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« Admettant qu'il faille renoncer à la transcription proprement dite, vos combinaisons me paraisssent irréprochables. Elles n'exigent qu'un minimun de signes diacritiques et, comme je m'en suis assuré par expérience, permettent de remonter à la forme écrite, laborieusement mais sûrement. Pour moi, j'aimerais toujours encore mieux faire le chemin inverse et me dire que gi, gi se prononcent ki, ki; et ki, ki, kë, kei. Il est vrai que je vois cela à travers les lunettes du sanscritiste, et que, n'entendant jamais la langue parlée, la langue écrite seule compte pour moi; que je n'apprécie que fort mal les usages multiples que vous avez à faire làbas des mots transcrits ; que notamment je ne me rends compte que très imparfaitement, selon toute probabilité, de la nécessité qu'il y aura pour vous d'écrire à peu près phonétiquement les termes indigènes qui feront partie de plus en plus de votre langue courante. De tout cela, je suis très mauvais juge, je vous l'accorde, et je me réconcilierai volontiers avec une décision que vous jugez nécessaire.

Ne croyez pas pourtant que ce soit uniquement par prédilection de sanscritiste que je tiens à la transcription littérale. J'éprouve à transcrire thor et bon des mots clairement écrits dharma et punya (ou dharm et puny) la même répugnance que j'aurais à transcrire l'anglais nature par nétcheur. Il est bien entendu que cette transcription littérale est elle-même symbolique ; que nous ne savons pas quelle était la prononciation des caractères indiens à l'époque de l'emprunt, encore moins quelle prononciation ils avaient fini par prendre en route. Mais vous reconnaissez vous-même, malgré cela, que l'écriture est un élément fixe et qu'elle représente par conséquent grosso modo une forme archaïque de la langue. Il est vrai que, cette forme archaïque, vous la ressaisissez ; j'aimerais mieux l'avoir tout de suite. Mais je passe làdessus; je m'incline devant l'avantage pratique d'écrire d'une façon à peu près phonétique les noms propres, les mots et les phrases indigènes dont vous aurez à faire un usage fréquent, et surtout d'avoir une transcription uniforme pouvant servir aux dialectes. Cette dernière uniformité pourtant, je doute que vous y arriviez. Les Anglais sont bien obligés d'avoir des transcriptions particulières pour leurs dialectes, et les Allemands eux-mêmes, dont l'orthographe est plus rationnelle, sont obligés à des compromis pour la représentation des leurs. Mais il y a un autre point qui m'arrête à ce propos. Comment transcrirez-vous les ouvrages littéraires où il y a souvent des passages pâlis assez étendus? Egalement d'une façon non-littérale, je suppose, et je n'y vois pas de trop graves difficultés. Mais vous aurez à transcrire des inscriptions. Appliquerez-vous là aussi vos équations? En ce cas je serais obligé de protester absolument. Pour l'épigraphie du moins, vous aurez à maintenir une transcription différente, la transcription littérale. Si vous m'accordez cela, avec la recommandation de multiplier les formes littérales entre parenthèses, et de distinguer soigneusement entre ki, ki, ke, kè, ké, kê, etc., je vous accorde tout le reste. »

Les réserves de M. Barth sont parfaitement légitimes et nous n'avons rien à y objecter: bien plus, nous croyons que les passages pâlis intercalés dans les textes khmers peuvent être transcrits littéralement ce sont des mots étrangers qui doivent garder leur forme étrangère; notre transcription ne s'applique qu'aux mots indigènes ou naturalisés.

M. Senart, sans dissimuler son horreur pour les formes monstrueuses que les mots indiens ont prises au Cambodge, accepte également la transcription proposée, mais s'élève énergiquement contre ch et ng.

