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l'existence d'une colonie indienne à Alexandrie. Dion Chrysostome, dans un discours aux habitants de cette ville, énumère parmi ses auditeurs « quelques Indiens» (Indôn tinas); or le commerce maritime était surtout exercé par les Buddhistes et les Jainas: il est donc vraisemblable que Basilide a connu des Buddhistes, qui lui ont communiqué leur doctrine.

Les analogies relevées par M. K. entre les idées du docteur alexandrin et les croyances indiennes sont nombreuses, quelques unes frappantes; ce qui est moins clair, c'est leur caractère spécifiquement buddhique. Certaines de ces idées sont communes à tous les systèmes : par exemple la transmigration et la délivrance; d'autres se rapprochent davantage des darçanas orthodoxes.

Le « dieu non étant »> (ouk ôn theos), dont on ne peut rien affirmer, même l'existence, parce qu'il est au-dessus de tout prédicat, est trait pour trait le Brahman du Vedānta, qui est au-dessus de l'être et du non-être et dont le seul nom possible est une négation. Les << semences » individuelles, autonomes et éternelles, paraissent bien répondre aux âmes multiples du Sankhya. Le principe que les êtres montent toujours et ne descendent jamais est nettement anti-buddhique. En résumé, les nombreux rapprochements si ingénieusement indiqués par M. K. semblent bien trahir une influence indienne en général, mais non celle d'une secte en particulier.

A. GUÉRINOT.

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Le Jivaviyāra de Çāntisūri. (Journ. As. mars-avril 1902, pp. 231-288.)

Texte d'un traité jaina en pråkrit sur la classification des êtres, accompagné d'une traduction et d'un glossaire Le texte est en transcription: l'auteur a eu le tort de conserver le vieux procédé de l'apostrophe devant une voyelle longue résultant d'une contraction; cette notation est inutile, car elle ne facilite nullement la lecture, et elle est de plus incorrecte, car l'apostrophe ne peut être correctement employée que pour tenir la place d'une voyelle élidée. La traduction est faite avec soin je relève cependant un faux sens à la st. 3, où ratna est traduit par « le diamant » au lieu de « les pierres précieuses ». Le glossaire fournit les équivalents français et sanskrits des mots du texte : les premiers, déjà donnés dans le corps de l'ouvrage, sont inutilement répétés ici; et quant aux mots sanskrits, il semble qu'il eût été plus commode de les trouver sous la forme d'une chāyā sanskrite jointe à chaque stance pråkrite.

:

L. F.

J. BEAUVAIS.

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Chine

Kouang-si. Traduction de documents historiques, géographiques et administratifs sur la province du Kouang-si. (Toung-Pao, mars et mai 1902).

Cette monographie est une traduction du Kouang-si t'oung-tche tsi-yao EIZOE, Compendium des renseignements les plus utiles sur la province du Kouang-si » Aucune note n'accompagne ce travail.

J. TAKAKUSU. Tales of the Wise Man and the Tool in Tibetan and Chinese. (J. R. A. S. Juillet 1904)

M. Takakusu s'efforce de démontrer que le Dsang-lun tibétain n'a pas été traduit du sanscrit, mais qu'il a pour orginal le Hien-Yu-king chinois qui, lui, a été traduit du sanscrit en 445. Les divergences entre les textes chinois et tibétain, divergences qui existent surtout dans les noms propres viendraient du mauvais état du manuscrit sur lequel la traduction tibétaine aurait été faite. Même dans le texte actuel du Hien-Yu-king, les transcriptions et les noms propres sont souvent maltraités. Parmi les exemples que cite M. Takakusu à l'appui de ce fait, tous ne sont d'ailleurs pas exacts. Ainsi il dit : « Su-lo-pa is a mistake for Su-pa-lo, for the équivalent is given as, i. e. Excellent colour (Suvarna) ». Il est pourtant clair que le texte chinois a raison et que Siou-lion-po 修樓婆 est la transcription correcte de Suwupa 妙色.

G. SCHLEGEL. On the invention and use of fire-arms and gun-powder in China, prior to the arrival of Europeans. (Toung-Pao, mars 1902).

M. Schlegel apporte des preuves à l'appui de cette thèse que les Mongols connaissaient les canons de l'an 1232, quand ils assiégaient la ville de Kai-fong-fou défendue par les Kin. L'armée que Kubilai Khan envoya en 1293 à Java en aurait fait également usage, de même que celle envoyée en 1407 par l'empereur Tcheng-Tsou pour pacifier le Tonkin.

Asatarò MIYAMORI.

