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ancienne (XXVI A, B, C, D, E) (1), partie sur les pieds-droits de la porte d'entrée et de la porte intérieure de la tour centrale, sur le linteau de la tour S. et les parois des vestibules des trois tours (2).

Les inscriptions de la stèle nous apprennent qu'en l'an 696 Çaka (774 A. D.) le linga de Cri-Çambhu fut enlevé par des pirates. C'était un mukha-linga, ou linga à visage. Il paraît avoir été la divinité la plus importante de la cité. Toute cette région est dès cette époque désignée sous le nom de Kauṭhāra, c'est-à-dire la Hache (skr. Kuthara), peut-être par allusion à la forme étroite de la vallée. Ce linga était, disent ces inscriptions, érigé depuis des milliers et des milliers d'années, et le temple qui le contenait devait avoir une certaine importance, si l'on tient pour vraie l'énumération des objets précieux qu'il contenait avant ce pillage. Si cette ancienneté et cette richesse ne sont pas uniquement des hyperboles, il faudrait en tirer cette conclusion que le pays

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(1) La stèle n'était pas, comme le croyait Bergaigne, dans la tour centrale, mais dans une salle annamite qui précède le monument: elle faisait pendant à trois autres stèles annamites, dont une vide; peut-être était-elle d'ailleurs dans sa place ancienne. Les conclusions que tire Bergaigne de sa situation sont donc douteuses. Cette stèle transportée, on ne sait pourquoi, à Hanoi, est aujourd'hui au musée de l'Ecole.

(2) Voici la liste de ces inscriptions, qu'il sera facile de retrouver dans les ouvrages mentionnés dont nous avons adopté l'ordre chronologique :

Stèle

XXVIII Tour centrale, porte d'entrée, pied-droit Nord.

Tour Nord-Ouest, vestibule, paroi Sud.

XXVII Tour centrale,

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D

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Nord.

petite figure à côté de la déesse.

Tour centrale, porte d'entrée, pied-droit S., face B, 2o inscr.

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S., face B, 3e inser.

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Trois inscriptions n'ont pas été encore étudiées; les deux dernières étaient peut-être impossibles à déchiffrer.

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avait été jusqu'à cette époque indemne d'invasions. Il n'en sera plus ainsi à partir de cette date, car de siècle en siècle nous avons trace des calamités qui ont accablé le sanctuaire.

Il ne reste naturellement aucune trace de ce monument primitif. Tout au plus devons-nous croire qu'il devait être composé d'édifices en maçonnerie et de constructions plus légères. Car l'inscription A dit que le temple a été brûlé, l'inscription B que le sanctuaire est resté vide: ce qui ne peut guère s'expliquer d'une autre façon.

Les pirates ravirent le dieu, qui sans doute était de matière précieuse, d'or peut-être. Le roi Satyavarman, bien qu'il se vante de les avoir battus en mer, ne put ramener l'idole, et dut en rétablir une autre. Est-ce de cette époque (709 Çaka 787 A. D.) que date le monument, comme le croient Bergaigne et Aymonier? Nous ne le pensons pas. La tour Sud seule serait pour nous de cette date; la tour centrale et la tour N.-O. dateraient de 739(=817 A. D.) et seraient la fondation d'un ministre de Harivarman. Voici sur quelles raisons nous nous appuyons.

Le monument construit par Satyavarman devait consister en un seul édifice, au moins en maçonnerie. En effet le début de l'inscription B mentionne uniquement la restauration du linga perdu de Cri-Çambhu, sous le nom de Satyamukha-linga. Et le dieu étant comme d'habitude identifié avec son sanctuaire, l'auteur indique que son nouveau sanctuaire a une magnifique entrée. Nulle mention n'est faite d'autres divinités.

