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tion du mystère est aisée : la pierre est en effet prise dans les racines d'un arbre ; celles-ci vont buter contre les fondations du temple; elles se tordent et se soulèvent lentement, entraînant la pierre avec elles.

Mais quelle que soit la protection divine étendue sur le monument, elle n'empêche pas que le temps y fasse chaque jour de nouveaux ravages. La tour centrale est dans un état de délabrement très avancé; quatorze ou quinze lézardes, dont une ou deux de plus de dix centimètres de largeur, la sillonnent du haut en bas.

Le vestibule et les fausses portes sont séparés de l'ensemble; les angles s'en détachent par d'autres lézardes, ou se sont déjà écroulés. Il paraît probable que les fondations sont insuffisantes. Les quatre murs de la tour, sous l'énormecharge des constructions supérieures, paraissent avoir énormément tassé; tandis que le vestibule, les fausses portes et les angles, infiniment moins chargés, se sont disloqués du reste de l'édifice. En outre, la construction de brique mal liée, sous l'effort des racines des arbres qui ont envahi le monument, se décolle par tranches qui tombent les unes après les autres, entraînant dans leur chûte les parties supérieures (1).

Les autres édifices présentent également de profondes lézardes: la tour S. a perdu tout l'extrados de sa voûte. Le bâtiment qui est de beaucoup dans le meilleur état, bien que déchiré, est la construction N.-O., qui n'a perdu qu'une partie de son couronnement. Quand à l'édicule S., il n'en reste plus guère que la

carcasse.

Il est donc à craindre, en raison de son état de dislocation avancée, que le monument ne soit destiné dans un avenir prochain, sinon à une ruine complète, au moins à une destruction partielle qui lui enlèvera la plus grande partie de son intérêt. Il serait à ce compte intéressant de le débarrasser des constructions annamites qui l'obstruent (2) et d'y faire les reprises nécessaires pour en assurer la conservation. Malheureusement en certains points (tour S., superstructure de la tour centrale), ces reprises nécessiteraient absolument la descente des parties hautes. Il serait alors regrettable et fort difficile de les remonter, dans l'état de ruine où elles sont actuellement: on serait entraîné ainsi à une véritable réédification partielle. Cette restitution, grâce au nombre de données fournies par le monument dans ses parties intactes, présenterait d'ailleurs la plus

(1) Nous avons paré provisoirement à cet inconvénient en faisant abattre les arbres qui avaient poussé sur les diverses constructions. Mais nous n'avons pu en arracher les racines; nous aurions en même temps entraîné la plus grande partie des maçonneries. Dès que les repousses auront pris une certaine force, l'œuvre de désagrégation recommencera.

(2) On pourrait, sans désaffecter le monument de son nouveau culte, reporter les constructions qu'il exige en bas ou en arrière du monument.

grande garantie d'exactitude. Seule, la restauration du couronnement extrême de la tour centrale serait peut-être un peu problématique à moins que l'étude sur place des parties hautes n'en révèle d'une façon précise les anciennes dispositions, ce qui est assez vraisemblable. Ces parties sont actuellement impossibles à examiner à cause des éboulements de briques qui s'y produisent dès qu'on cherche à les atteindre. Mais cette étude cesserait d'être aussi dangereuse, si on était amené à faire la dépense d'un échafaudage général, nécessaire à l'exécution de la restauration. Ce travail aurait son intérêt et son utilité, parce qu'il permettrait de rétablir un monument cham, d'importance moyenne, dans un état voisin de son état primitif. Ainsi réparé, le sanctuaire de Po-Nagar tiendrait parmi les monuments chams la place qu'occupe Angkor Vat parmi les monuments cambodgiens, grâce à son état de conservation parfaite i servirait, lui aussi, de type de ce qu'étaient toutes ces constructions au temps de leur splendeur. Sa situation même rendrait ce travail, au point de vue de l'enseignement, plus utile encore: car l'accès en serait particulièrement aisé. Aussi, quelle que soit la valeur des objections qui pourraient être élevées au sujet de cette restauration, comme au sujet de toute restauration qui n'a pas uniquement pour objet de consolider l'édifice, nous n'hésitons pas à la propo er, et nous espérons qu'une décision favorable sera prise à cet égard.

H. PARMENTIER.

GÉOGRAPHIE HISTORIQUE DU QUẢNG BÌNH

D'APRÈS LES ANNALES IMPÉRIALES (1)

PAR LE R. P. CADIÈRE, MISSIONNAIRE-APOSTOLIQUE

se divise en

Au point de vue, historique, la province du Quang Binh deux parties distinctes, qui tantôt ont été englobées sous une même dénomination, tantòt ont porté des noms différents: c'est, en premier lieu, la partie Nord de la province, correspondant aux divisions administratives actuelles suivantes : sousprefecture de Tuyên Hoá E ; préfecture de Quảng Trạch Dân ; souspréfecture de Bò Trach ; en second lieu, la partie Sud correspondant à la préfecture de Quảng Ninh, et à la sous-préfecture de Lê Thùy.

