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année de Minh Mạng (1828), puis en celui de tỉnh quatre ans plus tard (1). C'est celui qu'elle porte encore aujourd'hui.

Tels sont les renseignements que nous donnent les Annales sur la géographie historique du Quảng Binh. Cette étude, qui ne donne qu'une idée très imparfaite de l'importance de la province au point de vue historique, demande à être complétée par une étude topographique qui embrasserait tous les souvenirs militaires de la province et permettrait de reconstituer la physionomie des trois dinh de la partie cochinchinoise et des divers établissements militaires de la partie tonkinoise. En outre les Annales nous fournissent d'amples matériaux pour l'histoire des luttes entre les Trinh et les Nguyễn, luttes qui ont eu lieu presque toutes dans le Quang Binh. Les Biographies historiques, Liệt Truyện, complètent ces renseignements et permettraient en outre de dresser une liste assez complète des divers gouverneurs cochinchinois des dinh du Bô Chính méridional et du Quảng Bình.

(1) An., liv. 21, fol 24 A, 24 B.

L. CADIÈRE.

BIBLIOGRAPHIE

N. B. - Dans les nos précédents, la bibliographie était divisée en deux parties : comptes rendus de livres, dépouillement des périodiques. Nous avons jugé préférable de suivre désormais l'ordre des matières, sans avoir égard à la distinction purement formelle du livre et de l'article. Nous donnerons l'analyse de tous les travaux offrant un intérêt réel, sans nous imposer la tâche de dresser l'inventaire complet des productions de toute espèce et de toute valeur relatives à l'Extrême-Orient. On trouve cet inventaire admirablement dressé dans l'excellente Orientalische Bibliographie du Dr L. Scherman: il est donc inutile de le recommencer ailleurs. Mais une bibliographie choisie et raisonnée peut rendre des services d'une autre sorte et d'une importance au moins égale : c'est ce que nous essaierons de faire ici. Comme par le passé, nous rendrons compte de tous les livres dont deux exemplaires auront été adressés à la Bibliothèque de l'École.

Indo-Chine

Isabelle MASSIEU. - Comment j'ai parcouru l'Indo-Chine. Paris, Plon, 1901. In-12, 404 pp., 65 gr. et une carte.

G. LANZY - Aux pays jaunes. Paris, Ollendorf, 1904. In-12, 332 pp., 12gr.

Le temps est décidément venu pour l'Indo-Chine de défrayer régulièrement notre littérature de voyage. Comme l'Angleterre, et même le continent, voient toujours, bon an mal an, éclore plusieurs livres de « globe-trotters » sur l'Indo-Chine, il ne se passera plus guère d'année qui ne nous apporte les notes, impressions ou souvenirs de quelques touristes indo-chinois plus ou moins enthousiastes, plus ou moius bien documentés. Voici déjà que les femmes s'en mêlent: cela promet.

Aux pays jaunes n'est qu'une suite d'impressions, jetées sur le papier au jour le jour, récit d'un voyage banal à force d'avoir été fait et cependant intéressant à refaire en deux heures avec cette ame féminine, énigmatique jusque dans ses confidences, comme ces compagnons de traversée avec qui l'on a causé de tout et dont on ne sait même pas le nom. Des émerveillements de la première heure, des curiosités de tout sans effronterie ni fausse honte, des récits (notamment à propos de telle visite dans une maison indigène) dont l'ingénuité frise parfois l'indiscrétion, et autres maladresses de débutante, feront sourire l'expérience des vieux routiers. L'auteur, qui sait analyser, n'a pas dédaigné de nous donner en passant sa formule, et toujours, dans ses descriptions, « la contemplation devient le rêve », quand même, comme « après le naufrage », elle ne s'achève pas dans le cauchemar. Surtout il est amusant de voir lentement agir, et à son insu, sur cette nature impressionnable, l'inexplicable et invincible charme de ces climats tant de fois maudits. A chaque page du volume revient la monotone plainte de l'atroce chaleur, du soleil implacable: puis soudain, aux dernières lignes, c'est le regret du retour, la désillusion de la Méditerranée trop pale, la nostalgie des pays de l'éternel été « et l'exil, maintenant, ce sera l'Europe... »

Le livre de Mme M. fait preuve de qualités d'endurance et d'observation singulièrement plus viriles, epithète que le lecteur de même la lectrice est prié de prendre pour un compli

