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A Monsieur S. Broni

Gouverneur général de l'Indo-Chine p.

ancien

Résident

supérieur

au

Conkin

i.

NOTRE TRANSCRIPTION DU CAMBODGIEN

PAR M. L. FINOT

Directeur de l'Ecole Française d'Extrême-Orient

On discute depuis longtemps sur le meilleur mode de noter en lettres latines. les mots de la langue cambodgienne, sans qu'on ait réussi jusqu'à présent à tomber d'accord, non seulement sur les détails, mais sur le principe même de cette notation. En abordant de nouveau cette question épineuse, nous n'espérons pas un meilleur succès que nos devanciers; mais, comme il est nécessaire d'adopter un système uniforme pour les travaux de l'Ecole Française, nous avons le devoir de faire connaître celui que nous croyons le meilleur et de donner les raisons de ce choix.

Ajoutons, pour prévenir tout malentendu, qu'il ne s'agit nullement, dans notre pensée, de substituer l'alphabet latin à l'aksar khmer pour la publication de textes cambodgiens, mais simplement d'établir une orthographe rationnelle pour les noms propres, les mots techniques, les citations, les exemples qu'on a l'occasion d'employer dans toute étude relative au Cambodge. Une telle orthographe est le meilleur moyen de prévenir les incertitudes et les méprises; elle a en outre l'avantage de faciliter aux débutants l'acquisition des premiers éléments de la langue.

La langue cambodgienne s'écrit au moyen d'un alphabet indien. Il semble donc tout d'abord assez naturel d'appliquer au cambodgien la transcription littérale en usage pour le sanscrit. Cette solution est d'une simplicité très séduisante, et il faut reconnaître qu'elle lève toutes les difficultés, sauf une: la langue parlée et la langue écrite se trouvent ainsi en complète discordance.

Cette discordance résulte principalement de deux faits :

1° Toutes les explosives sonores du sanscrit (à l'exception d'une seule, 3 da) sont des sourdes en khmer; tandis que, à l'inverse, les deux sourdes, ta et pa, sont des sonores;

2o Les voyelles sanscrites ont pris une prononciation différente, selon qu'elles affectent une consonne sourde ou sonore en sanscrit ainsi les signes

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C'est-à-dire qu'il s'est produit ce singulier chassé- croisé qu'une même articulation consonantique (kh) s'exprime par deux sigues différents (9, w) et qu'un même signe vocalique (p. ex. ) sert à exprimer deux voyelles différentes (ě, ï), la modification graphique de la consonne servant ainsi à indiquer la modification phonique de la voyelle.

Si donc on appliquait la transcription littérale,

on écrirait bhagavati et on prononcerait phokovodei (1),

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Ceux qui considèrent le langage comme un moyen de communication entre les hommes auront quelque peine à comprendre les mérites d'un système qui semble avoir pour but de créer à l'usage des Européens un idiome artificiel inintelligible pour les indigènes. Sans doute, rien n'empêche de donner aux signes de l'alphabet latin une valeur nouvelle, de décider, par exemple, que ba, da, ki se prononceront po, to, kěi. De telles conventions sont légitimes, à la double condition d'être nécessaires et d'être assez rares pour ne pas imposer au lecteur de constants efforts d'attention et de mémoire. Ces deux conditions font défaut au système proposé.

Quel en est donc l'avantage?

Ce n'est assurément pas de donner plus de clarté aux mots khmèrs. Car de deux choses l'une ou bien le lecteur d'un texte khmer ignore la langue parlée, et alors il n'a aucun motif de préférer une graphie à l'autre; ou bien il la connaît, et il aura besoin d'une application soutenue pour reconnaître sous leur déguisement << savant » les mots qui lui sont le plus familiers. Le premier lecteur ne trouvera aucune clarté nouvelle à lire bhnam au lieu de phnom ou brai au lieu de prei; mais le second, qui connaît les mots phnom et prei, ne manquera pas d'éprouver quelque gêne à les voir apparaître sous la forme bhnam et brai.

(1) Dans tous ces préliminaires nous reproduisons approximativement la prononciation, sans tenir compte du système qui sera proposé plus loin. Dès maintenant et dans tout le cours de ce travail, l'astérisque désigne les mots transcrits littéralement, de la même manière que les mots sanscrits.

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