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L LE QUẢNG BÌNH DEPUIS LES TEMPS FABULEUX JUSQU'A LA DYNASTIE DES LÝ (1040)

Pendant la période légendaire des Hùng Vurong E, première dynastie annamite, qui régna, assure-t-on, plus de deux mille ans et finit en 257 avant J.-C., le Quang Binh faisait partie du Việt Thường. Ce pays est tantôt qualifié de royaume, quôc (2), tantôt il est appelé simplement bộ B, province (3).

Sous la dynastie chinoise des Tan(255-202 av. J.-C.), toute cette région fut appelée quân, ou province, des Eléphants #B (*).

Lorsque Triệu Đà, général des Tan, envoyé pour combattre le roi de Thuc, qui s'était emparé du royaume de Văn Lang B, se fut proclamé roi de Nam Việt ij tx, en 207 av. J.-C. (*), Tannée Giáp Ngọ, il sempressa

(1) Cette étude est basée presque uniquement sur les données fournies par le ÉŒ ‡ id P AH, Khâm định việt sử thông giám cương mục, traité d'histoire composé sur les ordres de Tự Đức, de la neuvième à la douzième année de son règne (1856-59) et dont M. Abel des Michels a amorcé la traduction sous le titre d'Annales impériales de l'Annam, 3 fascicules. Paris, 1889-94. Cf. Bulletin, t. I, p. 283.

Cet ouvrage se compose de deux parties, le Tien biên, ou partie préliminaire, et le Chinh biên, corps de l'ouvrage; à moins d'indication contraire, c'est cette dernière partie que l'on cite. Les citations indiquent le numéro du livre ou quyen de l'ouvrage; le numéro du folio, suivi de la lettre A (= recto) ou B (= verso), les termes de recto et verso étant entendus d'après la manière annamite; enfin au besoin la colonne de la page.

(2) An., livre 21, fol. 23 A, col. 4.

(3) An. Tiền biển, liv. 2, fol. 5 B, col. 4.

(4) An. liv. 21, fol. 23 A, col. 4.

(5) Pour les dates, je cite d'après le Dictionarium sinicum et latinum du P. Couvreur celles qui concernent les dynasties chinoises. Celles qui concernent l'histoire annamite sont citées d'après les Annales impériales, en désaccord parfois avec les auteurs qui se sont occupés d'histoire annamite.

de diviser son royaume en deux quận B, ou provinces. L'une était le Cữu chơn, comprenant le pays qui s'étend depuis les limites Nord du Thanh Hoá actuel, jusqu'au Sud du Thira Thiên (1). Le Quang Binh était donc englobé dans cette circonscription (2).

Mais la dynastie des Triệu ne dura pas longtemps. En 112 av. J.-C. (), après des révolutions de palais où l'avant dernier roi des Trieu perdit la vie, une armée chinoise envoyée par les Hán, s'empara de tout le royaume du Nam Việt, qui fut divisé en neuf quận (4). Le quận de Nhựt Nam, comprenait les provinces actuelles du Quảng Bình et du Quảng Trị (3). Il était divisé en cinq sous-préfectures dont voici les noms: Châu Ngô ; Bi Cành ; Lô Dung 盧容;Tây Quyên 西捲;et Tuong Lâm 象林 (6). On ne sait pas actuellement à quoi correspond chacune de ces divisions. Dans un autre passage des Annales (7), nous voyons un autre nom qui n'est pas indiqué dans l'énumération précédente: on nous dit en effet que sous les flán le Bô Chính, c’est-a-dire toute la partie Nord du Quảng Bình (Bố Trạch, Quảng Trạch, Tuyên Hoá actuels) formait le huyện, on sous-préfecture de Thọ Linh Tiên, du quận de Nhựt Nam (8). On ne saurait dire si ce huyện de Thọ Linh doit être ajouté aux cinq énumérés plus haut, ou s'il y a eu simplement changement de nom pour l'un d'eux.

Les neuf quán formaient un bộ #, ou district, qui fut appelé Giao Chi C'est la première fois, ajoutent les Annales, que l'on voit apparaître cette dénomination. Chacun d'eux avait à sa tête un thai thủ, gouverneur en

chef.

Cette division eut lieu en l'année Canh Ngọ, (111 av. J.-C.), première année du titre Kiên Đức du roi Triệu Vương, sixième année du titre Nguyên Đỉnh T H des Hán.

Sous la dynastie chinoise des Tân (265-420 ap. J.-C.) toute la région qui nous occupe tombe au pouvoir du Làm Âp (). Ce peuple, probablement d'origine malaise, fut longtemps en lutte avec les gouverneurs chinois ou indigènes du châu de Giao établis dans le Tonkin.

