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qui possède le plus de moutons et cette propriété constitue toute la fortune. Les hommes et les femmes ont, comme les chiens, une queue au-dessus du derrière, mais plus grande et plus poilue. Ils copulent comme des quadrupèdes, à la façon des chiens, et tout autre mode de copulation est considéré comme honteux. Ils sont justes et de tous les hommes sont ceux qui vivent le plus longtemps; ils atteignent l'âge de 170 et même parfois de 200 ans.»-Cf. encore fragm. XXI (Tzetzes, Chil. VII, v, 716); xxII (Pline, Hist. nat. vII, 2); XXIII (Elien, Iv, 46).

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UNE VERSION CHINOISE DU BODHICARYAVATÁRA

Le catalogue du Tripitaka chinois, de M. Bunyu Nanjio, classe sous le no 1354 un ouvrage intitulé Pou l'i hing king; ce titre est accompagné d'une restitution hypothétique en sanserit; Bodhicarya-sūtra. Une brève notice indique que l'ouvrage est en vers, distribué en 4 fascicules et 8 chapitres; l'auteur en est le Bodhisattva Nāgārjuna; la version chinoise a été faite par le moine indien T'ien-sseu-tsai, entre 980 et 1001.

L'indication des catalogues chinois est erronée. Une fois de plus, Nagarjuna s'est vu imputer la paternité d'une œuvre dont il n'est pas responsable. Le P'ou t'i hing king est, en réalité, la traduction d'une des plus belles productions du bouddhisme en décadence, le Bodhicaryavatara de Çantideva. La version chinoise (éd. jap. XIX. 7, 37-49) ne correspond pas exactement avec l'original sanscrit publié par Minayeff (Zapiski Vostoc. Odiel. Imp. Russk. Arkheol. Obstsch. IV, 153-228). La première des huit sections a pour titre : « Eloge de la pensée de Bodhi », et comprend 35 stances de quatre membres : c'est à un vers près le premier pariccheda du sanscrit : « Bodhicittänugamsa», en 36 stances. La seconde section: «Don et offrande de la pensée de Bodhi », en 13 stances, traduit les 13 premiers vers du second pariccheda. La troisième section, en 106 stances, a pour titre : « La Garde des défenses»; elle traduit. le cinquième pariccheda: «Samprajanya-rakṣaṇa », en 109 vers. La quatrième section (fasc. 11), en 133 stances, intitulée : « La Pāramitā de patience », reproduit fidèlement le sixième pariccheda : « Kṣānti-pāramitā », en 134 vers. La cinquième section: «La Pāramitā d'énergie », en 79 stances, traduit le septième pariccheda : « Virya-pāramitā », en 75 vers. La sixième section (fasc. 111): « La Pāramitā de prajñā de réflexion pure », en 183 stances, répond aux 186 vers du huitième pariccheda: «Dhyana-pāramitā ». La septième. section (fasc. IV): « La Paramita de prajñā», en 165 stances (et demi), traduit les 168 stances du neuvième pariccheda : « Prajñā-pāramitā ». Enfin la huitième section: « L'Action en retour de la pensée de Bodhi », en 61 stances, répond aux 58 vers du dixième pariccheda : « Pariņāmanā ».

Ainsi la traduction chinoise a laissé de côté toute la fin du second pariccheda (du vers 14 au vers 66): « Papa-deçanã », tout le troisième pariccheda : <«< Bodhicitta-parigraha », en 33 vers, et tout le quatrième pariccheda : « Bodhicittapramada », en 48 vers. Une omission aussi considérable n'est imputable ni à la négligence ni à la fantaisie arbitraire du traducteur. Taranatha rapporte (p. 165) que du vivant mème de l'auteur, l'œuvre circulait en trois recensions. Les moines du Cachemire avaient une rédaction en 1.000 vers, où ils avaient introduit une adoration liminaire de leur propre crù; les orientaux avaient, eux, une rédaction plus courte, en 700 çlokas seulement; ils avaient tiré l'adoration du Mula-madhyamaka, et laissé de côté la section de la Confession (11) et celle de la Prajna. La recension du Madhyadeça était la troisième : il ne s'y trouvait ni l'adoration, ni l'exposé des motifs de la composition; mais avec la louange ajoutée à la fin et les mantras additionnels, elle s'élevait à 1.000 glokas. Çantideva, consulté par les moines e Nalanda, reconnut pour authentique la recension du Madhyadeça.

