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surveillance d'un grand mandarin qui avait mission de faire transporter les vivres destinés aux troupes. Arrivé au port de Di Luân, appelé vulgairement Di Loan, à l'embouchure du fleuve de Ròn, dans le Nord du Quảng Bình, le Roi ordonna à une partie de ses troupes de s'embarquer sur les vaisseaux. Quant à lui, à la tête des troupes de terre, il s'avança en suivant le bord de la mer. Arrivé au port de Nhựt Lê H, où est Đông Hới actuel, il fit camper ses troupes plus d'un mois, et les exerça aux manœuvres militaires.

Ne le suivons pas en dehors de notre Quảng Bình. Qu'il suffise de dire que l'expédition échoua misérablement, que le Roi mourut dans le combat, à la cinquième lune de l'année 1377 (1), et que pendant plus de dix ans les Chams victorieux ravagèrent les provinces du Sud de l'Annam.

Sous la dynastie de Trån (1225-1400), le Bô Chính n'avait pas changé de nom et formait toujours un châu. Mais le Lâm Bình, qui avait été érigé en phù, puis appelé Tân Bình, devait changer encore une fois et de nom et de désignation administrative. En 1397, année Dinh Sữu, dixième du titre Quang Thái de Trâu Thuận Tòn bh hiêu %, le grand mandarin Hồ Quí Lê # # Kế, qui s'empara du trône quelques années après, fit décider que le phù de Tàn Bình formerait désormais un tran, province, et s'appellerait Tây Binh (2).

Mais on ne voit pas que, dans la suite, on ait fait usage de cette dénomination.

Sous la dynastie éphémère des Hổ JJ, en l'année Giáp Thân, (1404), pendant que Ho Hán régnait sous le titre de Khai Dai, et tàchait de repousser les armées chinoises qui couvraient l'Annam, le prince annamite entreprit de creuser un canal reliant le Tan Binh (Sud du Quảng Bình) aux frontières du Thuận Hoá, pour transporter plus facilement les convois de vivres (3).

Dès l'année 1382 (1), les Annales mentionnent le creusement de canaux dans le Tan Binh, mais sans donner aucun détail.

Par Thuận Hoá on entendait d'abord la partie Sud du Quảng Trị, le Thửa Thiên et la partie Nord du Quảng Nam (5). Plus tard, sous la dynastie annamite des Lê, ce nom prit une extension beaucoup plus grande, et désigna tout le pays qui s'étend depuis Tourane jusqu'à la limite Nord du Quảng Bình. Les Annales ne fournissent pas de renseignements pour déterminer exactement la limite Nord du Thuận Hoá à l'époque où nous sommes. Mais elles nous disent que le canal que Ho Hán voulait faire creuser, désigné par le nom de Liên Căng

(1) An., liv. 10, fol. 40 B, col. 6. (2) An., liv. 11, fol. 27 B, col. 4.

(3) An., liv. 12, fol. 5. B, col. 5.

(4) Livre 10, fol. 50 B, col. 3; l'année Nhâm tuật.

(5) An., liv. 1, fol. 28 A, col. 4 sqq. « Le territoire du Thuận Châu correspond aux préfectures de Đảng Xương et Hãi Lang du Quảng Trị; Phong Điền, Quảng Điền et Hương Trà du Thừa Thiên; le Hoá Châu correspond aux préfectures ou sous préfectures de Phú Lộc Phú Vang du Thừa Thiên, Diên Phước, Hoa Vàng du Quảng Nam. » Ces deux châu étaient appelés jadis châu de U et châu de Lý, sous la domination chame.

Canal des Nénuphars, était situé sur le territoire du village de Thủy Liên , connu actuellement sous le nom vulgaire de Bàu Sen, Étang des Nénuphars, dans la sous-préfecture de Lê Thùy. C'est le canal du Quảng Bình auquel on voulait consacrer tout dernièrement plusieurs millions. Hó Hán avait décidé que le canal suivrait la dune; c'est le projet qui, à première vue, semble le plus pratique et le plus économique, à cause de la configuration du terrain, de la succession de nombreux petits cours d'eau et étangs reliant les deux bassins, et de la facilité relative du travail; mais il fut bientôt obligé de reculer devant les mêmes difficultés qui ont arrêté les ingénieurs français: à mesure que l'on creusait, le sable sortait de dessous terre comme l'eau jaillit d'une source. C'est ce que j'ai entendu appeler les puits de sable : l'ingénieur se servait à peu près des mêmes expressions que les annalistes (1).

Un demi-siècle plus tard, en 1467, alors que la dynastie des Lè était sur le trône, Đặng Thiểm, qui remplissait dans le châu de floá les fonctions de thừa chính sử từ tham nghị T li administrateur délégué et conseiller, proposa de nouveau à Lê Thánh Tôn de creuser ce canal que les Annales appelent Liên Cur, Canal des Nénuphars (2). Mais on ne dit pas si on donna suite à ce projet.

