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NOTES ET MÉLANGES

ÇANF ET CAMPA

On sait que feu le colonel Yule, identifiant Campă avec le Zabai de Ptolémée et le Çanf des Arabes, qu'il situait à l'Ouest de l'embouchure du Mékhong, dans la baie de Kampot, a soutenu que, jusqu'aux xe et XIe siècles de notre ère, Campã ne se trouvait pas dans les parages où les Portugais et les navigateurs modernes l'ont connu plus tard, mais à boune distance de là, dans le golfe de Siam. Depuis, les résultats de l'épigraphie, que Yule ne pouvait connaitre (1), nous ont appris que cette situation, pour l'époque du moins des voyageurs arabes, est impossible ; de deux choses l'une ou Çanf n'est pas Campã, ou Yule l'a mal situé. Ayant eu récemment l'occasion de toucher cette question (2), j'avais conclu dans le premier sens : je crois maintenant que j'aurais mieux fait de me décider dans l'autre.

Dans une note qu'il a eu l'obligeance de me communiquer, mon savant confrère et ami, M. le professeur De Goeje, de Leide, a appelé mon attention sur les données réunies à ce sujet par M. Van der Lith (et, ajouterai-je, par M. De Goeje lui-même) dans l'Index géographique de son édition du Livre des merveilles de l'Inde (3). De ces données, il résulte en effet que Yule, si soigneux d'ordinaire, et bien qu'il ait commencé par donner la liste suffisamment complète des sources alors accessibles, n'a pas tenu compte de tous leurs témoignages et qu'il a, comme on dit, voulu n'entendre qu'une cloche. Dans les observations qui vont suivre, je n'entends pas reprendre d'ensemble cette question de Campā; je veux seulement indiquer brièvement les raisons qui m'ont fait changer d'avis.

Nous pouvons écarter d'abord, je pense, l'argument tiré de la situation hypothétique de Zabai. Le système de longitudes et latitudes de Ptolémée, pour la région de l'Extrême-Orient, est si bizarrement déformé, qu'il n'y a pas à faire fond sur ses déterminations. Tout ce qu'on peut légitimement en tirer, c'est que, après avoir quitté Zabai ou la ville des Zabai, et avoir doublé le « grand promontoire », on entrait dans le « grand golfe », pour arriver ensuite en Chine. Yule veut que ce « grand promontoire » soit la Pointe du Cambodge, l'extrêmité Sud-Ouest du delta du Mékhong; et il est de fait que la projection de cette pointe fait grande figure sur nos cartes. Mais, à supposer même qu'elle ait existé de leur temps, il est permis de douter qu'elle eût fait la même impression sur les caboteurs dont Ptolémée transposait les récits, et qu'ils eussent donné ce nom de mega akrôtérion à ce qui devait, alors comme aujourd'hui, se présenter comme un chapelet de lagunes et de bancs de sable à demi noyés. Pour tout ce que nous savons de ces données, rien n'empêche de les transporter sur la côte d'Annam, où les havres profonds et les hauts promontoires ne manquent pas (4). D'ailleurs la situation que leur assigne Yule fùt-elle exacte, elle ne prouverait pas grand chose pour celle de Çanf et de Campa au temps des relations arabes: au deuxième siècle, pour Campā, nous sommes en pleine préhistoire.

(1) Autant que je sache, Yule a exposé ses vues à cet égard pour la dernière fois dans un article publié dans les Proceedings of the Royal Geographical Society de novembre 1882. (2) Journal des savants, juillet 1901, p. 440. [Ici même p. 75].

(3) Publié par P. A. Van der Lith, avec la traduction française par L. Marcel Devie Leide, E. J. Brill, 1883-1886. Les données en question se trouvent surtout aux pages 220 et 222 de l'Index.

(4) M. Gerini, qui a appliqué aux coordonnées de Ptolémée un système de corrections très ingénieux, trop ingénieux même pour être toujours convaincant (Journ. Roy. As. Soc. London, 1897, p. 551 et s.), place Zabai à Baria et le « grand promontoire au cap St Jacques; ce qui ne va pas bien non plus, puisque Ptolémée met presque tout un degré de longitude entre les deux.