Japon

A life of Mr. Yukichi Fukuzawa. Revised by E. H. Vickers, with an introduction by Prof. Kadono. Tokio et Osaka, Maruya, 1902. 1 vol. in-8, III-190 pp.

Fukuzawa Yukichi (1) est beaucoup moins connu en Europe que les Ito, les Okuma et les Inoue, parce qu'il ne s'est jamais mêlé directement à la vie politique de son pays; jaloux avant tout de son indépendance de citoyen privé, il a refusé les dignités et les honneurs avec une obstination qui ne s'est jamais démentie. Mais, pour avoir été moins apparent et d'une autre sorte, le rôle qu'il a joué dans la transformation du Japon a été peut-être encore plus important. Ecrivain fécond et de premier ordre, vulgarisateur incomparable, journaliste infatigable, éducateur entreprenant et jouissant d'un ascendant unique, il a contribué plus qu'aucun autre à former l'âme du Japon moderne, à répandre parmi ses concitoyens, sous une forme qui leur fùt accessible, le goût et la connaissance de la civilisation occidentale, à leur donner surtout la doctrine morale ou plutôt la doctrine d'action dont ils avaient un besoin impérieux dans le désarroi de leurs anciennes croyances et en face des problèmes multiples et tout nouveaux qu'ils avaient à résoudre. On a dit justement que plus de la moitié

(1) Nous prévenons une fois pour toutes que, pour les noms propres, nous respecterons l'ordre japonais, suivant lequel le nom vient avant le prénom,

B. E. F. E.-O.

T. II. - 20

de la jeunesse japonaise relève intellectuellement de lui: et pour trouver un écrivain qui ait exprimé aussi exactement les aspirations des hommes de son temps et en même temps exercé sur eux une action aussi profonde, peut être faudrait-il remonter jusqu'à Voltaire. On ne saurait sans doute considérer comme un profond penseur cet homme positif et pratique, non moins étranger aux spéculations métaphysiques que sceptique à l'égard des religions constituées (1), qui s'est toujours tenu au plus près de la réalité, qui n'a jamais conçu l'idée que dans ses rapports avec l'action immédiate, et qui n'a en somme professé d'autre doctrine qu'un utilitarisme étroit et terre à terre, strictement approprié aux besoins d'un pays particulier et d'un moment particulier, sans idéal et sans grandeur: mais, sans parler même de son talent d'écrivain, Fukuzawa a été, à un degré éminent, un << homme représentatif », et sa grande importance est d'ordre historique plutôt que d'ordre philosophique. C'est ce qui explique le succès, unique dans les annales de la librairie japonaise, de ses plus importants ouvrages, le Seiyò Jijo 西洋事情, Condition des pays d'Occident », paru dès 1866-69 (2), le Fuku-o Hyaku-wa,« Cent Essais du vieux Fukuzawa (1897), et le Fuku-ô Jiden 福翁自傳‧ Autobiographie du vieux Fakuzawa (1899). C'est ce qui explique aussi l'intérêt qui s'attache au Shushin Yoryo, ce code de morale en vingt-neuf articles (V. page 128 de l'ouvrage de M. Miyamori), que Fukuzawa élabora en 1900 avec quelques-uns de ses disciples, présenta en grande pompe aux maitres et élèves de sa fameuse école, la Keio Gijuku, et fit ensuite imprimer dans son journal, le Jiji Shimpô Hle Shushin Yôryo n'est pas seulement le testament philosophique de Fukuzawa; par le mélange singulier qu'on y remarque de positivisme étroit et de visées ambitieuses, d'individualisme farouche et de patriotisme exalté, d'aspirations démocratiques et de dévotion à la dynastie héréditaire, ce curieux document peut être presque considéré comme la profession de foi du Japon moderne.

Ecrite au lendemain de la mort du « Sage de Mita» (Fukuzawa est mort en février 1901), par un élève de la Keiô Gijuku, la courte biographie dont nous annonçons la publication a quelque peu le ton d'apologie et d'oraison funèbre qu'on pouvait attendre de la piété d'un disciple. Une étude critique d'ensemble sur ce qu'on peut appeler la doctrine de Fukuzawa et sur la portée de son œuvre reste à écrire. Mais le récit d'une vie si laborieuse, si active et si pleine ne pouvait manquer d'être d'un vif intérêt; et de la narration claire et bien conduite