M. Fourestier nous apporte l'adhésion précieuse d'un « praticien » familier avec les réalités du langage et des mœurs. Voici les principaux passages de sa réponse :

« Il est nécessaire d'adopter un système définitif de transcription du cambodgien ; M. Aymonier a changé trop souvent d'avis dans ses différents ouvrages pour qu'il soit possible

de s'en tenir à ses consciencieuses études, et il vaut mieux passer sous silence les tentatives que Moura a faites dans ce sens; en outre les personnes qui out étudié jusqu'ici le cambodgien se sont peu préoccupées de la transcription, dont elles se servaient seulement au commencement pour fixer à leur manière dans leur mémoire la prononciation des caractères et de leurs modifications on faciliterait singulièrement ces débuts, en adoptant et en publiant une romanisation rationnelle et précise, qui aurait d'autre part l'avantage d'ètre unique, et de pouvoir être employée également dans les ouvrages scientifiques. Le but à atteindre étant de simplifier le plus possible cette transcription, en évitant de multiplier les conventions qui la rendraient aussi difficile que le quôc ngữ annamite actuel, il m'a paru, en examinant le tableau des transcriptions proposées par M. Finot, que celles-ci remplissaient les conditions nécessaires, les notations conventionnelles étant relativement simples et faciles à retenir.

« La seule observation que j'aurais à présenter concerne la transcription du gráh mũkh que je préférerais voir rendre par l' préconisé par M. Aymonier que par la lettre ḥ - Pour un Cambodgien, dans la langue vulgaire, qu'il y ait à la fin d'un mot un ou le, il y a toujours aspiration, et la seule différence d'intonation consiste en ce que le ráḥ mukh donne à la voyelle un son plus bref; les lettres seuls appuient sur le final. Exemple: inor: et. C'est cette similitude que je tiendrais à voir se reproduire dans les caractères latins, et la forme spéciale de l's suffirait à indiquer le ráḥ mukh à celui qui voudrait transcrire le mot en caractères cambodgiens.

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« En second lieu, il m'a paru que les transformations des caractères en A et en O n'étaient pas complètes dans les bumbėk aksar (série en A), après les caractères 9, 9 khě, khči, M. Finot passe au caractère ?, khô; or, au commencement du siècle, un Samdàch Prá✅

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Sökon (je crois) a introduit deux nouvelles modifications ? et 2, qui devaient servir soit à écrire plus correctement certains mots cambodgiens, soit à transcrire plus facilement en caractères cambodgiens des mots étrangers et surtout les mots siamois qui entraient dans la langue courante. Comme prononciation, ces deux caractères sont difficiles à rendre en

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caractères latins. C'est pour et le mot français « que », le premier étant plus bref que le second.

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De même dans la série en O, M. Finot n'a inscrit que le caractère W, khu; dans cette série, on a introduit aussi le caractère W, qui, plus bref, devrait se transcrire khữ, tandis

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que l'autre, plus long, pourrait s'écrire khu (à rapprocher de , ). Les mêmes modifications existent naturellement pour tous les caractères en A et en O. »

Sur la question du ráḥ muk (car il nous semble plus régulier d'écrire muk que mukh), nous ne pouvons accepter l'amendement de M. Fourestier: ce signe n'est autre que le visarga sanscrit, et la transcription ḥ a une possession d'état séculaire. D'ailleurs si a pris la valeur d'une aspiration, la logique voudrait qu'il fût transcrit par h et non inversement, comme le propose M. Fourestier. Enfin si les lettrés prononcent s, nous avons bien le droit de nous fonder sur la prononciation des lettrés. Il nous paraît donc inutile d'introduire ici un caractère nouveau dont la nécessité n'est pas démontrée.

Nous avons rétabli dans l'alphabet, en les distinguant par une parenthèse, les trois caractères dont l'absence affligeait M. Fourestier. Il nous reste à expliquer pourquoi nous les avions tout d'abord exclus.