Pour Canf, l'argumentation de Yule est plus embarrassante. Elle s'appuie sur la relation du marchand Soleyman, écrite au milieu du IXe siècle et conservée dans un traité rédigé au siècle suivant, qui a été publié et traduit, il y aura bientôt deux cents ans, par Renaudot et plus récemment par Reinaud (1). D'après cette relation, les navires qui allaient en Chine relâchaient à Senef (Canf), puis, à dix jours de là, dans l'ile de Sender Foulat, d'où ils arrivaient en Chine au bout d un mois (2). Dans Sender Foulat ou Sandal Foulāt, Yule reconnaît le groupe de Poulo Condor, le Sondur ou Condur de Marco Polo, (3) et l'identification, si elle n'est pas certaine, les Arabes désignaient par le même mot les îles et les presqu'iles, — est certainement séduisante. La donnée de Soleyman se retrouve ensuite, au siècle suivant, chez Massoudi, très probablement d'après la même source; plus tard encore, dans le Livre des merveilles (p. 86), où elle est mise au compte d'un autre navigateur, contemporain de Soleyman, et chez d'autres géographes arabes. Et il est certain que, si nous n'avions qu'elle, il serait difficille de ne pas se ranger à l'opinion de Yule.

Mais nous avons une autre donnée plus simple et qui, elle, ne prête à aucune équivoque. Elle se trouve en premier lieu car, comme la précédente, elle a été répétée par des successeurs — chez Ibn-Khordadbeh, une autorité de premier ordre, contemporain de Soleyman, que Yule n'a pas manqué de mentionner parmi ses sources, et dont il a malheureusement oublié d'invoquer ici le témoignage. Dans le Livre des routes et des provinces, publié et traduit par M. Barbier de Meynard (4), Ibn-Khordadbeh nous apprend (p. 291) que, « de Komar, pays qui produit l'aloës indien nommé komary, et du riz, on va à Senf en trois journées (5), en suivant la côte. L'aloës de Senf, nommé à cause de cela senfy, l'emporte sur celui de Komar, » Komar ou Khimar est ici incontestablement le pays khmer, le Kmir des documents vieux-javanais, de même que Senf ou Çanf, « d'où vient le meilleur bois d'aigle », est le pays de Campā (6). La donnée ne détermine pas la situation de Campapura, non plus du reste que ne le font jusqu'ici les inscriptions; mais elle dit clairement que, trois jours après avoir quitté le dernier port ou marché en pays khmer et en marchant vers l'Est, car c'est là la direction de la route, arrivait à un port ou marché cham. Elle nous dissuade ainsi de chercher Çanf à l'Ouest du Mékhong et jusque du côté de Kampot, et elle montre que, pour les Arabes du IXe siècle, comme pour Marco Polo et pour les Portugais, le pays de Campa se trouvait bien là où le placent les inscriptions, sur la côte annamite.

A. BARTH.

on

NOTE SUR L'EXÉCUTION DES FOUILLES

En présence du grand nombre de trouvailles archéologiques faites ces dernières années en Indo-Chine, nous croyons utile de donner quelques indications au sujet des fouilles que de nouvelles découvertes rendraient nécessaires. Des faits récents montrent que ces conseils fort ordinaires et de simple bon sens ne sont pas superflus; car, tout en rendant justice à la bonne volonté de maint chercheur, nous devons constater que beaucoup de fouilles n'ont fourni que des résultats incomplets, faute d'une méthode raisonnée appliquée exactement.

(1) Relation des voyages faits par les Arabes et les Persans dans l'Inde et à la Chine dans le ixe siècle de l'ère chrétienne... 2 tomes. Paris, Imprimerie Royale, 1845.

(2) Relation..., p. 18.

(3) Je n'ai pas besoin de remarquer que la palatale c et ses variantes représentent, parages, une prononciation zézayante.

(4) Journal asiatique, vie série, t. v (1865).

dans ces

(5) Comme le fait remarquer M. Barbier de Meynard, ces trois journées sont devenues huit milles chez Edricy. On sait que les données numériques sont le plus sujettes à altération. C'est ainsi que l'Index géographique du Livre des merveilles (p.222) porte cinq journées au lieu de

trois.

(6) Aussi dans le Livre des merveilles, Çanf désigne tantôt un port, tantôt une contrée.

