaeo-hibernicum d'Ascoli, très précieux pour étudier l'étymologie irlandaise, n'est d'aucun secours pour la traduction des textes, car les mots y sont rangés dans l'ordre des racines; il est, de plus, inachevé et la publication en semble interrompue.

Les gloses bibliques en viel irlandais peuvent être utiles pour l'histoire religieuse de l'Irlande. Mais on y cherche surtout des renseignements sur l'état du vieil-irlandais. Traduites pour la première fois par Zeuss dans la Grammatica celtica, elles ne laissent pas de présenter encore quelques difficultés d'interprétation. Ces difficultés sont souvent d'ordre paléographique ; quelquefois, d'ordre grammatical ou lexicographique; les divers éléments d'une même formation syntactique, le verbe avec les particules temporelles et les pronoms compléments, le nom avec l'article et les suffixes démonstratifs ne sont pas séparés les uns des autres; enfin, comme les gloses constituent le plus souvent une paraphrase ou une explication, non une traduction du texte latin, le sens des mots que l'on n'a pas encore relevés en moyen-irlandais ne peut être déterminé que par conjecture. Les auteurs du Thesaurus palaeohibernicus nous donnent au haut de chaque

1. On les trouve dans les Irische Texte de Windisch et Stokes, dans la Silva Gadelica de St. H. O'Grady; dans la Revue celtique et la Zeitschrift für Celtische Philologie.

page le texte latin glosé; puis à la suite les gloses irlandaises; enfin la traduction en anglais de celles de ces gloses qui ne sont pas purement et simplement la traduction du texte latin. La traduction des gloses de Wurzbourg avait été donnée par Stokes en 1887 dans le livre intitulé The Old Irish Glosses at Würzburg and Carlsruhe. Quant aux gloses de Milan qui constituent la plus importante collection, elles n'avaient jusqu'ici été traduites qu'en partie. MM. Stokes et Strachan nous offrent donc sur ce sujet, indépendamment des correc. tions aux éditions déjà données, un travail entièrement nouveau. Leur interprétation ne manquera pas sans doute de prêter à quelques critiques de détail. Il me semble qu'il est impossible de proposer des solutions sûres des problèmes divers que posent les gloses en vieilirlandais, tant que nous n'aurons pas un relevé lexicographique complet de tous les mots et de toutes les formes qu'elles renferment.

G. DOTTIN.

Togail Bruidne Dâ Derga, The destruction of Dâ Derga's hostel, edited with translation and glossarial index by Whitley Stokes. Paris, Bouillon, 1902, in-8°, XI-199 pages (tirage à part de la Revue celtique, t XXI-XXII).

Le Togail Bruidne Dâ Derga est un des textes les plus curieux de l'ancienne littérature irlandaise. Il est conservé dans huit manuscrits dont le plus ancien date de la fin du xr siècle et, le plus récent, de 1453. L'événement qui forme la trame du récit, la mort de Conairé le Grand, roi d'Irlande, dans le château de Dâ Derga, remonte à l'année 31 avant J.-C. ou à l'année 43 après J.-C. d'après les Annales de Tigernach. Mais l'histoire tient peu de place dans ce récit. Le mot d'épopée, par lequel on désigne les compositions en prose mélangée de vers, qui constituent le fonds de la littérature irlandaise du moyen âge ne laisse pas de prêter à quelques malentendus. Le récit épique des Irlandais est rarement de l'histoire ornée et en partie versifiée. C'est plus souvent un conte mythologique, un roman auquel on a rattaché tant bien que mal des personnages historiques. Et l'histoire proprement dite n'a guère plus de valeur dans le Togail Bruidne Dâ Derga qu'elle n'en a dans Huon de Bordeaux.

L'intérêt de ce texte est donc, avant tout, mythologique. En irlandais moderne bruidhean signifie «< château des fées ». Je ne suis pas persuadé qu'il n'ait pas eu déjà ce sens au moyen âge. Dans l' « hôtel » de Dâ Derga en effet on trouve des centaures, des géants, des hommes rouges venant du palais des fées. Conairé est soumis à un grand nombre de ges, c'est-à-dire de tabous. Le long dialogue entre Ingcél et Ferrogain, où le premier décrit minutieusement ce qu'il a vu dans les diverses chambres de l'« hôtel », tandis que le second nomme les personnages ainsi dépeints et indique leurs fonctions,

abonde en détails étranges. Les vêtements et les armes sont l'objet de longs développements. Les archéologues y pourront trouver de nombreux renseignements sur l'ancienne civilisation de l'Irlande, à condition toutefois qu'ils fassent la part de l'imagination du conteur. En tout cas, pour être utile et donner tous les renseignements qu'on y cherchera, le texte du Togail Bruidne Dá Derga devra faire l'objet d'un commentaire étendu qui en explique les obscurités et qui fasse les rapprochements nécessaires avec les détails de folklore ou les documents archéologiques déjà publiés.