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ment. Tout d'abord ce n'est pas suivre l'itinéraire de tout le monde que de parcourir ainsi l'IndoChine entière, anglaise, siamoise et française, y compris la traversée de la Birmanie à l'Annam par les États Shans et le Laos. Non contente de n'avoir pas reculé devant les difficultés de la route, Mme M. aborde avec la même résolution la tâche de décrire et de commenter ce qu'elle a vu. Or, quoi qu'un vain peuple en puisse penser, il est plus difficile d'écrire un bon chapitre de généralités que de fournir une longue chevauchée et telles pages de considérations sur l'avenir économique, politique et moral de la colonie ne font pas moins honneur aux qualités de penseur de Mme M. que l'heureux parcours des sentiers shans ou tonkinois à ses talents d'amazone. Au total elle nous donne du pays une large esquisse bien campée et qui n'insiste que sur le détail intéressant ou peu connu, en même temps qu'une idée, très suffisante pour les besoins courants des gens du monde, des principales questions à l'ordre du jour. Quelques partialités, qui sont après tout son affaire et qu'on est libre de ne pas partager, par ci par là quelques méprises, et surtout de ces informations hâtives, ni tout à fait vraies, ni pourtant absolument fausses, comme le voyageur est toujours exposé à en ramasser en passant, c'est tout ce que l'on pourrait trouver à reprendre dans ce livre de bon ton, de bonne humeur et de bonne foi.

A. FOUCHER.

I.

Étienne AYMONIER. Le Cambodge. 1. Le Royaume actuel. Paris, E. Leroux, 1900. Gr. in-80, XXIII-478 pp.

A plusieurs reprises, depuis la publication déjà lointaine de sa Géographie du Cambodge, M. Aymonier nous a communiqué, dans des monographies plus ou moins étendues, des portions du riche trésor de notes et d'informations qu'il a rapporté de ses longs séjours et de ses fructueuses missions dans diverses régions de l'Indo-Chine (1). Récemment encore, il nous donnait ses itinéraires dans le Laos. Aujourd'hui, il se décide à vider ses réserves à notre profit et à condenser les résultats de sa laborieuse expérience en une œuvre de longue haleine, où il traitera de toutes les contrées ayant fait partie de l'ancien empire klimer. L'ouvrage doit se composer de trois volumes: le premier, seul publié, est consacré au royaume actuel du Cambodge, bien réduit de son ancienne étendue; le deuxième comprendra les territoires qui, au nord et à l'ouest, ont passé depuis plus ou moins longtemps sous la domination siamoise, à l'exception toutefois des provinces groupées autour de l'ancienne capitale, Angkor Thom,

(1) Voici, en laissant de côté les travaux de philologie pure et ceux qui sont relatifs à l'Annam et à Campa, la liste des principales publications (descriptives et archéologiques) de M. Aymonier Notice sur le Cambodge, en tête de son Dictionnaire français-cambodgien, Saigon, 1874. Tirage à part, Paris, E. Leroux, 1875. Géographie du Cambodge, Paris, E. Leroux, 1876. Notes sur les mœurs et coutumes des Cambodgiens, dans Excursions et reconnaissances, Saigon, 1883. Quelques notions sur les inscriptions en vieux khmer, dans Journal asiatique, mai-juin et août-septembre 1883. L'épigraphie cambodgienne, dans Ercursions et reconnaissances, Saïgon, 1884. Notes sur le Lros, ibidem, 1884-1885. Une miss on en Indo-Chine, dans Bulletin de la Société de géographie, 1892. — Voyage dans le Laos, 2 vol. gr. in-8° (Annales du Musée Guimet), 1895-1897. Le Cambodge et ses monuments: la province de Ba Phnom, dans Journal asiatique, mars-avril 1897. Le Cambodge et ses monuments (Koh Ker, Phnom Sandak, Prasat Preah Vihear), dans Revue de l'histoire des religions, XXXVI, 1897. Le roi Yaçovarman, dans Actes du Congrès des Orientalistes, Paris, 1897. Inscriptions modernes d'Angkor Vat, dans Journal asiatique, novembre-décembre 1899 et janvier-février 1900. La stèle de Sdok Kak Thom, ibid., ianvier-février 1901.

provinces qui, avec l'aperçu historique réservé pour la fin, fourniront la matière du troisième volume.