D'autre part, dans la description (XXVI A) qui est donnée de la fondation de Satyavarman, il est dit que le koça fut fait avec l'image du dieu, avec l'image de son épouse » (Bergaigne), « avec un corps de femme semblable à Çri» (Barth). Ceci semblerait indiquer trois idoles et par suite trois sanctuaires probablement. Est-il possible de trouver une solution à cette difficulté? M. Barth, dans les notes qu'il ajoute à l'œuvre de Bergaigne, incline à croire que la plupart des représentations dont il est question dans ces inscriptions sont des ardhanari, c'est-à-dire des divinités composées d'une moitié male et d'une moitié femelle, et Bergaigne déclare ailleurs (p. 271) que c'est le côté féminin qui tend à prédominer dans l'ètre divin ainsi représenté.

Dès le début de l'inscription A, le mukha-linga de Cri-Çambhu est appelé lça et Devi» (Barth). C'est donc une ardhanārī; il y a chance que celui qui le remplace soit de même une ardhanari. Dans l'inscription XXVI B, arrive brusquement, et comme suite à l'histoire du Gri-Satya-mukhalinga, une description admirative de la déesse de Kauṭhāra, qui est désignée dans la strophe suivante sous le nom de Bhagavati. Or cette description s'applique parfaitement à un mukha-linga. Qu'on en juge: « Resplendissant d'éclat, avec son corps qui est d'une beauté étincelante grâce à de magnifiques enduits d'or, avec la beauté sur le lotus de son visage, toute brillante de joyaux, avec des joyaux sur les disques de ses joues, la déesse de Kauthara donne à ses suppliants ce qu'ils désirent. Avec la beauté de ses cheveux d'or rehaussés par l'éclat du bijou

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qu'elle porte sur la tête, avec ses oreilles qui étincellent et qui pendent sous le poids des joyaux aux rayons splendides, la fortunée Bhagavati qui demeure dans le voisinage de Kauṭhāra et de la mer a brillé dans les trois mondes ('). » La description est précise et prend un caractère de véracité, et non de vague louange, par l'indication des enduits d'or qui ornent le corps. Il est utile de remarquer qu'aucun trait de cette description ne s'applique à d'autres parties du corps qu'à la tête. Aucune mention n'est faite des riches bijoux qui ornent la ceinture et les membres des divinités chames, aucun éloge n'est donné à la beauté des seins et des hanches. Une seule indication se rapporte au corps en général, et semble s'appliquer à la masse même du linga: car au lieu d'y parler de vêtements splendides, on y fait allusion seulement à l'éclat des enduits qui le recouvrent.

L'inscription se termine d'ailleurs par l'annonce de l'érection d'un nouveau linga Mahadeva, par l'indication de dons à Çri-Mahadeva et le rappel des dons faits au Cri-Satya-mukhalinga. De Bhagavati, aucune mention n'est faite après ce grand éloge.

Nous admettons donc que le koça n'est autre que le linga lui-même (), et que la figure de Bhagavati célébrée dans l'inscription est le visage du linga, visage composite de Çiva-Bhagavatī, mais avec prédominance de celle-ci.

Cependant notre discussion ne peut produire une certitude absolue, car l'inscription Best postérieure à la fondation par un ministre de Harivarman de trois sanctuaires dont l'un est consacré à Bhagavati, et cette louange pourrait à la rigueur s'appliquer à celle-ci.

Quoi qu'il en soit, nous pensons que Satyavarman n'éleva qu'un seul sanctuaire e qu il y plaça le linga qui porte son nom. La tour S. est en tous cas et de toute façon le seul édifice qu'on puisse rapporter à son époque. Mais en l'absence de date certaine, peut-on hasarder cette attribution, que suggèrent l'état de ruine et le caractère plus antique de l'édifice? Il semble qu'il en reste une preuve presque évidente dans la répartition mème en plan du monument actuel. Car si la tour S. n'existait pas lors de la construction de la tour centrale, il est difficile d'admettre que cette tour considérable, auprès de laquelle les autres paraissent des édicules, n'ait pas été établie sur l'axe du plateau, comme nous le voyons à Po Klong Garai, aux Tours d'argent, etc. Or, au préjudice de la

(1) Bergaigne croit nécessaire de rappeler la légende de Vicītra-Sagara pour expliquer cette épithète; il n'en est pas besoin, l'emplacement du monument y suffit.

