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drons mieux les périodes antérieures de l'individualisme et du subjec tivisme. Peut être la flammé de ce premier fanal sera-t-elle jugée un peu fumeuse, car la terminologie de l'historien ne laisse pas de mettre dans l'embarras.

M. L., qui voit dans l'art l'expression essentielle de la civilisation pour la période dont il s'occupe, étudie dans quatre chapitres successifs l'évolution que la musique, la peinture, la poésie et enfin la spéculation ont subie sous l'influence de cette forme nouvelle de l'âme nationale, la Reizsamkeit, la sensibilité suraiguë. Wagner et ses successeurs sont au centre du premier chapitre et tous les nouveaux éléments dont s'est enrichie par eux la musique moderne y sont analysés dans le détail. Dans le second chapitre, la peinture — les autres arts plastiques, malgré le titre, sont sacrifiés est étudiée avec plus de minutie encore dans son développement. Il est ici en effet plus complexe et étroitement lié à l'évolution de l'art anglais et français. En Allemagne il aboutit à un impressionisme marqué dans d'illustres représentants, Feuerbach, Böcklin, Thoma, Klinger, et qui, de physiologique qu'il était à l'origine, évolue vers une forme psychologique. La poésie en prenant le mot dans son large sens allemand présente un processus analogue que l'auteur suit plus spécialement dans la lyrique, le roman et le drame. Le dernier chapitre enfin envisage les transformations de l'éthique, en s'arrêtant aux apôtres de la régénération par l'art, en particulier au plus grand d'entre eux, Nietzsche; il glisse plus vite sur la métaphysique, la psychologie et la science.

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Il n'est pas possible d'aborder la critique de détail de l'ouvrage. Beaucoup y trouveront des lacunes, même après les réserves de l'auteur, et beaucoup ne partageront pas tous ses jugements; il ne se fait lui-même là-dessus aucune illusion. Mais que vaut sa théorie? Est-il absolument prouvé que les intérêts artistiques soient les intérêts dominants du monde allemand moderne? J'ai le pressentiment que le second volume attendu pourrait bien ébranler les fondements du premier. Quant à toutes ces manifestations de l'hypéresthésie contemporaine, ce qui fait le fond de l'ouvrage, nous savons qu'elles ne sont pas bornées à l'Allemagne; elles sont réelles sans doute, et nous devons maintenant à leur historien de les mieux connaître; mais ne sont-elles pas surfaites? Leur valeur véritable nous apparaît-elle ? Dirions-nous qu'en Rodin, Verlaine et Barrès s'incarne la psyché française moderne ?

M. Lamprecht ne veut étudier que les transformations des nouvelles tendances; elles seules, pour lui, constituent l'histoire. Mais les anciennes ne conservent-elles pas aussi leur droit historique? est-il bien sûr que là où il voit le terme final d'une évolution, il n'y ait pas plutôt absorption dans un courant ancien? En fait la dernière expression du mouvement artistique paraît bien être dans tous les domaines

une nouvelle forme d'idéalisme. L'Allemagne est restée « le peuple des poètes et des penseurs » (p. 471). L'auteur est heureux de le constater et il s'autorise de cette constatation pour rassurer les esprits troublés par la crainte d'une décadence dont ils s'inquiètent en comparant certaines manifestations de la vie barbare aux derniers fruits qu'a fait naître l'hypersensibilité. Craintes injustifiées et ressemblances plus spécieuses que réelles. On peut en résumé contester les principes et les conclusions de l'auteur, mais on suivra toujours avec profit ses analyses dans son livre et on y recueillera en outre beaucoup d'idées fécondes que j'aurais eu plaisir à signaler, si l'espace l'eût permis. L. ROUSTAN.

Max LENZ, Geschichte Bismarcks. Leipzig, Duncker et Humblot, 1902, 8o-p. 455, Prix : mk. 6 40.

L'auteur nous prévient que son livre est à peu près l'exacte reproduction de l'article qu'il a écrit pour l'Allgemeine Deutsche Biographie (vol. 46). Il faut donc lui tenir compte de certaines réserves que ce genre de publication lui imposait. Peut-être que la forme d'un ouvrage indépendant eût laissé au jugement personnel de l'historien comme à l'examen critique de certains points délicats une marge plus grande. Tel qu'il est, son livre se recommande par la plus scrupuleuse objectivité; il ne s'accompagne au cours de cette longue période historique que des sources les plus sûres, et lorsqu'elles font défaut, nous sommes loyalement avertis que notre jugement est à réserver.