(4) Il a dit quelque part qu'il « n'avait pas une nature religieuse et qu'il ne faisait pas plus de différence entre les diverses religions « qu'entre le thé vert et le thé noir ». Du reste il admettait très volontiers que les religions sont utiles pour la masse des illettrés, pour le peuple; et par cette inconséquence encore il rappelle Voltaire. Mais à la difference de Voltaire, son scepticisme religieux ne venait pas aboutir à un vague déisme: Fukuzawa prolessait un atheisme ou du moins un agnosticisme très décidé et, a son gré, très confortable. M. Chamberlain, dans son Introduction to the study of Japanese writing (p. 328 sqq.), a traduit l'un des « Cent Essais », où ses idées sur ce point sont exposées avec une parfaite netteté. Cette indifférence religieuse et métaphysique ne lui est pas personnelle; elle lui est commune avec un grand nombre, probablement même avec la majorité des Japonais instruits, qui sont bien les esprits le plus naturellement et le plus complètement laïques qu'il y ait au monde. Toutefois, dans ce pays des contrastes, il faudrait se garder de généraliser. Sans doute on ne peut guère prendre au sérieux la croyance officielle au Shinto, professée du bout des lèvres par un nombre de graves personnages qui pensent faire par la acte de loyalisme, pour ne pas dire de courtisanerie. Il n'en est pas ainsi du bouddhisme. Non seulement bien des laits récents prouvent qu'il conserve toujours sur le peuple la même prise que par le passé, mais il y a dans certaines sectes un regain d'activité dans la propagande et une veritable renaissance des études bouddhiques. Une religion qui travaille et qui se réforme ne peut être considérée comme une religion morte.

(2) Au dire de M. Miyamari, il s'en serait vendu près de 300,000 exemplaires, mais ce chiffre est peut-être un peu exagéré.

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de M. M., la forte et curieuse personnalité de Fukuzawa se détache en somme avec un grand relief. M. M. s'est servi surtout du Fuku-ô Jiden; espérons que nous aurons quelque jour une bonne traduction de cet ouvrage, l'un des plus intéressants qu'il y ait, au dire de bons juges, dans la littérature japonaise.

Deux courtes études de M. Dening, M. Fukuzawa and his views et The Mita System of Ethics and its detractors, qui avaient paru en 1900 dans le Japan Mail, sont reproduites en appendice.

Cl. E. MAITRE.

Basil Hall CHAMBERLAIN and W.-B. MASON. A Handbook for travellers in Japan, including the whole Empire from Yezo to Formosa. 6th ed. revised London, J. Murray, 1901. 1 vol. in-8, X-579 pp., 28 cartes et plans; illustr.

Si nous annonçons ici une nouvelle édition de ce livre, qui paraît sortir un peu du cadre ordinaire de nos comptes rendus, ce n'est pas seulement à cause de sa particulière excellence comme un guide-book, c'est aussi en raison du grand intérêt qu'il présente pour tous ceux qui s'intéressent aux mœurs, à la religion, à l'archéologie et à l'art du Japon. Il y a nombre de curieux renseignements sur certaines superstitions, certains usages, certaines pratiques locales, qu'on ne trouve que là; et il n'y a pas non plus d'autre livre qui contienne un répertoire aussi complet des richesses artistiques dispersées dans toute l'étendue du Japon. On peut cependant exprimer un regret. Sous sa forme actuelle, au point de vue de l'archéologie et de l'histoire de l'art, l'ouvrage est inférieur à ce qu'il était lors de sa seconde édition, rédigée par MM. Satow et llawes (1884) et devenue aujourd'hui à peu près introuvable. Non seulement une courte histoire de la sculpture japonaise par M. Anderson, la seule qui existe à notre connaissance, a été supprimée, mais bien des renseignements précieux ont été éliminés dans la description des anciens temples: en particulier l'inventaire des trésors d'art de Nara était autrement riche dans l'ouvrage primitif. Le développement donné à certaines parties négligées dans le guide de MM. Satow et Hawes, qui était loin d'être complet, a sans doute imposé ces suppressions dans un volume auquel on voulait laisser un format portatif. Il n'en est pas moins fàcheux que les intérêts du tourisme aient ainsi nui à ceux de l'archéologie. Cl. E. MAITRE.

Basil Hall CHAMBERLAIN. -Things Japanese, being notes on various subjects connected with Japan. 4th ed. revised and enlarged. London, J. Murray, 1902. 1 vol. in-8, VI-545 pp., et 1 carte.