L'éminent celtiste, auquel nous devons la publication d'une grande partie de la littérature irlandaise nous donne l'essentiel, c'est-à-dire un texte irréprochable, où selon l'usage des éditeurs modernes de textes irlandais les abréviations des manuscrits sont développées en italiques; en note les principales variantes des divers manuscrits sont signalées. Un index de près de 1,200 mots contient les mots rares ou les acceptions dont on n'avait point encore d'exemple. Sur ce nombre, il n'y en a guère que quatre-vingts dont la signification soit inconnue ou douteuse. Cette simple constatation, si l'on songe qu'il y a cinquante ans les manuscrits irlandais étaient lettre morte pour les savants tant des îles Britanniques que du continent, révèle les progrès réalisés dans le domaine des études celtiques. Dans un avant-propos M. d'Arbois de Jubainville donne un relevé chronologique des publications de textes irlandais depuis 1853 jusqu'à nos jours. C'est un intéressant complé ment à la revue générale de la littérature irlandaise publiée dans la Revue de synthèse historique (juillet-août 1901).

G. DOTTIN.

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J. DÉCHELETTE, L'archéologie celtique en Europe (extrait de la Revue de synthèse historique, juillet-août 1901) gr. in-8° 30 p.

J. Déchelette, Le hradischt de Stradonic en Bohême et les fouilles de Bibracte, étude d'archéologie comparée (extrait du congrès archéologique de Mâcon, juin 1899), gr. in-8°, 64 p. et 4 pl.

Dans la première de ces brochures, M. Déchelette expose ce qu'on a fait et ce qui reste à faire dans le domaine de l'archéologie celtique: On regarde généralement les Celtes comme les auteurs de la civilisation dont on trouve des vestiges dans l'Europe centrale et occidentale pour les huit derniers siècles avant notre ère. Cette civilisation comprend deux périodes distinctes; la première a son type le plus achevé dans la nécropole de Hallstatt, province de Salzburg, en Autriche, et la seconde est dénommée époque de la Tène, du nom d'une station située sur le lac de Neufchâtel. Le terme d'archéologie celtique est peut-être trop précis, car l'unité de civilisation n'implique pas nécessairement l'unité de langage; les Germains, peut-être même les Illyriens et les Vénètes, ont eu sans doute leur part de création dans

l'industrie et l'art décoratif de l'Europe centrale. M. D. étudie successivement les travaux publiés en France et à l'étranger sur l'époque hallstattienne et l'époque de la Tène. Il résulte de cette sorte d'inventaire qui figure parmi les meilleures des revues générales dont la Revue de synthèse historique poursuit avec un si légitime succès la publication, que si les monographies locales sont maintenant nombreuses et témoignent de recherches poursuivies avec méthode, les études comparatives qui permettraient de coordonner les résultats épars et de faire la synthèse de l'archéologie celtique sont encore malheureusement trop rares.