M. Lenz n'a pas voulu écrire une biographie de Bismarck. Il a glissé sur la jeunesse, et volontairement écarté tout ce qui a suivi la retraite forcée du chancelier. De l'homme privé non plus il n'avait rien à dire, ne se proposant que d'écrire l'« histoire de Bismarck ». Elle commence vraiment à la mission de Bismarck à Francfort ce qui précède n'est qu'une seconde introduction après la première, et dès ce moment M. L. analyse avec une heureuse précision cette diplomatie si prudente et si hardie, si souple et si tenace, qui devait écarter la rivalité de l'Autriche, fonder l'autonomie politique de la Prusse et lui donner l'hégémonie en Allemagne. Beaucoup des historiens de Bismarck, et Bismarck lui-même, ont confondu à dessein ou inconsciemment son double rôle d'émancipateur de la Prusse et de fondateur de l'unité allemande. M. L. a nettement séparé ces deux points de vue dans son livre et montré que la politique de Bismarck resta longtemps prussienne avant de devenir nationale. On ne nous avait pas encore présenté avec autant de netteté l'hostilité et l'inintelligence que Bismarck avait trouvées autour de lui, dans les Chambres, dans la cour, dans la nation, pour faire triompher ses desseins à longues vues. Je ne sais point si cette étude minutieuse n'a pas fait grossir à l'auteur les difficultés que son héros rencontrait sur sa route. Il est par

exemple exagéré d'affirmer (p. 310 et suiv.) que l'Autriche en 1866 était un rival très redoutable, alors qu'elle venait de dévoiler sa faiblesse dans la guerre de 1859 et plus récemment encore dans la campagne du Schleswig. D'ailleurs, on le sait assez, le puissant appareil militaire de la Prusse fut le premier élément de succès de la politique de Bismarck; son habileté a été de le faire intervenir à son moment pour la servir, sans jamais hésiter à la mettre à la merci d'une défaite possible.

Tout l'effort de Bismarck porta sur la politique extérieure. C'est elle aussi que M. L. traite le plus largement, mais il n'a pas négligé l'autre. Il est aisé de voir qu'à l'intérieur Bismarck se faisait illusion sur la gravité des obstacles à surmonter, parce que là il lui manquait la force matérielle qui sur les champs de bataille donne raison aux combinaisons diplomatiques. Il s'est trompé parfois, et son historien ne craint pas de l'avouer le Reichstag n'est pas devenu l'institution qu'il attendait, un contrepoids naturel aux tendances particularistes des États secondaires; le parti du centre est sorti plus fort de ses persécutions et de ses avances ensuite; enfin avec aussi peu de succès il a tour à tour rudoyé et caressé le socialisme. L'impartialité que le patriotisme fait si difficile aux contemporains n'a pas empêché M. Lenz de payer à son héros le tribut d'une admiration légitime; il faut lui savoir gré de l'avoir fait aussi sobrement. Son livre offrira un guide sûr à tous ceux qu'intéresse non seulement l'évolution de l'Allemagne, mais encore l'histoire de l'Europe au xix siècle.

L. ROUSTAN.

-M. H. FRANCOTTE, le savant belge connu pour ses travaux sur la constitution athénienne et sur l'industrie dans la Grèce ancienne, vient de traiter un des problèmes, qui est, comme il le dit lui-même, un des plus importants de l'histoire grecque, celui de la Formation des villes, des états, des confédérations et des ligues dans la Grèce ancienne (Extrait des Bulletins de l'Acad. royale de Belgique, classe des Lettres, etc., nos 9-10, 1901). Un pareil sujet ne peut être traité complètement dans un article de revue; M. F. l'a parfaitement compris ; il a voulu seulement étudier quelques-unes des conditions dans lesquelles ces faits se sont produits. Le sujet est traité avec la compétence qu'on pouvait attendre de l'auteur. Il nous semble cependant que M. F. n'a pas tenu assez compte, au moins pour les temps les plus anciens, de l'importance de l'élément religion dans cette opération qui aboutit à l'unité ou à la centralisation politique d'un état et que les Grecs appelaient le synoikismos. Athènes, par exemple, après la centralisation attribuée à Thésée, devient la capitale à la fois politique et religieuse de l'Attique. Il y avait là quelques indications à donner. Albert MARtin.

