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appuyer la saillie du tympan par derrière, et finit avec netteté horizontalement ; on ne peut donc admettre la terminaison en cornes qu'on serait tenté d'y voir, comme à l'édicule S. du monument de Po Klong Garai (Inv. somm., 19).

Enfin un quatrième édicule à plan allongé et de très petites dimensions occupe l'angle S.-E. (fig. 7). C'est encore un sanctuaire, car il est muni de trois niches à luminaire. Cette petite salle, voùtée comme d'habitude, ne possède pas de porte intérieure; elle s'ouvre à l'extérieur par une porte annamite, sous un petit linteau qui semble avoir fait partie de la construction primitive.

Extérieurement l'édifice s'allonge sur un plan rectangulaire, précédé d'un petit vestibule. Ce corps principal offrait la forme ordinaire à double étage des édicules S.; il était couvert par une petite voûte à extrados en berceau et terminé aux extrémités par deux frontons qui enferment en leur centre un tympan de brique en saillie, épannelage d'une sculpture inexécutée.

Les murs extérieurs sont nus; un petit soubassement de profil simplifié, une corniche dont il ne reste presque rien et, au départ du corps intérieur, une frise simple de brique, semblable à celle qui joue le même rôle dans la tour N.-O., en sont les seuls ornements. L'avant-corps de la porte présente le même soubassement réduit, une mème corniche peu distincte et un angle de son fronton ruiné. Cette petite construction, très détériorée dans ses parements, ne put être mesurée qu'après les fouilles qui en dégagèrent le simple bahut de soubassement.

Ces différents édifices étaient enfermés par une muraille dont la base est encore visible du côté 0. et dont les fouilles ont révélé quelques vagues parties de fondation, au N. et au S. (fig. 1).

Au-dessous du plateau, à une douzaine de mètres environ plus bas, se voit une double file de piliers en brique octogonaux (fig. 1 et 2). Ils sont accompagnés, sur les côtés et en avant, des débris d'autres piliers plus petits. Les uns et les autres déterminent ainsi une nef centrale tout enfermée par une nef pourtournante. Les fouilles faites en ce point ont montré que ces piliers s'élevaient sur une sorte de terrasse continue d'un peu plus d'un mètre de hauteur. Un escalier y donnait accès vers l'E.; un autre, qui partait de l'extrémité O., accédait au niveau du plateau devant la tour principale. Cet escalier est pris entre les parois d'une muraille qui paraît avoir servi de mur de soutènement au tertre supérieur. Par malheur, au-dessus, s'élève une salle

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annamite; sa présence sur les décombres dans lesquels cet escalier se perd a rendu la fouille en ce point très dangereuse et nous a obligé à abandonner l'étude des soutènements du temple. Nous ne pouvons donc savoir si le mur s'élevait d'un seul jet ou en plusieurs terrasses: la présence d'une imposte sur les murailles qui enferment l'escalier et au niveau du sommet des petites piles semble cependant faire pencher la balance du côté de cette seconde hypothèse.

Il est difficile de voir dans ces séries de piliers autre chose que les piliers d'une salle. Mais quel était alors son mode de couverture? Différents indices nous permettent de nous en rendre compte, sinon d'une façon absolue, au moins avec de grandes probabilités.

Les grands piliers portent du côté extérieur, et au niveau exact du couronnement des petits, une grande mortaise rectangulaire de près de 0 m 60 de profondeur, de 0 m 40 et 0 m 25 de còté (1). D'autre part la nef centrale, d'une largeur de 6 m 50, ne peut être franchie que par des poutres de bois. En troisième lieu, les fouilles ont révélé un très grand nombre de débris de tuiles plates, d'une forme spéciale, rectangle allongé qui à un bout se termine en angle, à l'autre se retourne et forme crochet de pose (2).