Ce plan est simple et rationnel; à première vue, il semble aussi devoir être d'exécution facile. A y regarder de plus près, on s'aperçoit pourtant qu'il comporte bien des incertitudes. Nous savons ce qu'il faut entendre par le Cambodge actuel ; nous avons aussi une idée suffisamment nette de ce qu'était le royaume il y a quelques siècles; nous savons moins bien ce qu'a pu être l'ancien empire khmer. Non seulement nous en ignorons les origines, mais nous sommes embarrassés d'en marquer même approximativement les limites. Nous savons seulement que ces limites ont beaucoup varié au cours des âges et qu'elles n'ont pas toujours compris un seul et même État. Pour certaines époques il est même plus prudent, au lieu d'un empire khmer, de parler d'une civilisation d'origine hindoue importée parmi une population de langue khmère de sorte que c'est à l'extension commune dans le passé de cette civilisation et de l'usage officiel de cette langue que devra se inesurer l'aire géographique de l'ouvrage. Celleci n'en est pas plus facile à déterminer. Les monuments de l'architecture à eux seuls ne suffisent pas pour cela, car l'art hindou a pénétré en Indo-Chine par toutes les côtes et, bien que rayonnant de centres d'établissement distincts parmi des populations diverses, il y présente à peu près partout, au début du moins, des caractères semblables. Il faut en dire autant des inscriptions en sanscrit, quand elles sont de provenance excentrique et qu'elles ne se rattachent pas à des dynasties connues; car, ici encore, le style, d'abord commun, ne s'est différencié qu'à la longue. A s'en rapporter uniquement au témoignage des uns et des autres, on risquerait donc fort de trop embrasser. Un critérium plus sûr est celui des inscriptions en langue khmère. Mais celles-ci, autant qu'elles nous sont connues jusqu'ici, sont rares sur le pourtour et fournissent des frontières singulièrement capricieuses et pleines de lacunes. En réunissant toutes ces données et en les complétant à l'aide de quelques maigres indications venues du dehors, voici à peu près le tracé, -- si cela peut s'appeler ainsi, - qu'on obtient dans l'état actuel des recherches.

Au midi, dès le commencement du vite siècle, époque des plus vieilles inscriptions, la domination khmère est limitée par la mer. C'est le côté où la solution se présente de la façon la plus simple, bien que là même nous le verrons tout à l'heure — elle se complique de quelques problèmes embarrassants.

A l'est, sur le littoral, la limite est incertaine, mais peut sans inconvénient, jusqu'à nouvel ordre, être figurée par la frontière actuelle de la basse Cochinchine. Dans l'intérieur des terres, il est plus difficile de prendre un parti. Il est probable que les prétentions du moins des Kambujas, à l'époque de leur splendeur, allaient jusqu'aux montagnes qui bornent de ce côté le bassin du Mékhong et dont l'autre versant était occupé par un État souvent rival, celui de Campā, également de civilisation hindoue, mais avec une population de langue et de race différente, les Tchams. Leurs armées ont pu atteindre parfois cette ligne de faite et, en tout cas, quelle qu'ait été la route suivie, elles ont fait des apparitions au delà. Mais il est extrêmement improbable que leur domination ait jamais été bien assise sur les nombreuses tribus, alors comme aujourd'hui encore à l'état sauvage, qui habitent la large zone de vallées et de plateaux adossés au versant occidental de ces montagnes. De ce côté, tout tracé est donc impossible.

Il en est de même au nord. Les monuments relevés jusqu'ici s'arrêtent à peu près à la hauteur de Bassac, vers le 15 degré. Mais encore au XIVe siècle, quand la puissance khmère était déjà bien réduite, c'est vers l'empire civilisé du bas Mékhong, et non vers le Ménam et le Siam, que sont orientés les rapports des petits royaumes du haut fleuve. C'est d'Angkor, non d'Ayuthia ou de Sokhothai, que Luang-Prabang prétend avoir reçu le bouddhisme et la civilisation, et tout porte à croire qu'à l'époque antérieure, pour laquelle nous n'avons point d'annales, pas même de traditions, l'empire khmer exerçait une suzeraineté plus ou moins directe sur le Laos, bien au delà de la latitude de Bassac.