(2) M. Barth laisse le choix pour la traduction du mot koça entre linga et cuvette à ablutions. Nous préférons la première interprétation à la seconde (voir no 3 du Bulletin, t. I, p. 218, note 2). Nous ajouterons aux raisons déjà données que, si la cuve à ablutions, élément tout naturellement indiqué d'ailleurs par les besoins du culte, représentait la yoni, il n'y avait vraiment aucun motif pour qu'elle adoptat la forme carrée générale. Car alors que le linga se rapproche d'aussi près que possible de la nature et prend la forme circulaire, on peut se demander pourquoi la cuvette à ablutions représentant la yoni irait quitter la forme circulaire, qui est naturelle et qui circonscrit aisément le linga, pour adopter une forme que rien n'appelle.

symétrie générale, elle est reportée vers l'arête N. du plateau, et son rejet de côté entraîne le désaxement de la grande salle inférieure (voir fig. 1).

Quelques années après l'érection du Satya-mukhalinga, le monument s'agrandit des libéralités du senapati Pañrö, ministre de Harivarman. Celui-ci crée trois sanctuaires: P'un est la tour principale sur laquelle le premier il inscrit sa donation, et que la suite des inscriptions permet de reconnaître pour le sanctuaire de Çri Malada Kuṭhāra. Le mot Malada est obscur, paraît-il, mais l'épithète Kuthara ne s'appliquera plus guère dans la suite qu'à Bhagavatī.

L'autre sanctuaire, dédié à Çrī-Vinayaka, c'est-à-dire à Ganeça, peut se reconnaître dans la tour du N.-O. Une inscription chame un peu antérieure (cette tour très petite dut être finie plus tôt) du même senapati ne laisse point de doute sur sa date. Les deux Garudas peuvent se rapporter à une idée vişnuite. Nous aurions une tendance à en dire autant de l'éléphant qui leur fait pendant sur la face O. (1). Peut-être faudrait-il rapporter au même sanctuaire le fragment de tête de Ganeça (F, fig. 9) qui se trouve actuellement dans l'édicule S.

La fondation du senapati comportait encore un temple de Sandhaka, une forme de Çiva, dit Bergaigne. Peut-être n'y eut-il que de simples réparations faites au vieux sanctuaire de Gri-Satya-mukhalinga, qui par la présence d'un culte de sa çakti put reprendre une plus grande valeur masculine. Peutètre ce sanctuaire est-il l'édicule S., que certains détails semblent montrer contemporain de la tour N.-O.

Le fils de Harivarman semble négliger les sanctuaires qu'a créés son gouverneur. Il installe un nouveau linga de Çiva, Çri-Mahadeva, et c'est entre celui-ci et le vieux Satya-mukhalinga qu'il partage ses faveurs. Ce seront d'ailleurs à peu près leurs derniers beaux jours. L'un des dons consiste en une couverture de la rigole d'écoulement pour le Cri-Satya-mukhalinga (2). Du sanctuaire de Mahadeva, rien ne subsiste Peut-être faut-il le chercher sur un des deux emplacements en seconde ligne, ou dans l'édicule S.

Un siècle se passe, qui ne nous laisse que de rares souvenirs. En 840 (=918 A. D.), Indravarman II érige une statue d'or de Bhagavati, qui est volée

(4) Examiné de tout près, le collier de cranes qu'avait cru voir M. Finot sur la figure qu'il porte (no 1 du Bulletin, t. 1, p. 15) nous a bien paru être un collier à pendeloques ordinaire. [Mes souvenirs ne sont plus assez précis pour que je puisse discuter la rectification de M. Parmentier. Je dois toutefois faire remarquer que, dans la note citée, je n'ai point parlé d'un collier de cranes; j'ai dit, ce qui est fort différent, que la figure avait « la chevelure ornée de crânes ». Mais, que ses ornements soient ou non des crânes, je continue à considérer comme probable que cette figure représente Bhagavati, dont un des attributs est le croc à éléphant. Et je ne vois pas ce que l'éléphant a de spécialement vişnuite. L. F.)

