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sampot à grand pli par derrière et torse nu. Leur condition inférieure est marquée par leur coiffure qui n'est qu'un simple chignon à triple étage sans ornements, et par leurs oreilles à lobes allongés et fendus qui sont dépourvus de boucles; cependant ils ont des bracelets doubles aux poignets. Peut-être celui de gauche portait-il une sorte d'écharpe flottante.

Avec cette figure nous avons achevé de donner les éléments architecturaux qui sont en place. Divers fragments aujourd'hui isolés se rapportent également

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à la décoration, soit de la tour centrale, soit d'édifices disparus. Près de la porte de la tour S., deux oiseaux dressés, un fragment de pierre octogonal à feuilles de lotus logé actuellement sous l'abri annamite et déjà signalé, un grand acrotère d'angle près de la porte de la tour N.-E., proviennent sans doute de la tour centrale. Un fragment de corne pris dans l'escalier annamite d'accès semble avoir appartenu à un édicule allongé qui manque ici et qui eût été du type ordinaire. Des figures d'apsaras, qui sont des acrotères d'angle, quelques tètes de même origine, réunies près de la porte de la tour N.-E., peuvent provenir de la tour centrale et de son vestibule, peutêtre de la tour S., ou mieux de tours disparues. D'autres fragments ne trouvent leur place nulle part; ce sont trois éléphants sculptés en métope, d'une assez bonne exécution, munis d'une queue de pierre pour les fixer dans une maçonnerie ver

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ticale (ils sont, l'un près de la porte de la tour centrale, les deux autres près de la porte de la tour N.-E.); une petite figure assise à l'indienne, les bras ramenés devant la poitrine et sans tête; un pied-droit portant une inscription

et qui sert de marche à la porte principale de la tour centrale, deux fragments de cuvettes à ablutions ou de piédestal, qui se trouvent devant un pagodon annamite et près de l'escalier.

La sculpture en haut-relief paraît avoir été employée surtout pour représenter les divinités auxquelles le culte était rendu. Plus heureux que beaucoup d'autres sanctuaires, le temple de Po-Nagar a conservé sa divinité principale.

C'est une figure de femme à dix bras, assise à l'indienne sur un piédestal de lotus (fig. 10 et 11, partie supérieure). Elle a les deux bras antérieurs posés sur les genoux, la main gauche étendue, la paume en dessus, dans le geste du don, la main droite relevée verticalement, la paume en dehors, dans le geste qui rassure. Le bras inférieur de droite tient un poignard, la pointe en l'air; le gauche, une espèce de disque à poignée, peut-être une cymbale; le bras droit suivant, une flèche, la pointe en bas; le gauche, une hachette, un harpon ou un croc à éléphant; le quatrième de droite, un disque en anneau; le gauche, un attribut brisé qui semble avoir été une conque; le einquième de droite, une lance, la pointe en l'air; le gauche, un arc. Le torse est nu, les seins volumineux; le ventre montre les plis d'une maternité féconde.. La tête était complètement détachée du fond: il est impossible d'affirmer que celle que porte la statue aujourdhui soit l'ancienne; sous la dorure et les réparations annamites, et par le fait malheureux de l'allongement disproportionné de son cou, elle a perdu son caractère primitif. Cependant elle porte le mukuta et ce fait garantit au moins son origine chame. La divinité est habillée d'un sarong qui doit

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FIG. 11.

DIVINITÉS DU TEMPLE.

recouvrir un pantalon collant. Celui-ci descend très-bas, car un bord se voit près de la plante des pieds; la mauvaise exécution, d'ailleurs habituelle, de cette partie de la statue ne permet pas plus d'affirmations.