Les Chinois parvinrent à s'emparer de tout l'Annam. Pendant leur domination (1414-1428) (3), le Sud du Quảng Bình garda son nom de Tân Binh et son rang de préfecture. La partie Nord, le Bô Chính, fut maintenue au rang de châu, mais reçut le nouveau nom de Trân Binh(). En 1467, sous Lê Thánh Tôn, nous verrons ce nom de Trân Bình appliqué à un des quatre ve ou régiments, que fournissait la province de Thuận Hoá.

(1) Dans la carte XVI du Portulan annamite étudié par M. Dumoutier, on voit un large canal qui réunit le bassin du Nhựt Lệ à celui du Minh Linh. Je ne sais s'il faut voir là une preuve que ce canal du Quảng Bình ait été jamais réellement creusé. Ce qui paraît certain, c'est que le Bàu Sen, Etang des Nénuphars (village de Thủy Liên), qui communique avec le Nhurt Lê par un arroyo praticable à la batellerie annamite et est situé à quelques centaines de mètres à peine des cours d'eau tributaires du Minh Linh, communiquait jadis avec la mer, comme l'indique encore le nom de Cura Lap, port obstrué, donné à la dune qui sépare l'étang de la mer. Voici une légende recueillie sur les lieux. Le Roi venait du Sud, allant inspecter ses provinces. Arrivé au Bàu Sen, le maire du lieu, nommé Bon, vint le prévenir que le port allait être obstrué. Le monarque, pour toute réponse, fit décapiter ce prophète de mauvais augure. A son retour, comme il arrivait à l'endroit où Bon avait été décapité, son éléphant s'arrêta, ne voulant plus avancer. Le roi vit alors avec stupeur que le port était bouché. Effrayé, il fit offrir un sacrifice et élever une pagode aux mànes de sa victime. L'éléphant continua alors sa route. On voit encore aujourd'hui une petite pagode à gauche de la route mandarine, après avoir dépassé les auberges de Quán Sen.

(2) An., liv. 20, fol. 25 A, colonne 6.

(3) Les Annales font dater de 1418 le titre Bình Định Vurong du fondateur des Lê; de 1428 son titre royal de Thuận Thiện.

(1) An., liv. 3, fol. 29 B, col. 3.

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LE QUẢNG BÌNH SOUS LES LÊ JUSQUA LAVÈNEMENT DES NGUYỄN

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(1418-4558).

Lê Thái Tổ (1418-1433), après avoir chassé l'étranger, s'appliqua à réorganiser les divers services de l'État. Il divisa tout d'abord le royaume (troisième lune de l'an 1428) en cinq dao ou provinces (1). Toute la partie Sud formait le dao de Hài Tày 1, province située à l'occident de la mer, lequel comprenait quatre lo, ou départements, à savoir le lộ de Thanh Hoá, le lộ de Nghệ An, le lộ de Tân Binh et le lộ de Thuận Hoá.

Chaque lo fournissait un vệ, ou régiment, lequel était commandé par un tùng quần thể g assiste dun lieutenant, đô tầng quên hỏi F, ít dun sous-lieutenant, dông lòng quản linh thế . Un hành khiển j X, inspecteur délégué, aidé d'un premier assistant, tham tri, d'un second assistant, dong tri, et d'un archiviste, chú bộ, s'occupait de l'administration des dạo, tenait au courant les registres des troupes et des citoyens, jugeait les procès. Un autre passage des Annales () nous apprend qu'à la tête de chaque lo il y avait un mandarin appelé yên phủ sử thi fili.

Le Tân Bình, qui avait le rang de ló, était donc administré par les mandarins que l'on vient de citer. Quant au Bô Chính, le silence que l'on garde à son sujet fait supposer qu'il garda son ancien titre de châu. Il avait à sa tête un phòng ngự sử B). Il dut être incorporé dès ce temps-là dans le lo de Tân Bình. En effet ce lo précéda le più du Tiên Binh que nous verrons quarante ans plus tard, et dut avoir les mêmes limites que ce dernier. Or le phù de Tiên Bình comprenait le châu de Bò Chính. Cette élévation du Tàn Binh à un rang plus important n'a rien qui surprenne. Cette région fut colonisée beaucoup plus vite que le Bộ Chính, on la vu. C’est dès 1075 qu’un édit de Lý Nhơn Tòn y appela les Annamites. Les rizières fertiles que renferment les régions basses de cette contrée durent attirer les émigrants. Sur une carte annamite publiée par M. Dumoutier (3) et dont la première ébauche doit remonter à 1471, nous voyons le Sud du Quảng Bình rempli de villages, tandis que le Bo Chinh ne renferme qu'une population clairsemée.

Le lo de Tàn Bình devait également comprendre le châu de Minh Linh tout comme le phu de Tiên Binh plus tard.