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Les signes dans les deux séries, soit 92 ww sont de date récente et d'origine siamoise. Nous ignorons l'époque exacte de leur introduction au Cambodge. M. Fourestier croit qu'elle date du commencement du siècle; nous croirions plus volontiers qu'elle est moins ancienne et que le dernier Práḥ Sokon (mort en 1894) n'est pas étranger à cette innovation. Quoi qu'il en soit, un seul de ces signes correspond à un son réel en khmer : ឃ · Deux peuvent servir à noter des mots empruntés au siamois : . Quant aux deux lettres de la série en A, nous pensons qu'elles ne répondent à rien, ni en khmèr ni en siamois, et qu'elles sont mises là uniquement pour la symétrie.

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L'accord paraît donc s'être fait sur le système proposé par nous, sous cette double condition que les textes épigraphiques seront transcrits littéralement et qu'on ajoutera autant que possible à la notation ordinaire des mots indiens. leur forme littérale. D'autre part, on pourrait laisser subsister dans les noms géographiques les anciennes graphies ch pour è, ng pour ǹ, nh pour n, éa pour a mais il ne faudrait pas aller plus loin et int roduire dans la nomenclature des monstres du genre de Vien-tiane, Kompong-tiame, etc.

Sous le bénéfice de ces observations, nous appliquerons dorénavant le tableau de transcription donné plus haut, et nous prions nos collaborateurs de s'y conformer.

L. FINOT.

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LE SANCTUAIRE DE PO-NAGAR A NHATRANG

PAR M. H. PARMENTIER

Architecte, pensionnaire de l'Ecole française d'Extrême-Orient

Parmi les sanctuaires chams les plus importants, le temple de Nhatrang (1) mérite à bien des égards d'ouvrir cette série d'études.

Sa situation, son importance, son état de conservation, l'intérêt que présentent ses formes comme leur variété, son importance religieuse et surtout la lumière qu'apportent ses nombreuses inscriptions le rendent particulièrement digne d'examen.

Le monument se dresse au bord de la mer, à l'entrée d'une vallée fertile. Il s'élève sur un mamelon, au pied d'une montagne, et domine de ce point la lagune à ses pieds, la mer au loin. Son reflet s'étend immobile dans l'eau calme et vient frôler une énorme roche isolée que les Chams marquèrent, paraît-il, d'une inscription. Le plateau supérieur, embarrassé de roches et tout obstrué de végétation, s'étend en longueur de l'Est à l'Ouest. Le temple occupe la moitié E.; l'autre fut peut-être une sorte de bois sacré; on n'y pénètre plus que la hache à la main, dans un dédale d'énormes blocs et dans un emmèlement sauvage de lianes.

Ainsi placé, il fait grand effet peut-être paraissait-il autrefois plus imposant encore, si la flèche de sable qui ferme la lagune est de formation récente et si la mer elle-même venait autrefois battre sa base.

Bien qu'il menace ruine en nombre de points, sa conservation est encore remarquable; il s'y trouve ainsi des éléments qui ont disparu dans les autres sanctuaires. (2)

L'ensemble du monument est orienté à peu près à l'E. Il se compose actuellement au N.-E., d'une tour principale; au S., d'une tour moins importante; au N.-O., d'une tour de forme spéciale; à l'extrème S., d'un petit édicule; les débris d'une enceinte enferment le tout et les restes d'une grande salle s'étendent à l'E. à un niveau inférieur (fig. 1 et 2).

La tour principale est un édifice de proportions plus vastes que celles qui sont ordinaires, mais ses dispositions présentent le type habituel. C'est donc une

(1) Village de Củ-lac, huyện do Vinh-xương, province de khanh-hoa. Inv. somm., 31-37. (2) Nous rappelons une fois pour toutes que les termes employés dans cette étude, comme dans celles qui pourront suivre, ont leur valeur indiquée dans l'article paru dans le no 3 du Bulletin (t. I, p. 245 et s iv.).

B. E. F. E.-0.

T. II. — 2,

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