D'énormes boucles d'oreilles très décorées se voient encore sur les épaules. Les bras principaux portent, près des aisselles, des bracelets doubles ornés de perles et agrémentés d'un double fleuron; près des poignets, les cinq paires de bras ont des bracelets à trois rangs ornés également de perles. La figure porte en outre trois colliers. Le collier supérieur, en tresse, montre un large chaton en son milieu; le collier suivant est à pendeloques d'un type spécial et qui vont en se réduisant à mesure qu'ils se rapprochent des épaules. Le troisième est formé d'un double rang de perles et participe de la courbure des seins qui se touchent; une ceinture en perles, ornée au milieu d'un fleuron richement. décoré, les soutient. Sous la figure, entre les jambes et le fond, se voient des stries qui peuvent représenter aussi bien un coussin de siège qu'une sorte de jupe. La figure se détache devant un haut dossier d'un beau caractère. En haut une tête de monstre largement traitée laisse échapper de sa gueule puissante deux corps de moulures courbes qui suivent l'inflexion du cou et des épaules et viennent se terminer par des tètes de makara. De leur gueule aussi s'échappe une sorte de guirlande ou de fleuron. La face postérieure forme une double pilette d'un profil heureux. Son corps mouluré suivant la règle chame est orné d'une riche bande de décors; elle se termine par un tympan ogival également à double face et couvert d'ornements d'un beau caractère. Le tout porte sur une cuvette à ablutions, d'un grès très fin ou d'une roche éruptive, qui repose elle-même sur un piédestal à puissantes moulures.

Cette divinité est accompagnée d'une autre petite figure (B, fig. 11) posée sur la grande cuvette à ablutions: figure de femme assise sur les genoux et qui présente la particularité qu'une inscription chame est marquée tout autour de sa robe. Cette figure a les mains jointes sur la poitrine entre les seins. Elle est vêtue d'une sorte de jupe sans pli, sauf le pli de retour à la ceinture. Sa tête est entourée d'une coiffe à temporal qui vient passer sous les oreilles près du menton. Ce sont cependant ses cheveux eux-mêmes qu'on voit au-dessous de ce temporal; ils viennent se relever d'une façon assez originale en une double coque. La tête est séparée du tronc, mais elle semble bien avoir appartenu à cette figure. Elle porte des boucles d'oreilles, un collier double, le collier supérieur avec chaton. Elle a des bracelets aux poignets, visibles seulement. sur un tout petit point; elle n'en a pas près des aisselles..

La tour Sud ne possède plus que son piédestal et sa cuvette à ablutions. La pierre conique et décorée (c, fig. 6) qui est placée dessus est un simple couronnement et non pas un linga; à plus forte raison n'est-ce pas le linga de Kauthara signalé dans les inscriptions et que M. Aymonier croit y retrouver. C'était d'ailleurs un mukha-linga. Cette pierre n'a pas la forme très constante des linga chams, qui sont toujours un cylindre à arète circulaire arrondie et légèrement renflée. Abstraction faite des mukha-linga, on peut dire que les linga ne présentent jamais d'autre décor que le filet qui en pourtourne la base et vient se réunir en se relevant en avant. Ils sont toujours faits d'une pierre très dure et polie, marbre, trachyte ou grès fin. Cette pierre-ci au contraire est

d'un calcaire blanc ordinaire; elle porte un rang de perles et une collerette de feuilles qui en couvrent le tiers; son cylindre se termine par une calotte sphérique. Si ces différences laissent encore un doute, il suffit de regarder le couronnement encore en place de cette tour S. pour se convaincre du rôle de ce fragment: il a la mème forme générale et serait exactement identique, si un fragment de collerette taillée circulairement à l'intérieur et trouvée dans les fouilles auprès de cette tour, complétait cet élément (F, fig. 11).

Comment ce couronnement a-t-il eu cette fortune bizarre ? Le fait s'expliquera peut-être par la raison suivante. Les Annamites ont coutume de réunir dans les tours ou dans des pagodes qu'ils construisent même à cet effet, les pierres sculptées, les débris qu'ils rencontrent de monuments chams disparus. Ils les considèrent comme de véritables fétiches. Ils auront ramassé ce fragment avec les autres sa ressemblance avec un linga, forme encore révérée par tradition, les aura frappés, et ils l'auront placé sur cette cuvette à ablutions, veuve de sa divinité.

La tour N.-E. possède encore un piédestal qui se termine par une dalle; elle recevait elle-même une cuvette à ablutions d'un schiste très délité et qui ne porte plus de statue.

L'édicule S. a sa divinité qui est un petit linga (G, fig. 11): il semble avoir fait corps avec la cuvette à ablutions qui le porte; mais il en est aujourd'hui séparé. Cette cuvette est posée à terre sans piédestal. Les petites dimensions de ce linga tendraient cependant à faire admettre qu'il est dans son sanctuaire.