Il faut signaler un passage des Annales (1), dans lequel, à propos d'un édit

(1) An., liv. 15, fol. 5 B.

tôt le Đạo e Hải Tây.

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(2) Liv. 20, fol. 7 B, col. 5.

Il n'avait d'abord constitué que quatre Dao auxquels il ajouta bien

On ne précise pas l'époque : « au commencement du royaume... lorsqu'on divisa le royaume en cinq dạo... » Il s'agit donc de la période où nous sommes. Au même endroit, en plus des hành khiển que nous avons vus, on mentionne dans chaque đạo deux administrateurs tuyên phủ sử, l'un en premier, l'autre en second.

(3) Etude sur un Portulan annamite du XVe siècle. Les Annales impériales parlent d'une carte du Quang Binh exécutée vers 1075-1076, comme on l'a vu plus haut.

(4) Liv. 15, fol. 10 B, col. 1.

B. E. F. E.-0,

T. 11.5

rendu à la quatrième lune de la même année 1428, nous voyons, dans une explication des annalistes, le Tan Binh qualifié de châu. Il y est dit que les criminels condamnés à l'exil étaient envoyés, suivant la grandeur de leur crime, soit dans le Nghệ An, ou chau rapproché, soit dans le Bò Chinh, ou cháu éloigné, soit dans le Tàn Binh, ou châu extérieur. On peut supposer, ou qu'il y a là une erreur d'appellation, ou que le nom de Tan Binh désignait à la fois deux circonscriptions, l'une plus grande et englobant l'autre, un lộ et un châu.

Ce renseignement n'en est pas moins fort intéressant: il fait voir un nouvel élément qui vint renforcer les colonies annamites du Quảng Bình, à savoir les condamnés, les criminels. Quelques-uns veulent même voir dans ce fait une explication du caractère turbulent qu'on remarque dans certaines régions de la province.

Il ressortirait encore de là qu'en 1428, le Tan Binh était considéré comme le châu extérieur, c'est-à-dire comme le dernier châu au Sud où la domination annamite fut pratiquement établie. Quant au Thuận Hoà, bien que Lê Thái Tổ en ait fait un lo spécial, on n'osait pas y envoyer les exilés.

Mentionnons un acte dont les Annales n'indiquent pas la date exacte, mais qui doit avoir eu lieu peu de temps après le règne de Lê Thái Tô, si même il n'a pas eu lieu du vivant de ce prince: le nom de Tàn Binh fut changé en celui de Tien Binhau commencement de la dynastie des Lè », disent les Annales (). La liste généalogique du village de Mi Hoà, dans le Quang Trach, dit que ce changement eut lieu pour ne pas employer le nom d'un haut personnage du royaume ().

Quant au Bô Chính, il conserva le même nom, ainsi qu'on l'a vu.

Lê Thánh Tôn K H ; (1460-1497) fut un grand conquerant et un grand administrateur. Dès l'année 1466, septième du titre Quang Thuận, après avoir distribué ses troupes en cinq corps d'armée (3), il remania la division administrative du royaume et la fixa à peu près définitivement dans ses grandes lignes ('). Pour ce qui est de la région qui nous occupe, nous voyons que le pays qui s'étend, au Nord, depuis le mont Hoành Sơn, ou Đèo Ngang, limite Nord du Quảng Binh actuel, jusqua Rembouchure du Cửa Việt, on fleuve de Quảng Trị, au Sud, portait le nom de Tièn Binh, et constituait une préfecture ou phú, ayant dans son ressort, au centre, deux sous-préfectures, ou huyện: celle de Lê Thủy, et celle de Khương Lộc He W; et deux châu: au Nord, celui de Bộ Chính, an Sud, celui de Minh Linh. Cette prefecture de Tiền Bình touchait au

(4) Liv. 3, fol. 29 A, col. 3

(-) Quốc hủy,

(3) An., liv. 20, fol. 2. Le Thuan Hoá, renfermant le Quang Binh tout entier, appartenait au corps d'armée du Sud, nam phù quân Hƒ îì, lequel comprenait en tout douze mille huit cents hommes, répartis en six régiments, ou ve, et en trente-deux stations, so h.

(4) An., livre 20, fol. 8 B; livre 21, fol. 16 A, 17 A.

Sud à la préfecture de Triệu Phong, et toutes les deux formaient la province, thừa tuyên T ii, de Thuận Hoá.

Arrêtons nous quelques instants à cette division, et déterminons l'étendue de

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chacune de ces parties. Le châu de Minh Linh correspond aux deux souspréfectures actuelles de Vinh Linh et de Do Linh, qui constituent la partie du Quảng Trị située au Nord de l'embouchure du Cura Việt. La sous-préfecture de Lệ Thủy nous est connue: elle porte encore le même nom aujourd'hui et

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