Minayel a déja signalé que le texte des manuscrits du Népal ne représente aucune de ces trois recensions; le total des vers y est de 918, et les quatre vers qui servent d'introduction se trouvent répétés dans un autre ouvrage de Çantideva, le Çikṣāsamuccaya (éd. Bendall, p. 1, il. 9-14, et p. 2, II. 1-2). Le nombre des stances dans la traduction chinoise est seulement de 776; il se rapproche du chiffre des çlokas dans la recension orientale; la seconde section, à part les treize premiers vers qui sont traduits en chinois, manque de part et d'autre; la section de la Prajna, qui manquait à la recension orientale, peut répondre aux paricchedas III (bodhicittaparigraha) et IV (bodhicittapramāda) des manuscrits népalais. Pourtant, malgre ces rapports, l'écart entre le chiffre des clokas (76) semble trop considérable pour qu'on puisse regarder la traduction de Tien-sseu-tsai comme l'image fidèle de la recension orientale. Au reste, T'ien-sseu-tsai n'est pas originaire du Bengale ou des pays voisins: il est qualifié, en tête de sa traduction, de « çramaņa de l'Inde du Nord, du royaume de Jou-lan-t'o-lo (Jalandhara), du couvent de Mi-lin (le Bois touffu, ou solitaire, ou secret). »

Ce couvent du Bois Touffu rappelle de bien près le couvent du Bois Obscur que Iliuan-tsang visita dans le « royaume de Tche-na-po ti », simple district du gouvernement de Jalandhara (Mem. 1, 200). Le nom sanscrit du couvent est figuré dans la transcription de Hiuan-tsang par les caractères Ta-mo-sou-fa-na et traduit par Ngan lin-sseu « le couvent du Bois Sombre ». Tao-siuan, contemporain de Huan-tsang, et qui résuma en style classique dans son Che-kia-fang-tche les voyages de l'illustre pélerin, substitue à

ngan l'homophone et presque homonyme ngan qui signifie « huisclos, secret et obscur «(éd. jap. XXXV, 1, 93b); ce dernier caractère sert en quelque sorte de transition entre le nom du Ngan-lin-sseu de Hiuan-tsang et celui du Mi-lin-sseu de T'ien-sseu-tsai. Peut-être ce couvent répond-il à

l'énigmatique couvent de Sna-rgyan-nags, où, d'après le récit de Taranatha (p. 59) Kanişka, roi de Jalandhara, réunit le troisième concile de l'Eglise bouddhique.

Quoi qu'il en soit, la région de Jalandhara se rattachait naturellement au Cachemire. Il apparait qu'au xe siècle une nouvelle recension avait supplanté dans les pays cachemiriens la recension cachemirienne du Bodhicaryāvatāra ou tout au moins lui disputait la faveur des moines. Les particularités du texte suivi par Tien-sseu-tsai, en attestant l'existence d'une recension de plus, témoignent à la fois, et de la popularité du chef-d'œuvre de Çantideva, et du travail de transformation qui ne cessait pas de s'exercer mème sur les œuvres

consacrées.

L'ITINÉRAIRE

DU

PÉLERIN KI YE DANS L'INDE

PAR M. EDOUARD HUBER

L'itinéraire de Ki Ye a été signalé pour la première fois par Stanislas Julien. Il est contenu dans le Wou-tch'ouan-lou de Fan tch'eng ta fű qui écrivait à la fin du douzième siècle. Il a été traduit par M. G. Schlegel; mais, pour des raisons que nous ignorons, l'auteur de ce travail n'en a livré au public qu'un nombre infime d'exemplaires, — moins de dix, paraît-il. L'ouvrage est donc pratiquement ignoré. Il nous a semblé qu'il serait utile de le remettre en lumière et de faire connaitre aux indianistes le dernier des pèlerins chinois qui ait vu l'Inde avant la funeste invasion de Mahmoud al Ghaznevi. Nous nous servons du texte de I'Itinéraire que contient l'encyclopédie Yuan-kien-lei-han, chap. :

Le Wou-tch'ouan-lou de Tan Tch'eng-ta des Song dit: Dans la seconde année de la période Kien-tö (964) trois cents cramanas recurent la mission de se rendre dans l'Inde pour y chercher des reliques et des manuscrits sur feuilles de palmier.