Ces différentes données ne peuvent correspondre pour nous qu'à une charpente en bois. Qu'était cette charpente? Il est probable qu'il faut y voir une composition de pan de bois où chaque pièce travaille par flexion ou par compression, autrement dit comme poutre ou comme poteau. C'est là le système annamite, et il n'existe nulle trace directe ou par influence d'un principe de charpente différent dans les constructions anciennes, non plus que dans les travaux récents (). D'un grand pilier à l'autre, à travers la nef,

(1) Les deux premiers grands piliers du côté E. portent double mortaise, une en face de chaque petit pilier. Les deux derniers n'en possèdent qu'une latérale et pas en arrière. Ajoutons d'ailleurs que cette disposition de piliers à mortaise n'est pas spéciale à Po-Nagar : nous retrouvons des piliers semblables en pierre à Ha-trung (Inv. somm., 227), et ceux-ci portent même un tenon à la tête pour caler les grandes poutres transversales, un arrêt dans la mortaise pour maintenir les petites poutres. Une salle tout entière de ce genre existe à Dong-Dương (ibid., 76-83). Il n'existe en revanche que des traces de la grande salle des Tours d'argent (ibid., 44-47), et si des salles semblables ont existé à Hoa-lai (ibid., 28-30), elles semblent n'avoir eu qu'une seule nef.

(2) Le nombre de ces débris (plusieurs centaines), leur présence au fond même de fouilles profondes, interdisent d'y voir des débris annamites. D'ailleurs les constructions de cette origine qui se trouvent sur le plateau sont couvertes de la tuile ordinaire de genre chinois. et qui est ronde. D'autres fouilles à Hoa-lai ont mis également à jour de très nombreux fragments de tuiles semblables, mais décorées, et ce monument ne paraît pas avoir jamais été occupé par les Annamites.

(3) Les déductions qui nous ont amené à admettre pour l'art de la charpente chame ce principe tout différent de notre principe occidental de triangulation, ont été confirmées d'une façon indéniable par la présence dans la tour de Po-Romê d'une charpente de ce genre; elle forme le dais qui abrite la divinité, et son caractère cham est nettement affirmé par la présence d'un beau fleuron de cette sculpture si caractéristique à la rencontre supérieure des quatre poutres du comble de ce dais. Diverses pagodes chames du Binh-thuận, en bois, présentent d'ailleurs l'emploi du même système et des mêmes tuiles dans leur composition.

devaient passer longitudinalement des poutres qui reposaient sur la tête des piliers; d'autres devaient aller de la tête des petits piliers s'encastrer dans la mor!aise des grands. Des pièces obliques franchissaient le vide entier de la tête du petit pilier à celle du grand, et de la tète d'un grand pilier à celle qui lui faisait face. Ces pièces obliques, faisant fonction d'arbalétriers, recevaient les pannes, qui à leur tour et par l'intermédiaire des chevrons, supportaient la toiture de tuiles. Ces pièces ne pouvaient être que soutenues par des poteaux sur les poutres; celles-ci en effet ne peuvent avoir d'autre rôle, car elles ne servent pas à maintenir la fuite du pied des arbalétriers (1). Elles devaient d'ailleurs être d'un équarrissage énorme, si l'on en juge par celui des poutres des petites nefs.

Ceci admis, la forme de la toiture reste à déterminer. Or il existe dans les constructions chames des couvertures en briques dont la raison d'être est incompréhensible, si on ne les interprète pas comme la traduction en matériaux solides de constructions légères. Nous voulons parler des couvertures d'édicules allongés, dont nous avons deux exemples ici. Les pignons qui terminent ces édicules sont inclinés en avant, et de grandes cornes les décorent, toutes dispositions qui rappellent à s'y méprendre les constructions légères encore existantes au Cambodge et dans les Indes Néerlandaises. Si donc nous considérons ces voûtes en briques comme inspirées par la silhouette des édifices de ce genre, il est tout naturel d'admettre, pour celles de ces constructions que nous avons ici, une forme analogue, et notre hypothèse devient d'autant moins hasardeuse que les seuls spécimens de toitures dont nous ayons des traces dans l'architecture chame sont courbes (?). Nous arrivons ainsi à l'hypothèse que nous proposons dans notre figure 9 (3).

Avant de quitter cette salle, notons la présence, en avant de l'escalier, d'une sorte de lit de camp carré en pierre. Peut-être, si, comme il est probable, cette salle était une salle de festins, était-ce une estrade d'honneur? Ce n'est là d'ailleurs qu'une pure conjecture.

(1) Rien en effet ne peut dans la mortaise maintenir l'effet d'un arbalétrier qui tendrait à chasser en dehors la pièce où il s'appuierait; c'est bien réellement comme poutre que travaille la pièce horizontale.