Les quelques indications qui suivent n'ont, au point de vue général des fouilles en tout pays, d'autre valeur que celle qui peut résulter d'une expérience personnelle: en Indo-Chine, où l'École d'Extrême-Orient a reçu du Gouvernement la mission particulière d'assurer la conservation des monuments antérieurs à l'installation de notre domination ou de notre protectorat sur le pays, elles prendront la valeur d'instructions pour toutes personnes qui pourraient avoir à exécuter des fouilles. La propriété de l'État ayant été reconnue sur les objets anciens, même en terrains particuliers, de même qu'en Tunisie, aucune fouille ne peut être faite sans les ordres de l'autorité supérieure ou sans l'autorisation de l'École Française. Il convient donc dans ces conditions d'indiquer comment ces fouilles doivent être exécutées.

Une fouille archéologique est destinée à faire connaître les éléments d'un édifice ou d'un groupe d'édifices ou d'objets, qu'une cause quelconque a fait disparaître sous une couche de terre. Si l'on observe que le même objet peut être considéré à un grand nombre de points de vue, il faut admettre que la même fouille pourrait être entreprise par un grand nombre de personnes pour une série de recherches toutes différentes.

Or au cours de cette fouille, la nature des déblais, leur ordre de superposition, la position des fragments trouvés, etc., sont autant de renseignements ou d'indices qui aident à la solution de tel ou tel problème spécial (1). La fouille une fois exécutée, la plus grande partie de ces indices a disparu par suite la solution de tel ou tel problème devient impossible. Le principe directeur de toute fouille archéologique sera donc de faire la fouille de telle sorte que tout nouveau chercheur soit en présence de la fouille faite comme s'il pouvait encore la faire lui-même; autrement dit, qu'il puisse avoir tous les renseignements qu'elle lui eût fournis s'il l'eût exécutée lui-même.

L'idéal serait évidemment un procédé analogue à celui des rayons X. L'état actuel de la science ne le permet pas. Il n'est cependant pas impossible d'y suppléer en consignant, par tous les moyens dont nous disposons aujourd'hui, l'histoire même de la fouille: croquis, dessins cotés, aquarelles, photographies, surtout et avant tout journal des fouilles.

Il faut que puissent être connus de chacun l'état des choses avant le débroussaillement et la fouille, la nature des déblais el des débris qui s'y rencontrent, leur ordre de superposition, la place exacte des objets trouvés et la façon dont ils étaient engagés au milieu des autres débris. Quelques exemples ne seront pas inutiles pour montrer la nécessité de ces diverses constatations. Supposons qu'un épigraphiste soupçonne dans un mur byzantin la présence d'une inscription romaine (le fait est fréquent). Il démolit le mur, met à jour l'inscription. Tout fier de ce résultat, il ne prend note ni du genre ni de l'état du mur. Passe un archéologue qui étudie les citadelles byzantines: l'absence de ce mur lui fait perdre la clef des dispositions de défense qu'il recherchait depuis longtemps.

Tel autre s'occupe des monnaies; il jette au loin les débris d'un coffret grossier qui contenait un trésor, et c'est un renseignement précieux dont il prive le savant qui étudierait l'art industriel de cette époque.

Un troisième fait une fouille pour dégager un monument; convaincu qu'il était couvert d'une voûte légère en maçonnerie, il fait disparaître sans scrupules la couche de cendres qui masquait la mosaïque de la salle : il prive ainsi des traces de l'incendie qui a dévoré la toiture le chercheur mieux avisé qui eût pensé l'édifice ainsi couvert.

La plus grande circonspection et la plus grande minutie doivent donc être apportées dans l'exécution d'une fouille, car on ne sait jamais si l'on a envisagé toutes les possibilités du problème.

Ces observations générales admises, nous donnerons quelques indications au sujet de la manière même de faire les fouilles. Les différents modes de fouille, la marche d'une fouille normale et le sort à faire aux objets trouvés sont, pensons-nous, les trois grands points qu'il y a lieu d'examiner.

(1) C'est ainsi que la présence de cendres, pour ne prendre qu'un exemple au hasard, indiquera à l'historien qu'après la ruine du monument l'emplacement qu'il occupait n'a pas été complète

ment abandonné.

On peut diviser les fouilles en deux sortes: les fouilles longues et peu profondes, que nous appellerons fouilles de recherche, les fouilles larges et creuses, ou fouilles de dégagement. On peut à l'occasion remplacer les premières, lorsque le personnel ou le temps fait défaut, par des tranchées plus ou moins distantes, perpendiculaires à la direction de la fouille de recherche qu'on eût exécutée: on peut ainsi s'assurer par exemple de la continuité d'un mur avec une grande économie, mais ce mode risque de ne pas indiquer des sections de portes ou des départs de murs latéraux.