A l'ouest, non seulement on trouve des inscriptions khmères jusqu'à Chantabun sur le

littoral (1) et, dans l'intérieur des terres, jusqu'au delà de Korat; mais, plus loin encore vers l'ouest, par delà le 98e méridien, il y en a ou, plutôt, il y en avait en divers points de la vallée du Ménam, en deçà et au delà du fleuve: à Prah Pathom, au nord-ouest de Bangkok, une inscription publiée par M. Fournereau (2), sanscrite celle-là, il est vrai, et sans date ni nom de roi, mais si parfaitement semblable à ce que nous trouvons au Cambodge avant le milieu du VIIIe siècle que son origine khmère ne parait pas douteuse; plus haut, à Lophaburi, une inscription en langue khmère, qui est datée du règne du roi cambodgien Suryavarman et de l'an çaka 944 (=1022 A.D.); enfin tout au nord, à Sokhothai, vers le 17e degré, et d'une époque aussi tardive que le XIIIe siècle, une longue inscription khmère (3), que M. Aymonier connaît bien, puisqu'il en a jadis discuté et rectifié la date (4). Ces inscriptions ont été déplacées depuis plus ou moins longtemps; elles sont maintenant conservées à Bangkok et leur provenance n'est plus connue que par tradition; mais cette tradition est confirmée en partie par leur contenu, en partie par les vestiges que l'art khmer a laissés dans les mêmes lieux et plus loin encore vers le nord. Ce ne sont donc pas des épaves de hasard, ni des trophées apportés de loin par le vainqueur. Elles nous montrent qu'avant la poussée vers le sud des conquérants thaïs, la domination khmère comprenait la plus grande partie du Siam et qu'elle y était si bien assise que, même après la conquête thaïe, et dans une région aussi excentrique que Sokhothai, la langue khmère était encore d'usage officiel (5). Il est même permis de croire que cette domination s'étendait encore plus loin vers l'ouest, au delà du Siam actuel, et qu'elle comprenait la côte de Tenasserim sur le golfe du Bengale. C'est de ce côté, en effet, comme nous l'apprenons par le pèlerin chinois l-tsing, qu'il faut très probablement placer le royaume de Fu-nan (6), qui touchait certainement à la mer et qu'il est impossible de chercher plus longtemps sur la côte d'Annam (7). Or les annales chinoises nous apprennent que « jadis », c'est-à-dire avant 600 A.D., le Tchen-la, c'est-à-dire le Cambodge, était soumis au Fu-nan, tandis qu'à partir de 626, le Fu-nan fut soumis au Tchen-la (8). Dans l'état actuel des données, il semble que ce témoignage ne peut guère s'interpréter autrement que par l'admission d'une domination khmère dont le centre de puissance se serait déplacé de l'ouest à l'est; car, outre le sanscrit, il n'y a pendant longtemps dans ces parages pas d'autre langue officielle que le khmer le thaï n'apparaît que plus tard, au xive siècle.

Tel est le tracé plus ou moins probable et très peu précis qu'on obtient pour l'aire géographique de cette domination khmère, homogène ou non, aux temps anciens. D'une part, il est très pauvrement fourni sur le pourtour et, d'autre part, il dépasse sensiblement celui qui est esquissé à la page 103 du présent volume: de 10 degrés à 16 degrés N., et de 99 degrés à 105 degrés E. M. Aymonier sait cela mieux que personne et, en traçant ce cadre, il a dù certainement prévoir des difficultés. Que fera-t-il des régions excentriques, pauvrement dotées, et de celles surtout qui sont en dehors du cadre? Les décrira-t-il en détail, comme celles qui y sont comprises? Cela pourrait grossir singulièrement son deuxième volume. Ou en disposera-t-il sommairement, au moyen de simples croquis? A n'y pas toucher du tout, l'ouvrage serait incomplet. De toute façon, du simple fait de cette délimitation, M. Aymonier

(1) L. Fournereau, Le Siam ancien, I, p. 139 (Annales du Musée Guimet, t. XXVII). (2) L. cit., p. 127.

(3) Plusieurs fois publiée, d'après le P. Schmitt; en dernier lieu, par M. Fournereau, op. l., p.167, et par M. Pavie: Mission Pavie, II, p. 203.

(4) Excursions et reconnaissances, vIII (1884), p. 253 et suiv.

(5) L'inscription khmère de Sokhothai émane d'un roi thaï.

(6) Cf. Journal des Savants, 1898, p. 274.

(7) En admettant que jadis le Fu-nan s'étendait du Tonkin au Siam (p. 133), M. Aymonier a, je crois, trop cédé à l'opinion de Garnier et de Yule.

(8) Abel Rémusat, Nouveaux mélanges asiatiques, 1, p. 75-84.

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