La collection des auteurs grecs et latins publiée par la librairie G. Freytag de Leipzig, vient de s'enrichir de deux nouveaux volumes : l'un est une édition de la Médée d'Euripide par M. O. Altenburg (p. xx-56), l'autre est un choix de morceaux des lyriques grecs (Griechische Lyriker in Auswahl, p. vIII-104) par M. Alf. RIESE. Pour ce dernier ouvrage, c'est seulement une 2e édition de la première partie qui vient de paraître; elle contient les textes des lyriques; il y a un

second volume consacré au commentaire; ce second volume ne paraît pas épuisé. L'édition de Médée est précédée d'une introduction assez longue pour un si petit livre; ce que dit l'auteur est généralement juste. Il énumère toutes les imitations qui ont été faites jusqu'à nos jours, de la pièce d'Euripide; pourquoi n'a-t-il pas même mentionné le nom du poète qu'Euripide a probablement imité, Néophron ? M. A. a-t-il le droit de dire qu'Euripide a été le plus fécond des tragiques grecs? Sophocle a produit plus que lui. M. A. a corrigé le texte en plusieurs endroits : v. 14, inutile; 234, meilleur; 708 forcé; 737, acceptable, ainsi que 890 et 943. Aux vers 160 et 1139, l'auteur met dans le texte les corrections excellentes que M. Weil a faites de ce passage; mais il ne les mentionne pas dans sa liste des passages corrigés est-ce parce que ces corrections proviennent d'une édition française? A. M.

- M. Émile GEBHART, le spirituel conteur, a publié il y a quelques mois un volume intitulé : D'Ulysse à Panurge, contes héroï-comiques (Hachette, 1902), qui n'est pas sans doute inconnu de nos lecteurs. Ce volume renferme quatre récits : Les dernières aventures du divin Ulysse; Le roi Trimalchion; Évohé! et Le Mariage de Panurge. La Revue critique ne s'occupe pas d'ordinaire de ces sortes d'ouvrages, dont la fantaisie fait le fond, et dont le but est uniquement de divertir le lecteur. Elle peut cependant faire une exception pour le livre de M. G.; les personnages qu'il met en scène, Ulysse et Hélène, Trimalchion et Néron, Panurge et frère Jean des Entommeures, nous sont familiers, et ils se meuvent dans des cadres qui ne nous sont pas moins connus. Des descriptions sobres, mais exactes, des pays grecs et romains, une humour légèrement voilée, et, si j'ose le dire, une pointe d'ironique malice qui ne peut surprendre ceux qui connaissent bien l'auteur, ajoutent à l'intérêt des aventures qu'il raconte en un style vif et image. Le mariage de Panurge, dans la fin, est comme un écho de Candide, et Le roi Trimalchion a rappelé à mon souvenir un livre bien oublié aujourd'hui, de J. de Saint-Félix, Les nuits de Rome; mais Évohé! quoique de beaucoup le plus court, me semble le mieux conçu et le plus spirituellement écrit. — Mr.

Malgré la date (février 1900), nous venons seulement de recevoir de Lund les Adversaria in Latinos scriptores de M. S. LINDE (59 p., in-4o). Trois chapitres : le premier (44 p.) sur Sénèque le philosophe, le second (45-55) sur Sénèque le rhéteur, le dernier, de 4 pages, sur divers auteurs (Tite-Live, XXI, Cicéron, De finibus, III, 4, 15, Catulle, LXII, 56: pour ce dernier texte, M. L. montre simplement qu'il ignore ou méconnaît ce qu'on sait de la valeur médiocre des citations de Quintilien). M. L. nous donne, sur les lettres de Sénèque, son travail tel qu'il l'avait rédigé avant qu'on eût l'édition Hense (?). Comme dans tous les recueils analogues, il y a ici une grande inégalité; des rapprochements, des interprétations et des conjectures contestables. Mais M. L. a le mérite d'être de l'école de Gertz, de défendre souvent la tradition manuscrite ou de s'en rapprocher le plus possible. J'ai relevé aussi plusieurs corrections très simples et fort ingénieuses. L'impression, surtout pour le grec, laisse à désirer. — É. T.