Tous ceux qui ont voyagé au Japon ou se sont occupés de choses japonaises connaissent cet admirable petit livre qui, sous une forme exempte de prétentions, agréable et volontiers enjouée, renferme un véritable trésor de renseignements de toute nature et résume une connaissance à peu près unique du passé et du présent du Japon. Things Japanese forme le complément naturel de l'ouvrage précédent : c'est aussi un guide-book, mais, suivant l'expression de l'auteur, « a guide-book less to places than to subjects ». De succinctes bibliographies complètent les articles, rangés par ordre alphabétique, de cette petite encyclopédie japonaise. La quatrième édition, outre quelques articles entièrement nouveaux, a été revue avec soin et mise au courant: on y trouvera mentionnés jusqu'aux triomphes de Sada Yakko sur la scène parisienne. La grande qualité du livre, en dehors de la somme de connaissances qu'il représente, est une clairvoyante impartialité qui nous repose des dénigrements systématiques des uns

et des admirations extasiées des autres. C'est en vérité une bonne fortune rare que de rencontrer un écrivain qui parle du Japon avec sang-froid. L'affection de M. Chamberlain pour un pays où il a passé tant d'années et acquis une si haute réputation scientifique, et sa franche acceptation du Japon moderne et européanisé ne l'empêchent pas de relever à l'occasion, avec la netteté qui convient, certains traits désagréables, comme les méthodes singulières des commerçants japonais et l'esprit dans lequel a été poursuivie et obtenue la révision des traités (V. articles Trade et Treaties with Foreign Powers). Il n'a pas choisi au hasard, comme épigraphe de son livre, ces paroles d'Amiel : « Comprendre les choses, c'est avoir été dans les choses, puis en être sorti...... Celui qui est encore sous le charme et celui qui n'a pas subi le charme nt incompétents. »

CI. E. MAITRE.

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Shadowings. Boston, Little, Brown and Co. 4 vol. in-8,
A Japanese Miscellany. Ibid., ibid. 1 vol. in-8,

M. Hearn vient d'ajouter deux nouveaux volumes à la liste déjà longue de ces brillants essais, où il a fixé, dans une langue singulièrement souple et imagée, quelques aspects peu connus de la vie et des mœurs du Japon. Il ne faut assurément pas demander à ces impressions d'artiste la rigueur de méthode et l'appareil scientifique des traités de philologie, d'anthropologie ou de folklore; et si l'érudition de M. H. est incomplète ou superficielle sur tel ou tel sujet, si même il ne travaille pas directement sur les textes, cela est en somme de peu d'importance, pourvu que son impressionnisme soit exact et de bon aloi. Or, c'est précisément la sympathie profonde et divinatrice de M. H. pour les choses dont il parle qui fait le charme rare et le prix de tout ce qu'il a écrit: et telles pages de ses premiers ouvrages, Unfamiliar Japan ou Kokoro, nous font pénétrer plus avant dans l'àme du Japon qu'une étude systématique, de même que certaines descriptions de Japoneries d'automne, à cause de l'extraordinaire netteté de perception visuelle de Pierre Loti, sont plus exactes en un sens que celles d'un laborieux archéologue. Tout au plus peut-on découvrir parfois dans l'impressionnisme de M. H. quelques éléments qui ne sont pas japonais: un goût du fantastique, propre à certains écrivains de race anglo-saxonne, et surtout un sentiment accablé et terrifié de l'immensité de l'univers et de la lourdeur des choses, que M. H. a gardé sans doute des années passées sous le soleil tropical des Antilles.

ང་

Dans ces deux nouveaux volumes, comme dans ceux qui les ont immédiatement précédés, In Ghostly Japan et Exotics and Retrospectives, M. H. s'occupe surtout de ce qu'on peut appeler folk-lore dans le sens le plus général du mot: légendes locales, superstitions communes, chansons populaires ou enfantines, contes recueillis dans les vieux livres. On trouvera amusante sa brève étude sur les noms personnels des femmes » (Shadowings), où il cherche à montrer que tant de jolis prénoms, comme Ume « Prune », Matsu « Pin », Take « Bambou », Sen « Fée des Bois », sont choisis non pas, comme on pourrait le croire, en raison de leurs qualités esthétiques, mais pour les vertus morales qu'ils symbolisent ou pour les idées heureuses qui leur sont attachées. Et cela est vrai sans doute partiellement: mais la distinction que fait M. H. est trop tranchée, trop inspirée de nos catégories européennes. En réalité les Japonais n'ont jamais dissocié la beauté esthétique d'un objet de sa valeur significative ou suggestive. Le choix des prénoms féinins est seulement un exemple de ce perpétuel symbolisme, caractéristique de l'art de l'Extrême-Orient, et qui fait que le décor d'une poterie japonaise ou chinoise, en apparence œuvre de pure fantaisie, est, pour qui sait l'entendre, un langage et peut se déchiffrer comme un livre. Mentionnons aussi de curieuses recherches sur la litérature poétique de la semi, la cigale japonaise (Shadowings), et sur celle de la libellule (Miscellany). Mais il faut mettre à part le recueil de Old Japanese songs (Shadowings

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