Notons enfin quelques autres divinités hors de leur place. C'est d'abord, dans un pagodon annamite voisin de l'arête E., une statue assise; c'est encore, dans l'édicule S., deux figures assez bien conservées, puis une tête de Ganeça mitrée (F, fig. 11), et les pieds d'une statue qui reposent sur une plinthe où se voit la trace du bout d'un bâton: ce fait tendrait à faire supposer que c'est là le reste d'un de ces gardiens de temple, comme on en rencontre isolés assez souvent.

La divinité du pagodon (A, fig. 11) parait une représentation masculine. Elle est assise à l'indienne; les deux mains posées sur les genoux paraissent vides. La figure est vêtue d'une sorte de sampot à grand pli antérieur et à boucle postérieure, rayé verticalement et décoré d'ornements géométriques. Une ceinture, visible par derrière et invisible par devant, présente également un décor géométrique. La tête est coiffée d'un haut chignon à quatre étages et parait porter en bas un diadème orné de perles. Les oreilles aux lobes très allongés semblent ornées de boucles. Elles sont accompagnées par derrière d'une sorte de tresse de cheveux, qui est peut-être un bijou d'une position spéciale. La figure, dont le torse est nu, porte un collier, des bracelets de perles près des poignets et près des aisselles; les derniers sont ornés d'un chaton ogival placé sur le côté extérieur des bras près des épaules.

Des deux figures de l'édicule S., l'une représente une divinité à quatre bras

debout (D, fig. 11), les jambes d'aplomb. Les deux bras antérieurs semblent s'appuyer sur deux supports allongés et verticaux; celui qui est sous le bras droit est arrondi, celui qui se trouve sous le bras gauche est carré. Les deux bras postérieurs sont au contraire relevés : le bras gauche élève une conque très clairement indiquée. La tête de la figure, aujourd'hui brisée, se détache sur une sorte d'auréole circulaire. La statue est vêtue d'un sampot, qui vient s'arrêter un peu au-dessus du genou, et forme par devant un grand pli, qui tombe jusqu'à terre. La tête est coiffée d'un mukuța cylindrique. Par un fait exceptionnel, la figure ne porte aucune espèce de bijoux, bien que les lobes démesurés des oreilles attendent des boucles. L'autre figure est assise à l'indienne, les mains sur les genoux (c, fig. 11). Elle paraît à peu près nue et est aussi dépourvue de bijoux. Les cheveux, représentés par de grosses boucles, donnent à la tète un caractère très particulier que nous n'avons trouvé que dans des figures d'une tour ruinée à Phu-ninh (Inv. somm., 71). Derrière la tête de cette figure semble s'élever une sorte de disque.

A quelles divinités était consacré le monument? Quelques-unes des représentations ne laissent pas de doute à cet égard et les inscriptions viennent confirmer ces données.

Cette Dame Po Inö Nagar, dont le culte paraît si ancien, n'est autre que la çakti de Çiva. Çiva lui-même est d'ailleurs associé dans la même adoration; le dieu à quatre bras du fronton, les pieds sur le taureau, ne semble pas pouvoir s'interpréter autrement. A lui encore se rapportent le linga et le fragment de gardien de temple. L'une des figures de l'édicule S. paraît être Vişņu, nommé dans une des dernières inscriptions. Les autres statues sont malheureusement moins aisées à identifier. Si la petite déesse que la tradition fait fille de PoNagar se rapporte peut-être à une superstition locale, il est plus difficile de comprendre ce que sont les deux figures sans bijoux et sans attributs du pagodon E. et de la tour S.

Le monument est couvert d'inscriptions (') qui donnent quelques indices pour cette identification, mais qui sont surtout d'un précieux enseignement pour l'histoire architecturale de l'édifice: elles sont gravées partie sur une stèle

(1) Les inscriptions ont été étudiées par Bergaigne, L'Ancien royaume de Campà (Journ. Asiat., 8e série, t. x1, 1888), et Aymonier, Première étude sur les inscriptions tchames (ibid., 8o série, t. xvi, 1891). Les inscriptions sanskrites ont été transcrites et traduites par Bergaigne et publiées après sa mort par les soins de M. Barth dans les Notices et extraits des manuscrits de la Bibliothèque Nationale, t. XXVII, Paris, 1893. Les inscriptions chames sont transcrites et traduites par M. Aymonier dans l'article indiqué précédemment. Ce sont à ces deux groupes de traductions que se rapportent nos renvois.

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