Nous n'insisterons pas sur la façon de faire la fouille elle-même. Il est rare qu'on dispose ici du choix des outils et des hommes (1). Rappelons seulement que lorsque par la nature sablonneuse ou humide du terrain une fouille devient dangereuse et demande un étaiement, le chercheur assumera de lourdes responsabilités s'il n'a recours au moins aux conseils d'un homme autorisé. Il ne faut jamais compter en ce cas sur l'industrie des travailleurs, dont l'impéritie est inouïe (?). L'auteur des fouilles agira donc sagement en surveillant incessamment la nature des terrains rencontrés et en arrêtant les travaux dès qu'il y aura le moindre risque de vies humaines.

C'est pourquoi nous croyons plus sage de ne pas insister sur les modes de défense à prendre contre le glissement des terres ; il est inutile d'apprendre aux uns ce qu'ils savent, dangereux de donner aux autres une fausse confiance.

Quelque extraordinaire que puisse paraître la nécessité d'un semblable conseil, nous ne saurions trop insister sur l'obligation d'exécuter les fouilles de telle façon qu'elles ne compromettent pas la solidité des parties existantes. Tel monument découvert et récemment fouillé l'a été de manière si étrange qu'au centre même d'une tour se trouve une excavation de plusieures mètres de profondeur que les pluies ont remplie d'eau : les infiltrations sont une grave cause de ruine pour les murs encore debout.

Il nous faut maintenant examiner de quelle façon on doit mener les fouilles et, pour commencer par le commencement, voir où et comment il faut les attaquer.

La première condition de succès, et c'est encore une question de simple bon sens, est de ne point débuter par n'importe quel bout, au petit bonheur, comme c'est le cas le plus souvent. De cette façon il arrive presque infailliblement que tous les fonds sent usés en essais infructueux et les fouilles arrêtées faute d'argent, avant qu'on soit arrivé aux points qui eussent pavé les efforts dépensés.

:

Tout d'abord un débroussaillement général s'impose. C'est là un travail long et fastidieux, mais nécessaire dégagé, le terrain révèle le plus souvent la masse générale du plan. En Indo-Chine, un monticule d'une dizaine de mètres au pied, qui se recreuse au sommet comme un volcan, cache le plus souvent la base d'une tour ou d'un prasat. Des renflements allongés annoncent des murs; la même indication est fournie en Annam par des tranchées que l'herbe a envahies de nouveau, et qui sont la trace des fouilles faites à une époque antérieure par les Annamites pour se procurer des briques à bon marché.

Ces simples données que fournit le terrain suffisent le plus souvent à se faire une idée du plan général. On trouve une aide considérable, pour l'établissement de ce plan préliminaire, dans le fait constant de l'orientation régulière des monuments. Les temples au moins et ce sont à peu près les seuls édifices qui aient subsisté présentent toujours un point central qui est la demeure de la divinité principale. Ce point d'ailleurs peut au Cambodge prendre l'ampleur d'un nouveau monument, mais il est régi par les mêmes lois. Invariablement

(1) Notons seulement l'excellence du pic annamite qui se manoeuvre verticalement comme une barre à mine; le travail qu'il rend est faible, mais il est bien moins brutal que la pioche. En revanche la pelle de bois est généralement déplorable. Quant à la corbeille qui supplée la brouette, il est difficile de concevoir un engin qui exige plus de temps et de travail pour un aussi médiocre résultat.

(2) Au retour d'une absence forcée, nous les avons vus, malgré les ordres donnés, travailler sous le danger d'une pierre de plus de cinq cents kilogrammes sans qu'ils eussent pris aucune précaution pour en prévenir ou en diriger la chûte. L'effort d'un homme a suffi ensuite pour le faire rouler sur le talus de déblaiement.

dans le sens E.-O., vers l'O. parfois dans les monuments khmers, vers l'E. toujours dans les édifices chams, des constructions annexes annoncent ce sanctuaire. Dans les uns et les autres,

un motif forme entrée. Le monument cham, de plan relativement simple, comporte d'ordinaire deux groupes de bâtiments sur les axes parallèles au grand axe, à l'E. et à l'O. de celui-ci. Le monument khmer offre souvent, par suite d'adjonctions successives, un tel enchevêtrement que l'aspect seul du terrain peut diriger les recherches.