(2) My-son, Inv. somm., 99-100.

(3) Notons enfin, pour appuyer cette hypothèse, le rapport qu'on peut établir entre une salle ainsi conçue, et les galeries à trois nefs, à triple voùte, à extrados de pierre présentant un décor en imitation de tuiles creuses, des monuments khmers. Les étrésillons de pierre y sont posés dans les nefs latérales comme les poutres dont l'existence est indiquée ici par les mortaises (v. les planches de l'album de la Mission Doudard de Lagrée). Il est intéressant pour notre thèse de signaler que le rôle de ces étrésillons ne s'explique guère, puisque la voùte en encorbellement ne pousse pas, et qu'ils ont d'ailleurs été plutôt une cause de ruine par suite des différences de tassement. Dans les galeries d'Angkor Vat en particulier, ils sont presque tous brisés près de leur attache, et sont d'un ou deux centimètres plus hauts que celle de leurs extrémités qui faisait corps avec les grands piliers auxquels ils devaient réunir les voùtes latérales.

Ces divers édifices ne donnent lieu à aucune observation intéressante de construction que nous n'ayons déjà faite. Tout au plus faut-il noter la forme trapézoïdale des briques qui constituent les piliers de la grande salle, et la médiocre exécution des tuiles qui, bien que petites, sont fort gondolées. Comme partout, la brique règne à peu près seule ('), sauf dans les fondations, qui, au moins pour la grande salle, sont constituées par un blocage grossier de madrépores.

En dehors des figures d'apsaras, d'oiseaux, de cerfs, et des figures médianes de la tour principale et de la tour N.-O., ce monument ne nous présente comme sculpture décorative figurée qu'un tympan. Il orne le centre du fronton de la porte qui donne entrée dans la tour principale (fig. 10, partie inférieure). C'est une divinité à quatre bras, debout, un peu ployée sur les jambes, le pied gauche à terre, le pied droit sur la tête levée d'un boeuf (?). Le bras droit antérieur a la main ouverte et ramenée sur la poitrine; le bras gauche antérieur,à demi étendu, tient des foudres; le bras droit postérieur élève une sorte de disque perlé, orné de pointes ou de flammes; le bras gauche postérieur, également relevé, tient un bouton de lotus à longue tige. Le vêtement consiste en une sorte de sampot, dont le pli pendant semble exister seulement en arrière; une espèce d'écharpe flotte et vole également derrière le personnage. Le torse est visiblement nu, car les bouts des seins, très forts pour un homme, et le nombril sont apparents. La tête est coiffée d'une mitre à triple étage ornéc de fleurons. La figure porte de grosses boucles d'oreilles, un collier de perles, et aux bras, près des poignets et des aisselles, de doubles bracelets de perles. Elle est accompagnée de deux petits suivants: tous deux ont la jambe droite. fortement ployée, tandis que la gauche est presque allongée. Celui de droite parait frapper l'une contre l'autre de petites cymbales; celui de gauche joue d'une espèce de flûte qu'il tient à deux mains; tous deux sont vêtus de même :

(1) Nous avons trouvé dans le sol deux briques qui semblent avoir servi de témoins pour le séchage des briques. Elles sont toutes marquées de trous carrés faits comme avec un poinçon, et qui ont trois centimètres de côté et de un à dix millimètres de profondeur.

(2) Il est entendu une fois pour toutes que les désignations droite et gauche s'appliquent. lorsqu'il s'agit d'une statue, à la droite et à la gauche d'un homme placé dans la même position que la statue. Un détail «à droite» correspond à un détail de la droite de la statue et non de celle du spectateur. De cette façon le bras droit de la statue et un objet à droite sont du même côté. Lorsqu'il s'agit d'un édifice, nous évitons autant que possible ces désignations confuses en les remplaçant par des orientations: cependant, si par hasard elles nous échappent, qu'il soit convenu inversement qu'elles s'appliquent toujours à la position du spectateur regardant le monument. De cette manière la description d'un monument et le plan qui en est donné concordent, puisqu'il est de convention de mettre l'entrée principale du plan en bas de la feuille. C'est d'ailleurs la direction adoptée dans l'Inventaire sommaire. Rappelons que celle d'Aymonier et par suite de Bergaigne, dans leurs études des inscriptions, est inverse.

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