Le mémoire de M. D. sur le hradischt, c'est-à-dire l'oppidum, de Stradonic comparé à l'oppidum de Bibracte, est un excellent modèle d'étude d'archéologie comparée. Les deux oppida sont à peu près d'égale étendue; celui de Stradonic a 140 hectares, celui du Mont Beuvray, 135 hectares. Les monnaies ont été trouvées en grand nombre dans l'un comme dans l'autre ; or, les mêmes types de monnaies gauloises et de monnaies étrangères se trouvent à la fois à Stradonic et au Mont-Beuvray. Les fibules, les bronzes émaillés, la céramique, les armes, les outils, les anneaux et bracelets de verre ou de bronze trouvés dans les deux oppida sont de matière, de forme, et de fabrication identique. Quant à l'histoire du hradischt, M. Pic, directeur du musée de Prague, pense que l'oppidum de Stradonic fut occupé par les Marcomans de Marbod chassés jusqu'en Bohême par Drusus (12-9 avant J.-C.). Aux Marcomans se seraient joints des Séquanes et des Éduens mécontents de la domination romaine. Ainsi s'expliquerait la parenté de l'oppidum des Éduens de Gaule avec l'oppidum peuplé en partie par des Éduens émigrés en Bohême. M. D. est d'avis que cette hypothèse est possible, mais qu'elle n'est pas nécessaire pour expliquer les faits observés. L'argument que la poterie peinte trouvée à Bibracte et à Stradonic est absente de la région comprise entre la Suisse orientale et la Bohême est d'ordre négatif et provisoire; il peut être ruiné d'un moment à l'autre par de nouvelles découvertes. Si Stradonic n'avait été détruit que lors de l'expulsion des Marcomans en l'an 19 après J.-C., on devrait y trouver au moins quelques monnaies de César et d'Auguste. Enfin les fibules contemporaines d'Auguste, et dont on a recueilli des exemplaires à Bibracte, oppidum abandonné vers l'an 5 avant J.-C., font complètement défaut à Stradonic. Il est donc probable, comme le suppose M. Déchelette, que Stradonic était un oppidum boien fondé dans le cours du premier siècle avant notre ère et détruit peut-être à l'arrivée de Marbod, vers l'an 10 avant J.-C. G. DOTTIN.

A. HOLDER, Alt-celtischer Sprachschatz, dreizehnte Lieferung, Poetanion-Sacrillos; vierzehnte Lieferung, Sacrilus-Sextus, col. 1025-1536. Leipzig, Teubner, 1901-1902.

Les principaux articles de ces deux livraisons sont Ratumagos, reda,Redones, Remi, Renos, Rodanos, Rutaeni, sagos, Santoni, Scordisci, Scotti, Sedatus, Seneca, Senones, Sequana, Sequani.

Le rapprochement des noms de Rouen, Ratomagos, Rotomagos et de l'irlandais Mag-Rath (col. 1079) est assez satisfaisant au point de vue phonétique, si l'on admet que le thème vieux-celtique ratâ- en irlandais rath peut, en composition, présenter la forme rato-. Il faudrait donc expliquer Ratomagos par « plaine de la forteresse », l'irlandais rath, ayant le sens de « rempart de terre ».

Il serait possible qu'il y eût quelque relation entre les mots Burrus, Caburrus, Reburrus, de même qu'entre Satus, Casatus, Resatus et que re-, ca- fussent les restes du premier terme d'un composé.

S'il est exact de confondre (col. 1094) Rectugenos ou Rextugenos avec Retugenus, Reitugenus, Rhoetegenus, Retogenes, ces diverses formes du même mot nous représenteraient l'évolution complète du groupe ct en vieux-celtique, le c devenu spirante: Rextugenos, puis palatalisé : Reitugenus; enfin disparu, Retugenus. Mais, à côté de Retugenus, on a Ritogenus qui semble bien être pour Ritu-genus. Pour l'alternance de e et de i, cf. Vero-, Viro-; Vendu-, Vindo-.

La difficulté que présente l'évolution de Samara en Somme serait en partie supprimée si dans Samarobriva (col. 1336), ro- était un préfixe devant se rattacher au deuxième terme, et si la leçon la meilleure était celle de la Table de Peutinger : Sammarobriva. Un préfixe comparable à ro- serait co dans Duro-co-brivis cf. Duro-brivae, Domno-veros, cf. Domno-co-veros.

Sanomus Portus (col. 1350) est vraisemblablement pour Sanomagus cf. Seno-magus.

Sedunum (col. 1436) peut représenter un ancien *Sedo-dunum cf. Sedo-ialus.

G. DOTTIN.

Diodor von Tarsus, vier pseudojustinische Schriften als Eigentum Diodors; nachgewiesen von Ad. HARNACK. Leipzig, Hinrichs, 1901 (Texte u. Untersuchungen, neue Folge, VI, 4). iv-251 pp. in-8. Prix : 8 Mk.

Parmi les œuvres attribuées à saint Justin, se trouvent les quatre écrits suivants : 1° Quaestiones et responsiones ad orthodoxos; 2° Quaestiones Gentilium ad Christianos; 3° Quaestiones Christianorum ad Gentiles; 4° Confutatio dogmatum Aristotelis. M. Harnack a entrepris de les attribuer à Diodore de Tarse. Diodore est un contemporain et un ami de saint Basile et de saint Chrysostome; il

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