Le maître du Tripitaka Ki Ye, du nom de famille Wang et originaire de Yao-tcheou fit partie de cette mission. Dans la neuvième année de la période K'ai-pao (976) il fut de retour dans son monastère. Il avait acquis un exemplaire du Nie-pan-king(Nirvāṇasūtra) en quarante-deux chapitres. A la fin de chaque chapitre Ye avait marqué les étapes de son voyage dans les contrées de l'Ouest. Bien que ces notes ne soient pas très détaillées, elles donnent une idée générale de la géographie (de l'Inde). Comme elles sont devenues rares parmi nous, je les insère dans cet ouvrage (c'est-à-dire le Wou-tch'ouan-lou) pour qu'elles servent à combler certaines lacunes des annales de l'empire.

Ye quitta la frontière à Kiai-tcheou (1) H; se dirigeant vers l'Ouest il passa par Ling-wout, Si-leang P, Kan-tcheou #H, Sou-tcheou Koua-tcheou, Cha-tcheou, etc. et entra dans les royaumes de Yi-wou (), Kao-tch'ang (), Yen-ki ('),

(1) A la boucle du Fleuve Jaune sur la frontière du Kan-sou.

() La province de Hami actuelle.

(3) Tourfan.

(4) Kharachar.

Yu-t'ien (1), Sou-le (2)

et Ta-che (3) ★. 11 traversa la chaîne des Montagnes Neigeuses (4) et arriva dans le royaume de Pou-lou (5) De là il franchit les grandes montagnes neigeuses Ts'oung-ling

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et arriva dans le royaume Kia-che-mi-lo (Kaçmir). A l'Ouest (de ce royaume) il monta sur une grande montagne, sur laquelle se trouve l'endroit où le prince royal Sa-to (Sarvada) s'est jeté dans un précipice et s'est donné en pâture aux tigres. De là il arriva dans le royaume de Kien-t'a-lo (Gandhāra), qu'on regarde comme étant le centre de l'Inde. En se dirigeant vers l'Ouest (6) il arriva dans les royaumes de Chou-lieou-poet de Tso-lan-t'o-lo (Jalandhara). En

se dirigeant encore vers l'Ouest (6) il arriva dans la grande ville des Filles Bossues (7). Cette ville est vers le sud voisine du fleuve Yen-meou (Yamunaj et vers le Nord elle s'adosse au Heng-ho (le Gange). Elle est remplie de stūpas et de temples, mais il n'y a là ni moines ni religieuses. En se dirigeant encore vers l'Ouest (8) il arriva en deux étapes aux ruines de l'Echelle précieuse. En allant encore vers l'Ouest (9) il arriva dans le royaume de Po-lonai (Bénarès). Entre les deux villes (Bénarès et Kanodge) il y a une distance de cinq li (9). Vers le sud (Bénarès) est voisin du Gange. De là il fit environ dix li dans la direction du Nord-Ouest et arriva dans le Mṛgadāva. Les stūpas, les temples et les vestiges du Buddha y sont très nombreux. Ye dit : « Je les énumérerai une autre fois; je ne les note pas ici. » De là il fit dix li dans la direction du Sud et franchit le Gange. Sur la rive Sud du fleuve il y a un grand stūpa. En allant du Mrgadāva vers l'Ouest (10) il arriva dans le royaume de Mo-kie-ti (Magadha) et il fut hébergé dans le monastère des Chinois (Han-se

). Ce monastère a beaucoup de revenus et huit villages lui appartiennent. Il y a là un perpétuel va-et-vient des moines et de leurs disciples. Vers le Sud (ce monastère) est proche de la montagne du Bâton ('). Les sommets de cette montagne sont très élevés. Au Nord de la montagne se trouve la chambre de pierre de Yeou-po-kiu-to (Upagupta) et les ruines de stūpas et

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(11) Tehang-chan . Yasti (vana) giri. Cf. Hiuan-Tsang, II, 408.

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