(2) Nous pensons qu'il s'agit ici non d'une garniture de la cuve par un métal précieux, mais de la fermeture d'un de ces orifices d'écoulement des eaux lustrales, semblables à ceux que nous avons vu à Chiên-dang, aux Tours d'argent et à la tour principale du monument que nous étudions ici. Nous devons confesser d'ailleurs que rien de semblable ne paraît exister dans la tour S.

par les Cambodgiens; en 887 (= 965 A. D.), Çri Jaya Indravarman [er la remplace par une figure de pierre. Il est possible que cette figure ait occupé la tour centrale sans que cependant on puisse l'affirmer. C'est à cette date (887965 A. D.) qu'Aymonier rapporte la belle figure actuelle. Peut-être serait-il cependant plus sage de la reporter à un ou deux siècles plus tard, car Jaya Paramecvaravarman [er (2e moitié du xe siècle Çaka), dans une inscription chame, se vante d'avoir érigé à nouveau l'image de la déesse. Nous adoptons done comme date de la statue la date large du xe siècle Çaka ou XIe siècle de notre ère.

L'inscription, d'ailleurs à peu près incompréhensible, que porte la petite figure voisine de la déesse (B, fig. 11), permet à M. Aymonier de la rapporter au règne de Jaya Indravarman Jer. Mais faut-il y voir comme lui la petite déesse des inscriptions suivantes? Elle a plutôt l'air d'une figure votive, d'une adorante que d'une adorée (1).

Une inscription postérieure nous apprend par sa présence que la tour S. existait en l'an 1065 (1143). Nous avons dit pourquoi cette tour nous paraissait beaucoup plus ancienne. Le fait caractéristique de l'inscription est l'érection d'un Çiva linga et, si l'interprétation de Çricana dans le sens de Çiva est exacte, la mention d'un nouvel exemple de ce culte assez rare de Harihara, un Çrica-Vişņu (2). Le rappel du Satya-mukhalinga, unique à cette époque, confirme notre hypothèse que ce sanctuaire est l'antique abri de cette divinité, disparue probablement à cette époque au milieu des pillages que le temple a subis. Il n'est pas jusqu'à la présence du pseudo-linga qui ne semble rappeler la lointaine tradition du linga dans cette tour.

Peut-être cependant y a-t-il lieu de s'étonner qu'un monument, qui serait pour nous si ancien, ne porte que des inscriptions si récentes. Divers faits pourraient expliquer cette apparente anomalie. Si le sanctuaire est contemporain de la stèle, celle-ci reçoit les inscriptions: il est donc naturel qu'il n'en porte pas lui-même. Plus tard, le culte de la déesse de Kauṭhāra, dans la grande tour voisine, semble faire négliger l'ancienne divinité, et les inscriptions s'accumulent sur la grande tour aux dépens du sanctuaire en question. Vient Vikrantavarman qui semble lui rendre la première place; mais lui aussi écrit alors, comme son prédécesseur, sur la stèle. Les inscriptions postérieures vont couvrir tout naturellement les portes du temple de la déesse, car elles rappor tent les donations qui lui sont faites. Ajoutons que les pieds-droits de la tour S. ne se prêtent pas à la gravure (A, fig. 7), que l'un même est une réparation postérieure: voilà bien des raisons pour qu'on ne se soit décidé à y écrire que dans un cas tout spécial et à un moment où la stèle et les piliers de la tour centrale

(1) Une figure du même genre et inscrite de même existe à Po-Romê (Inv. somm., 24). La lecture de l'inscription qu'elle porte permettra peut-être de trancher cette question. (2) Aymonier, p. 37.

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