; (1) An., Tiên Biên, livre 1, fol. 19 B, col. 5; 20 B. col. 3.

(2) A la tête de chaque quan il y avait un Điển sứ, administrateur délégué. Lorsque les Triệu furent vaincus, leurs Dien sú vinrent présenter leurs registres aux Hán et faire leur soumission. An., liv. 2, fol. 4 A, col. 5, etc.

(3) Année Ky Ti.

(*) An., Tiền Biển, liv. 2, fol. 3 B, col. 2.

(5) An., Tiên Biên, liv. 2, fol. 5 B, col. 7.

(b) Tiên Biên, liv. 2, fol. 5 A, col. 7.

(7) Livre 3, fol. 29 B, col. 2.

(8) Peut-être faut-il voir un reste de cette dénomination dans le nom administratif du Sông giang, Linh giang, qui couvre le Nord du Quảng Bình. Ce nom Linh est rendu, il est vrai, par les caractères ou; mais ce sont des caractères purement phonétiques. Deux villages du Quảng Trạch portent ce nom de Thọ Linh, écrit. Ce nom est récent et date de Tự Đức; on appelait auparavant ces villages Kim Linh

(9) An., liv. 21, fol. 23 A.

En 605, At Sửu, première année du titre Đại Nghiệp de la dynastie chinoise des Tuy, tout le pays compris entre la limite Nord de la province du Quảng Binh actuel et le Col des Nuages, au Nord de Tourane, forma un quan, ou province, appelé Ti Cành (1). Nous avons déjà vu ce nom parmi les cinq sous-préfectures du quan de Nhựt Nam; il signifie « ombre concordante » et un historien ajoute comme explication: Lorsque le centre du soleil se trouve au-dessus de la tète, on a son ombre sous soi ().

Ce nom de Ti Cảnh avait été précédé d'une autre appellation qui avait été changée aussitôt après son apparition, dit l'historien. Le pays avait été érigé en châu et appelé Hãng Châu ăn ) (3).

Après la disparition des Tuy, le Làm Ap s'empara de nouveau du pays. Cette occupation ne fut toutefois que passagère; Trinh Quán, de la dynastie des Dàng (618-936, 618-905 d'après d'autres), refoula les envahisseurs, soumit le Làm Ấp. et Pancien quận de Ti Cảnh forma le châu J de Nam Cảnh Hi E(*).

II. — DYNASTIES ANNAMITES DES LÝ (1010-1225) ET DES TRAN (1225-1400) (5).

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Nous avons vu jusqu'ici un seul nom désigner une grande étendue de pays dans laquelle le Quang Binh était presque toujours compris, sans qu'une dénomination particulière vint le signaler à notre attention. Désormais nous verrons quelques subdivisions de cette province.

La dynastie des Tông régnait en Chine (960-1280) (6). Le royaume de Chiêm Thành (Cham, Cam, Tyam, Ciampa) avait succédé au royaume de Làm Ap; une de ses provinces septentrionales était le châu de Bò Chinh布政(2).

Ce nom de Bô Chính désignait le Nord de la province actuelle du Quảng Bình, c’est-a-dire le Tuyên Hoá, le Quảng Trạch et le Bộ Trạch (8). Les Chams ont

(1) An., livre 21, fol. 23 A, col. 5.

Tiên biên, livre 2, fol. 5 B, col. 7.

(2) An., Tiến biên, liv. 2, fol. 6 A, col. 2-3. C'est la traduction en termes administratifs des deux expressions annamites désignant l'heure de midi: Đứng bóng, l'ombre est droite; et mieux Tron bóng, l'ombre est ronde autour du corps.

(3) An., Tiền biên, liv. 2, fol. 5 B, col. 6.

(*) An., liv. 21, fol. 23 A, col. 7. Dans le Chính biên liệt truyện, liv. 33, fol. 15 B, col. 6, il est dit quan commencement des Đảng le Ti Cảnh fut appelé Cảnh Châu simplement.

(5) La dynastie des Trân finit en 1400 d'après les Annales, et en 1414, année Giáp Ngọ, si

l'on compte la restauration de cette famille après l'usurpation des Hó.

(") II yeut les Lưu Tông PÂ (240–477); les Bắc Tông # * (960-1126); les Nam Tông (1127-1278) d'après Eitel: Chinese Dictionary. Les Annales mentionnent le Chiêm Thành pendant la période qui correspond aux deux dernières dynasties des Tong.

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(8) An., liv. 3, fol. 29 B, col. 4. C'est à ces divisions que correspondent les dénominations de Bình Chính, Minh Chính, Bò Trạch, citées par les Annales à cet endroit, et en usage du temps de Tự Đức, c'est-à-dire à l'époque de la composition des Annales.

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