Ce premier travail de discernement du plan une fois exécuté et porté sur un relevé rapide du terrain, il faut en vérifier l'exactitude, et pour cela les fouilles de recherche sont tout indiquées. Le point central reconnu, il faut, s'il n'y a pas de maçonneries visibles, cas fort rare, procéder à une première fouille profonde qui mette à jour quelque fragment de mur; il faut étendre cette fouille dans tous les sens jusqu'à ce qu'on ait obtenu un résultat, si, par un hasard extraordinaire, il n'a pas été obtenu du premier coup. C» fragment de mur reconnu, il est inutile de pousser plus loin ce premier travail, mais il convient d'y amorcer immédiatement une ou plusieurs fouilles de recherche qui suivront soit l'une, soit, ce qui est mieux, les deux arêtes du mur dégagé. Cette fouille sera menée uniquement dans la profondeur suffisante pour s'assurer que le mur se suit. Si elle mène à un tertre dont l'évidement causerait un fort retard, il vaut mieux le laisser en attente, et essayer de reprendre la fouille de l'autre côté au point symétrique. Une fouille ou un système de fouilles ainsi conduites mettra rapidement à jour et l'étendue du domaine à étudier et le plan général du monument. Il va de soi qu'après qu'un circuit aura été fermé, on sera amené à tracer d'autres fouilles de recherche partant des premières jusqu'à l'amorce d'un nouveau circuit. Il est avantageux de tracer ces fouilles de recherche suivant les axes d'orientation: le report sur le plan, continuellement nécessaire, est ainsi extrêmement facilité. Peux observations d'expérience peuvent être utiles : la première est qu'il faut se méfier, dans l'abandon d'une fouille longue, de la fausse indication de terminaison que pourrait donner un pied-droit de porte ruinée; la seconde, qu'il y a grand avantage, quand on le peut, à commencer chaque fouille par le haut du terrain; l'enlèvement des déblais est rendu ainsi beaucoup plus aisé.

Ce premier travail fini - et il est nécessaire, alors que l'objet des fouilles n'est pas l'étude du monument, parce qu'il permet de déterminer exactement où les fouilles profondes seront avantageuses- il convient de procéder à celles-ci. Le travail n'est plus alors qu'œuvre de soin et d'attention. Disons seulement qu'il ne faut pas se laisser rebuter, comme c'est le cas le plus fréquent, par la stérililé d'une fouille; un déblaiement complet est toujours chose avantageuse, et c'est souvent sur les points dont on désespérait qu'on fait les plus heureuses trouvailles. Au point de vue du monument, il y a toujours intérêt à pousser les fouilles aussi loin que possible et, en quelques endroits, jusqu'aux fondations. Ce sont des fouilles pénibles, parfois même dangereuses, et par suite généralement négligées. Mais il en résulte toujours des renseignements précieux sur la science des constructeurs comme sur l'histoire et les causes de ruine du monument. L'intérêt majeur est dans la rencontre fréquente de traces de constructions antérieures; les anciens remblais qu'elles ont nécessités sont presque toujours une mine précieuse de débris d'une haute antiquité, antiquité qui se trouve certifiée et en partie datée par l'existence du monument qui les a recouverts. Le problème est dans ce cas toujours assez ardu, car c'est le plus souvent aux dépens de parties accessoires du monument actuel qu'on mettra à jour les débris du monument antérieur. Ici plus qu'ailleurs encore, s'impose la nécessité d'une documentation détaillée et telle qu'elle pourrait permettre de rétablir entièrement les parties dérangées. Il faut en ce cas mener ces fouilles profondes, jusqu'an sol vierge, qui se reconnaît à sa plus grande consistance comme à sa couleur plus claire, car il n'est pas noirci par les coulures d'humus que les remblais les plus serrés laissent toujours passer.

Tout ce travail n'est pas sans donner naissance à une masse considérable de déblais, et ce n'est pas un problème insignifiant que de déterminer d'avance où et comment on s'en débarrassera. L'idéal évidemment serait de les évacuer complètement après mûr examen et, en des cas exceptionnels, après criblage. Cette évacuation complète n'est généralement pas possible ; suffit pour l'empêcher que le chantier soit un peu vaste ou la main-d'œuvre insuffisante. Force est donc souvent de travailler dans leur encombrement, et il faut faire en sorte que cet

il

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