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M. ZINGERLE Continue, dans la collection Freytag, l'édition de la quatrième décade de Tite-Live; présentement il nous donne le XLIIIe livre (pour XLI, voir la Revue de 1899, I, p. 500; pour XLII, celle de 1901, I, p. 119 en haut). C'est toujours la même méthode, le même soin; et ici encore M. Joseph Zingerle` a vérifié les moindres corrections ou grattages du ms. de Vienne. Grâce à M. Z. nous échappons définitivement à l'ennui de ces collations divergentés (Gitlbauer, etc.) du ms. de Vienne qui embrouillaient nos récents apparats, y compris celui de H. J. Müller. Dans tout ce que j'ai vu, l'édition est commode et correcte. Il est

fâcheux seulement que l'astérisque soit employée d'une manière équivoque, à la fois pour les conjectures communiquées par M. H. L. Müller et pour les leçons traitées par M. Z. dans un article des Actes de l'Académie de Vienne. P. 8, à l'apparat sur la ligne 6, il faut un point après Bos (il s'agit du fameux Bosius). P. 15, à la 1. 20, la virgule doit être reportée après ut. . É. T.

Nous avons reçu dans The Cambridge Series for Schools and Training Colleges, deux petits volumes de M. A. SIDGWICK, M. A. reader in Greek in the University of Oxford, The Eneid of Vergil, Book X, et Book XI. Ce sont des livres pour commençants, comme le prouvent assez les Index joints à chacun des livres. Dans chacun des volumes, après le texte, se trouve une liste des passages imités d'Homère, et un schema sur les sens et l'emploi du subjonctif dans le livre; en tête, une introduction qui semble faite de pièces et de morceaux (forme du poème; sujet et plan du poème; résumé de la légende; principales comparaisons employées dans le livre; résumé de la vie de Virgile; note sur le mètre; règle de l'élision; règle de la césure; note sur l'emploi de manu dans Virgile).

-Voici dans la collection Sandron (Milan-Palerme-Naples) dont j'ai eu déjà occasion de parler (Revue du 2 déc., p. 423), un nouveau volume contenant un choix des Métamorphoses d'Ovide, de M. Francesco VIVONA, prof. à Palerme (pourquoi M. V. a-t-il toléré qu'on écrive en tête P. O. NASONE?) L'auteur a le mérite d'indiquer nettement dans sa préface que le Commentaire a été écrit uniquement pour des écoliers. Il a donc écarté tout ce qui ne peut leur servir, et d'autre part réuni tout ce qui peut les aider, « en usant de ces procédés de suggestion qui réussissent si bien dans l'interprétation des classiques ». Il y aura en tout trois volumes (n'est-ce pas beaucoup ?). Celui que nous avons (152 p.), contient des morceaux empruntés aux livres I-V. Pour le texte, la base est Merkel mitigé par les autres éditeurs. Une seule conjecture de M. V. I, 173, at fronte. Il compte traiter cette question et d'autres dans un appendice critique qui se trouvera à la fin du dernier volume. Les passages omis sont représentés par de longues notes qui en donnent le contenu compléments bien inutiles selon moi; les Métamorphoses ne sont pas un de ces livres dont toutes les parties servent au tout, et il y a d'autres omissions, nécessaires, je le veux bien, dans une édition classique, que l'on se garde d'expliquer. L'inconséquence cependant saute aux yeux. Pourquoi pas de table des morceaux choisis? Pourquoi aucun titre aux différents morceaux? Au bas de la p. xxiii, écrire Engelmann. – É. T.

- Deux nouvelles brochures de M. PASCAL, professeur à l'Université de Catane : d'abord une note lue à l'Académie de Naples : di una fonte greca del « Somnium Scipionis » di Cicerone (11 p.); en voici le résumé : tout en s'inspirant de Platon, Cicéron, de fait, ne lui emprunte presque rien. L'idée de recourir au cadre d'un songe lui est venue d'Ennius. On ferait aussi, du Songe avec le même poète, d'autres rapprochements; mais ils ne portent que sur des détails et ils sont secondaires. Mais pour quatre chapitres (I-VI) sur les neuf que nous avons. M. P. croit que Cicéron suit un original auquel on n'eut guère pensé, un petit poème de l'époque alexandrine : l'Hermès d'Eratosthène. Pour celui-ci, se fonder sur l'édition de Hiller (1872). — Du même auteur, quelques notes sur le premier livre de Lucrèce : aux vers 15 (le vers ajouté serait de Pontanus, non de Marulle), 40, 50, 132 (il est question là du délire de la fièvre, non de folie), 140, 159 et 188. Passim rectifications aux explications de Giussani.

- M. Attilio GENTILE, dans un article de l'Archeografo Triestino (XXIV, 2, P. 79-90) intitulé: Del poema di Ostio sulla guerra istriana, résume clairement ce que nous savons du poète et de son œuvre. Le sujet, quoique général, se rattache

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